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"toujours fure? Je veux que nous ne fachions " pas en quel temps précisément vécut Charle» magne: dès qu'il eft certain qu'il a fait de " vaftes conquêtes avec de grandes armées, il eft clair qu'il eft né chez une nation ,, nombreuse, formée en corps de peuple par "une longue fuite de fiècles. Puis donc que ›› l'empereur Hiao, qui vivait incontestable" ment plus de deux mille quatre cents ans ,, avant notre ère, conquit tout le pays de la ,, Corée, il eft indubitable que fon peuple était ", de l'antiquité la plus reculée. De plus, les ,, Chinois inventèrent un cycle, un comput "' qui commence deux mille fix cents deux ans › avant le nôtre. Eft-ce à nous à leur contester une chronologie unanimement reçue chez ", eux; à nous qui avons foixante systèmes " différens pour compter les temps anciens, " et qui ainfi n'en avons pas un?

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"Les hommes ne multiplient pas auffi "aifément qu'on le pense: le tiers des enfans " eft mort au bout de dix ans. Les calcula"teurs de la propagation de l'espèce humaine » ont remarqué qu'il faut des circonftances " favorables et rares pour qu'une nation " s'accroiffe d'un vingtième au bout de cent ,, années; et très-fouvent il arrive que la " peuplade diminue, au lieu d'augmenter. "De favans chronologiftes ont fupputé qu'une

" feule famille après le déluge, toujours " occupée à peupler, et fes enfans s'étant "occupés de même, il fe trouva en deux cents " cinquante ans beaucoup plus d'habitans " que n'en contient aujourd'hui l'univers. ,, Il s'en faut beaucoup que le Talmud et les " 'Mille et une nuits aient inventé rien de plus ,, absurde. On ne fait point ainsi des enfans " à coups de plume. Voyez nos colonies; " voyez ces archipels immenses de l'Afie dont ,, il ne fort perfonne. Les Maldives, les Philippines, les Moluques n'ont pas le nombre ,, d'habitans néceffaire. Tout cela eft encore " une nouvelle preuve de la prodigieuse antiquité de la population de la Chine. ",

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Il n'y a rien à répondre, mon ami. Voici encore comme mon oncle raisonnait. Abraham s'en va chercher du blé avec fa femme en Egypte, l'année qu'on dit être la 1917e avant notre ère; il y a tout jufte trois mille fept cents quatorze ans ; c'était quatre cents vingt-huit ans après le déluge univerfel. Il va trouver le pharaon, le roi d'Egypte ; il trouve des rois par-tout, à Sodome, à Gomorrhe, à Gérar, à Salem: déjà même on avait bâti la tour de Babel environ trois cents quatorze ans avant le voyage d'Abraham en Egypte. Or, pour qu'il y ait tant de rois, et qu'on bâtiffe de fi belles tours, il eft clair

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qu'il faut bien des fiècles. l'Abbé Bazin s'en tenait là; il laiffait le lecteur tirer fes conclufions.

O l'homme difcret que feu M. l'abbé Bazin ! auffi avait-il vécu familièrement avec Jérôme Carré, Guillaume Vade, feu M. Ralph auteur de Candide, et plufieurs autres grands perfonnages du fiècle. Dis-moi qui tu hantes, et je te dirai qui tu es.

CHAPITRE XIII.

De l'Inde et du Veidam.

L'ABBÉ Bazin, avant de mourir, envoya à la bibliothèque du roi le plus précieux manufcrit qui foit dans tout l'Orient. C'est un ancien commentaire d'un brame nommé Shumontou fur le Veidam, qui eft le livre facré des anciens brachmanes. Ce manufcrit eft inconteftablement du temps où l'ancienne religion des gymnosophistes commençait à se corrompre ; c'eft, après nos livres facrés, le monument le plus refpectable de la croyance de l'unité de DIEU; il eft intitulé: EzourVeidam, comme qui dirait le vrai Veidam, le Veidam expliqué, le pur Veidam. On ne peut pas douter qu'il n'ait été écrit avant l'expédition d'Alexandre dans les Indes, puis

que long-temps avant Alexandre, l'ancienne religion bramine ou abramine, l'ancien culte enfeigné par Brama, avait été corrompu par des fuperftitions et par des fables. Ces fuperstitions même avaient pénétré jusqu'à la Chine du temps de Confutzée, qui vivait environ trois cents ans avant Alexandre. L'auteur de l'EzourVeidam combat toutes ces fuperftitions qui commençaient à naître de fon temps. Or, pour qu'elles aient pu pénétrer de l'Inde à la Chine, il faut un affez grand nombre d'années : ainfi, quand nous fuppoferons que ce rare manuscrit a été écrit environ quatre cents ans avant la conquête d'une partie de l'Inde par Alexandre, nous ne nous éloignerons pas beaucoup de la vérité.

Shumontou combat toutes les espèces d'idolâtrie dont les Indiens commençaient alors à être infectés ; et ce qui eft extrêmement important, c'eft qu'il rapporte les propres paroles du Veidam, dont aucun homme en Europe, jufqu'à préfent, n'avait connu un feul paffage. Voici donc ces propres paroles du Veidam attribué à Brama, citées dans l'EzourVeidam :

C'est l'être fuprême qui a tout créé, le fenfible et l'infenfible; il y a eu quatre âges différens : tout perit à la fin de chaque âge, tout est submergė, et le déluge eft un passage d'un âge à l'autre, &c.

Lorfque DIEU exiftait feul, et que nul autre être n'existait avec lui, il forma le deffein de créer le monde; il créa d'abord le temps, enfuite l'eau et la terre; et du mélange des cinq élémens, à favoir, la terre, l'eau, le feu, l'air et la lumière,il en forma les différens corps, et leur donna la terre pour leur bafe. Il fit ce globe que nous habitons en forme ovale comme un œuf. Au milieu de la terre eft la plus haute de toutes les montagnes nomméé Mérou, (c'est l'Immais.) Adimo ( c'est le nom du premier homme) fortit des mains de DIEU. Pocriti eft le nom de fon épouse. D'Adimo naquit Brama, qui fut le législateur des nations et le père des Brames.

Une preuve non moins forte que ce livre fut écrit long-temps avant Alexandre, c'eft que les noms des fleuves et des montagnes de l'Inde font les mêmes que dans le Hanscrit, qui eft la langue facrée des brachmanes. On ne trouve pas dans l'Ezour-Veidam un feul des noms que les Grecs donnèrent aux pays qu'ils fubjuguèrent. L'Inde s'appelle Zomboudipo, le Gange Zanoubi, le mont Immaus Mérou, &c.

Notre ennemi jaloux des fervices que l'abbé Bazin a rendu aux lettres, à la religion et à la patrie, fe ligue avec le plus implacable ennemi de notre chère patrie, de nos lettres et de notre religion, le docteur Warburton,

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