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trompeuses. Lorsque tu cèdes à | Allorchè ti lasci trasportare a

une passion subite, tu sais me prévenir avec beaucoup d'adresse; tu sèmes de fleurs le bord de l'abîme; tu couvres la vérité d'un voile qui la dérobe aux regards les plus pénétrants. Instruit par la triste expérience, je veux maintenant ressaisir toute mon indépendance, et ne plus t'écouter. Obéis, et tais-toi.

C. Tu me parles de ton pouvoir; je ne prétends pas te le ravir; tu le partageras avec moi, ingrat! Que ferais-tu sans moi? toi qui m'accables de reproches; ne me dois-tu pas tous les moments agréables dont tu as joui? et si tu as éprouvé quelques peines passagères, à qui la faute ? quant à moi, mes sentiments se dirigent d'après ta manière de voir: si je me trompe et que j'en fasse une fausse application, c'est parce que tu t'es trompé dans ton jugement. Cesse d'errer, et je rectifierai mes penchants.

E. Tu murmures en vain, cesse de répondre, je ne t'écouté plus. C. Crois-moi, nous sommes faits pour être unis; chaque nuage qui vient troubler l'harmonie de notre alliance, doit nécessairement être préjudiciable à tous deux. Sans toi, je m'égare et me perds; sans moi, tu ne peux goûter aucun plaisir. Règne, j'y consens; mais que ce soit pour être heureux par moi et avec moi, et non pour m'opprimer.

E. Tu sais si bien t'y prendre, que tu me persuades toujours.

nuova passione, sài prevenirmi in sùo favòre con sòmma destrèzza; spargi di fiòri l'òrlo del precipizio, e copri la verità d'un vèlo, che la nasconde àgli sguàrdi più acùti. Ora istrutto da crùda sperienza, riprènder vòglio tutta l'indipendenza mia', e non ascoltàrti più. Ubbidìsci, e tàchi.

C. Tu mi pàrli del potèr tùo; io non pretendo rapìrtelo; ma lo dividerai con me, ingràto! Sènza di me che farèsti? Dimmi, tu che mi carichi di rimpròveri, non mi sèi tu debitore di tutte le òre gradite, di che godèsti mài? Se avèsti talvolta qualche brève affanno, di chi è la còlpa? Non sài dùnque, che i sentimènti mièi sòno diretti da' tuoi pensièri? Se m'ingànno, se da me vengono màle applicati, non è per àltro se non perchè t'ingannàsti tu stèsso ne' tuòi giudizj. Lascia gli errori tuòi, ed io rettificherò le mie inclinazioni.

S. Indàrno mòrmori: cèssa di rispondere, più non t'ascolto.

C. Crèdi a me, siàm nàti per èssere unìti; ògni contèsa, che tùrba l'armonia della nòstra allèanza, dèbbe necessariamènte èsser nocèvole ad ambidùe. Sènza di te ìo mi sinarrisco, mi pèrdo, e senza di me tu gustàr non saprèsti alcun piacère. Règna, il consento; non per opprimermi, ma soltanto per renderti felice per me, è insième con me.

S. Tu sei così, dèstro che sèmpre mi vinci.

DIALOGUE CXIX.

Entre le Bonheur et le Malheur.

M. Te voilà, mon frère? que fais-tu dans ce palais?

B. C'est à moi à te demander ce que tu cherches ici, et pourquoi tu suis mes pas. Je règne ici, et je te défends d'y entrer.

M. Tu es bien arrogant ! B. Et toi, bien téméraire de me retenir.

M. As-tu donc oublié que nous sommes frères, et que le hasard est notre père commun?

B. Que m'importe notre origine? va-t'en!

nous

M. Te souvient-il que sommes allés ensemble à l'école?

B. Je me souviens que personne ne pouvait te souffrir, à cause de ta laide figure, qu'on t'a fait travailler, et que tu as reçu des coups, tandis qu'on m'aimait et qu'on m'accablait de

caresses.

M. Cela est vrai; tu fus gâté, et moi traité fort durement; mais aussi, j'appris bien des choses : toi, au contraire, tu fus toujours faible d'esprit, et il paraît que tu n'as pas encore acquis beaucoup de connaissances.

B. Je n'ai pas besoin de tant en savoir. Je suis beau, et je plais à tout le monde; chacun court après moi, et toi, on te fuit.

M. Le sentiment de mon innocence et de ma supériorité me console; l'espérance me soutient.

B. Tu peux garder tes vaines consolations; mais je ne peux m'arrêter plus longtemps avec toi. Momus m'attend.

M. Eh bien! je m'en vais; je

Fra la Felicità e l' Infortunio. I. Sei quì, sorella mia ? che fài in codèsto palazzo?

