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", ceux dont la crédulité lui eft utile; enfin j'y vois le bouclier de la tyrannie contre , les peuples qu'elle opprime, et la verge "des bons princes quand ils ne font pas ,, fuperftitieux. Avec cette idée de votre reli

gion, outre le droit de l'abandonner, je " fuis dans l'obligation la plus étroite d'y ,, renoncer et de l'avoir en horreur, de " plaindre ou de mépriser ceux qui la prê,, chent, et de vouer à l'exécration publique ceux qui la foutiennent par leurs violences , et leurs perfécutions. ""

Ce morceau eft une invective fanglante contre les abus de la religion chrétienne, telle qu'elle a été pratiquée depuis tant de siècles, mais non pas contre la perfonne de JESUSCHRIST qui a recommandé tout le contraire. JESUS n'a point ordonné la révélation des fecrets des familles ; loin de favorifer l'ambition, il l'a anathématifée; il a dit en termes formels: (z) Il n'y aura ni premier ni dernier parmi vous ; le fils de l'homme n'eft pas venu pour être fervi, mais pour fervir. C'est un mensonge facrilége de dire que notre Sauveur a autorifé la rapine. Ce n'eft pas assurément la prédication de JESUS, qui est une fource intarissable de meurtres, de crimes et d'atrocités commifes fous Son nom. Il est visible qu'on a abusé de ces (z) Saint Matth. chap. XX, v. 27 et 28.

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paroles: (aa) Je ne fuis point venu apporter la paix, mais le glaive; de ces autres paffages: (bb) Que celui qui n'écoute pas l'Eglife foit comme un paien ou comme un douanier; (cc) contrainsles d'entrer. Si quelqu'un vient à moi, et ne hait pas fon père et fa mère, et fa femme et ses enfants, et fes frères et fes faurs, et encore fon ami, il ne peut être mon difciple; et enfin des paraboles dans lefquelles il eft dit que (dd) le maître fit jeter dans les ténèbres extérieures, pieds et mains liés, celui qui n'avait pas la robe nuptiale à un repas. Ces difcours, ces énigmes font affez expliqués par toutes ces maximes évangéliques qui n'enfeignent que la paix et la charité. Ce ne fut même jamais aucun de ces paffages qui excita le moindre trouble. Les difcordes, les guerres civiles n'ont commencé que par des disputes fur le dogme. L'amour - propre fait naître l'efprit de parti, et l'efprit de parti fait couler le fang. Si on s'en était tenu à l'esprit de JESUS, le chriftianifme aurait été toujours en paix. M. de Saint-Hiacynthe a donc tort de reprocher au chriftianifme ce qu'on ne doit reprocher qu'à plusieurs chrétiens.

(aa) Saint Matth. chap. X, v. 34. (bb) Ibid. chap. XVIII, v. 17.

(cc) Saint Luc, chap, XIV, v. 23 et 26.

dd) Saint Matth. chap. XXII, v, 12 et 13.

La propofition du Militaire philofophe eft donc auffi dure que le blafphème du prétendu Chiniac eft affreux.

Concluons que le pyrrhonifme hiftorique eft très-utile; car fi dans cent ans le Commentaire des libertés gallicanes et le Militaire philoSophe tombent dans les mains d'un de ceux qui aiment les recherches, les anecdotes; et fi ces deux livres ne font pas réfutés dans leur temps, ne fera-t-on pas en droit de croire que dans le fiècle de ces auteurs on blafphemait Ouvertement JESUS-CHRIST? Il eft donc trèsimportant de les confondre de bonne heure, et d'empêcher Chiniac de calomnier fon fiècle. Il n'eft pas surprenant que ce même Chiniac, ayant ainfi outragé JESUS-CHRIST notre sauveur, outrage auffi fon vicaire : Je ne vois pas, dit-il, comment le pape tient le premier rang entre les princes chrétiens. Cet homme n'a pas affifté au facre de l'empereur, il aurait vu l'archevêque de Maïence tenir le premier rang entre les électeurs ; il n'a jamais dîné avec un évêque, il aurait vu qu'on lui donne toujours la place d'honneur : il devait favoir que par toute l'Europe on traite les gens d'églife comme les femmes avec beaucoup de déférence; ce n'est pas à dire qu'il faille leur baiser les pieds, excepté peut-être dans un transport de paffion. Mais revenons au pyrrhonisme de l'hiftoire.

CHAPITRE X X X.

Anecdote hiftorique très-hafardée.

DUHAILLAN

UHAILLAN prétend, dans un de fes opufcules, que Charles VIII n'était pas fils de Louis XI; c'eft peut-être la raifon fecrète pour laquelle Louis XI négligea fon éducation et le tint toujours éloigné de lui. Charles VIII ne reffemblait à Louis XI ni par l'esprit ni par le corps. Enfin la tradition pouvait fervir d'excuse à Duhaillan; mais cette tradition était fort incertaine, comme prefque toutes le font. La diffemblance des pères et des enfants est encore moins une preuve d'illégitimité, que la reffemblance n'eft une preuve du contraire.

Que Louis XI ait haï Charles VIII, cela ne conclut rien. Un fi mauvais fils pouvait aifément être un mauvais père. Quand même douze Duhaillan m'auraient assuré que Charles VIII était né d'un autre que de Louis XI, je ne devrais pas les en croire aveuglément. Un lecteur fage doit, ce me femble, prononcer comme les juges: Pater eft quem nuptia demonftrant.

CHAPITRE X X X I.

ON

Autre anecdote plus hafardée.

Na dit que la ducheffe de Montpenfier avait accordé fes faveurs au moine Jacques Clément pour l'encourager à affaffiner fon roi. Il eût été plus habile de les promettre que de les donner: mais ce n'eft pas ainfi qu'on excite un prêtre fanatique au parricide; on lui montre le ciel et non une femme. Son prieur Bourgoin était bien plus capable de le déterminer que la plus grande beauté de la terre; il n'avait point de lettre d'amour dans fa poche quand il tua le roi, mais bien les hiftoires de Judith et d'Aod, toutes déchirées, toutes graffes à force d'avoir été lues.

CHAPITRE X X X I I.

De Henri IV.

JE penfe entièrement comme l'auteur de T'Effai fur les maurs, &c. fur la mort de Henri IV; je pense que ni Jean Châtel ni Ravaillac n'eurent aucuns complices; leur crime était celui du temps, le cri de la religion fut leur feul complice. Je ne crois point que Ravaillac ait

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