Les bâtiments ont été régulièrement entretenus. Les instruments ont été tenus en état et le sismographe a été entièrement démonté et nettoyé. M. Vallot, directeur de l'Observatoire du Mont Blanc, a offert à l'Observatoire un anémocinémographe Richard, pour enregistrer la direction du vent et les coups de vent subits. Depuis de longues années, le service météorologique des Ports se faisait à la Bourse. M. le Directeur a obtenu de la Chambre de Commerce que le service horaire et le service météorologique des Ports fussent réunis en un seul service fait par l'Observatoire. La Chambre de Commerce a voté les sommes nécessaires à cette installation qui comprendra un pluviomètre enregistreur et un grand anémomètre-girouette donnant la direction et la force du vent, ce qu'avaient souvent désiré les marins, les industriels et les assureurs maritimes. Le personnel scientifique a donné son concours aux calculs de balistique demandés par le Ministère. Le Journal des Observateurs continue à se développer et à se propager. Il a été aidé d'une subvention sur le Fonds Loutreuil, de l'Académie des Sciences, et le tome II est en train de s'achever. Bibliothèque de l'Université. La Bibliothèque de l'Université a été enrichie, par différents donateurs, de plusieurs centaines de volumes. Les locaux de la section de Marseille sont devenus absolument insuffisants; aucune place n'y reste plus disponible, ce qui rend très difficile la communication des ouvrages aux lecteurs. Il est entré cette année, dans les deux sections d'Aix et de Marseille, un total de 1517 volumes, ce qui a porté les deux effectifs réunis à 94 296 volumes. Sur ce total, 60 000 environ reviennent à Aix, effectif bien modeste, si on le compare aux effectifs de beaucoup d'Universités étrangères, et tout à fait insuffisant, si l'on réfléchit aux disciplines si diverses qu'embrasse une Université, aux recherches et références qu'exige de nos jours tout travail vraiment scientifique. Il est vrai que le travailleur a maintenant la ressource de faire des emprunts à d'autres bibliothèques universitaires. Mais il y a, dans notre Bibliothèque universitaire, une lacune qui est trop grande pour être ainsi comblée par des emprunts au dehors, et que les événements actuels rendent particulièrement grave et fàcheuse nous possédons très peu d'ouvrages anglais. Or, il faudrait pouvoir en offrir aux étudiants américains qui pourraient nous faire l'honneur de venir chez nous; et il faudra surtout qu'on en puisse mettre un nombre suffisant à la disposition des étudiants français qui vont désormais suivre nos cours. Il conviendra aussi que ces étudiants trouvent à la Faculté des Lettres, à défaut de chaire magistrale, du moins un enseignement régulier d'anglais, la conférence hebdomadaire que nous devons à la libéralité du Conseil de l'Université étant devenue tout à fait insuffisante pour les jeunes gens qui ont étudié l'anglais au lycée, et ceux-ci, comme le démontrent les statistiques du baccalauréat, se font de plus en plus nombreux. Dans la section latin-langues vivantes, il y a eu 157 compositions anglaises et seulement 60 compositions allemandes. Ainsi la France est en train de désapprendre l'allemand, ce que, pour bien des raisons, il n'y a pas lieu de déplorer; et, comme nos Alliés se sont promis de le désapprendre à leur tour, souhaitons qu'en échange de cette langue tortueuse, si complaisante au mensonge et à la duplicité, ils apprennent une langue qui a été au XVIe siècle la langue interna tionale de la culture et de la société. Une Académie peu suspecte de partialité en notre faveur, l'Académie de Berlin, reconnaissait alors cette légitime suprématie du français quand elle mettait au concours la question suivante : « Qu'est ce qui a rendu la langue française uni verselle, et pourquoi mérite-t-elle cette prérogative? » Nos Alliés ont pu éprouver la justesse de la réponse que fit Rivarol à cette question dans le mémoire qui fut couronné la faveur dont jouissait alors la langue française, elle la méritait, et elle la mérite encore, suivant le mot de Rivarol, par « la