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meut et respire; il semble pourtant qu'elle est encore froide, et presque sans âme.

B. (S'adressant à la Gráce.) Ces eaux limpides m'ont souvent présenté mon image: elles ne m'ont pourtant jamais offert ce sourire enchanteur que j'admire sur vos lèvres. De grâce, qui êtes-vous?

G. (A haute voix.) On m'appelle la Grâce. (A part.) Ce n'est certainement pas une illusion.

B. Tout, jusqu'au son de votre voix, fait palpiter mon cœur. Savez-vous que je suis jalouse! (Avec dépit.) La Beauté jalouse!

G. (A part.) Ah! ah! c'est la Beauté; digne, en effet, de ce nom. Je n'ai encore rien vu d'aussi régulier. (A haute voix.) Jalouse? et de quoi? La Beauté ne doitelle pas être pleinement satisfaite d'elle-même? L'admiration...

B. L'admiration? Ah! ma chère, c'est un sentiment qui fatigue bientôt. Je crois que celui que vous inspirez est mille fois plus flatteur.

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G. Mes souhaits ne sont point ambitieux. Je suis contente de moi-même. et cela me suffit. L'amour-propre, a ses jouissances; le destin m'a réservé celles du cœur, et je ne désire rien de plus.

B. Je suis pourtant plus belle que vous.

G. Mais je suis plus agréable.
B. J'enchante.

G. Et moi, je touche.

B. Si je dois en juger par l'impression que le premier coupd'œil a fait sur mon esprit, plus on vous voit, et plus vous devez plaire.

G. On le prétend. Quand à Vous vous n'avez qu'à paraître;

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si muove, è res pìra. Sembra per àltro che sia ancòra frèdda, e quàsi senz'ànima.

B. (Indirizzandosi àlla Gràzia. Quèste limpidissime acque mi hanno spesso appresentato l'immàgine mia; ma non mi hànno offerto cotèsto mài sorriso lusinghièro, che ammiro sulle vostre labbra. Di grazia, chi siète ?

G. (Ad alta voce.) Mi chiamano la Grazia. (A parte.) Cèrto non è un sogno il mio.

B. Anche il suono della vòstra vòce fa palpitare il mio cuore. Sapète vòi ch'io son gelòsa? (Con dispetto.) La Beltà gelòsa!

G. (A parte.) Ah! è la Beltà: dègna in vèro di questo nòme. Nulla ho visto finora che fosse così leggiadro. (Ad alta vòce.) Gelòsa? e di che? la Beltà non dev'èlla èsser appièno soddisfàtta di se stèssa ? l'ammiraziòne...

B. L'ammiraziòne? Ah! mia càra, è quèsto un sentimènto che tèdia prèsto: crèdo che quello che vòi ispirate sìa mille vòlte più aggradevole.

G. Le mie bràme non sono pùnto ambiziòse. Mi compiàccio di me stessa, e ciò mi bàsta. Ha l'amòr pròprio i suoi godimenti: il destino mi concèsse quelli del cuòre; e null' àltro desidero.

B. Sono però di voi più bella.

G. Ma son'ìo più vezzòsa.
B. Io incànto.

G. Ed io commuovo. B. Se dèbbo giudicare dall' impressione che a prima giùnta avète fatto sul mio spirito vi dico, che più sarète veduta, e più dovrète piacère.

G. Così si crède. Ma a vòi, il sòlo mostràrvi bàsta. Tùtti cor

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c'est à qui s'empressera de vous rendre hommage et de vous présenter le tribut de son admiration.

B. Où allez-vous?

G. Je retourne chcz Vénus, que je quitte rarement.

B. Je vous accompagnerai quoique Pallas et Junon aient voulu me retenir auprès d'elles. Voulez-vous que nous y allions ensemble?

G. J'allais vous le proposer. (Elles marchent en se donnant la main. Une fontaine se trouve sur leur passage,)

B. Une fontaine! approchons. Cette eau me paraît limpide. Oh, ciel !

G. Qu'avez-vous? d'où vous vient une si grande surprise?

B. J'ai peine à me reconnaître : mon visage est plus animé, mes yeux plus brillants. Un je ne sais quel enchantement, répandu sur mes traits, me fait sourire en me regardant.

G. Je vais aussi devenir jalouse.

B. On ne doit jamais être jaloux du bien que l'on fait.

G. Vous n'êtes pas moins belle, mais je m'aperçois déjà que vous êtes plus aimable.

B. Charmante amie! que ne vous dois-je pas!

ròno a rendervi omaggio e porgèrvi tributo di ammirazione.

B. Dove andate ?

G. Ritorno da Vènere, che làscio di ràdo.

B. Vi andrò ancòr ìo, sebbène Pallade, e Giunòne àbbiano volùto ritenermi prèsso di loro. Vogliàmo andàrvi insième.

G. Era io sul punto di proporvelo (Cumminano tenendosi per mano. Si abbattòno in ùna fontana.)

B. Una fontana! avvicciniàmoci. Limpida mi pare quest' acqua... Oh, cièlo!

G. Che avète ? dònde siffàtta sorprèsa?

B. Appèna mi ravviso il mio vòlto è più animato, gli occhi mièi più scintillànti. Un non so quàle incanto, su tutto il viso mi fa sorridere, rimirandomi.

