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publiées par MM. Évariste Bavoux et A. F. — Paris, Didier et Cie, 1860, in-8°. Réédition en 1865 avec un appendice de 26 lettres.

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Voltaire. Lettres inédites sur la tolérance, publiées avec une introduction et des notes par Athanase Coquerel fils; Paris, Cherbuliez, 4863, in-42. Voltaire und die Markgräfin von Baireuth, von Georg Horn; Berlin, 4865, Verlag der Königlichen Geheimen Ober-Hofbuchdruckerei (R. v. Decker).

Voltaire au college et lettres et documents inédits, par H. Beaune; Paris, Amyot, 1867, in-8°.

Lettres de Voltaire à M. le conseiller Le Bault, publiées et annotées par Ch. de Mandat-Grancey; Paris, Didier et Cie, 1868, in-8°.

Les Vraies Lettres de Voltaire à l'abbé Moussinot publiées pour la première fois sur les autographes de la Bibliothèque nationale, par Courtat; Paris, Ad. Lainé, 1875, in-8°.

Outre ces importantes publications, outre diverses plaquettes ayant apporté à la masse un moindre contingent, de nouvelles lettres de Voltaire ont paru incidemment dans beaucoup d'autres ouvrages, tels que :

Les Œuvres de Condorcet; Paris, 1847-1848, 12 vol. in-8°;

Les OEuvres de Frédéric le Grand, édition de Preuss; à Berlin, chez Rodolphe Decker, 1853.

La Correspondance complète de Mme du Deffant avec la duchesse de Choiseul, l'abbé Barthélemy et M. Craufurt, publiée avec une introduction par M. le marquis de Sainte-Aulaire; Paris, Calmann Lévy, 1859 et 1877.

Souvenirs de la maréchale princesse de Beauvau, suivis des Mémoires du maréchal prince de Beauvau, recueillis par Mme Standish (née Noailles), son arrière-petite-fille; Paris, L. Techener, 1872.

Briefwechsel der « Grossen Landgräfin » Caroline von Hessen, von Dr Ph. A. F. Walther; Wien, 1877.

Enfin des lettres inédites de Voltaire n'ont cessé de paraître dans les publications périodiques de la France et de l'étranger, revues, magazines, journaux.

Notre tâche a donc consisté à recueillir d'abord ce que Beuchot avait laissé de côté, puis le vaste ensemble de lettres nouvelles mises au jour depuis son édition et dont nous venons d'indiquer les principales sources, enfin les pièces non imprimées jusqu'ici que quelques possesseurs d'autographes ont bien voulu nous communiquer.

Il nous a fallu mettre en ordre cet ample butin, l'intercaler dans l'ancien fonds, ce qui n'était pas chose facile, car beaucoup de pièces n'étant pas datées ne peuvent être classées que par l'examen très-attentif de leur contenu. Il est arrivé aussi que ces lettres nouvelles ont fait apercevoir des erreurs dans l'ancien classement, et nous ont oblige à y opérer des rectifications considérables et difficiles.

Nous n'avons pas hésité à adopter le parti pris par Beuchot de donner la correspondance entière en suivant l'ordre chronologique et en supprimant les catégories formées par les éditeurs. Ceux de Kehl avaient partagé les lettres de Voltaire en sept séries: 4° lettres en vers et en prose; 2o cor

respondance avec Frédéric; 3° avec les princes de Prusse; 4° avec l'impératrice Catherine; 5o avec divers souverains; 6o avec d'Alembert; 7° correspondance générale.

Depuis 1817, les lettres en prose et en vers ont été reportées à leurs dates dans la Correspondance générale; mais les plus récents éditeurs ont encore conservé quatre catégories: 1° la correspondance avec d'Alembert; 2o la correspondance avec le roi de Prusse; 3° la correspondance avec l'impératrice de Russie, et 4o la correspondance générale.

Plus la correspondance totale se développe, plus l'inconvénient de ces divisions se fait sentir. Les lettres relatives à une question, à une querelle, à un accident, se multipliant, le lecteur est obligé pour avoir l'ensemble, pour suivre la marche de l'esprit de Voltaire, d'aller d'une catégorie à une autre, ce qui lui offre beaucoup de difficultés. Ainsi, dans la correspondance fiévreuse, émouvante, à laquelle se livrent Voltaire et Mme Denis pendant leur arrestation à Francfort en 1753, il faut, si l'on adopte les divisions habituelles, aller chercher dans un volume les lettres des deux prisonniers au roi de Prusse, et dans un autre celles à l'ambassadeur français, le chevalier de La Touche, qui renferment, recommandent, expliquent les premières. On a onze lettres à Frédéric, vingt et une lettres au chevalier de La Touche, la plupart de celles-là ayant été envoyées incluses dans cellesci pour être remises au roi prussien par le représentant de la France à Berlin; on se trouve contraint, par les nécessités du système, de séparer ce qui, comme on le voit, est vraiment inséparable. Sans contredit les lettres envoyées en ce cruel moment par les captifs dans toutes les directions, à leurs geòliers, aux puissances, aux amis, doivent être rassemblées; sinon, on n'a point l'épisode complet sous les yeux, on ne saurait l'avoir qu'épars et fragmenté et échappant par conséquent à beaucoup de lecteurs.

