Essai sur le beau

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A. Delalain, 1824 - Aesthetics - 364 pages
 

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Popular passages

Page 10 - ... dans votre art comme une loi inviolable, cette unité que votre édifice doit imiter pour être beau, mais que rien sur la terre ne peut imiter parfaitement, puisque rien sur la terre ne peut être parfaitement un? Or, de là, que s'ensuit-il?
Page 169 - L'esprit rassasié le rejette à l'instant. Qui ne sait se borner ne sut jamais écrire. Souvent la peur d'un mal nous conduit dans un pire : Un vers était trop faible, et vous le rendez dur ; J'évite d'être long, et je deviens obscur ; L'un n'est point trop fardé, mais sa muse est trop nue ; L'autre a peur de ramper, il se perd dans la nue.
Page 56 - Il me serait aisé de pousser plus loin cette induction , en citant l'un après l'autre tous les jugements do la nature , pour démontrer le grand principe que nous avons adopté de saint Augustin : Que dans le moral, comme dans le physique, c'est toujours une espèce d'unité qui constitue la forme du beau. Mais je crois en avoir assez dit , et je finis en rassemblant tous les traits du beau moral dans une peinture sensible que j'emprunte d'un ancien philosophe, pour faire voir que tout ce que j'en...
Page 8 - ... les parties uniques soient placées au milieu de celles qui sont doubles ; que les parties égales soient en nombre égal, et à égale distance de part et d'autre, que les inégales se répondent aussi de part et d'autre en nombre égal, et suivant...
Page 83 - ... aux modernes : c'est aujourd'hui notre style ordinaire; décousu et libertin , vagabond et inégal , sans nombre , sans mesure , sans liaison , sans proportion ni entre les choses , ni entre les mots. Me permettra-t-on de le dire? Nous ne voyons presque plus dans la république des lettres que des ouvrages de pièces rapportées, qui ne se rapportent pas et qui ne sont point faites pour aller ensemble.
Page 141 - C'est un nouvel agrément, Messieurs, que d'illustres citoyens viennent de procurer à votre ville par l'institution d'un concert en règle. Plusieurs capitales du royaume vous en avaient donné l'exemple ; mais ce qui vous est particulier, ce qui est peut-être unique, dans toute la France , vous avez trouvé chez vous-mêmes de quoi former un concert complet, sans avoir eu besoin de rien emprunter d'ailleurs : des génies pour la composition, des talents pour l'exécution, et, ce qui est infiniment...
Page 284 - L'amour-propre est la source en nous de tous les autres, C'en est le sentiment qui forme tous les nôtres; Lui seul allume, éteint, ou change nos désirs, Les objets de nos vœux le sont de nos plaisirs. Vous-même, qui brûlez d'une ardeur si fidèle, Aimez-vous Domitie, ou vos plaisirs en elle? Et quand vous aspirez à des liens si doux, Est-ce pour l'amour d'elle, ou pour l'amour de vous?
Page 69 - Si nous n'avions pour auditeurs que de pures intelligences, ou du moins des hommes plus raisonnables que sensibles, nous n'aurions, pour les satisfaire, qu'à leur exposer la vérité toute simple ; elle aurait par elle-même de quoi les charmer par sa lumière , par l'ordre des principes qui la démontrent , ou par celui des conséquences qui en naissent toujours en foule , comme les rayons du soleil. C'est la seule beauté que...
Page 237 - Bannissant de leurs vers ces ornemens reçus, Pensent faire agir Dieu, ses saints et ses prophètes, Comme ces dieux éclos du cerveau des poètes ; • Mettent à chaque pas le lecteur en enfer ; N'offrent rien qu'Astaroth, Belzébuth, Lucifer.
Page 234 - Habes verba in poteslate : non effert te oratio, née longius, quam destinasti, trahit. Multi sunt, qui ad id quod non proposuerant scribere, alicujus verbi decore placentis vocentur; quod tibi non evenit. Pressa sunt omnia, et rei aptata. Loqueris quantumvis; et plus significas, quam loqueris. Le passage est un peu long, mais il est substantiel , vif, plein, et il n'ya point là de paroles perdues. C'est ce que nous entendons par justesse dans le discours; justesse dans la pensée, pour nous éclairer...

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