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lées: tout le bas, tout le faible et tout l'indigne, s'y trouvent. Ces hommes si grands ou par leur naissance, ou par leur faveur, ou par leurs dignités, ces têtes si fortes et si habiles, ces femmes si polies et si spirituelles, tous méprisent le peuple, et ils sont peuple.

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Qui dit le peuple dit plus d'une chose; c'est une vaste expression, et l'on s'étonnerait de voir ce qu'elle embrasse et jusques où elle s'étend. Il y a le peuple qui est opposé aux grands, c'est la populace et la multitude : il y a le peuple qui est opposé aux sages, aux habiles et aux vertueux, ce sont les grands comme les petits.

Les grands se gouvernent par sentiment : ames oisives sur lesquelles tout fait d'abord une vive impression. Une chose arrive, ils en parlent trop, bientôt ils en parlent peu, ensuite ils n'en parlent plus, et ils n'en parleront plus: action, conduite, ouvrage, événement, tout est oublié; ne leur demandez ni correction, ni prévoyance, ni réflexion, ni reconnaissance, ni récompense.

L'on se porte aux extrémités opposées à l'égard de certains personnages. La satire, après leur mort, court parmi le peuple, pendant que les voûtes des temples retentissent de leurs éloges. Ils ne méritent quelquefois ni libelles, ni discours funèbres: quelquefois aussi ils sont dignes de tous les deux.

L'on doit se taire sur les puissans: il y a presque toujours de la flatterie à en dire du bien: il y a du péril à en dire du mal pendant qu'ils vivent, et de la lâcheté quand ils sont

morts.

FIN DU PREMIER VOLUME.

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