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«laire est un canif et non pas un rasoir, «< comme je vous l'avais mandé. Le rapport du « coroner, que vous lirez dans les journaux, « vous instruira de tout. Cette enquête, faite <«< sur le cadavre du premier ministre de la Grande-Bretagne, comme sur le corps d'un « meurtrier, ajoute encore quelque chose de plus affreux à cet événement.

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« Vous savez sans doute à présent, monsieur «<le vicomte, que lord Londonderry avait donné « des preuves d'aliénation mentale quelques « jours avant son suicide, et que le roi même « s'en était aperçu. Une petite circonstance à « laquelle je n'avais pas fait attention, mais << qui m'est revenue en mémoire depuis la ca« tastrophe, mérite d'être racontée. J'étais allé << voir le marquis de Londonderry, il y a douze «ou quinze jours. Contre son usage et les « usages du pays, il me reçut avec familiarité « dans son cabinet de toilette. Il allait se raser, « et il me fit en riant d'un rire à demi sardoni

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« que l'éloge des rasoirs anglais. Je le compli

VII.

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«mentai sur la clôture prochaine de la session.

Oui, dit-il, il faut que cela finisse ou que je « finisse.

« J'ai l'honneur, etc. »

Tout ce que les radicaux d'Angleterre et les libéraux de France ont raconté de la mort de lord Londonderry, à savoir qu'il s'était tué par désespoir politique, sentant que les principes opposés aux siens allaient triompher, est une pure fable inventée par l'imagination des uns, l'esprit de parti et la niaiserie des autres. Lord Londonderry n'était pas homme à se repentir d'avoir péché contre l'humanité, dont il ne se souciait guère, ni envers les lumières du siècle, pour lesquelles il avait un profond mépris la folie était entrée par les femmes dans la famille Castlereagh.

Il fut décidé que le duc de Wellington, accompagné de lord Clanwilliam, prendrait la place de lord Londonderry au Congrès. Les instructions officielles se réduisaient à ceci :

oublier entièrement l'Italie, ne se mêler en rien des affaires d'Espagne, négocier pour celles de l'Orient en maintenant la paix sans accroître l'influence de la Russie. Les chances étaient toujours pour M. Canning, et le portefeuille des affaires étrangères était confié par intérim à lord Bathurst, ministre des colonies.

J'assistai aux funérailles de lord Londonderry, à Westminster, le 20 août. Le duc de Wellington paraissait ému; lord Liverpool était obligé de se couvrir le visage de son chapeau pour cacher ses larmes. On entendit au dehors quelques cris d'insulte et de joie lorsque le corps entra dans l'église : Colbert et Louis XIV furent-ils plus respectés ? Les vivants ne peuvent rien apprendre aux morts les morts, au contraire, instruisent les vi

vants.

Nouvelle lettre de M. de Montmorency. -Voyage à Hartwell. Billet de M. de Villèle m'annonçant ma nomination au Congrès.

LETTRE DE M. DE MONTMORENCY.

<< Paris, ce 17 août.

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Quoiqu'il n'y ait pas de dépêches bien im« portantes à confier à votre fidèle Hyacinthe, je veux cependant le faire repartir, noble vi«< comte, d'après votre propre désir et celui qu'il m'a exprimé, de la part de madame de

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« Chateaubriand, de le voir promptement re

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