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Sageffe, les Proverbes, l'Eccléfiafte, l'Eccléfiaftique font de la morale. Nul dogme dans tout cela. On ne peut même appeler dogme les díx commandemens; ce font des lois. Dogme eft une propofition qu'il faut croire. JESUS-CHRIST eft confubftantiel à DIEU, Marie eft mère de DIEU, le CHRIST a deux natures et deux volontés dans une perfonne, l'euchariftie eft le corps et le fang de JESUS-CHRIST fous les apparences d'un pain qui n'exifte plus voilà des dogmes. Le Credo, qui fut fait du temps de Jérôme et d'Auguftin, eft une profeffion de dogmes. A peine y a-t-il trois de ces dogmes dans le nouveau teftament. DIEU a voulu qu'ils fuffent tirés par notre fainte Eglife du germe qui les contenait.

Vois donc quel eft ton blafphème! Tu ofes dire que les auteurs de livres facrés ont pu fe tromper dans tout ce qui n'eft pas dogme.

Tu prétends donc que le Saint-Esprit, qui a dicté ces livres, a pu fe tromper depuis le premier verfet de la Genèfe jusqu'au dernier des Actes des apôtres; et après une telle impiété tu as l'infolence d'accufer d'impiété des citoyens dont tu

n'as jamais approché, chez qui tu ne peux être reçu, et qui ignoreraient ton existence fi tu ne les avais pas outrages.

Que les gens de bien fe réuniffent pour imposer filence à ces malheureux qui, dès qu'il paraît un bon livre, crient à l'impie, comme les fous des petites-maisons, du fond de leurs loges, fe plaisent à jeter leur ordure au nez des hommes les plus parés, par ce fecret inftinct de jaloufie qui fubfifte encore dans leur démence.

Et vous, pufille grex, qui lirez la Défenfe de mon oncle, daignez commencer par jeter des yeux attentifs fur la table des chapitres et choififfez pour vous amufer le fujet qui fera le plus de votre goût. (b)

(b) Voyez cette table à la fin du volume.

LA

DE MON ONCLE.

UN

EXORD E.

N des premiers devoirs eft d'aider fon père, et le fecond eft d'aider fon oncle. Je fuis neveu de feu M. l'abbé Bazing, à qui un éditeur ignorant a ôté impitoyablement un g, qui le distinguait des Bazins de Thuringe à qui Childeric enleva la reine Bazine. (c) Mon oncle était un profond théologien, qui fut aumônier de l'ambaffade que l'empereur Charles VI envoya à Conftantinople après la paix de Belgrade. Mon oncle favait parfaitement l'arabe et le cophte. Il voyagea en Egypte, et dans tout l'Orient, et enfin s'établit à Pétersbourg en qualité d'interprète chinois. Mon grand amour pour la vérité ne me permet pas. diffimuler que malgré fa piété, il était quelquefois un peu railleur. Quand M. de Guignes fit defcendre les Chinois des Egyptiens, quand il prétendit que l'empereur de la Chine Yu

de

(c) Vous fentez bien, mon cher lecteur, que Bazin eft un nom celtique, et que la femme de Bazin ne pouvait s'appeler que Bazine: c'eft ainfi qu'on a écrit l'hiftoire.

Mélanges hift. Tome I.

V

était visiblement le roi d'Egypte Menès en changeant nès en u et me en y, (quoique Menès ne foit pas un nom égyptien, mais grec) mon oncle alors fe permit une petite raillerie innocente, laquelle d'ailleurs ne devait point affaiblir l'efprit de charité entre deux interprètes chinois. Car au fond mon oncle eftimait fort M. de Guignes.

L'abbé Bazin aimait paffionnément la vérité et fon prochain. Il avait écrit la Philofophie de l'hiftoire dans un de ses voyages en Orient : fon grand but était de juger par le fens commun de toutes les fables de l'antiquité, fables pour la plupart contradictoires. Tout ce qui n'eft pas dans la nature lui paraissait abfurde, excepté ce qui concerne la foi. Il refpectait St Mathieu autant qu'il fe moquait de Ctéfias, et quelquefois d'Hérodote; de plus très-refpectueux pour les dames, ami de la bienséance, et zélé pour les lois. Tel était M. l'abbé Ambroife Bazing nommé, par l'erreur des typographes, Bazin.

CHAPITRE PREMIER.

De la Providence.

UN cruel vient de troubler fa cendre par un prétendu Supplément à la Philofophie de l'hiftoire. Il a intitulé ainfi fa fcandaleufe fatire, croyant que ce titre feul, de Supplément aux idées de mon oncle, lui attirerait des lecteurs. Mais dès la page 33 de fa préface, on découvre fes intentions perverses. Il accuse le pieux abbé Bazin d'avoir dit que la Providence envoie la famine et la pefte fur la terre. Quoi! mécréant, tu ofes le nier! et de qui donc viennent les fléaux qui nous éprouvent, et les châtimens qui nous puniffent? Dis-moi qui eft le maître de la vie et de la mort? dis-moi donc qui donna le choix à David, de la peste, de la guerre ou de la famine? DIEU ne fit-il pas périr foixante et dix mille juifs en un quart d'heure? et ne mit-il pas ce frein à la fauffe politique du fils de Jeffé qui prétendait connaître à fond la population de fon pays? ne punit-il pas d'une mort fubite cinquante mille foixante et dix bethfamites qui avaient ofé regarder l'arche ? La révolte de Coré, Dathan et Abiron, ne coûta-t-elle pas la vie à quatorze mille fept cents ifraélites, fans

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