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PANDORE.

Quoi! vous penfez?...

PROMET HÉE.

Songez à ma prière,

Songez à l'intérêt de la nature entière,

Et du moins attendez mon retour en ces lieux.

PANDORE.

Eh bien, vous le voulez ; il faut vous fatisfaire.
Je foumets ma raifon ; je ne veux que vous plaire.
Je jure, je promets à mes tendres amours
De vous croire toujours.

PROMET HÉE.

Vous me le promettez ?

PANDORE.

J'en jure par vous-même.

On obéit dès que l'on aime.

PROME THÉ E.

C'en eft affez, je pars, et je fuis rafsuré.
Nymphes des bois, redoublez votre zèle;
Chantez cet univers détruit et réparé.

Que tout s'embelliffe à son gré,
Puifque tout eft formé pour elle.

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UNE NYMPH E.

Vous voyez l'éloquent Mercure ;

Il eft avec Pandore; il confirme en ces lieux,

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(les Nymphes fe retirent; Pandore s'avancé avec Néméfis,

qui paraît fous la figure de Mercure.)

NEMES IS.

Je vous l'ai déjà dit, Prométhée est jaloux,
Il abuse de fa puiffance.

PANDOR E.

Il eft l'auteur de ma naiffance,

Mon roi, mon amant mon époux.

Théâtre. Tome IX,

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NEMESIS.

Il porte à trop d'excès les droits qu'il a fur vous.

Devait-il jamais vous défendre

De voir ce don charmant, que vous tenez des dieux?

PANDORE.

Il craint tout; fon amour eft tendre,
Et j'aime à complaire à ses vœux.

NEMESIS.

Il en exige trop, adorable Pandore;

Il n'a point fait pour vous ce que vous méritez.
Il put en vous formant vous donner des beautés
Dont vous manquez peut-être encore.

PANDORE.

Il m'a fait un cœur tendre, il me charme, il m'adore; Pouvait-il mieux m'embellir ?

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Vous ferez, en ouvrant ce tréfor enchanté,

Toujours belle, toujours heureuse.
Vous régnerez fur votre époux ;

Il fera foumis et facile.

Craignez un tyran jaloux,
Formez un fujet docile.

PANDORE.

Non, il eft mon amant, il doit l'être à jamais;
Il est mon roi, mon dieu, pourvu qu'il foit fidelle.
C'eft pour l'aimer toujours qu'il faut être immortelle ;
C'eft pour le mieux charmer que je veux plus d'attraits.

NEMESIS.

Ah! c'eft trop vous en défendre ;
Je fers vos tendres amours ;

Je ne veux que vous apprendre
A plaire, à brûler toujours.

PANDORE.

Mais n'abufez-vous point de ma faible innocence ? Auriez-vous tant de cruauté ?

NEMESIS.

Ah! qui pourrait tromper une jeune beauté ?
Tout prendrait votre défense.

PANDORE.

Hélas! je mourrais de douleur,

Si je méritais fa colère,

Si je pouvais déplaire

Au maître de mon cœur.

NEMES I S.

Au nom de la nature entière,

Au nom de votre époux, rendez-vous à ma voix.

PANDORE.

Ce nom l'emporte, et je vous crois ;

Ouvrons.

(elle ouvre la boîte ; la nuit se répand fur le théâtre, et on entend un bruit fouterrain.)

Quelle vapeur épaiffe, épouvantable,
M'a dérobé le jour et troublé tous mes fens ?
Dieu trompeur ! miniftre implacable!
Ah, quels maux affreux je reffens!
Je me vois punie et coupable.

NEMES I S.

Fuyons de la terre et des airs.

Jupiter eft vengé, rentrons dans les enfers.
(Néméfis s'abyme; Pandore eft évanouie fur un lit de gazon.)
PROMETHEE arrive du fond du théâtre.

O furprise! ô douleur profonde !
Fatale abfence! horribles changemens!
Quels aftres malfefans

Ont flétri la face du monde ?

Je ne vois point Pandore, elle ne répond pas
Aux accens de ma voix plaintive.
Pandore! mais hélas ! de l'infernale rive

Les monftres déchaînés volent dans ces climats.

LES FURIES et LES DEMONS, accourant fur le théâtre.

Les temps font remplis ;

Voici notre empire ;
Tout ce qui refpire

Nous fera foumis,
La trifle froidure

Glace la nature

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