F. A me stà il domandàrti, quello che vài cercando, e perchè siègui i mièi pàssi. Io règno quì, e ti proibisco l'entràrvi. I. Sei molto arrogante?

F. E tu, mòlto sfacciato per trattenèrmi.

I. Hài tu dùnque dimenticato che siamo fratelli, e che il càso è nostro padre comune ?

F. Che c'èntra la nòstra orìgine? vanne.

I. Ti ricòrdi che fùmmo insième a scuola ?

F. Mi rammènto che nessuno potèva soffrir, per cotèsta tùa brutta fàccia; che ti facèano studiàre a fùria di bastonàte, mèntre io èra vagheggiàta, ed accarezzata.

I. E verissimo, (tu fòsti educàta con troppa dolcezza, ed' ìo asprissimamente; quindi imparài mòlto laddove tu fòsti sèmpre dèbole di spirito; e sèmbrani che non àbbia ancora imparato troppo.

F. Non ho d' uòpo di tanto sapère. Sono di bell' aspètto, e piàccio ad ognuno; ciascuno mi còrre dietro, e fùgge da te.

I. Vèngo consolàto dal sentimènto della mìa innocènza e del mìo sènno; e la speranza mi conforta.

F. Tiènti la vàna tùa consolazione non voglio tèco fermàrmi più a lungo. Mòmo m' aspètta.

I. Ebbène, ìo me ne vàdo; ma

ne te dirai qu'une chose dans la société de Momus, tu deviendras bientôt léger, inconstant, dissipateur, débauché; tes charmes diminueront, et tu perdras ton crédit. Alors peut-être on me rendra justice, et l'on reconnaîtra que ma société vaut mieux que la tienne pour apprendre aux hommes à ne suivre que le chemin de la vertu.

Les souhaits.

ti dirò soltanto quèsto: in compagnia di Momo diverrài ben prèsto leggèra, incostante, scialacquatrice, scapestràta; scemeranno le tue attrattive, e perderài la fàma. Allòra fòrse mi sarà fàtta ragiòne, e si conoscerà, che il consorzio mio è, più che il tuo non fù mài, àtto ad avvertire gli uomini di non seguìre che il cammino della virtù.

DIALOGUE CXX.

Un savant. Depuis trente ans je m'occupe sans relâche de deux choses, du problème de la quadrature du cercle et de celui du mouvement perpétuel. Que je serais heureux, si un jour je pouvais parvenir à une découverte aussi précieuse, qui a fait le désespoir des savants de tous les temps! Mon nom alors passerait à la postérité.

Un militaire. Vous faites consister votre bonheur en bien peu de chose. Moi, je suis au service du roi depuis vingt ans. De simple fantassin que j'étais, je suis parvenu au grade de capitaine, sans de grands efforts de génie; pour peu que la fortune et la guerre me secondent, je serai dans un an colonel, et par suite général. Ce genre de célébrité vaudra bien le vôtre.

Un campagnard. La gloire et les honneurs ne m'éblouissent pas. Je vous laisserai, Messieurs, l'un, courir après une chimère, l'autre, s'exposer à mille dangers pour parvenir aux grandeurs. Au sein du repos et de la paix, je sème, je plante, je cultive; et sous mes yeux, mes champs se couvrent d'une abondante moisson, mes

I desidèrj.

Un dòtto. Da trent' ànni in quà sòno unicamente occupàto di due còse: del problèma della quadratùra del circolo, e di quello del mòto perpètuo. Quànto felice sarèi, se arrivare ìo potèssi ad una si preziòsa scopèrta, che ha fatto disperare i dòtti di tutti i sècoli! Allora il mio nòme passerebbe àlla posterità.

Un militare. Vòi fàte consistere la felicità vòstra in pòca còsa; quànto a me, sono al servizio del re da vent' ànni in quà di sèmplice soldato giùnsi al gràdo di capitàno, senza grandi sforzi d'ingégno; òve la fortùna, e la guèrra vògliano un pò' secondàrmi, sarò fra un anno colonèllo, e pòscia generàle. Una tàle celebrità sarà cèrto pàri àlla vòstra.

Un campagnuolo. La glòria, e gli onòri non m' abbagliano, Signòri mièi. Lascierò volentièri, vòi, còrrere dietro ad una chimèra, vòi, esporvi a mille perigli per salire alle grandezze. In seno al ripòso, ed alla pàce, ìo sèmino, piànto, coltivo, e sotto gli occhi miei si còprono i mièį càmpi di abbondante mèsse, si

bois se garnissent d'arbres touffus, et mes bestiaux se multiplient. Le seul vœu que je puisse former est que la grêle épargne mes vignes, et que la clavelée n'atteigne pas mes moutons.

