Page images
PDF
EPUB

mer ses violentes douleurs, il fit dresser un bücher au sommet du mont ŒEta, se précipita au milieu des flammes et y périt. La fable dit que ses entrailles étaient brûlées par une robe empoisonnée que Déjanire avait reçue de son rival Nessus, prince de Thessalie, et qu'on appelait Centaure, parce que les Thessaliens furent les premiers Grecs qui dressèrent et montèrent des chevaux.

La mort d'Hercule n'éteignit point la haine d'Eurysthée; il chassa du Péloponèse les enfants de ce héros; mais ils y revinrent bientôt, le défirent dans un combat et le tuèrent. Trois ans après, Hellène, leur aîné, fut vaincu par un roi de Tégée et périt. Ses frères se dispersèrent dans la Grèce, où ils furent connus sous le nom d'Héraclides.

Eurysthée étant mort, Atrée, son oncle maternel et fils de Pélops, prit possession du Péloponèse, et fonda la dynastie des Pélopides, dont les passions, les crimes et les malheurs remplissent encore le monde d'affreux souvenirs. Atrée, fameux par ses cruautés, conçut la plus violente haine contre Thyeste, son frère, qui avait séduit sa femme Europe; il le chassa de Mycène; l'ayant ensuite rappelé dans sa patrie, et dissimulant son courroux pour mieux assurer sa vengeance, il feignit de se réconcilier avec lui, assassina secrètement son fils Pélops, et servit à ce malheureux père, dans un festin, les membres de son fils.

Plisthène, fils et successeur d'Atrée, fut le père du célè bre Agamemnon. Ce monarque acquit une grande puissance, et tous les Grecs l'élurent pour leur chef lorsqu'ils entreprirent la guerre de Troie. On verra, dans la suite de cette histoire, la mort funeste d'Agamemnon, qui périt sous le poignard de sa femme, fut vengé par son fils Oreste, et laissa son palais rempli de crimes, et son royaume de troubles. Tisamène et Penthile, fils d'Oreste, vaincus par les Héraclides, se virent chassés de leur patrie, où la race des Pélopides cessa de régner. :

ROYAUME D'ATHÈNES.

(An du monde 2448.

Avant Jésus-Christ 1560.)

CÉCROPS. Son règne heureux.

- Ses successeurs. Naissance de Thésée.

[ocr errors]

Les Pallantides.

[blocks in formation]

Son épée cachée sous un rocher. exploits. - Conspiration des Pallantides. Nouveaux exploits de Thésée. gouvernement. Révolte à Athènes. - Abdication de Thésée. - Sa mort

-Ses
Son

1

Règne

[merged small][ocr errors]

Règne de Codrus. · Son dévouement et sa mort.

CÉCROPS.

Cécrops, né dans la ville de Saïs, en Égypte, quitta les bords du Nil pour échapper au joug d'un vainqueur inexo-` rable. Après de longues courses sur la mer, il débarqua avec ses compagnons sur les côtes de l'Attique, pays habité de temps immémorial par un peuple sauvage que les hordes errantes de la Grèce n'avaient jamais été tentées de subjuguer. Sa pauvreté fut sa première égide. Cette contrée stérile et peu peuplée n'excitait ni crainte ni avidité. Les Athéniens, plus grossiers que barbares, accueillirent sans défiance les étrangers malheureux qui venaient leur apprendre à connaître les jouissances de la vie sociale. Bientôt les Athéniens et la colonie égyptienne ne formerent qu'un seul peuple; mais la supériorité des lumières assura la domination des Africains, et Cécrops, choisi pour roi par les deux nations réunies, justifia leur choix par le bonheur dont il fit jouir ses sujets. Les anciens habitants ne se nourrissaient que de glands; Cécrops leur apprit à sc nourrir de grains. La charrue força la terre à devenir féconde; l'olivier vint se naturaliser dans l'Attique: une foule d'arbres fruitiers, jusque-là inconnus, ombragèrent les moissons et les couvrirent de fruits., Il soumit le mariage aux lois; ses règlements, en créant les devoirs, firent à la fois naître les vertus et les plaisirs, Les liens des famìlles commencèrent les liens de la société, et les hommes, autrefois isolés, aimèrent d'abord leurs foyers et bientôt leur patrie.

On adorait autrefois les astres, les forêts et les monta

gnes. Les Égyptiens firent adorer leurs dieux dans l'Attique ; ils consacrèrent la ville d'Athènes à Minerve, comme Argos l'avait été à Junon, et Thèbes à Bacchus.

Pour inspirer l'humanité à ces peuples sauvages, le législateur égyptien ordonna d'honorer les morts, de les enterrer avec pompe, de consacrer par des éloges le souvenir des hommes vertueux, et de flétrir la mémoire des méchants. Il établit un tribunal dont la sagesse fut longtemps célèbre; jamais on ne se plaignit d'un jugement de l'aréopage. Il eut la gloire de faire connaître la justice aux Grees. Pour remédier à l'aridité du pays, dont la population devait s'accroître rapidement, il forma ses sujets à la navigation, et bientôt les blés apportés d'Afrique assurèrent des subsistances abondantes à ce nouveau peuple.

