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DE LA DOCTRINE CHRÉTIENNE.

La Doctrine chrétienne est la Doctrine des Doctrines; la seule auprès de laquelle les autres ne sont rien. C'est la connoissance de Dieu, de ses attributs; la science du salut, et l'unique qui y conduise. Science grande et sublime et quant à son objet et quant à sa fin De l'objet de la Doctrine chrétienne.

D. Quel est l'objet de la Doctrine chrétienne? R. Dieu même est son objet principal. Elle ne nous parle de Dieu qu'autant qu'il s'est révélé lui-même, et qu'il a fait connoftre aux hommes ses attributs.

D. Ne pourrions-nous point connoître Dieu par les propres lumieres de la raison.

R. L'existence des Créatures, le bel ordre qui existe dans l'Univers, sont des énigmes ou plutôt des images sensibles qui nous montrent Dieu. Le Psalmiste nous l'a dit: " Les ,, Cieux (a) annoncent la gloire de Dieu; nous le voyons dans la succession continuelle des ,, jours et des nuits. Les œuvres de Dieu parlent toute langue, tout idiôme,, Mais malgré ce langage, tout muet qu'il est, sensible et éloquent pour tous, une triste expérience en

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لديب تسلم

(a) Ps. 18. Cæli enarrant gloriam Dei &c.

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a prouvé l'insuffisance. Les hommes aveuglés. par l'amour d'eux-mêmes, cédant à leurs passions insensées, ont méconnu Dieu, et se sont fait des Dieux analogues à la corruption de leur cœur. Delà est venue l'Idolâtrie. Ce qui a fait dire à un savant Évêque, que (b) "le Monde, que Dieu avoit fait pour manifester sa gloire, étoit devenu un vaste temple d'Idoles que tout y étoit adoré, hormi Dieu seul. C'a été pour reprendre ses droits et par bonté pour les hommes que Dieu a bien voulu se révéler. C'est ce que Dieu a révélé de lui même qui est l'objet principal de la Doctrine chrétienne.

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D. Quel est l'objet secondaire de la Doctrine chrétienne?

R. L'objet secondaire de la Doctrine chrétienne est les moyens de sanctification pour nous. C'est-à-dire ce que nous devons faire et croire pour être sauvé. Ce qui comprend les Commandemens de Dieu et de l'Eglise, les Sacremens et les autres moyens que la Providence nous a donnés pour nos sanctifier.

De la fin de la Doctrine chrétienne.

D. Quelle est la fin de la Doctrine chrétienne ?

(b) Monsieur Bossuet Évêque de Maux, Discours sur

'Histoire universelle.

R. La gloire de Dieu et notre salut. Car tout ce qui existe n'existe que pour la gloire de Dieu. Il est l'Etre par essence; c'est à lui que tout se rapporte, tout est pour sa gloire.

D. Qu'entendez-vous par le mot gloire?

R. Par le mot gloire on entend louange ou éloge. Quand on dit que telle chose est pour la gloire de Dieu, on entend que cette chose est pour que Dieu ne soit nommé qu'avec éloge, et que les hommes soient de plus er plus inclinés à le louer et le servir. C'est-lå l'effet de la Doctrine chrétienne; elle nous enseigne à servir Dieu de la maniere qu'il veut être servi. En la suivant, on ne peut se tromper. Elle est vraiment le sel, le sel unique de la terre, qui la préserve d'une corruption absolue.

D. Comment dites-vous que notre salut est aussi la fin de la Doctrine chrétienné ?

R. C'est que tout ce que nous enseigue P'Église catholiqué n'est que pour notre salut; c'est-à-dire que pour nous rendre semblables à Jesus Christ et que nous devenions participans de sa gloire dans le Ciel.

Tel est l'objet, telle est la fin de la Doctrine chrétienne. Elle est belle grande, sublime, comme on le verra dans le précis

que nous en donnerons. Auprès d'elle tous les systêmes des savans ne sont rien; s'ils ont quelque solidité, ce n'est qu'autant qu'ils sont basés sur elle; ils tombent d'eux-mêmes sitôt qu'ils s'en éloignent. Delà vient que tous les systêmes des Philosophes qui ne l'ont point connue ou qui ont affecté de la méconnoître, n'ont que la consistence du vent, quand ils ne tombent point dans des monstruosités également désavouées par la raison et par la nature. Après avoir exposé succinctement tout ce qu'enseigne la Doctrine chrétienne, ce qu'il faut croire ou faire pour être sauvé; que nous aurons présenté les vices à éviter, les vertus à pratiquer, pour parvenir à cette fin sublime pour laquelle Dieu nous a créés, nous classerons et passerons en revue tous les systêmes des Philosophes anciens et modernes. On verra la différence de toutes ces opinions humaines avec la Doctrine révélée.

Je ne définirai point moi-même ces sages. qui nous ont donné leurs conceptions comme des vérités palpables; je ne veux qu'emprunter les paroles de l'un d'eux, J. J. Rous. seau, qui a eu tant de vogue, et dont les écrits ont tant coopéré aux malheurs dont nous avons eté les témoins et les victimes.

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66 Je consultai (a) dit-il, les Philosophes, je feuilletai leurs livres, j'examinai leurs ,, diverses opinions; je les trouvai tous fiers, ,, affirmatifs, dogmatiques, même dans leur. ,, septicisme prétendu, n'ignorant rien, ne ,, prouvant rien, se moquant les uns des. autres; et ce point commun à tous, me ,, parut le seul sur lequel ils ont raison. ,, Triomphans quand ils attaquent, ils sont ,, sans vigueur en se défendant. Si vous pésez ,, les raisons, ils n'en ont que pour détruire; 99 si vous comptez les voix, chacun est réduit à la sienne; ils ne s'accordent que ,, pour disputèr; les écouter n'est pas le ,, moyen de sortir de mon incertitude. Ce que ce Philosophe, malheureusement trop célèbre, dit des autres Philosophes, il le dit de lui-même. En traitant ainsi ceux de sa classe, il rend à la vérité un hommage qui, tout indirect qu'il est', n'en est pas moins précieux, parce qu'il vient d'un ennemi de Dieu et de la vertu.

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Chez nous, c'est la vérité elle-même qui parle. C'est Dieu qui nous instruit lui-même, qui nous prend, comme par la main, dès

(a) J. J. Rousseau. Emile, édition d'Amsterdam. 1762. tome 3. p. 27.

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