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SENNACHÉRIB.

Ce nouveau roi, voulant obliger Ézéchias à lui payer le tribut qu'il lui devait, entra dans la Judée, la pilla, trompa le roi des Juifs par ses négociations, épuisa son trésor, battit les Egyptiens qui venaient à son secours, et porta ses armes dans l'Égypte, qu'il ravagea.

Après cette invasion, il revint de nouveau faire le siége de Jérusalem; mais l'armée de Juda lui livra une grande bataille, le mit en déroute et lui tua cent quatre-vingt mille hommes.

Sennacherib, dans le cours de ses victoires, s'était donné le titre de roi des rois; après cet échec terrible, il revint dans ses États, dépouillé de sa gloire et couvert de la honte que lui causait la perte presque totale d'une si puissante armée. Furieux de sa disgrâce, il fit peser sur ses sujets la tyrannie la plus cruelle. Les Juifs se virent particulièrement exposés à sa colère; il en faisait chaque jour massacrer un grand nombre, et laissait leurs corps dans les champs, sans permettre qu'on leur donnât la sépulture. Son caractère était si féroce qu'il se rendit odieux à sa propre famille. Ses deux fils aînés conspirérent contre lui, et le tuèrent dans un temple consacré au dieu Nesroch. Ces deux parricides coururent chercher un asile en Arménie; ils laissèrent le trône de Ninive à leur frère Asarhaddon.

ASARHADDON.

Le dernier des successeurs de Baladan, roi de Babylone, étant mort sans héritier, tout ce pays fut pendant huit ans plein de troubles et d'anarchie. Asarhaddon profita de ces désordres pour s'emparer de Babylone, qu'il réunit à son empire. La Syrie et la Palestine reconnaissaient son autorité; il porta ses armes dans le pays d'Israël, et fit captifs tous ceux que son père y avait laissés. Mais, comme il ne voulait pas que ce pays demeurât désert, il

le peupla de colonies qu'il fit venir des rives de l'Euphrate. Ses troupes réprimèrent aussi la révolte des Juifs, et ramenèrent prisonnier le roi Manassé, qui resta quelque temps dans les fers à Babylone; dans la suite, on lui permit de retourner à Jérusalem. Asarhaddon avait régné trente-neuf ans à Ninive et treize à Babylone. Son règne fut heureux et glorieux. Saosduchin, son fils, appelé dans l'Écriture Nabuchodonosor, lui succéda..

NABUCHODONOSOR [er.

Ce roi défit, en bataille rangée, le roi des Mèdes, dans la plaine de Ragan; il prit Ecbatane, la capitale de la Médie, et retourna victorieux à Ninive. Le fameux Holopherne, général des armées de Nabuchodonosor, rangea plusieurs pays sous sa domination, et se rendit, par son orgueil, par ses victoires et par le nombre de ses soldats, la terreur de l'Orient. Mais comme il assiégeait en Judée la ville de Béthulie, une femme juive, nommée Judith, abattit ce colosse; elle entra dans sa tente, et le poignarda pour sauver sa religion et sa patrie.

La mort d'Holopherne ranima le courage des Juifs; ils battirent complétement les Assyriens, et les obligèrent de sortir de leur pays.

Saracus, autrement nommé Chynaladanus, hérita du trône de Nabuchodonosor.

SARACUS OU CHYNALADANUS.

Saracus se fit mépriser par ses vices et par sa lâcheté. Tous les ressorts de l'État se détendirent; les grands, n'étant plus retenus par aucun frein, répandirent le trouble et la confusion dans l'empire. L'un d'eux, nommé Nabo-polassar, se rendit maître de Babylone, où il régna vingt

et un ans.

Pour soutenir sa révolte, il s'allia avec Cyaxare, roi des Mèdes. Leurs armées réunies assiégèrent Ninive, la prirent, et la détruisirent de fond en comble; Saracus y perdit la vie.

Depuis la ruine de Ninive, Babylone devint la seule capitale de l'empire d'Assyrie. Les Babyloniens et les Mèdes s'attirèrent par leurs victoires la jalousie des autres peuples. Néchao, roi d'Égypte, voulant réprimer leur ambition, porta ses armes dans leurs États, et remporta sur eux de grands avantages.

NABOPOLASSAR.

(An du monde 3378. - Avant Jésus-Christ 626.)

Le roi d'Assyrie voyait avec peine que la Syrie et la Palestine, profitant de la protection de Néchao, s'étaient soustraites à son obéissance. Son âge et ses infirmités ne lui permettant plus de commander ses troupes, il associa à l'empire son fils Nabuchodonosor, et il l'envoya en Judée, à la tête d'une forte armée, la troisième année du règne de Joachim, roi de Juda.

Nabuchodonosor battit les Égyptiens, conquit la Syrie et la Palestine, assiégea Jérusalem, s'en rendit maître, fit mettre Joachim aux fers, emmena captifs plusieurs princes, ainsi qu'un grand nombre de Juifs, et transporta en Assyrie tous les trésors du palais avec une partie des vases du temple de Salomon.

