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pour un homme d'honneur et de probité, qui a toujours montré beaucoup de prudence dans les affaires, et qui n'a jamais fait de spéculations trop hasardeuses.

Tout le monde rend de lui le meilleur témoignage on s'accorde à dire que sa faillite n'est pas frauduleuse. Il n'a jamais étalé de luxe; la dépense de sa maison était réglée avec sagesse, d'une manière présumée au-dessous de ses moyens.

On dit qu'il a éprouvé beaucoup de malheurs, et fait de grandes pertes dans des entreprises que les circonstances politiques ont fait échouer.

Cet évènement fait faire des réflexions pénibles.

La fortune est inconstante. Ceux qui aujourd'hui sont comblés de ses faveurs, demain en sont abandonnés.

Son esprit supérieur et ses connaissances semblaient devoir la fixer.

L'esprit et le savoir ne conduisent pas toujours aux richesses; l'expérience nous apprend que c'est souvent le contraire qu'il faut pour y parvenir. Connaissez-vous le beau-frère de ce banquier?

Oui, c'est l'homme le plus borné qu'il y ait sur la terre.

Vous le savez, il y a cinq ans qu'il n'avait pas vaillant cent écus; aujourd'hui il est millionnaire.

Il faut donc demander au Ciel la grâce de nous rendre imbéciles, puisque les gens d'esprit deviennent pauvres, tandis que les sots s'enrichissent,

per un uomo d'onore, et di probità, ch'è stato sempre prudentissimo in tutti i suòi affàri, e che non ha fatto giammài tràffichi troppo rischiosi.

Tutti attèstano in di lùi favòre; tutti sono unànimi nel dire che il suo fallimento non è fraudolente. Non ha mài fàtto pompa di lusso; la spèsa della sua casa èra regolàta con saviezza, ed in un modo reputàto inferiore al suo stàto.

Si dice che abbia soffèrto mòlte disgrazie, e che mòlte pèrdite àbbia fatte in cèrte intraprèse che le circostanze politiche hanno fatto andàr màle.

Quèsto accidènte fa nascère penòse riflessioni.

La fortuna è incostante. Oggi ùno è còlmo de' suòi favòri, domàn'è abbandonato.

Parèva che il suo ingegno non ordinàrio, e le sue cognizioni dovèssero tenèrla pei capelli.

L'ingegno, e la scienza non guidano, sempre àlle ricchèzze; l'esperienza c'insègna che sovènte vi si giùnge per via contrària a quella. Conoscète il cognato di quèsto banchière?

Sì; è l'uomo più ignorante del mondo.

Or bène, cinque ànni sòno, ei non avèva, còme sapète, un capitale di cènto scùdi; òggi è rìcco a milioni.

Bisogna dunque domandar al Cielo la grazia di rènderci imbecìlli, poichè gli uomini di talènto s' impoverìscino, mentre gli sciòcchi si arricchiscono.

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La bonne fête.

DIALOGUE CXVI.

Le maître et son jardinier. Monsieur! (Il fait trois profondes révérences sans être aperçu). Monsieur! tous les coeurs... (Ne pouvant se faire remarquer, il tousse dans sa main).

(Le maître éternue).

Dieu vous bénisse, Monsieur. Ah! c'est vous, mon cher Henri? Pardonnez si je prends la liberté...

Approchez, mon ami!...

Vous me faites trop d'honneur. Excusez-moi... le respect que je vous dois...

Allons, asseyez-vous, près de moi, nous causerons plus libre

ment.

Cette grâce... je n'oserai pas, votre bonté... certainement...

Quoi donc? liberté, honneur, grâce, bonté! je ne vous entends pas.

Ce que j'ai à vous dire, Monsieur, ne me permet pas de m'approcher davantage.

Qu'avez-vous donc à me dire? Tous les cœurs, en ce jour, font des vœux pour vous; le mien, qui ne peut être en retard, vous renouvelle ceux qu'il a formés, il y a dix ans, pour votre prospérité et l'accomplissement de tous vos désirs.

Je vous remercie; mon ami; tous ces vœux sont fort bons.

Ils doivent l'être; c'est moimême qui les ai faits; d'ailleurs ils ont jusqu'ici été remplis preuve qu'ils sont solides; j'espère bien les renouveler l'année prochaine, et beaucoup d'autres encore !

La buona fèsta.

Il padrone, ed il suo giardinière. Signore! (fa tre profònde riverènze, senza èsser veduto.)

Signòre! tutti i cuòri... (Non potèndosi far osservare, tòsse nella sùa màno).

(Il Signore starnùta).

Dio la benedica, Signore.
Ah! siète vòi, mèo caro Enrico?
Perdoni se mi prèndo la libertà.

