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dans le langage, c'est appeler deux fois la critique. Sacrifions-lui le mot, peut-être elle nous. laissera la chose.

Nous pouvons donc nous en tenir à la division ordinaire d'un cours de philosophie. Rien ne nous empêche de réunir, sous le titre de Métaphysique, la première et la seconde partie du cours dont nous venons de tracer le plan. Alors, la métaphysique comprendra les facultés de l'âme considérées en elles-mêmes, et l'entendement considéré dans ses effets; ou, en d'autres termes, elle comprendra l'origine et la génération, soit des facultés, soit des idées. Mais il faut bien se souvenir que, si l'on néglige l'étude des facultés de l'âme, on n'ignorera pas seulement la théorie de ces facultés, on ignorera encore la vraie théorie des idées : car on ne peut bien connaître les effets, quand leurs causes sont inconnues; et, dès lors, que sera la métaphysique?

Celui qui posséderait la métaphysique, la logique et la morale, saurait tout ce qu'enseigne la philosophie.

L'objet que je me suis proposé n'embrasse pas cette science entière. J'ai voulu principalement arrêter votre attention sur les facultés auxquelles nous devons toutes nos idées; dé

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terminer la nature de ces idées, montrer leur origine, assigner leurs causes, les distribuer en différentes classes, et expliquer ainsi la manière dont se forme l'intelligence de l'homme. Tel est le but des leçons que vous avez entendues dans la première partie, et de celles qui vont suivre dans la seconde.

des

J'ai voulu aussi, afin de vous aider à lire, avec un esprit de critique, les ouvrages métaphysiciens, vous faire part des réflexions dont je n'ai pu me défendre quand j'ai remarqué leurs obscurités, leurs incertitudes, leurs contradictions, leurs interminables disputes; et, sans usurper sur ce qui appartient spécialement à la logique, unir toujours à ce travail des recherches sur la méthode.

L'étude de l'entendement humain a suffi pour occuper la vie de plusieurs philosophes célèbres. Ils n'ont pas tout dit, ni toujours ce qu'il fallait dire. Il reste donc que lque chose à faire après eux.

Vous avez paru accueillir les observations que je vous ai communiquées sur la nature des facultés auxquelles nous devons toutes nos connaissances. Je vais parler des connaissances

elles-mêmes, ou des idées, et j'oserai encore vous présenter des vues qui me sont propres. L'obligation de se livrer en métaphysique à des recherches nouvelles durera tout le temps que dureront les divisions des métaphysi

ciens.

SECONDE PARTIE.

De l'entendement considéré dans ses effets,

OU

DES IDÉES.

PREMIÈRE LEÇON.

De la nature des idées.

LES êtres qu'une volonté toute-puissante fit sortir du néant, forment comme deux mondes opposés dans un seul univers; le monde des corps et le monde des esprits.

L'un s'ignore; l'autre se connaît. L'un est soumis à des lois qui lui sont imposées et qu'il ne peut transgresser; l'autre s'impose à luimême des lois, il se régit par des volontés libres.

La terre que nous habitons, les astres qui nous éclairent, furent reçus dans le vaste sein d'une étendue que rien ne peut mesurer.

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