I I. L'Homme et la Couleuvre. Un homme vit une couleuvre : Ah! méchante, dit-il, je m'en vais faire une œuvre Agréable à tout l'univers ! A ces mots l'animal pervers (C'est le serpent que je veux dire, Etnon l'homme, on pourroit aisément s'y tromper), L'autre lui fit cette harangue : Symbole des ingrats! être bon aux méchants, Toi-même tu te fais ton procès: je me fonde Selon ces loix condamne-moi; Mais trouve bon qu'avec franchise Ce n'est point le serpent; c'est l'homme. Ces paroles Enfin il répartit: Tes raisons sont frivoles: Avoient altérée ; et mes peines Ont pour but son plaisir ainsi que son besoin. Ainsi dit, ainsi fait. Le bœuf vient à pas lents. Pour nous seuls il portoit les soins les plus pesans, Que cette suite de travaux Pour récompense avoit, de tous tant que nous sommes, Il cherche de grands mots, et vient ici se faire, Je le récuse aussi. L'arbre étant pris pour juge, |