Page images
PDF
EPUB

iij

AVERTISSEMENT de l'Auteur.

E onzieme Volume s'eft trouvé d'une

Cgroffeur fi énorme, qu'on s'eft cru obli

gé de le divifer pour la commodité des Lecteurs & de le couper en deux Tomes qui ne feront vendus tout reliés que trois. livres dix fols.

[ocr errors]
[ocr errors]

Le Traité des Arts & des Sciences m'a. conduit bien plus loin que je ne penfois, & il occupera encore le douzieme Volume tout entier au moins. Je me fuis repenti plus d'une fois de m'être engagé dans une en-. treprife, qui demanderoit un grand nombre de connoiffances & même portées. à une grande perfection pour donner de chacune une idée jufte, précise, complete. J'ai bientôt fenti qu'elle étoit infiniment au-deffus de mes forces ; & j'ai tâché de suppléer à ce qui me manquoit, en profitant du travail des plus habiles en chaque Art pour me conduire dans des routes, dont les unes m'étoient peu familieres & les autres entiérement inconnues. J'envifagecis avec une fecrete joie la fin prochaine de mon travail, non pour me livrer à une molle & frivole oifiveté qui ne convient point à un honnête hom me & encore moins à un Chrétien ; mais pour jouir d'un tranquille repos,qui me

[ocr errors]

permettroit de ne plus employer ce qu'il peut me refter encore de jours à vivre qu'à des études & à des lectures propres me fanctifier moi-même, & à me préparer à ce dernier moment qui doit décider pour toujours de notre fort. Il me fembloit qu'après avoir travaillé pour les autres pendant plus de cinquante ans, il devoit m'être permis de ne travailler plus que pour moi, & de renoncer absolument à l'étude des Auteurs profanes, qui peuvent plaire à l'efprit, mais qui font incapables de nourrir le cœur. Une forte inclination me portoit à prendre ce parti, qui me paroiffoit tout à fait convenable, & prefque néceffaire.

En 1737,

Cependant les defirs du Public, qui ne font pas obfcurs fur ce fujet, m'ont fait naître quelque doute. Je n'ai pas voulu me déterminer moi-même à prendre pour regle de ma conduite mon inclination feule. J'ai confulté féparément des amis fages & éclairés, qui m'ont tous condamné à entreprendre l'Hiftoire Romaine : j'enrends celle de la République. Une conformité de fentimens fi peu fufpecte m'a frappé; & je n'ai plus eu de peine à me rendre à un avis , que j'ai regardé comme une marque certaine de la volonté de Dieu fur moi.

Je commencerai ce nouvel Ouvrage auffitôt que j'aurai achevé l'autre ce que j'efpere qui n'ira pas loin. Agé de foixante & feize ans accomplis, je n'ai pas de

rems à perdre. Ce n'eft pas que je me flatte de pouvoir le conduire jufqu'à fa fin: je l'avancerai autant que mes forces & ma fanté me le permettront. N'ayant entrepris ma premiere Hiftoire que pour remplir le miniftere auquel il me fembloit que Dieu m'avoit appellé, en commençant a former le cœur des jeunes gens, à leur donner les premieres teintures de la vertu par l'exemple des grands hommes du Paganifme, & à en jetter les premiers fondemens pour les conduire à des vertus plus folides ; je me fens plus obligé que jamais à porter les mêmes vues dans celle où je fuis près d'entrer. Je tâcherai de ne point oublier, que Dieu me prenant fur mon Ouvrage, (car c'eft à quoi je dois m'attendre) n'examinera pas s'il eft bien ou mal écrit ni s'il aura été reçu avec applaudiffement ou non, mais fi je l'aurai compofé uniquement pour lui plaire, & pour rendre quelque fervice au Public. Gette pensée ne fervira qu'à augmenter deplus en plus mon ardeur & mon zele par la vue de celui pour qui je travaillerai, & m'engagera à faire de nouveaux efforts pour répondre à l'attente publique, en profitant de tous les avis qu'on a bien voulu me donner fur ma premiere Hiftoire.

Au refte, je ferois bien à plaindre, fi je n'attendois d'autre récompenfe d'un fi long & fi pénible travail, que des louanges humaines. Et qui peut fe flatter néanmoins d'être affez attentif pour fe défendre

vj AVERTISSEMENT DE L'AUTEUR. de la furprise d'une fi douce illufion? Les Païens ne travailloient que dans cette vue, Auffi eft il écrit d'eux: Receperunt mercedem fuam. Vani vanam, ajoute un Pere. Ils ont reçu leur récompenfe, auffivaine qu'eux. Je dois bien plutôt me propofer pour modele ce ferviteur, qui emploie toute fon induftrie & toute fon application à faire valoir le peu de talens que fon Maître lui a confiés; afin d'entendre comme lui, au dernier jour ces confolantes paroles, bien fupérieures à toutes les louanges des Matth. 25. hommes: O bon & fidele ferviteur, parce que vous avez été fidele en peu de chofes, je vous établirai fur beaucoup: entrez dans la joie de votre Seigneur. FIAT. FIAT.

21.

SUITE

DU LIVRE

VINGT-DEUXIE ME.

ΧΟΧΟΧΟΧΟ

AVANT-PROPOS.

Des Arts Libéraux. Honneurs rendus à ceux · qui s'y font diftingués.

[ocr errors]

OUS entrons dans l'examen des Arts qu'on appelle Libéraux par oppofition aux Méchaniques; parce que les premiers font regardes comme plus nobles, dépendans davantage de l'efprit. Ces Arts font principalement l'Architecture, la Sculpture, la Peinture la Mufique.

Il eft d'heureux fiecles où les Arts ? aufli-bien que les Sciences, paroiffent avec éclat, & jettent une grande lumiere ; mais comme (a) l'obferve un Hiftorien

cet

(a) Hoc idem eveniffe terit reperiet, & eminentia Grammaticis, Plaftis, Pic- cujufque operis arctiffimis toribus, Sculptoribus quif- temporum clauftris citcum quis temporum notis infti- data. Patere, lib. 1. p. 176.

« PreviousContinue »