probité qui est attachée à son génie ». L'Université de Poitiers (1) Le Conseil de l'Université. Le Conseil s'est efforcé de maintenir la bonne situation financière de l'Université. Malgré le vote de quelques dépenses nouvelles, la commission des finances a su montrer une telle prudence dans l'établissement du budget de 1918, que nous pouvons prévoir sur cet exercice un excédent de recettes. Grâce à la sagesse de sa gestion précédente, le Conseil de l'Université a été autorisé, au mois de décembre dernier, à l'achat de rentes 4 p. 100, emprunt 1917. Les questions relatives à l'expansion universitaire à l'étranger, les modifications à apporter aux divers enseignements en vue d'attirer à l'Université de Poitiers, les étudiants des pays alliés et les moyens à employer pour y faciliter leur séjour, ont particulièrement retenu l'attention du Conseil. La notice sur l'Université de Poitiers, destinée à la propagande étrangère, a été imprimée et adressée au Ministère pour qu'il veuille bien, par son service d'échanges internationaux scientifiques, en assurer la distribution. M. le Recteur a correspondu fréquemment avec M. Petit-Dutaillis, directeur de l'Office central des Universités, auquel nous devons d'avoir obtenu du Ministère des Affaires étrangères une subvention destinée à couvrir en partie les frais d'impression de la notice. A la demande de M. le Directeur de la Banque d'Indo-Chine, notre notice a été distribuée en Extrême-Orient. M. Petit-Dutaillis ayant transmis à M. le Recteur une lettre de M. Jean Rey, professeur à l'Université de Tokio, qui se préoccupe de substituer aux influences germaniques au Japon, l'influence des Universités françaises, il lui a été adressé un certain nombre de nos brochures de propagande; semblable envoi a été fait à l'Université de Harvard, à Boston, pour l'Office de renseignements créé par ce grand centre universitaire en faveur des étudiants américains. Nous devons à M. le Recteur, par son entente avec M. le Directeur de l'Enseignement supérieur, d'avoir eu cette année un plus grand nombre d'étudiants serbes venus à notre Faculté de Droit pour y continuer leurs études. Comme l'année passée, M. le Recteur s'est activement employé à leur procurer des facilités de séjour. C'est à leur (1) Extraits du Rapport présenté au Conseil de l'Université de Poitiers par M. R. Sauvage, professeur à l'École préparatoire de Médecine et de Pharmacie. REVUE DE L'ENSEIGNEMENT. 15 intention que sur la proposition de M. le Recteur, le Conseil de l'Université, au début de l'année scolaire, a décidé la création d'un cours pratique de langue française, donné à la Faculté des Lettres. M. Pétrovitch, professeur au lycée de Belgrade, est venu faire à 'Université de Poitiers une série de six conférences sur l'histoire de la Serbie, qui ont obtenu un remarquable succès. M. Raphaël Georges Lévy, membre de l'Institut et M. Graça Aranha, ancien ambassadeur du Brésil, ont fait, le 27 novembre 1917, dans l'amphithéâtre des Lettres, une conférence sur les relations de la France avec l'Amérique latine. En avril 1918, M. le Professeur Woods, de l'Université de Harvard, a parlé de l'idéal politique américain et a conclu sur ce vœu « que la fraternité dans la lutte contre l'Allemagne ne lie pas seulement la France et l'Amérique jusqu'à la victoire, mais qu'elle les lie après la victoire pour créer et transmettre aux générations futures une société nouvelle ». Enfin, à la suite de la réunion tenue à Paris au Ministère de l'Instruction publique par le Comité franco-américain, M. Firmin Roz, à la date du 20 juin, accompagné d'un représentant de l'ambassade des États-Unis, est venu faire en notre ville une conférence sur « l'effort américain ». Toutes ces conférences auxquelles en dehors des universitaires assista un public nombreux, ne pourront que faciliter la réalisation du Comité de Patronage, dont la création, inspirée par M. le Recteur au Conseil de l'Université, a été adoptée à l'unanimité. Ce comité pour lequel M. le Recteur a recueilli l'adhésion d'un certain nombre de personnalités de la ville, aura pour