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PSAMMIS, ROI.

(An du monde 3404. - Avant Jésus-Christ 600.)

Le règne de ce prince ne dura que six ans. Il fit une expédition en Ethiopie, dont on ignore le succès. Pendant son règne on établit en Grèce les jeux olympiques. Les habitants de l'Élide envoyèrent une ambassade pour le consulter sur cette institution : de l'avis des prêtres, le roi répondit que la justice aurait été mieux observée dans ces jeux si les Grecs n'y avaient admis que des étrangers, parce qu'il était difficile que les juges ne décernassent pas le prix à leurs concitoyens.

APRIES OU OPHRA, ROI.

(An du monde 3410.- Avant Jésus-Christ 594. }

Apriès fit la guerre heureusement au commencement de son règne, et parut hériter des talents de son père Psammis. Il se rendit maitre de la Phénicie et de la Palestine; mais, enorgueilli par ses victoires, il voulut opprimer et détruire la colonie grecque des Cyrénéens qui avaient fait des progrès dans la Kibie. L'armée du roi fut taillée en pièces et les Cyrénéens secouèrent son joug. Apriès leur envoya Amasis, un de ses généraux, pour les ramener dans le devoir; mais ils attirèrent dans leur parti cet officier, qu'ils proclamèrent roi.

Apriès chargea un des grands de sa cour d'arrêter le rebelle, et, pour le punir de l'impossibilité où il s'était trouvé de remplir sa mission, il lui fit couper le nez et les oreilles.

Cette cruauté révolta le peuple et l'armée contre le roi, qui fut détrôné et forcé de se retirer dans la HauteÉgypte.

Tandis que tous ces événements se passaient sur les rives du Nil, Nabuchodonosor, roi de Babylone, s'emparait de Tyr, de Jérusalem, et réduisait tous les Juifs en captivité. Maitre de la Palestine, il profita des divisions intestines de l'Égypte, et la conquit totalement. Il y fit partout d'horribles ravages, tua un grand nombre d'habitants, et

ruina tellement ce beau royaume, qu'il ne put se rétablir pendant l'espace de quarante ans. Nabuchodonosor, après avoir achevé sa conquête, confia l'administration de l'Égypte à Amasis, et retourna à Babylone.

Cependant Apriès, qui, dans sa retraite, avait rassemblé une armée d'Ioniens et d'autres étrangers, marcha contre Amasis, et lui livra bataille près de Memphis. Mais il fut battu, pris et mené à Saïs, où on l'étrangla dans son propre palais.

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Amasis gouverna d'abord l'Égypte comme vice-roi; mais les troubles de l'Orient, pendant les conquêtes de Cyrus, lui donnèrent l'occasion et les moyens de s'emparer de l'autorité souveraine. Ce qui le prouve, c'est que le fils de Cyrus se crut, comme nous le verrons bientôt, obligé d'employer de nouveau les armes pour reconquérir l'Égypte.

Le règne d'Amasis fut sage et glorieux. Il était célèbre par l'étendue de ses connaissances et par les agréments de son esprit. On cite de lui des traits ingénieux et des reparties piquantes. Pythagore et Solon vinrent le visiter et consulter la sagesse et les livres des Égyptiens. On croit que Pythagore emprunta d'eux ses idées sur la métempsycose. Amasis employait toutes ses matinées à recevoir des placets, à donner des audiences, à tenir des conseils. Il laissait aux plaisirs le reste de la journée; et, comme on lui reprochait un jour de porter quelquefois sa gaieté au delà des bornes qui convenaient à son rang, il répondit que l'esprit était comme un arc, et ne pouvait pas toujours être tendu.

Voyant, au commencement de son règne, qu'on méprisait la bassesse de son origine, il voulut avec adresse rappeler les esprits au devoir et à la raison. Il avait une cuvette d'or où lui et ses commensaux se lavaient les pieds;

il ordonna de la fondre et d'en faire une statue qu'il exposa à la vénération publique. Les peuples accoururent en foule rendre hommage à cette nouvelle idole. Le roi leur rappela l'usage auquel cette statue avait d'abord servi, ce qui ne les empêchait pas de se prosterner religieusement devant elle. L'application de cet apologue était facile à faire; et tout le peuple, depuis ce jour, respecta sa personne, son rang et son esprit. Ce fut lui qui obligea tous les particuliers d'inscrire leurs noms chez le magistrat et de se choisir une profession.

Amasis bátit plusieurs temples. On admirait, parmi tous ces ouvrages, une chapelle faite d'une seule pierre qui avait vingt-une coudées de longueur, quatorze de Fargeur et huit de hauteur. Deux mille hommes avaient été employés, pendant trois ans, à la transporter d'Éléphantine à Saïs.