C'est à cette époque que commença la captivité des Juifs, qui dura soixante-dix ans.

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Nabuchodonosor apprit en Judée la mort de son père; il revint à Babylone, et prit possession de son vaste empire, qui comprenait la Chaldée, la Syrie, l'Arabie, la Palestine. Ce fut pendant son règne que Daniel prophétisa et s'acquit en Assyrie une grande renommée en interprétant les songes du roi, que les astrologues chaldéens n'avaient pu expliquer.

Nabuchodonosor venait de rétablir Joachim sur le trône de Juda. Ce prince se révolta, et le roi envoya contre lui

des troupes; mais elles le trouvèrent mort. Jéchonias, son fils, était sur le trône et persistait dans la révolte.

Les Assyriens formèrent le blocus de Jérusalem. Fatigué de la longueur de ce siége, Nabuchodonosor vint lui-même prendre le commandement de son armée. Il pressa les attaques, entra dans Jérusalem, enleva ce qui restait des trésors du temple et du palais, et les fit transporter à Babylone, où il emmena captifs le roi Jéchonias, sa mère, ses femmes, les grands du royaume et ses principaux officiers. En partant, il plaça sur le trône Sédécias, l'oncle du dernier roi. Ce prince ne fut pas plus soumis et plus reconnaissant que ses prédécesseurs; il fit alliance avec Éphrée, roi d'Égypte, et rompit le serment de fidélité qu'il avait prêté au roi de Babylone.

Les Assyriens remportèrent la victoire sur les Juifs et les Égyptiens; après un siége d'un an, Nabuchodonosor prit d'assaut la ville de Jérusalem, y fit un carnage effroyable, ordonna qu'on tranchât la tête aux deux fils de Sédécias, en présence de leur père. Les habitants de la ville les plus distingués subirent le mème supplice on creva les yeux à Sédécias, qui vécut et mourut prisonnier à Babylone. La ville et le temple furent pillés, brûlés, et toutes les fortifications démolies.

Le roi, enivré d'orgueil par le succès de cette guerre, se fit faire une statue d'or, haute de soixante coudées. Il ordonna à tous ses sujets de l'adorer, sous peine d'être livrés aux flammes. Ce fut dans cette circonstance que trois jeunes Hébreux, refusant de se prêter à ce culte idolâtre, se sauvèrent miraculeusement de la fournaise ardente où ils avaient été jetés. Frappé de ce prodige, Nabuchodonosor défendit de blasphémer le Dieu des Juifs, et combla de faveurs les trois jeunes martyrs.

Quatre ans après la destruction de Jérusalem, Nabuchodonosor assiégea Tyr, une des plus riches et des plus commerçantes villes de l'Orient. Le roi des Tyriens, Stobal, se défendit avec vigueur; et, pendant ce long siége, les

Assyriens souffrirent des fatigues incroyables. L'Écriture sainte dit que toute tête en était devenue chauve et toute épaule pelée. Réduits à l'extrémité, les habitants de Tyr abandonnèrent leurs foyers, et se retirèrent dans une île voisine qu'ils fortifièrent; ils y bâtirent une nouvelle Tyr, qui effaça l'ancienne par son éclat et par sa gloire.

Nabuchodonosor, vainqueur dans toutes les guerres qu'il avait entreprises, ne s'occupa plus qu'à agrandir et à embellir la ville de Babylone; mais, au moment où rien ne semblait devoir manquer à sa félicité, un songe effrayant vint troubler son repos. Les prêtres chaldéens ne purent l'expliquer. Daniel seul l'interpréta, et lui annonça que Dieu, irrité de son orgueil, voulait le punir; qu'il serait privé pendant sept ans de la raison, et obligé de vivre avec les animaux des forêts. Les livres saints assurent qu'il fut transformé véritablement en bête.

Ces sept années de châtiment et d'exil accomplies, Nabuchodonosor remonta sur le trône, plus puissant que jamais. Il mourut après un règne de quarante-trois ans; les Assyriens le regardèrent tous comme le plus grand de leurs rois.

ÉVILMÉRODACH.

Le fils de Nabuchodonosor n'hérita pas des talents de son père. Il ne régna que deux ans, et se rendit si odieux par ses débauches et par ses cruautés, que ses parents conspirèrent contre lui et le tuèrent. Ce fut lui qui fit jeter dans la fosse aux lions le prophète Daniel. L'histoire cite cependant un trait d'humanité de ce roi il fit sortir Jéchonias de la prison où on le détenait depuis trente-sept

ans.

NÉRIGLISSAR.

Ce prince, beau-frère du dernier roi, s'était mis à la tête des conjurés qui l'avaient détrôné. Il s'empara du trône; mais son règne ne dura que deux ans. Il déclara la guerre aux Mèdes : ceux-ci appelèrent les Perses à leur

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