Avvicinatevi, amico!... Mi fa troppo onòre. Mi scùsi... il rispetto che le débbo...

Via, sedète vicino a me, ciancerèmo più liberamente...

Quèsta grazia... non ardirèi, la di lèi bontà... certamènte... Che? libertà, onòre, gràzia, bontà! non vi comprèndo.

Quel che debbo dìrle, Signore, non mi perinètte di avvicinàrmi di più.

Dùnque che avete da dìrmi?

Tutti i cuòri, in questo giòrno, fanno vòti per lèi; il mìo, che non soffre indùgio, le ripète quèl che ha già fàtti, dieci anni sono, per la conservazione della di lèi salute, per la di lei prosperità, e pel compimento di tutti i suòi desidèrj. Vi ringrazio, mìo càro amico; ottimi sono quèsti vòti.

Debbono èsser tàli, ìo medèsimo li ho fàtti; pòi sòno stàti esauditi fin adèsso il che dimostra che sono sòlidi; e spèro che potrò rinnovàrli l'anno prossimo, e mòlti altri anni ancora!

Votre bon cœur me charme.

Dame! je n'ai pas de belles paroles à commande pour exprimer mes sentiments; je n'ai jamais été à la comédie où l'on dit qu'on peut les apprendre.

Ce langage est celui du cœur : je le préfère aux phrases étudiées. J'ai encore un souhait à ajouter aux autres; celui de me continuer la bienveillance que vous m'avez montrée jusqu'à ce jour.

Cela ne me sera pas difficile, puisque j'ai toujours été content de vous.

Ce n'est pas encore tout j'ai maintenant une grâce à vous demander.

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Vostro buòn cuòre mi rallègra assài.

Affè, che non ho bèlle paròle in prònto à esprimere i miei sentimènti; non sono stàto mài álla commèdia, dòve si dice che si possono imparare.

Questo è il linguaggio del cuore, e lo preferisco alle frasi studiàte. Un altro augurio aggiungerò àgli altri; ed è quèsto: ch'èlla mi continui la benevolènza dimostràtami fin quì.

Non mi sarà difficile, poichè sono stato sempre contènto di vòi.

Non ho finito ancòra: dèbbo domandarle unà grazia.

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DIALOGUE CXVII.

Entre un méchant critique et son

secrétaire.

Bonne récolte, Monsieur! bonne récolte! les livres arrivent de toutes parts.

Tant mieux! ils rempliront quelques rayons de ma bibliothèque.

Comment faire maintenant pour annoncer tout cela? vous le savez, nous sommes en retard de près de deux ans.

Que cela ne vous inquiète pas: nous nous contenterons de co

diez les titres des ouvrages dont

Fra un critico cattivo, ed il suo segretario.

Buona, buonissima raccolta, Signòre! da tutte le pàrti giùngono libri.

Tànto meglio! saranno così riempite alcune scanzìe della mia libreria.

Còme farèmo adèsso per annunziàrli tùtti? èlla sa che siamo in ritàrdo di quàsi dùe ànni.

Ciò non vi stùrbi: ci contenterèmo di copiare i titoli di quèlle òpere, delle quali non potrèmo

nous ne saurons rien dire de piquant.

Les libraires crieront si vous n'en faites pas l'analyse.

Laissez-les crier.

Mais vous les ruinez; si vous ne dites pas un mot en faveur de leurs livres, dont l'impression leur coûte souvent de très fortes

sommes.

S'il fallait les écouter, on n'aurait que des éloges à donner; notre besogne alors se bornerait à peu de chose; autant vaudrait qu'ils fissent eux-mêmes la critique de leurs livres.

En décourageant ces pauvres gens, n'est-il pas à craindre que la littérature en souffre ?

Le grand nombre de productions qui paraissent journellement démontre le contraire. L'amourpropre des auteurs et la cupidité des imprimeurs ne finiront qu'avec le monde. Quel est ce gros volume?

C'est un recueil de poésies. Y avez-vous donné un coupd'œil?

Je l'ai lu tout entier.

Voilà ce qu'on appelle perdre son temps! il suffisait de parcourir la préface. Comment l'avez-vous trouvé?

:

Le choix m'a paru bien fait. Tout vous semble bon! vous n'avez pas encore le tact pour trouver des défauts. Je vous l'ai dit cent fois il faut considérer un livre sous tous les rapports, sous celui de l'érudition, de l'ortographe, du style, de l'impression, du caractère, du papier, etc. Mais quand il s'agit de vers, la chose est beaucoup plus facile. On a la rime, la mesure, la césure: il serait bien étonnant que la critique ne trouvật pas å y mordre.

