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C'eft un Dieu qui nous fit ces présens, Oui, c'est un Dieu; je veux par plus d'un facrifice

Reconnoître les dons de fa bonté propice. Sans lui verrois-je errer més troupeaux dans

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Nous n'avons pas même plus de raifon de nous attribuer nos propres découvertes, que l'accroiffement infenfible de nos corps, ou la force & la foupleffe de nos organes, lorfque nous fommes parvenus à un certain âge. Nous avons au-dedans de nous, & nous tenons de la même main le germe des hommes futurs & le principe des arts. C'est Dieu qui produit & qui excite le génie.

Il y a des philofophes même, qui ne favent pas apprécier les faveurs du Ciel. Ils fe plaignent de ce que les hommes n'ont pas une fanté à toute épreuve, une force invincible, une connoiffance sûre de l'avenir. A peine peuventils s'empêcher de hair la nature qui ne les a pas égalés aux dieux, mais qui les a placés dans un rang inférieur. Quelle impudence! n'eftil pas plus raisonnable d'envisager le nombre & la qualité des biens que le ciel nous a départis, & de lui rendre graces de nous avoir donné le second rang dans cet admirable univers, en nous établiffant les rois de la terre. Soyons perfuadés que ce qui nous a été

refufé ne pouvoit pas nous con

venir.

La première intelligence a penfé à nous dès le commencement du monde. Elle a tellement arrangé l'univers, qu'on voit aisément que nous n'avons pas été le dernier objet de fes foins. Nous aimons nos parens & nous le devons, quoique la plupart n'ayent point fongé à nous lorfqu'ils ont concouru à notre formation. A l'égard des dieux, on ne peut pas dire qu'ils nous ayent créés fans deffein, puifqu'ils nous ont préparé d'avance les alimens & les fecours dont nous avions befoin. Comment notre exiftence leur cût-elle été indifférente, eux qui produifoient tant d'au

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tres créatures pour notre usage?

Ainfi donc, fi vous n'avez pas encore une jufte idée de la bonté de Dieu; comptez les bienfaits dont ce tendre père vous a comblé. Il vous a appris à mettre fous le joug une infinité d'animaux plus forts que vous, & à furprendre ceux qui font plus agiles; il vous a donné droit de vie & de mort fur tout ce qui refpire. Vous lui devez les vertus dont vous êtes doué, la connoiffance des arts que vous cultivez, & cet efprit capable de pénétrer dans un inftant tout ce qui peut être l'objet de fon application. Quelle que foit la rapidité du mouvement des aftres l'efprit les dévance dans leur cour

fe; il en détermine la route & les

progrès pendant un long espace de fiècles. Ajoutez à cela tant de richeffes que vous poffédez, tant de productions propres à votre usage, une abondance générale de toutes fortes de biens. Parcourez tous les êtres créés, & après avoir raffemblé tous les avantages qui leur font propres, & qui vous paroiffent les plus eftimables, vous trouverez que votre condition eft encore préférable à la leur. Après avoir mûrement confidéré la conduite de Dieu fur vous, vous conviendrez que vous êtes l'objet de fes plus tendres complaifances. Oui, fans fans doute il vous aime fingulièrement, Il vous

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il vous a aimé, &

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