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Non, en vérité, monsieur, elle ne l'est pas. Comme vous traitez M. le comte de Boulainvilliers! vous l'appelez sans façon mahométan français, déserteur du christianisme. Je croyais d'abord que c'était à M. le comte de Bonneval que vous en vouliez; l'expression serait juste, puisqu'en effet M. de Bonneval s'est fait circoncire: mais pour M. de Boulainvilliers, je n'ai point ouï dire qu'il l'ait été; il regardait Mahomet comme un Numa Pompilius, un Thésée. Tout le monde dit du bien de ces gens-la; pourquoi ne voudriez-vous pas qu'on en dît aussi un peu de Mahomet, à quelques égards? Appelez-vous païens ceux qui louent Thésée? Non. Pourquoi done appellez-vous mehométan M. le comte de Boulainvilliers? Ignorez-vous que sa famille est chrétienne? Et comptez vous qu'elle soit assez bonne chrétienne pour vous pardonner un outrage si infâme et si grossier? Pour moi, monsieur, je vous pardonne, et de si bon cœur, que je vous promets de ne vous jamais lire.

XIV. Vous vous trompez, mon Ture; la religion dominante dans l'Inde est la vôtre. Est-il possible que vous soyez si mal instruit de vos affaires! Il y a, dites-vous, mille idolâtres pour un musulman. Mais, mon cher Turc, vous savez qu'en Grèce il y a aussi mille pauvres gens de la religion grecque, pour un brave osmanli, pour un Turc. On appelle la religion dominante celle qui domine. J'ai dans mes terres plus de domestiques huguenots que de catholiques; cependant ma

religion est la dominante. Le calvinisme domine en Hollande, quoiqu'il y ait plus de catholiques que de protestants. Mais ce n'est pas tout; vous n'avez jamais lu le livre de M. Niecamp sur la presqu'île de l'Inde. Je Vous avertis que c'est la seule bonne relation qu'on ait de ce pays. Mais vous ne savez peut-être pas l'allemand; n'importe, lisez ce livre, vous y verrez que les musulmans ont converti dans la presqu'île des milliers d'idolâtres; que partout les musulmans sont en crédit dans la presqu'île; mais enfin apprenez que la religion du grand-mogol est dominante dans le Mogol.

XV. Que vous êtes ignorant, mon cher Turc! Apprenez que les bramins, ou bramines, ou bramènes d'aujourd'hui, sont les successeurs des brachmanes; qu'ils tiennent d'eux la métempsycose, et la belle coutume de faire brûler les veuves dévotes; qu'ils se disent, ainsi que les anciens gymnosophistes, disciples du roi Brachman. C'était, comme tout le monde sait, un grand philosophe, qui vivait il y a cinq ou six mille ans. Il faut que vous n'ayez jamais été à l'université de Jaganat, puisque vous ignorez ces choses, que les moindres écoliers de cette savante université vous auraient dites. Ah! je vois bien que vous n'êtes qu'un Turc de Paris. Je vous reconnais, masque.

XVI. Non, mon ami, vous n'avez jamais été dans l'Inde; non, vous ne vivez point avec les fidèles musulmans, comme vous vous en vantez. Quoi! vous soutenez que la pres

qu'ile deçà le Gange'n'appartient pas de droit au grand-mogol, après les conquêtes d'Aurengzeb? Vous ignorez qu'il prétend un tribut de tous les nababs, de tous les raïas, qui sucent la presqu'île? Pauvre homme! Vous ne savez pas que le souba de Décan prend l'investiture de sa majesté impériale mogole; qu'il est maitre à la vérité du gouvernement d'Arcade; qu'il donne ce gouvernement à son favori; mais que ce souba n'en dépend pas moins de l'empereur? Oui, monsieur, toute la presqu'ile, toutes les Indes, à compter depuis Candahar jusqu'à Calicut, tout appartient de droit divin à sa majesté, attendu le droit de conquête et le droit de bienséance. Allez vous informer de tout cela au portier de M. Dupleix, qui a rendu pour peu de temps le nom français respectable et terrible dans l'Inde: il vous en dira cent fois plus que moi; il vous apprendra à parler.

C'est moi qui vous déférerai au grand-mogol. Vous abusez de sa faiblesse présente, vous prenez le parti des rebelles que vous appellez rois; sachez qu'ils ne sont que naïques.

Avez-vous jamais entendu parler du royaume Tondenmandalam, que possédait le roi Tonden, vaincu par Aurengzeb? Savez-vous que Visapour et Golconde sont regardés comme des provinces de l'empire? Savez-vous?... Mais vraiment je suis bien bon de vous parler. Adieu; je n'aime pas à perdre mon temps.

FIN DE L'ESSAI SUR LES

NATIONS.

ET L'ESPRIT des

TABLE DES MATIÈRES.

CHAPITRE CLXIX. De la reine Marie Stuart.

CHAP. CLXX. De la France, vers la fin du seizième
siècle, sous Francois II.

12

CHAP. CLXXI. De la France. Minorité de Char-
les IX..

18

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CHAP. CLXXV. De la France sous Louis XIII, jus-
qu'au ministère du cardinal de Richelieu.
États-généraux tenus en France. Admini-
stration malheureuse. Le maréchal d'Ancre
assassiné; sa femme condamnée à être brûlée.
Ministère du duc de Luines. Guerres `civi-
les. Commendinal de Richelieu entra

au conseil.

CHAP. CLXXVI. Du Ministère du cardinal de Ri

chelieu
CHAP. CLXXVII. Du gouvernement et des mœurs
de l'Espagne depuis Philippe II jusqu'à Char-
les II.
CHAP. CLXXVIII Des Allemands sous Rodolphe II,

Mathias et Ferdinand II. Des malheurs de Fré-
déric, électeur palatin. Des conquêtes de
Gustave-Adolphe. Paix de Westphalie

162

218

252

CHAP. CLXXIX. De l'Angleterre jusqu'à l'année 1641

255

CHAP. CLXXX. Des Malheurs et de la Mort de
Charles ler,

269

CHAP. CLXXXI. De Cromwell

292

CHAP. CLXXXII. De l'Angleterre sous Charles II. 304
CHAP. CLXXXIII. De l'Italie, et principalement

de Rome, à la fin du seizième siecle. Du
concile de Trente. De la réforme du ca-
lendrier, etc.

CHAP. CLXXXIV. De Sixte-Quint

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322

334

CHAP. CLXXXV. De Successeurs de Sixte-Quint. 343 CHAP CLXXXVI. Suite de l'Italie au dix-septième

siècle

354

CHAP. CLXXXVII. De la Hollande au dix-septième

siècle

361

CHAP. CLXXXVIII. Du Danemark, de la Suède

et de la Pologne, au dix-septième siècle ............ 370 CHAP. CLXXXIX. De la Pologne au dix-septième siècle, et des sociniens ou unitaires CHAP. CXC. De la Russie aux seizième et dix-sep

tième siècles

.....

378

384

.......

394

CHAP. CXCI. De l'Empire ottoman au dix-septième siècle. Siège de Candie. Faux messie CHAP. CXCII. Progrès des Turcs. Siège de Vienne 412 & CHAP. CXCIII. De la Perse, de sess urs, de- są,7 dernière révolution, et de Tuy

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