Il forma et entretint des liaisons avec les Grecs, et leur permit d'habiter en Égypte, dans la ville de Naucratis. Il contribua, pour une forte somme, à la réparation du temple de Delphes. Amasis avait épousé une femme cyrénéenne. Il contracta une alliance avec Polycrate, tyran de Samos; ses armes conquirent l'île de Chypre, qu'il rendit tributaire. Après un règne de quarante-quatre ans, Amasis mourut, et transmit le sceptre à Psammenits, son fils.

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Ce prince ne jouit que six mois de l'héritage de son père. Cambyse, roi de Perse, fils de Cyrus, entra avec une grande armée dans l'Égypte et la subjugua; une seule bataille renversa le trône égyptien. Cambyse avait envoyé un héraut à Memphis, pour engager le roi à capituler; les Égyptiens massacrèrent le héraut. Cette offense fut cruellement punie : le roi de Perse s'empara de Memphis, et livra la ville et les temples aux flammes. Psammenits,

chargé de fers, fut traîné dans le faubourg. Là, placé sur un tertre, on fit paraître devant lui sa fille, habillée en esclave, et portant une cruche pleine d'eau ; les filles des grands du pays l'accompagnaient dans le même costume et déploraient à grands cris leur infortune. Leurs pères désolés fondaient en larmes. Le roi seul, immobile, les yeux fixés vers la terre, retenait ses sanglots, et semblait maître de sa douleur. Bientôt son fils parut, suivi de deux mille jeunes Égyptiens, portant tous des mors dans la bouche et des licous; ils marchaient pour être immolés aux mânes du héraut persan qu'on avait massacré. Jusque-là Psammenits n'avait laissé éclater aucun signe de faiblesse et de désespoir tout à coup il aperçoit dans la foule un de ses intimes amis couvert des haillons de la misère. Alors le roi jette un grand cri, verse des torrents de larmes, et se frappe comme un furieux. Cambyse lui ayant fait demander comment il paraissait si sensible à un malheur qui lui était étranger, il répondit : « Les ca« lamités de ma famille sont trop grandes pour donner « le temps de réfléchir, et pour laisser couler des larmes ; « mais la vue d'un ami réduit à la misère me permet de « pleurer. >>

Le roi de Perse, le trouvant assez puni, lui fit grâce de la vie; mais, dans la suite, cet infortuné monarque ayant laissé échapper quelques désirs de vengeance, Cambyse le fit mourir.

Dans le cours de cette funeste révolution, rien ne fut respecté par les Perses. Les rois et les grands furent traités avec indignité; on foula aux pieds les lois; on outragea les mœurs, on livra au mépris les objets sacrés du culte populaire; le boeuf Apis fut massacré. Ces cruautés, ce mépris du vainqueur, inspirèrent aux Égyptiens une haine profonde, qui depuis les porta sans cesse à la révolte. Jamais le pouvoir des rois de Perse ne put être tranquillement affermi en Égypte; et jusqu'au règne d'Alexandre, ce malheureux pays devint le théâtre des com

bats continuels que soutenait, à tout risque, l'amour de l'indépendance contre la tyrannie; tant il est vrai que le projet le plus insensé que puissent former les rois est celui de gouverner par la crainte, et de croire que la force peut longtemps résister à l'opinion publique.

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roi. Son supplice. - Ses successeurs.- Règne de Nectanébus, dernier roi égypSa défaite et sa fuite. Darius Ochus est maître de l'Égypte.

tien.

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Sa tyranRègue de Darius Codoman.

Après avoir vaincu Psammenits et soumis toute l'Égypte, poussé par un désir immodéré de conquêtes, aveuglé par l'orgueil qui lui faisait braver toutes les difficultés opposées par la nature et par le climat à ses projets, Cambyse envoya cinquante mille hommes de son armée dans les déserts au delà des pyramides, dans la seule intention de détruire le temple de Jupiter Ammon. Ce temple était situé dans une de ces petites parties de terre qu'on appelle oasis, qui sont fertiles et cultivées, et paraissent comme des espèces d'îles vertes, fraîches et fleuries, au milieu des mers de sables brûlants et arides de ces contrées désertes. Ces cinquante mille hommes périrent et furent tous engloutis dans le sable soulevé par un tourbillon de vent.

Ce désastre horrible n'ouvrit pas les yeux à Cambyse. Il avait envoyé des ambassadeurs au roi d'Éthiopie, qui lui portaient de riches présents et l'invitation de reconnaître l'autorité des rois de Perse. Le fier monarque répondit, en bandant un arc d'une immense grandeur, qu'il se soumettrait lorsqu'il trouverait un Persan assez fort pour tendre cet arc. Irrité de cette réponse, Cambyse entra avec son armée dans les déserts qui séparent l'É

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