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cipale, il joint trop d'idées accessoires peu importantes. Non content d'avoir dit une fois une chofe, il la répète plufieurs fois en d'autres termes, en forte qu'il eft ensemble & concis & diffus. Auffi a-t-on dit affez plaifamment de lui, qu'il eft beau entre deux points. Ce jugement fur Sénèque, adopté généra lement aujourd'hui par tous les bons efprits, exigeoit qu'on fît un choix dans les écrits de ce Philofophe. Ce choix existe, nous l'offrons à nos lecteurs, perfuadés que Sénèque gagnera beaucoup à être reproduit ainfi dans un abrégé.

PENSÉES

DE

SÉNÈ QU E.

DE DIEU.

Nous adoptons volontiers les

opinions généralement reçues; ce confentement univerfel nous tient lieu de démonftration. L'existence des dieux eft prouvée, dès-là qu'elle eft avouée de tout le monde, & qu'il n'eft pas de nation fi barbare & fi corrompue, qui n'adore quelque divinité.

Les ouvrages de Dieu nous apprennent à le connoître ; car qu'eft. ce que Dieu ? C'est l'ame de l'uni

Morale. Tome IV.

N

vers. C'est tout ce que vous voyez

& ce que vous ne voyez pas tout entier. Comme il eft feul toutes chofes, il n'eft point limité par fes propres ouvrages; cette idée nous représente la grandeur de l'Etre fuprême, à laquelle il n'eft pas poffible de rien ajouter.

- Quelle différence faut-il donc mettre entre la nature de Dieu & la nôtre L'efprit eft la meilleure partie de nous-mêmes. En Dieu, rien qui ne foit efprit. Il est tout raifon.

Dieu n'a pas étalé à nos yeux toutes ses merveilles. Quelle est la partie de ce grand ouvrage expofée à nos regards? C'est lui-même, en tant qu'il gouverne le monde

qu'il a créé, & qu'il fait mouvoir autour de lui; mais il eft le chefd'oeuvre & la plus noble portion du tout ensemble. Sous ce point de vue il nous échappe, & ne peut être apperçu que par la pensée. De quelque côté que vous vous tourniez, vous le trouverez fur vos pas. Reproduit par fon immenfité, il remplit lui-même fon ouvrage.

Le maître de l'univers eft un pur efprit. Tout nom convient à ce grand ouvrier, à ce fouverain feigneur. Vou. lez-vous l'appeller le Deftin? Vous ne vous tromperez pas. C'eft de lui que tout dépend, il eft la caufe des caufes. La Providence? Vous direz bien. Sa fageffe règle l'ordre admirable

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