Les successeurs de ce sage roi furent Cranaüs, Amphictyon, Érichthonius, Pandion Ier, Erecthée, Cecrops II, Pandion II, Égée, Thésée, Ménesthée, Démophoon, Oxynthès, Phidas, Timéthès, Mélanthus et Codrus.

Si les institutions de Cécrops durèrent longtemps, sa postérité n'eut pas le même bonheur. Cranaüs fut chassé d'Athènes par Amphictyon Ier, et par Hellène, prince de Thessalie et fils de Deucalion, La fable place le déluge de Deucalion au temps où vivait Cranaüs. Un plus ancien déluge, celui d'Ogygès, avait eu licu en Grèce longtemps auparavant (avant Jésus-Christ 1796). Quelques auteurs prétendent que ce fut Hellene, le Thessalien, qui donna son nom aux Grecs, nommés Helléniens.

Amphictyon devint célèbre par une alliance qu'il forma entre plusieurs villes de la Grèce, que les uns portent au nombre de douze, et les autres au nombre de trente et une. Ces peuples confédérés envoyaient des députés deux fois par an aux Thermopyles pour délibérer sur les affaires publiques : leur réunion s'appelait le conseil des amphictyons; il jugeait tous les différends des peuples et des villes, et veillait à la défense du temple d'Apollon à Delphes, Cette institution, qui nous donne le premier exemple

d'une confédération et d'une sorte de gouvernement représentatif, conserva beaucoup de force, d'indépendance et de crédit, jusqu'au temps de Philippe, roi de Macédoine, qui en brigua la présidence pour en faire un instrument de son ambition.

On croit que ce fut sous le règne d'Amphictyon que Bacchus, qu'on nommait aussi Dionysius, vint des Indes dans l'Attique. Il enseigna aux Grecs plusieurs arts, et entre autres celui de cultiver la vigne. Sa gloire excita l'envie : les Athéniens attentèrent plusieurs fois à ses jours; mais, après sa mort, ils le divinisèrent.

On place à l'époque du règne d'Érecthée l'enlèvement de Proserpine, fille de Cérès, reine de Sicile, par Pluton, roi d'Épire. Cérès accourut en Grèce pour chercher sa fille : on dit qu'elle s'arrêta à Éleusis, chez Triptolème, qui apprit d'elle le labourage. Les lumières qu'elle répandit dans cette contrée la firent regarder comme une déesse. On établit son culte à Éleusis: les mystères de ce culte devinrent célèbres dans l'univers; les princes les plus puissants et les personnages les plus distingués par leur science et par leurs vertus s'y faisaient initier: retenus par des lois sévères, aucun n'en trahit le secret; mais on croit généralement qu'on y enseignait aux initiés une religion plus simple, plus spirituelle et plus morale que celle du peuple, auquel on laissait les images et les fables.

Ce fut le roi Erichthonius qui établit à Athènes les courses de chars, les fêtes de Minerve, nommées Panathénées, et qui apprit aux Athéniens l'usage des monnaies d'or et d'argent.

Pandion II eut deux fils: Égée et Pallas; celui-ci devint célèbre par l'ambition de ses cinquante enfants, qu'on nommait les Pallantides.

Égée eut la gloire d'être le père de Thésée. Ethra, fille de Pitthée, l'un des sages et illustres guerriers de la Grèce, fut la mère de Thésée. Elle n'était point l'épouse d'Égée, mais elle avait cédé à son amour.

THÉSÉE.

(An du monde 2740. - Avant Jésus-Christ 1264.)

Pitthée, aïeul de Thésée, gouvernait la ville de Trézène. Égée laissa dans cette ville le jeune enfant qu'il avait eu d'Éthra, et dont il cachait avec soin la naissance, pour ne point exciter la haine de son frère Pallas et de ses enfants. En partant de Trézène, il plaça sous un rocher énorme une riche épée, et fit jurer à Éthra de ne révéler à son fils le secret de sa naissance que lorsqu'il serait assez fort pour soulever le rocher et s'armer du glaive qui devait servir à le faire reconnaître. Le jeune Thésée, destiné à la gloire, écoutait dans son enfance, avec une ardeur inquiète, le récit des grandes actions d'Hercule, et brûlait du désir de l'imiter. Lorsqu'il eut atteint l'âge où la force pouvait seconder son courage, Hercule était en Lydie; les brigands, profitant de son absence, reparaissaient dans la Grèce, et les monstres infestaient de nouveau les forêts. Éthra, ne pouvant plus contenir le courage bouillant de son fils, luiapprit le nom de son père, le conduisit vers le rocher et lui ordonna de le déplacer. Il y parvint sans peine, et y trouva les signes qui devaient constater sa naissance. Armé du glaive royal, il s'arracha rapidement des bras de sa mère, et parcourut la Grèce, qu'il remplit bientôt du bruit de ses aventures et de ses succès. Cinnis, brigand redoutable et cruel, attachait les vaincus à des branches d'arbre qu'il courbait avec effort, et qui les écartelaient en se relevant. Il tomba sous les coups du jeune héros.

Son épée trancha les jours de Scyrron, qui défendait l'accès d'une montagne et précipitait les voyageurs du haut d'un rocher dans la mer.

Le tyran Procuste étendait ses prisonniers sur un lit dont la longueur devait servir de mesure à leurs corps, qu'il allongeait ou raccourcissait par d'affreux supplices.

« PreviousContinue »