but de grouper des personnes disposées à s'occuper des étudiants étrangers soit en les accueillant personnellement, soit en leur facilitant leur séjour à Poitiers, en s'efforçant de les introduire comme pensionnaires dans des familles. Les réformes à apporter aux divers enseignements afin d'en ouvrir l'accès non seulement aux étudiants étrangers, mais encore à une clientèle nouvelle d'étudiants désireux, sans rechercher les diplômes d'État, d'acquérir des connaissances nouvelles en vue de parfaire l'instruction reçue dans les établissements gecondaires ou primaires, ont été étudiées par le Conseil de l'Université. Après consultation des diverses Facultés, un rapport sur cette question a été adressé par M. le Recteur, au nom du Conseil de l'Université, à M. le Directeur de l'Enseignement supérieur. Bibliothèque universitaire. — Pendant l'année scolaire 1917-1918 le Conseil de l'Université a continué à s'occuper de l'agrandissement de la bibliothèque. C'est surtout depuis que les livres provenant des bibliothèques de l'Évêché et du Grand Séminaire de Luçon ont été remis à notre Université que cet agrandissement est devenu urgent, si nous voulons mettre à profit les belles ressources dont nous disposons. La seule façon d'agrandir la bibliothèque est de prendre sur les locaux voisins de la Faculté des Lettres. Mais les services de cette dernière étant déjà très à l'étroit il fallait donc envisager son transfert dans un autre local. Certes, le projet le plus satisfaisant eût été d'exproprier les immeubles voisins de notre Université et d'édifier une Faculté des Lettres; mais le Conseil, pour des considérations d'ordre budgétaire, n'a pas cru devoir s'arrêter à cette solution. Grâce à l'activité inlassable de M. le Recteur et à ses nombreuses démarches, le Conseil général de la Vienne vient, par un vote récent, de faire don à l'Université d'un immeuble peu éloigné où pourra s'installer la Faculté des Lettres. Il faudra sans doute attendre la fin de la guerre pour que les travaux d'aménagement nécessaires à ce transfert puissent s'effectuer, mais voilà dès maintenant résolue d'une façon satisfaisante une question qui préoccupait depuis longtemps l'Université. Le fonctionnement de la bibliothèque est arrivé à une période où il ne subit plus de grandes fluctuations. Il a été descendu des magasins 10053 volumes et il en a été prêté au dehors 2571. Mais ces chiffres ne correspondent en rien à l'activité réelle du service, puisqu'il n'y est pas tenu compte des consultations de périodiques, d'ouvrages mis à la disposition du public qui échappent à toute statistique; de même dans les 2571 volumes prêtés au dehors ne sont pas compris les prêts de courte durée, suivis de restitution avant la transcription des bulletins sur les registres des sorties. Il a été catalogué près d'un millier d'ouvrages. D'importants travaux d'aménagement ont été faits grâce à une subvention ministérielle due à la bienveillante intervention de M. le Recteur. Les Étudiants. Dans les diverses Facultés et l'École de Médecine le nombre des Étudiants a diminué dans le courant de l'année à la suite de l'appel de la classe 19. Malgré cela on constate, sur l'année précédente, une augmentation de la population scolaire. Faculté de Droit. Cette année le nombre des inscriptions a été de 549, dont 21 pour le doctorat, tandis qu'en 1917 on ne comptait que 490 inscriptions. Le nombre des étudiants est passé de 196 l'an dernier à 280 pour 1918. Ces chiffres sont encore loin de ceux enregistrés avant la guerre, où en 1912 il y eut 1 072 étudiants et 2021 inscriptions dont 160 pour le doctorat seulement. Dans le total de 280 étudiants figurent 75 étudiants serbes dont l'instruction juridique a été confiée à la Faculté de Droit. Dans son rapport M. le Doyen se plaît à reconnaître qu'ils ont donné satisfaction tant par leur tenue que leur assiduité et que dans l'ensemble ils ont passé de bons examens, plusieurs s'étant classés parmi les meilleurs élèves et ayant su mériter les mentions les plus flatteuses. Il a été passé 369 examens au lieu de 258 l'année dernière; 