G. Deh, tacète, chè mi sènto gelòsa anch'io.

B. Non si dev' èsser gelòso del bène che ad altri si fa.

G. Non siète mèno bèlla di prima ma mi accorgo già che siète più amabile.

B. Amica vezzòsa! oh quànto vi deggio!

DIALOGUE

CXXIV.

L'Opulence et la Pauvreté.
O. Qui vous a permis d'entrer?

P. Je supplie Votre Altesse de
excuser si je me présente de-
nt elle vètue aussi simplement.

O. Vous venez sans doute demander l'aumône, ou solliciter

L'Opulenza, e la Povertà. O. Chi vi ha permèsso di entràre?

P. Supplico V. A. di scusàrmi, se a lei mi presènto così vestita meschinamènte.

O. Venite cèrto a chiedere l'elemòsina, o ùna gràzia? Nulla

une grâce? je ne puis rien faire | pòsso fàre per vòi, andate. pour vous allez-vous en.

P. Votre Altesse est la protectrice des malheureux : j'ai cru devoir m'adresser à elle pour lui exposer ma situation, et la supplier de vouloir bien me secourir.

O. Il y a tant de pauvres dans le monde, que si les riches voulaient les secourir tous, ils seraient bientôt gueux comme eux.

P. Je ne vous demande que votre protection: les riches sont toujours puissants.

O. C'est pour cela qu'on les respecte, n'est-ce pas? Vous nous flattez autant pour le bien que vous espérez de nous, que pour le mal que nous pouvons vous faire.

P. Mon intention n'est pas de vous flatter pour obtenir vos bonnes grâces: je fonde mon bonheur sur le désir de vous être utile. Si vous acceptez mes services, mes malheurs cessent, et ma reconnaissance sera sans bornes.

0. La reconnaissance! c'est là tout ce que vous savez nous offrir, vous autres; ce n'est pas ce qui nous intéresse. Prenez cette pièce de monnaie, et laissez-moi.

P. Gardez votre don qui m'humilie, je ne l'accepte point.

0. Vous me paraissez orgueilleuse; dans votre situation actuelle, cela va fort mal.

P. Pardon, je me retire: je vois que je me suis trompée d'adresse. J'ai cru trouver réuni à tant de moyens de faire le bien, un cœur sensible et compatissant.

0. Mais en quoi vous flattezvous de pouvoir me servir?

P. Je possède quelques vertus, des connaissances, des talents.. O. Vous, des talents!

P. V. A. me juge sur mes habits.

P. V. A. è la prottettrice dègl' infelici credètti dovèrmi a lèi indirrizzare per espòrle lo stato mìo, e supplicàrla di volèrmi soccòrrere.

O. Vi sono tanti pòveri nel mòndo, che se i ricchi volèssero tùtti ajutàrli, sarebbero ben prèsto pezzènti al pàri di loro.

P. Altro non le chièggo fuorchè Ia sua protezione; i ricchi sòno sempre potènti.

0. Ed è per ciò che sono rispettati, non è vero? Ci adulàte àltre tanto pel bène che esperate da nòi, quanto pel màle che a vòi possiamo fare.

P. Non è mìa intenzione di adulàrla per ottenère le di lèi gràzie: ìo fondo la mia sperànza nel desidèrio di èsserle utile. Se accètta la mia servitù, i mièi guài cesserànno tòsto, e la mia riconoscenza sarà senza limite.

O. La riconoscènza! è tutto ciò che sapète offerìrci vòi àltri: non è quello che c'interèssa. Prendète quèsta piccola monèta, e lasciàtemi

P. Sèrbi il suo dòno che m'umilia io non l'accètto.

O. Mi sembrate orgogliosa e quèsto non si addice punto al vòstro stato presente.

P. Perdoni, me ne vàdo; vèdo che ho sbagliato il nòme. Credèi che a tanti mèzzi di beneficàre, andasse congiunto un cuòre sensibile e pietoso.

O. Ma in che vi lusingàte di potèrmi servire?

P. Posseggo alcune virtù, quàlche cognizione, quàlche talento. O. Vòi, talèntif

P. V. A. mi giùdica dal vestìre.

O. Etes-vous danseuse, musicienne, comédienne?

P. Je n'ai pas ces talents frivoles.

O. Eh! que voulez-vous que je fasse d'une personne qui ne peut contribuer à mes plaisirs?

P. Je pourrais vous communiquer quelques connaissances utiles.

O. Vous! à moi des connaissances utiles! Ah, ah, ah! mais de quel pays venez-vous, ma chère? où avez-vous vu que l'opulence en ait besoin. Ne savez-vous pas que quiconque se couvre un instant de mon manteau, est aussitôt doué de toutes les qualités désirables; que ses vices se changent en vertus, son ignorance en savoir, son insolence en ton de grandeur; que j'embellis la laideur même, que je trouve des panégyristes dans les censeurs les plus sévères? Ne voyez-vous pas que tout le monde s'empresse autour de moi? n'entendez-vous pas chanter mes louanges en tous lieux ? vous sentez bien, qu'avec de tels avantages, il y aurait de la folie à s'inquiéter de ce qu'on ignore, et que la vie n'est déjà pas assez longue pour savourer toutes les douceurs des jouissances que je procure.

