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Dans les flancs du Nord.
La crainte tremblante,

L'injure arrogante,
Le fombre remord,

La guerre fanglante,
Arbitre du fort,

Toutes les furies

Vont avec tranfport

Dans ces lieux impies

Apporter la mort.

PROMET HÉE.

Quoi! la mort en ces lieux s'eft donc fait un paffage ! Quoi! la terre a perdu fon éternel printemps,

Et fes malheureux habitans

Sont tombés en partage

A la fureur des dieux, de l'enfer et du temps?
Ces nymphes de leurs pleurs arrofent ce rivage.
Pandore! cher objet, ma vie et mon image,
Chef-d'œuvre de mes mains, idole de mon cœur,
Répondez à ma douleur.

Je la vois, de fes fens elle a perdu l'usage.

PAND OR E.

Ah! je fuis indigne de vous;

J'ai perdu l'univers : j'ai trahi mon époux.
Puniffez-moi : nos maux font mon ouvrage.

Frappez!

PROME THÉ E.

Moi la punir!

PANDORE.

Frappez, arrachez-moi

Cette vie odieuse,

Que vous rendiez heureuse,
Ce jour que je vous doi.

CHOEUR DE NYMPHES.

Tendre époux, effuyez fes larmes,
Faites grâce à tant de beauté ;
L'excès de fa fragilité

Ne faurait égaler fes charmes.

PROMET HÉE.

Quoi! malgré ma prière, et malgré vos fermens, Vous avez donc ouvert cette boîte odieufe?

PANDORE.

Un dieu cruel, par fes enchantemens,
A féduit ma raifon faible et trop curieufe.
O fatale crédulité !

Tous les maux font fortis de ce don détefté :
Tous les maux font venus de la trifte Pandore.

L'AMOUR, defcendant du ciel.

Tous les biens font à vous, l'amour vous refte encore. (le théâtre change et représente le palais de l'Amour.)

L'AMOUR continue.

Je combattrai pour vous le deftin rigoureux.

Aux humains j'ai donné l'être ;

Ils ne feront point malheureux

Quand ils n'auront que moi pour maître.

PANDORE.

Confolateur charmant, Dieu digne de mes vœux,
Vous qui vivez dans moi, vous l'ame de mon ame,
Puniffez Jupiter en redoublant la flamme
Dont vous nous embrafez tous deux.

PROMETHEE et PANDORE.

Le ciel en vain fur nous raffemble
Les maux, la crainte et l'horreur de mourir.
Nous fouffrirons ensemble,

Et c'eft ne point fouffrir.

L'AMOUR.

Defcendez, douce efpérance,

Venez, défirs flatteurs,

Habitez dans tous les cœurs
Vous ferez leur jouiffance.
Fuffiez-vous trompeurs,
C'est vous qu'on implore;
Par vous on jouit,

Au moment qui paffe et qui fuit,
Du moment qui n'est pas encore.

PANDORE.

Des deftins la chaîne redoutable
Nous entraîne à d'éternels malheurs :
Mais l'Efpoir, à jamais fecourable,
De fes mains viendra fécher nos pleurs.

Dans nos maux il fera des délices ; Nous aurons de charmantes erreurs ; Nous ferons au bord des précipices; Mais l'Amour les couvrira de fleurs.

Fin du cinquième et dernier acte.

TANIS ET ZELIDE,

ου

LES ROIS

PASTEURS,

TRAGEDIE.

Pour être mife en mufique.

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