22 de capacité, 325 de baccalauréat et de licence, 22 de doctorat. La proportion des ajournements a été de 19,51 p. 100. C'est surtout aux examens de capacité que les ajournements ont été les plus fréquents, 31,81 p. 100. Il a été délivré 6 diplômes de docteur, 18 de licencié, 45 de bachelier et 7 de capacité. Faculté des Sciences. Le nombre total des étudiants a été de 109; il a été pris 206 inscriptions dont 111 de licence et 95 de P. C. N. Il y a là une légère augmentation sur l'an passé où il y eut 90 étudiants et 198 inscriptions. L'élément féminin est en augmentation et s'est élevé cette année à 37 étudiantes. Pour les certificats d'études supérieures, 76 ont été examinés au lieu de 65 en 1916-1917; 46 ont été admis soit une proportion de 60 p. 100 reçus et plusieurs avec mention, ce qui montre que le travail a été satisfaisant. Au certificat de P. C. N. dans l'ensemble de trois sessions (novembre 1917, mars 1918, juin 1918) 27 candidats ont été examinés et 21 admis, soit une proportion de plus de 77 p. 100. En dehors des bacheliers, le décret du 22 décembre 1908 admet à suivre les cours du P. C. N., les candidats pourvus des diplômes soit de fin d'études de l'enseignement secondaire des jeunes filles, soit du brevet supérieur de l'enseignement primaire, soit du certificat d'études primaires supérieures, à condition qu'ils satisfassent à un examen d'aptitude subi devant la Faculté des Sciences. A cet examen d'aptitude 8 candidats ont été examinés au mois de novembre 1917 et 7 ont été admis. Faculté des Lettres. L'effectif des étudiants et étudiantes est à peu près le même que l'année précédente. A la session de novembre 1917, sur les 6 candidats ou candidates à la licence, dont 2 pour la philosophie, 3 pour les langues et littératures classiques et 1 pour la langue anglaise, 5 ont été reçus. A la session de mars, 5 candidats se sont présentés, un seul a été reçu. Enfin à la session de juin, 18 candidats et candidates ont subi les épreuves et 10 ont été admis dont 2 pour la philosophie, 3 pour l'histoire, 2 pour les langues classiques et 3 pour l'anglais. Dans l'ensemble des trois sessions il a été accordé 5 mentions assez bien et une mention bien. Deux diplômes d'études supérieures ont été conférés à la session de juin, l'un à un candidat de philosophie, avec mention assez bien et l'autre à une candidate d'histoire et géographie avec mention bien. École de Médecine et de Pharmacie. Le nombre des étudiants en médecine inscrits ou immatriculés a été de 43; celui des étudiants en pharmacie de 6. Il a été pris 125 inscriptions au lieu de 45 en 1916-1917. L'augmentation du chiffre des inscriptions s'explique en grande. partie par les mesures de bienveillance prises dans le courant de l'année par M. le Ministre, à l'égard des étudiants mobilisés appartenant à une classe antérieure à la classe 17. Ces jeunes gens sont autorisés, tout en étant sous les drapeaux, à continuer leur scolarité. Les inscriptions, s'ils ne peuvent les prendre eux-mêmes, sont acceptées par procuration. Ils peuvent même subir les examens correspondant à leurs inscriptions, sans être obligés de justifier du stage et des travaux pratiques, qu'ils seront tenus d'accomplir ultérieurement. Les Facultés et Écoles devront à ce moment-là organiser ces stages et ces travaux pratiques d'une façon intensive permettant d'en abréger la durée. Ce ne sera qu'après l'accomplissement de ces stages et travaux pratiques et leur validation que les certificats d'examens seront délivrés aux candidats. Les examens subis à l'École ont été dans l'ensemble très satisfaisants. Sur les 19 examens de doctorat subis, dont 2 ancien régime et 17 nouveau régime, il n'y eut pas un seul échec à enregistrer. Les baccalauréats. - Le nombre des candidats aux divers baccalauréats pour les sessions d'octobre 1917, mars 1918, juin-juillet 1918 a été de 2686, soit 265 de plus que l'année passée. Cette augmentation, qui porte surtout sur la session de juin-juillet, s'explique par l'évacuation des régions envahies et par l'exode, à cette époque, de nombreux Parisiens. |