L'inconvénient est le même dans une affaire, comme celle des Calas par exemple. Il est inadmissible que les pièces en soient disséminées d'un côté et d'un autre, selon le nom des correspondants, et vous ne pouvez non plus en former un dossier particulier et distinct, car alors le lecteur cesserait d'avoir dans la correspondance la vie de l'auteur au jour le jour, ce qui est, comme nous l'avons dit, le grand intérêt de cette publication. L'ordre chronologique, sans distinction des personnes auxquelles les lettres sont adressées, est donc d'une nécessité incontestable. Nous nous y soumettons le plus rigoureusement possible.

Nous avons suivi les meilleurs textes; ainsi les lettres à l'abbé Moussinot ont été reproduites d'après l'édition de M. Courtat; la correspondance de Voltaire et Frédéric et de Frédéric et Voltaire, a été collationnée sur la grande édition de Preuss, historiographe de Brandebourg, qui outre les lettres qu'il a pu ajouter à cette importante correspondance, a restitué divers passages supprimés, surtout dans la correspondance du roi. Les lettres à l'impératrice Catherine II, les lettres à Damilaville ont été également l'objet d'une révision attentive.

Nous avons consulté les originaux quand nous l'avons pu. Nous n'avons pas manqué d'y recourir lorsqu'il s'est présenté une difficulté à résoudre.

Malheureusement, ceux de l'ancien fonds, auxquels il eût été le plus utile de remonter, sont disparus sans doute pour jamais, et nous n'avions à notre disposition que les manuscrits des lettres qui ont été publiées récemment, par conséquent avec un esprit d'exactitude et de fidélité qu'on n'avait point autrefois.

Nous avons donné en plus grand nombre que nos devanciers les lettres adressées à Voltaire, et auxquelles celui-ci répond, ou les lettres qui sont les réponses des correspondants aux lettres de Voltaire. Souvent les unes ne s'expliquent pas bien sans les autres; toujours elles s'éclairent réciproquement. Nous avons même reproduit quelques lettres échangées entre personnes tierces, dont Voltaire parle, et qui sont très-utiles à l'intelligence de sa propre correspondance. Nous avons soin seulement d'imprimer toutes ces lettres, qui ne sont pas du style de notre auteur, en caractères plus petits, d'abord pour les mieux distinguer des siennes, ensuite pour qu'elles n'usurpent pas une place exagérée.

Nous ramenons, en règle générale, l'orthographe de toute la correspondance à l'usage moderne et aux formes consacrées actuellement. Il le fallait bien, puisque, comme nous venons de le dire, les originaux de tout l'ancien fonds n'existent plus. Et d'ailleurs nous avouons que la reproduction scrupuleuse de l'orthographe d'un écrivain comme Voltaire nous paraît un soin puéril. La marche adoptée par presque tous les éditeurs, et qui consiste à orthographier suivant des règles à peu près uniformes nos grands auteurs à partir de la période classique, c'est-à-dire du milieu du xvIIe siècle, nous paraît parfaitement sage. La langue est dès lors constituée régulièrement, et les caprices de l'orthographe individuelle n'offrent qu'un intérêt bien peu sérieux; il peut être même nuisible de les conserver, car en attirant l'attention du lecteur plus qu'ils ne méritent, ils sont propres à le distraire de la pensée de l'écrivain. Cependant pour satisfaire autant qu'il est en nous à toutes les curiosités qui se manifestent aujourd'hui, nous avons reproduit l'orthographe des cinq premières lettres de Voltaire écolier, celle de lettres très-importantes et célèbres, et de quelques billets de la fin de sa vie; le lecteur pourra de la sorte se rendre compte des habitudes grammaticales du grand épistolier. C'est, il nous semble, tout ce qu'on peut exiger de nous. Reproduire l'orthographe de toutes les lettres dont nous aurions retrouvé les autographes et conserver telles qu'elles sont toutes celles publiées par les éditeurs de Kehl, par Renouard et par Clogenson, c'eût été présenter un texte étrangement bariolé et disparate.