P. Si je présentais à Votre Altesse quelques vérités nouvelles, me pardonnerait-elle de l'avoir distraite un moment de ses occupations si importantes ?

O. C'est selon : j'aime assez la nouveauté; mais je veux qu'elle m'amuse.

P. Si je ne vous dis rien d'agréable, je tâcherai du moins d'être concise, et...

O. Au fait: votre prélude me fait déjà bâiller.

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O. Siete vòi ballerina, cantatrice, commediànte?

P. Non ho cotèsti frivoli talènti.

O. E còsa volète che io fàccia di ùna persona che non può contribuire a' miei piacèri?

P. Potrei compartirle alcune ùtili cogniziòni.

O. Vòi a me cognizioni ùtili! Ah, ah, ah! ma da quàl paèse uscite, mìa càra? Dòve avète visto che ne abbia bisogno l'opulènza? Non sapète vòi che chiunque si cuòpre un istante del mio mànto, viène ad un tratto dotato di tutte le qualità desiderabili : che i suòi vizj si mutano in virtù; l'ignorànza sua in sapienza; la sùa insolènza in ària di grandezza; che ìo abbellisco la brutèzza medè

sima; che ritrovo panegirìsti fra i più sevèri censòri? Non vedete che ognuno mi si affòlla d'intòrno? Non sentite cantàre ovùnque le mìe lòdi, vòi ben capite, che con prègi tali, sarebbe còsa pazza il darsi pensièro di ciò che s'ignora: e che la vita è si brève che appena si ritrova il tèmpo da assaporare la dolcezza de' piacèri, che m' ingegno d' avère.

P. Se presentàssi a V. A. quàlche nuova verità, mi perdonerebbe d'avèrla distràtta un momènto dalle sue àlte occupaziòni?

O. Secòndo, mi piàce la novità, ma voglio che sia dilettevole,

P. Se non le dirò nùlla di aggradevole, almèno procurerò di esser concisa, e...

O. Veniamo al fàtto: il vostro preludio già mi dèsta il sonno.

P. J'y viens donc. Vos ennemis prétendent que vous perdez tous les jours davantage ce vernis séduisant dont jadis yous saviez colorer vos défauts; que vous renoncez à toute espèce de pudeur, et affichez ouvertement la plus déhontée turpitude; qu'au lieu de l'écorce brillante des talents, de l'amabilité, de l'esprit même,, vous n'offrez plus que la crasse ignorance, la grossière insolence et la stupidité; que les grimaces de douceur, d'affabilité, de bienfaisance, d'humanité, qui semblaient naturelles en vous, sont remplacées par une affectation manifeste de dureté, d'aigreur, d'égoïsme, de cruauté, dont les gens sensés frémissent et prévoient les plus funestes conséquences...

0. Alte-là, insolente! vos gens sensés en ont menti, et je le prouve, car je vous pardonne quand je devrais vous faire jeter par la fenêtre. Sachez que, malgré les déclamations feintes ou sincères, rebattues sous toutes les formes, et reproduites d'âge en âge, l'opulence n'a jamais cessé d'ètre, est encore et sera toujours l'objet des adorations universelles.

P. Oui, de tous les sots, pour ne rien dire de plus.

O. Je m'en contente, que vous importe?

P. Eccomìvi dùnque. I suòi nemici sostengono che èlla va ògni dì perdendo maggiormente quella vernice seducènte, con cùi ùna vòlta sapèva colorire i suoi difètti; ch'èlla si gètta dietro le spalle ogni sorta di pudòre, ed affètta apertamente una svergognàta laidèzza; che in vèce della brillànte scòrza de' talènti, dell' amabilità, ed anche dell' ingègno, èlla più altro non mòstra, fuorchè ignoranza bassissima, grossolàna insolènza, e stupidità; che le smòrfie di dolcezza, di affabilità, di beneficènza, di umanità, le quàli sembravano in lèi naturàli, han dato luogo ad una manifesta ostentazione di durèzza, di ruvidèzza, d'egoismo, e di crudeltà, ònde le persone sensàte, raccapriccino e pronòsticano funestissimi effetti...

O. Alto là, insolènte! cotèste vòstre persone sensàte mèntono per la gòla, ed io lo dimòstro col perdonàrvi, mèntre dovrei fàrvi gittàre dalla finèstra. Sappiàte che, ad ònta delle declamaziòni fìnte, o sincère, ripetùte sotto qualunque forma, e riprodòtte in ogni età, l'opulènza non ha cessato, non cèssa, nè cesserà mài di èssere l'oggetto delle universàli adoraziòni.

P. Si, di tutti gli sciocchi, per non dire pèggio.

O. E còsa importa a vòi, se io

ne sono contènta?

FIN.

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