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REMARQUES.

ON cher Terentianus.] Le Grec porte, mon cher Pofthumius Terentianus: mais j'ay retranché Pofthamius, le nom de Terentianus n'eftant déja que trop long. Au refte on ne fçait pas trop bien qui eftoit ce Terentianus. Ce qu'il y a de conf tant, c'eft que c'eftoit un Latin, comme fon nom le fait affez connoiftre, & comme Longin le témoigné lui-mefme dans le Chapitre 10. page 3.

Cecilius.) C'eftoit un Rheteur Sicilien. Il vivoit fous Auguste & eftoit contemporain de Denys d'Halycarnaffe avec qui il fut lié mefme d'une amitié affez eftroite. page 3.

Et dont les Orateurs.) Le Grec porte avspão móλinnoïç, viris Politicis: c'est à dire les Orateurs, entant qu'ils font opposez aux Declamateurs & à ceux qui font des Difcours de fimple oftentation. Ceux qui ont leu Hermogene, fçavent ce que c'eft que moλinno's dégos, qui veut proprement dire un ftile d'ufage & propre aux affaires, à la difference du ftile des Declamateurs, qui n'eft qu'un stile d'apparat, où souvent l'on fort de la Nature, pour éblouir les yeux. L'Auteur donc par viros Politicos entend ceux qui mettent en pratique fermonem politicum page 4.

Inftruit de toutes les belles connoiffances. ] Je n'ay point exprimé píλrator: parce qu'il me femble tout-à-fait inutile en cet endroit. page 5.0

Et rempli toute la Pofterité du bruit de leur gloire. ] Ge rard Langbaine qui a fait de petites Notes tres-fçavantes fur Longin, pretend qu'il y a icy une faute, & qu'au lieu de ae βαλον ευκλείαις τον αιώνα, il faut mettre υπέβαλον ευκλείαις. Ainfi dans fon fens, il faudroit traduire, ont porté leur gloire

au delà de leurs fiecles. Mais il fe trompe: baov veut dire
περιέβαλον
ont embraẞé, ont rempli toute la pofterité de l'eftendue de leur gloire.
Et quand on voudroit mefme entendre ce paffage à fa ma-
niere, il ne faudroit point faire pour cela de correction:
puifque eßador fignifie quelquefois peßanov, comme on
le voit dans ce vers d'Homere Il. Y. ise gap dooov iμoï aperņ
περιβάλλετον ἵπποι. page 5.

Il donné au Difcours une certaine vigueur noble, &c. Je ne sçai pas pourquoi Monfieur le Febvre va emploier des machines pour obfcurcir cet endroit qui eft fort clair de lui-mesme. Ileft pourtant aifé de reconnoiftre ] Il faut ajoûter, qu'elle ne fe laiffe pas conduire au hazard &c. ces paroles ayant efté oubliées dans T'impreffion. page 6.

Car comme les vaiffeaux, &c. Il faut fuppléer au Grec, ou fous entendreia, qui veut dire des vaiffeaux de charge, ὡς ὅπικινδυνότερα αἱ τα πλοια, όχι. & expliquer ανερμάτισα, dans le fens de Monfieur le Febvre & de Suidas, des vaisseaux qui flottent manque de fable & de gravier dans le fond qui les foûtienne, & leur donne le poids qu'ils doivent avoir: Autrement il n'y a point de sens.

page

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Nous en pouvons dire autant, &c.] J'ay fuppleé la reddition de la comparaifon, qui manque en cet endroit dans l'original. *** Telles font ces penfees, &c. Il y a icy une Lacune confiderable. L'Auteur aprés avoir montré qu'on peut donner des regles du Sublime, commençoit à traiter des Vices qui lui font opposés, & entre autres du Stile enflé qui n'eft autre chofe que le Sublime trop pouffé. Il en faifoit voir l'extravagance par le paffage d'un je ne fçay quel Poëte Tragique dont il refte encore ici quatre vers: mais comme ces vers eftoient déja fort galimathias d'eux-mefmes, au rapport Longin, ils le font devenus encore bien davantage par lat perte de ceux qui les precedoient. J'ai donc creu que le plus court eftoit de les paffer: n'y ayant dans ces quatre vers qu'un des trois mots que l'Auteur raille dans la fuite. En voilà pourtant le fens confusement. C'eft quelque Capanée qui parle dans une Tragedie. Et qu'ils arreftent la flamme qui fort à longs flots de la fournaife. Car fi je trouve le Maistre de la

de

pages.

maifon feul, alors d'un feul torrent de flammes entortillé, j'embra. Serai la maison, & la reduirai toute en cendre. Mais cette noble Mufique ne s'eft pas encore fait ouir. page. 7.