Nous n'avons pas signalé à chaque fois les lettres tirées de l'édition de Beuchot; nous nous sommes contenté de les marquer d'un B à la table. De même les lettres de la correspondance avec Frédéric sont seulement désignées à la table par PR. (Preuss). Quant à celles puisées à une autre source, soit antérieure, soit postérieure, nous avons toujours indiqué cette source en note. Pour les lettres non encore publiées, nous disons à qui nous en devons la communication. Nous n'avons pas cru devoir nous contenter de la petite table par personnages que Beuchot a crue suffisante. Nous avons donné une première table des lettres dans leur ordre chronologique avec les

premiers mots de chacune d'elles, ce qui, nous avons pu nous en convaincre par notre propre expérience, aidera beaucoup les personnes qui recherchent une pièce dans l'ensemble, et leur épargnera de passer en revue les nombreuses lettres adressées à tel ou tel correspondant, afin d'en retrouver une seule. Lorsqu'une lettre de Voltaire tombe sous vos yeux, vous voulez vous assurer d'abord si elle existe dans la correspondance publiée. Quand cette lettre est datée, l'ordre chronologique vous rend la recherche facile; mais, quand il n'y a pas de date ou que la date en a été changée, les premiers mots offrent le moyen de la reconnaître. Il nous est arrivé souvent de rencontrer dans nos lectures des lettres de Voltaire désignées seulement par les premiers mots. Dans les catalogues d'autographes cela se voit constamment. Il faut, pour les retrouver, feuilleter la correspondance au hasard. Notre table obviera autant qu'il est possible à cet inconvénient.

Telles sont les principales explications que nous avons à fournir au lecteur en abordant cette partie de notre publication. La correspondance de Voltaire est ici complètement renouvelée. Il ne s'agit point, bien entendu, d'annoncer quelque chose de définitif. Nous ne savons que trop qu'il reste encore à exhumer des archives publiques ou particulières une énorme quantité de lettres. Voltaire dit à Formont, à la date du 24 juillet 1734 : « Je n'irai pas plus loin, car voilà, mon cher ami, la trentième lettre que j'écris aujourd'hui. » Et de ces trente lettres nous n'en connaissons que deux ! « On trouvera, dit M. Henri Beaune, des lettres de Voltaire jusqu'au jugement dernier. » L'expression n'est pas voltairienne, mais elle est significative.

Bien des collections notables nous ont échappé; bien des détenteurs n'ont pas répondu à notre appel, au moins jusqu'aujourd'hui. Mais il n'est pas possible en pareille matière de prétendre jamais être complet. Nous avons la conscience d'avoir constitué un ensemble tout autre que celui formé par Beuchot, un faisceau plus serré, une trame plus solidement ourdie; d'avoir fait faire enfin à cet étrange et admirable monument, que l'on construit et reconstruit sans cesse et dont l'achèvement ne saurait être prévu, un notable et indéniable progrès.

27 février 1880.

LOUIS MOLAND.

CORRESPONDANCE

14. .

A M. FYOT DE LA MARCHE 2.

A Paris, ce 8 may §.

Monsieur, ma lettre va augmenter le nombre de celles que vous recevez de ce pays cy, chacun s'y dispute et l'honneur d'avoir perdu le plus en vous perdant et l'avantage d'être le premier à vous écrire; je ne me suis rendu que sur le dernier article, et je n'ay peu vous écrire qu'aujourdhuy parce que je reviens actuellement de la campagne. Je ne vous diray point combien votre éloignement m'afflige; si une petite absence d'un jour ou deux vous a peu faire dire

Bien tristement j'ay passé ma journée,

je puis à présent vous dire avec plus de raison

Bien tristement je passe mon année....

Je finirois en vers, mais le chagrin n'est point un Apollon pour moy, et j'aime autant dire la vérité en prose. Je vous asseure sans fiction que je m'aperçois bien que vous n'êtes plus icy toutes les fois que je regarde par la fenestre, je voi votre chambre vuide; je ne vous entends plus rire en classe; je vous trouve de manque partout, et il ne reste plus que le plaisir de vous écrire, et de m'entretenir de vous avec le père Polou et vos autres amis.

1. Publiée par M. H. Beaune dans Voltaire au collège. Paris, Amyot, 1867. 2. Né à Dijon le 12 août 1694, fils d'un président à mortier du parlement de Bourgogne, Claude-Philippe Fyot, marquis de La Marche, comte de Bosjan, baron de Montpont, avait été condisciple du jeune Arouet au collège de Louis-le-Grand. 3. 1711.

4. Le P. Polou ou plutôt Paullou, jésuite, professa la rhétorique au collége Louis-le-Grand jusqu'en 1711, époque à laquelle ses supérieurs l'envoyèrent à Rennes pour y tenir la même classe. C'était un homme érudit et fort versé dans la connaissance des langues orientales. On a de lui un opuscule intitulé Réponse du P. Paullou, recteur du collège de Caen, à M***, sur un article des Nouvelles ecclésiastiques du 11 mai 1737. In-4°, 15 pages; voyez la bibliographie des PP. de Baecker. (H. B.)

33.

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CORRESPONDANCE. I.

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