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penfées d'un grand homme, dont les maximes tirées de fes nombreux écrits doivent enrichir cette Bibliothèque, immédiatement après les Caractères de Théophrafte. Il nous fuffira donc de faire pour fa perfonne ce que nous avons fait pour fes écrits moraux, c'est-à-dire, qu'on n'eft en droit de nous demander qu'un extrait de son hiftoire. Le voici.

Marcus Tullius Cicéron naquit à Arpino en Tofcane, fous le confulat de Cepion, l'an de Rome 648, le 106 avant J. C., d'une famille ancienne, mais peu illuftre, de Chevaliers romains. Il reçut de la nature une figure agréable, un efprit vif, un cœur fenfible & une

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riche imagination; avantages brillans que l'éducation accrut encore. Tout ce qui peut développer & agrandir le génie d'un homme, concourut au perfectionnement du fien. Il étudia, fous les maîtres les plus habiles dans Athènes & dans Rome, l'éloquence & la philosophie. Se vouant enfuite à la défense des accufés, il obtint & mérita les fuccès les plus flatteurs ; & comme l'art de parler fut toujours dans les républiques un moyen puiffant pour arriver aux premières places de l'état, Cicéron qui avoit ravi à la Grèce la gloire de l'éloquence, pour la transporter chez les Romains, obtint de ceux-ci, à l'âge de trente-un ans, la Quefture & le

gouvernement de Sicile. A fon retour, il fut & mérita d'être fucceffivement, Edile, Préteur & Conful. Dans cette dernière magiftrature, la gloire d'avoir fauvé Rome des fureurs de Catilina, dont il découvrit & déconcerta la conjuration ténébreufe, lui valut le nom de père de la patrie, qui lui fut décerné par acclamation.

Mais où eft le grand homme que la perfécution ait épargné? Cicé ron ne put l'éviter. Ses ennemis ameutés par Clodius le forcèrent de fortir de cette même ville qu'il avoit fauvée, & de fe retirer à Theffalonique, en Macédoine. Il eft vrai que les vœux de l'Italie entière le rappellèrent bientôt, &

que fon retour fut une efpèce de triomphe. La joie qu'il en conçut, toute grande qu'elle étoit, ne fut point capable cependant d'effacer entièrement de fon ame la trifte impreffion de fa difgrace. Sa philofophie fut moins puiffante que fa fenfibilité, peut-être même que fon orgueil, qu'il faut lui pardonner toutefois, puisqu'il étoit légitime.

Quoique le nom de Cicéron ne réveille jamais l'idée de la valeur guerrière, il faut avouer qu'il fe montra digne de commander aux légions romaines, lorfqu'après fon confulat, nommé gouverneur de Cilicie, il s'oppofa aux Parthes, les défit, & leur enleva Pindeniffe,

l'une de leurs plus fortes places, en forte qu'il auroit obtenu les honneurs du triomphe, fans les troubles qui agitoient déjà la république. Pompée & Céfar se la difputoient. Céfar l'affervit enfin, & Cicéron, qui jufques-là avoit flotté entre ces deux rivaux, fans avoir le courage de fe décider pour aucun, fe rangea du parti du vainqueur. Il le flatta même, & ce qui peut-être eft plus étonnant encore, après la mort de Céfar, il fe déclara pour Octave contre Antoine, qui étoit bien moins dangereux pour la liberté publique. Mais quel fut pour lui le fruit de cette conduite? Antoine, Octave & Lépide fe réunirent. Cette fan

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