Un joueur. A votre compte, monsieur l'agriculteur, il ne vous faudrait pas moins de vingt ans d'épargnes et de petites économies pour acquérir une assez mince fortune. Pour moi, je n'aurais besoin que d'un quart-d'heure, d'une minute pour m'enrichir. Je ne demande au Ciel d'autre faveur que celle de me faire connaître le dessous d'une carte, ou les points cachés d'un dé.

Une jeune coquette. Votre moyen, assurément, est fort bon; cependant j'en connais un plus agréable. Je voudrais avoir toujours dix-huit ans, et rester comme je suis.

Un bel esprit. Eh, Messieurs, à quoi vous serviraient vos richesses, si vous ne savez pas en jouir? Ce sont les connaissances, les talents, l'imagination, le goût et l'esprit qui donnent de la considération et qui rendent heureux. Vivent les gens d'esprit!

Un homme du monde. Pour être heureux, on n'a pas besoin de tout cela. Les gens d'esprit se laissent emporter par leur vive imagination; leur tête et leur cœur sont toujours, pour ainsi dire, en effervescence, et ils ne sont jamais satisfaits. C'est dans le contentement intérieur qu'il faut chercher le vrai bonheur. Les sots ne s'affectent de rien, ils n'ont pas de passions, ils pensent peu à l'avenir et oublient facilement le passé. Leurs jouissances, pour être moins vives, n'en sont que plus

forniscono le mièi forèste d'àlberi fronzùti, e si moltiplicano i miei armènti. La sòla grazia che io pòssa chieder è, che la gràndine non cada sopra le mie vigne, e le mie pècore non sièno tormentàte dal fuoco di Sant' Antònio.

Un giuocatore. Secòndo vòi, signòre agricoltore, non ci vogliono mèno di vent' ànni di risparmj, e d'economia per fàrvi un pò di peculio. A me, un quarto d'òra, ànzi un minùto bàsta ad arricchìrmi. Non chièggo al Cielo àltro favòre se non di fàrmi conoscere il dissòtto d'una càrta, o i pùnti nascosti d'un dàdo.

Una giovane civètta. Ottimo mèzzo gli è cèrto cotèsto. Pùre io ne vaghèggio ùno che m'aggradirebbe assai più ne vorrei avèr sempre diciòtt' ànni, e rimanère qual sòno.

Un bello spirito. Eh, Signòri, a che gioverebbero le vòstre richèzze, se non sapète godèrne? Le cognizioni, i talènti, l'immaginazione, il buon gusto, e lo spirito son quelli che procàcciano fama, e rèndon l' uomo felice. Viva la gente di spirito!

Un uomo di mondo. Per èssere felice non c'è bisogno di tutto quèsto. Le persone di spirito si lasciano trasportare dalla fòga della lòro immaginaziòne; la lòro tèsta, il loro cuòre sòno sèmpre, direi quàsi, in effervescènza, e non sono mai pàghi di nùlla; sòlo nel contènto interno, cercàr conviène la vèra felicità. Gli sciocchi non si sgomèntano di còsa alcùna; non hanno passiòni, pòco pènsano all' avvenire, e dimentìcano agevolmènte il passàto. I lòro godimenti mèno vivi, sòno

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Le Sommeil et la Mort. M. Bonjour, mon ami! S. Laisse-moi, ton aspect hideux m'effraie.

M. Suis-je donc si épouvantable! regarde-moi; on dit que tu me ressembles.

S. Cruelle si je te ressemble, ce n'est pas du moins de par ton affreuse figure.

M. Tu m'appelles cruelle; apprends à me connaître et à m'apprécier. Je suis nécessaire aux hommes sans moi, la surface de la terre serait trop petite pour les contenir; sans moi, l'on verrait des crimes sans nombre. Moi seule je retiens les humains dans les bornes de leurs devoirs, je les rends sensibles à la gloire, et les porte à entreprendre de grandes choses. Je fais la consolation des malheureux, et les délivre de leurs peines.

S. Quelle différence entre nous deux! les hommes généralement

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Il Sònno, e la Mòrte. M. Buòn giòrno amico! S. Làsciami, l'òrrido tùo aspètto mi spaventa.

M. Che mài c'è di si spaventèvole in me? guàrdami; si dice che tu mi rassomigli.

S. Crudèle se ti rassomiglio, non è per cèrto nell'orrènda tùa fàccia.

M. Mi chiàmi crudèle perchè non sài conoscermi, nè apprezzàrmi, sòno necessària àgli uòmini; e sènza di me la superficie della tèrra sarebbe tròppo angùsta per contenèrli. Sènza di me vedrèbbonsi innumeràbili delitti. Sòla tèngo gli uomini ne' limiti de' lòro dovèri; li rèndo sensibili àlla glòria, e li pòrto ad intraprendere còse grandi. Io conforto, e libèro gli infelici dalle loro pène.

S. Qual differènza fra nòi dùe! gli uomini in generàle ti detè

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