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MM. PLIHON & HERVÉ, libraires, rue Motte- Fablet

RENNES

MAY 29 1900

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L'AGRICULTURE

ET LES CLASSES AGRICOLES

EN BRETAGNE

AU XVIIIe SIÈCLE

La propriété agricole est aussi morcelée en Bretagne au XVIIIe siècle que dans le reste du royaume. Une bonne partie des propriétaires, nobles ou roturiers, exploitent eux-mêmes leurs terres et les font valoir « par mains. » En général les paysans qui font valoir eux-mêmes leurs biens jouissent d'une véritable aisance. C'est parmi eux que se recrutent les marguilliers, les membres du général, les égailleurs et les collecteurs des impositions dans les paroisses rurales. Ils forment la classe des notables paysans, classe active, intelligente et pourvue d'une certaine dose d'instruction. En moyenne, sur cent notables paysans, pendant les cinquante années qui précèdent la Révolution, trente au moins écrivent d'une main ferme et expérimentée; un peu plus de trente, sans avoir une écriture ferme, savent cependant signer; on n'en trouve guère plus de trente qui soient complètement illettrés.

Pour les terres qui ne sont pas directement exploitées par le propriétaire, le mode de tenure varie. En basse Bretagne domine exclusivement le domaine congéable. En haute Bretagne, on distingue trois sortes de fermages: l'arrentement, le métayage

et la ferme proprement dite. L'arrentement n'est autre chose qu'une ferme cédée pour un temps illimité. Il diffère de l'afféagement en ce que le bailleur conserve toujours le domaine direct sur son héritage, et en cas de défaut de payement de la rente pendant deux ou trois ans tout au plus, il a droit d'expulser celui qui en est débiteur. » L'arrentement est surtout employé pour les moulins; il est beaucoup moins usité pour les terres labourables. Le fermage proprement dit, sans être bien répandu, est plus ordinaire que l'arrentement. Il n'est pas plus productif, parce que les baux ne sont pas d'assez longue durée. << La coutume de la province interdit les baux de plus de neuf ans, et ce terme est trop court pour qu'un fermier puisse mettre les terres en valeur et les y soutenir... La plupart des fermes ne sont que de trois et de six ans. Qu'on les suppose de neuf, il est aisé de voir qu'il y a près de la moitié de ces neuf années qui sont perdues pour le cultivateur, et par conséquent pour les propriétaires. Le fermier entrant trouve tout à faire. Ses soins et son travail ne peuvent lui profiter qu'après deux et même trois ans. Sa culture se soutient pendant deux ou trois années. Elle languit ensuite, parce qu'il cherche uniquement à jouir de ses travaux, et qu'il ne cherche pas à en faire jouir son successeur. Ainsi celui qui le remplace est dans la même position : il trouve tout à faire (1). »

La tenure la plus usitée est le métayage. Les métairies un peu étendues sont louées à moitié fruits; les petites métairies ne sont louées qu'au tiers (2). Ce sont les plus nombreuses. << Presque toutes les fermes de Bretagne sont très petites. Il faudroit joindre dix ou douze de la plupart de ces fermes pour en former une aussi grande que celles des autres pays (3). » En général fermiers et métayers sont également dépourvus de capitaux. «Dans toute la haute Bretagne, la misère des labou

(1) Arch. d'Ille-et-Vilaine, C. 276, fo 55. Société d'agriculture, 1759-1760, 227-228. C. 2726, 94 ro.

(2) Corps d'observations de la

(3) Arch. d'Ille-et-Vilaine,

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