Des fepulchres animés.] Hermogene va plus loin, & trouve celui qui a dit cette penfee digne des fepulchres dont il parle. Cependant je doute qu'elle dépluft aux Poëtes de noftre fiecle, & elle ne feroit pas en effet fi condamnable dans les vers. page 8.

que

,

Ouvre une grande bouche pour foufler dans une petite flufte. ] J'ay traduit ainfi popeias darep, afin de rendre la chofe intelligible. Pour expliquer ce que veut dire poplesa, il faut fçavoir la flufte chez les anciens eftoit fort differente de la flûte d'aujourd'huy. Car comme elle eftoit compofée de plufieurs tuyaux inegaux, on en tiroit un fon bien plus éclatant & pareil au fon de la trompette; tubaque amula, dit Horace. Il faloit donc pour en joüer emploier une bien plus grande force d'haleine, & par confequent s'enfler extremement les jouës, qui eftoit une chose defagreable à la veuë. Ce fut en effet ce qui en dégoûta Minerve & Alcibiade. Pour obvier à cette difformité, ils imaginerent une espece de laniereou couroye qui s'appliquoit fur la bouche, & fe lioit derriere la tefte, ayant au milieu un petit trou par où l'on embouchoit la flufte. Plutarque pretend que Marfias en fut l'inventeur. Ils appelloient cette laniere, popßear; & elle faifoit deux differens effets: car outre qu'en ferrant les joües elle les empefchoit de s'enfler, elle donnoit bien plus de force à l'haleine, qui eftant repouffée fortoit avec beaucoup plus d'impetuofité & d'agrêment. L'Auteur donc pour exprimer un Poëte enflé qui foufle & fe démeine fans faire de bruit, le compare à un Homme qui jouë de la flufte fans cette laniere. Mais comme cela n'a point de rapport à la flufte d'aujourd'hui: puifqu'à peine on ferre les levres quand on en jouë; J'ai crû qu'il valoit mieux mettre une penfee équivalente: pourveu qu'elle ne s'éloignast point trop de la chofe afin que le Lecteur qui ne fe foucie pas tant des antiquailles, puiffe paffer, fans eftre obligé pour m'entendre d'avoir recours aux Remarques. page

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Voilà fans mentir, une comparaison admirable d'Alexandre le Grand avec un Rheteur. ] Il y a dans le Grec du Macedonien avec un Sophifte. A l'égard du Macedonien il faloit que ce mot euft quelque grace en Grec, & qu'on appellast ainsi Alexandre par excellence, comme nous appellons Ciceron l'Orateur Romain. Mais le Macedonien en François pour Alexandre feroit ridicule. Pour le mot de Sophifte, il fignifie bien plutoft en Grec un Rheteur qu'un Sophifte, qui en François ne peut jamais eftre pris en bonne part, & fignifie toûjours un homme qui trompe, par de fauffes raifons, qui fait des Sophifmes, Cavillatorem: au lieu qu'en Grec c'est fouvent un nom honorable, page 10.

Que ces parties de l'œil. &c. Ce paffage eft corrompu dans tous les exemplaires que nous avons de Xenophon, où l'on a mis danaμois pour poiss faute d'avoir entendu l'équivoque de ópn. Cela fait voir qu'il ne faut pas aifément changer le texte d'un Auteur. page !!.

Sans la revendiquer comme un vol.] C'eft ainfi qu'il faut entendrew's weis Tivos éQatiloμevos, & non pas, fans lui en faire une espece de vol. Tamquam furtum quoddam attingens. Car cela auroit bien moins de fel. page 12.

Le mal des yeux. Ce font des Ambaffadeurs Perfans qui le difent dans Herodote chés le Roi de Macedoine Amyntas. Cependant Plutarque l'attribuë à Alexandre le Grand, & le met au rang des Apophtegmes de ce Prince. Si cela eft, il faloit qu'Alexandre l'euft pris à Herodote. Je fuis pourtant du fentiment de Longin, & je trouve le mot froid dans la bouche mefme d'Alexandre. page 12.

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En parlant des Aloides. Aloüs eftoit fils de Titan & de la Terre. Sa femme s'appelloit Iphimedie, elle fut violée par Neptune dont elle eut deux enfans, Orus, & Ephialte, qui furent appellés Aloides; à caufe qu'ils furent nourris & élevés chés Alous, comme fes enfans. Virgile en a parlé dans le 6. de l'Eneide.

Hic & Aloidas geminos immania vidi
Corpora.

page 17..

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