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croient qu'un feul DIEU. Un savant turc de mes amis, nommé (*) Notmig, travaille à présent à l'hiftoire de fon pays; on la traduit à mesure : le public fera bientôt détrompé de toutes les erreurs débitées jufqu'à préfent fur les fidelles

croyans.

CHAPITRE

QUI

Des Romains.

I V.

UE M. l'abbé Bazin était chafte! qu'il avait la pudeur en recommandation! Il dit dans un endroit de fon favant livre, page 52: J'aimerais autant croire Dion Caffius, qui affure que les graves fénateurs de Rome proposèrent un décret, par lequel Céfar, âgé de cinquante-sept ans, aurait le droit de jouir de toutes les femmes qu'il voudrait.

Qu'y a-t-il donc de fi extraordinaire dans un tel décret, s'écrie notre effronté cenfeur ? Il trouve cela tout fimple; il préfentera bientôt une pareille requête au parlement : je voudrais bien favoir quel âge il a. Tudieu quel homme! Ce Salomon, poffeffeur de sept cents femmes et de trois cents concubines, n'approchait pas de lui.

(*) M. l'abbé Mignot, conseiller au grand confeil, neveu de M. de Voltaire.

V.

CHAPITRE

De la fodomie.

MON oncle, toujours difcret, toujours fage, toujours perfuadé que jamais les lois n'ont pu violer les mœurs, s'exprime ainfi dans la Philofophie de l'hiftoire, page 53:

Je ne " croirai pas davantage Sextus Empiricus, • qui prétend que chez les Perfes la pédérastie " était ordonnée. Quelle pitié ! Comment " imaginer que les hommes euffent fait une , loi, qui, fi elle avait été exécutée, aurait ,, détruit la race des hommes ? La pédérastie, " au contraire, était expreffément défendue

dans le livre du Zend, et c'eft ce qu'on " voit dans l'abrégé du Zend, le Sadder, 29 où il eft dit (porte 9,) qu'il n'y a point de 19 plus grand péché. 99

Qui croirait, mon cher lecteur, que l'ennemi de ma famille ne fe contente pas de vouloir que toutes les femmes couchent avec le premier venu, mais qu'il veuille encore insinuer adroitement l'amour des garçons? Les jefuites, dit-il, n'ont rien à démêler ici. Hé, mon cher enfant, mon oncle n'a point parlé des jésuites. Je fais bien qu'il était à Paris, lorsque le révérend père Marfi et le révérend père Fréron,

furent chaffés du collège de Louis le grand pour leurs fredaines; mais cela n'a rien de commun avec Sextus Empiricus cet écrivain doutait de tout, mais perfonne ne doute de l'aventure de ces deux révérends pères.

Pourquoi troubler mal-à-propos leurs manes? dis-tu dans l'apologie que tu fais du péché de Sodome. Il est vrai que frère Marfi eft mort, mais frère Fréron vit encore. Il n'y a que fes ouvrages qui foient morts; et quand on dit de lui qu'il eft ivre-mort presque tous les jours, c'est par catachrèfe, ou fi l'on veut, par une espèce de métonymie.

Tu te complais à citer la differtation de feu M. Jean-Matthieu Gefner, qui a pour titre, Socrates fanctus pederasta, Socrate le faint b.... (d) En vérité cela eft intolérable; il pourra bien t'arriver pareille aventure qu'à feu M. Defchaufour l'abbé Desfontaines l'esquiva.

C'eft une chofe bien remarquable dans l'hiftoire de l'efprit humain, que tant d'écrivains folliculaires foient fujets à caution. J'en ai cherché fouvent la raison; il m'a paru que les folliculaires font pour la plupart des craffeux chaffés des colléges, qui n'ont jamais pų parvenir à être reçus dans la compagnie des

(d) Qui le croirait, mon cher lecteur? cela eft imprimé à la page 209 du livre de M. Toxotės, intitulé Supplément à la philofophie de l'hiftoire.

dames ces pauvres gens, preffés de leurs vilains besoins, fe fatisfont avec les petits garçons qui leur apportent de l'imprimerie la feuille à corriger, ou avec les petits décroteurs du quartier; c'eft ce qui était arrivé à l'ex-jéfuite Desfontaines, prédéceffeur de l'exjéfuite Fréron. (e)

N'es-tu pas honteux, notre ami, de rappeler toutes ces ordures dans un Supplement à ta philofophie de l'hiftoire? Quoi! tu veux faire l'hiftoire de la fodomie ? Il aura, nous dit-il, occafion encore d'en parler dans un autre ouvrage. Il va chercher jusqu'à un fyrien, nommé Bardezane, qui a dit que chez les Welches tous les petits garçons fefaient cette infamie, Para de gallois oi neoi gamontai. Fi, vilain! ofes-tu bien mêler ces turpitudes à la fage bienféance dont mon oncle s'eft tant piqué? ofes-tu outrager ainfi les dames, et manquer de refpect à ce point à l'augufte impératrice de Ruffie, à qui j'ai dédié le livre inftructif et fage de feu M. l'abbé Bazin?

(e) Un ramonneur à face bafanée,

Le fer en main, les yeux ceints d'un bandeau,
S'allait gliffant dans une cheminée,

Quand de Sodome un antique bedeau

Vint endoffer fa figure inclinée, &c.

CHAPITRE VI.

De l'incefte.

Il ne fuffit pas au cruel ennemi de mon

oncle d'avoir nié la Providence, d'avoir pris le parti des ridicules fables d'Hérodote contre la droite raifon, d'avoir falfifié Baruch et l'Alcoran, d'avoir fait l'apologie des b.... et de la fodomie; il veut encore canoniser l'incefte. M. l'abbé Bazin a toujours été convaincu que l'incefte au premier degré, c'est-à-dire, entre le père et la fille, entre la mère et le fils, n'a jamais été permis chez les nations policées. L'autorité paternelle, le respect filial, en souffriraient trop. La nature, fortifiée par une éducation honnête, se révol terait avec horreur.

On pouvait épouser sa fœur chez les Juifs, j'en conviens. Lorsqu'Ammon fils de David viola fa fœur Thamar fille de David, Thamar lui dit en propres mots : Ne me faites pas des fottifes, car je ne pourrais fupporter cet opprobre, et vous pafferez pour un fou; mais demandez-moi au roi mon père en mariage, et il ne vous refufera pas.

Cette coutume est un peu contradictoire avec le Lévitique; mais les contradictoires fe concilient fouvent. Les Athéniens épousaient

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