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dir nulla di piccànte.

I libraj griderànno s'èlla non ne fa l'anàlisi.

Lasciateli gridàre.

Ma, saranno rovinàti, s'èlla non parla in favore de' lòro libri, la stampa còsta lòro spessissimo somme grandissime.

Se si dovessero ascoltàre, ci bisognerebbe far sèmpre elògj; e il nostro lavòro si ridurèbbe così a pòca còsa tal caso potrebbero far da se critica de lòro libri.

Scoraggiando quella pòvera gente, non è da temersi che abbia a patirne la letteratura?

11 gran número de' libri, che si dànno ogni giorno alla lùce, pròva il contràrio. L'amòr pròprio dègli autòri e la cupidìgià degli stampatòri non cesseranno che àlla fine del mòndo. Còsa è quèl volumàccio?

E una raccolta di poesie.
Vi avète dàto un occhiàta ?

Le ho lètte tutte.

Quèsto si chiama pèrdere il tempo! bastava una sèmplice scòrsa sulla prefazione. Che ve ne père ?

Mi pare che la scèlta sìa buona. Tutto vi sèmbra buòno? non avète per anche acùme di trovare difètti. Ve l'ho detto mille vòlte: bisogna consideràre un libro sòpra ogni pùnto; quèllo dell' erudiziòne, dello stile, de l'ortografia, della stampa, del carattere, della carta. Ma quando si tratta di vèrsi, la cosa è molto più fàcile: vi è la rima, la misura, la cesùra: sarebbe un miracolo se il critico non vi trovasse da mòrdere.

Est-il donc si nécessaire de déchirer un auteur?

Vous êtes un sot! Que deviendrions-nous si nous accordions à un autre autant de connaissances, autant d'esprit qu'à nous-mêmes, comment vivrions-nous? Si vous ne voulez changer de manière de voir, je serai forcé de me pourvoir d'un autre secrétaire.

DIALOGUE

Entre l'Esprit et le Cœur.

E. Toi qui fais tour à tour mon bonheur et mon tourment, aimable auteur de mes plaisirs, cruel artisan de mes malheurs, quand cesseras-tu d'exercer sur moi ta tyrannie? Esclave de tes penchants, je suis toujours conduit par toi d'erreur en erreur; va, garde tes bienfaits, rends-moi la liberté que tu m'as ravie?

C. Depuis quand méritai-je ces reproches?

E. Il est vrai, je commence tard à me plaindre; depuis longtemps j'aurais dû revendiquer mes droits.

C. Tes droits? je n'ai jamais voulu les usurper.

E. Tyran rusé! ce n'est pas de vive force que tu exerces ton despotisme; tu caches ta puissance, qui n'en devient que plus dangereuse et plus terrible. Combien de fois tes charmes trompeurs ne m'ont-ils pas séduit?

C. Tu ne dois attribuer qu'à tes fausses idées la cause d'une infortune, qu'au reste, je partage

avec toi..

E. Tu sais embellir l'objet de tes désirs des couleurs les plus séduisantes, mais aussi les plus

Gli è dunque ben necessàrio di screditàre un autòre?

Siète un sciòcco. Che sarebbe di nòi, se accordàssimo ad altri ingègno e sapère pàri al nostro ? Còme viveremmo nòi? Se non volète cambiare il vostro modo di osservare le còse, mi provvederò d'un àltro segretario.

CXVIII.

Fra lo Spirito, ed il Cuòre.

S. Tu che fài a vicenda la mia contentèzza, ed il mio tormento, amàbile autore de' mièi piacèri, fabbro crudèle delle mie sventùre, quando cessarài d'esercitàre la tua tirannìa sòpra di me? schiàvo delle tue inclinazioni, da te son sèmpre condotto d'errore in erròre; vànne, tiènti i tuòi benefizj, e rèndimi la libertà, che m'hai tòlta.

C. Da quando in quà ho ìo meritàto tali rimproveri?

S. E vero, che tàrdi comincio a lagnarmi da lungo tempo avrei dovuto rivendicare mièi diritti.

C. I tuoi diritti? ìo non ho mài volùto usurpàrli.

S. Scaltro tirànno! non esèrciti a vìva'fòrza il tuo dispotismo; nascòndi il tuo potère, che quindi diviène più pericoloso, e più terribile. Quante vòlte i tuòi allettamenti lusinghèvoli non mi hanno ègli sedòtto?

C. Attribuire tu dèvi àlle fàlse tùe idée quèll' infortunio, di cùi però son à parte ìo stesso.

S. Le tue bràme dànno àgli oggetti colòri amabilissimi, ma al tempo stesso fallàci tròppo

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