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Unique.

Je ne sais s'il est permis de juger les hommes par une faute qui est unique, et si un besoin extrême et une violente passion ou un premier mouvement tirent à conséquence.

(LA BRUYÈRE, Les Caractères. Chap. XII. Des Jugements.)

Unir.

> La vertu qui nous sépara sur la terre nous unira dans le séjour éternel.

(J.-J. ROUSSEAU, La Nouvelle Heloise. VI, 12.)

> Les sages du monde représentèrent en vain à saint Louis que l'habileté n'était pas d'unir ses voisins, mais de les diviser.

(FLÉCHIER, Panégyrique de saint Louis.)

Comme l'air avec l'air, l'âme s'unit à l'âme.
(DELILLE, Le Paradis perdu. VIII.)

Que peuvent contre Dieu tous les rois de la terre?
En vain ils s'uniraient pour lui faire la guerre.

(J. RACINE, Esther. Acte I, Sc. 3.)

Telle a toujours été ma destinée: sitôt que j'ai rapproché l'un de l'autre deux amis, que j'avais séparément, ils n'ont jamais manqué de s'unir contre moi.

(J.-J. ROUSSEAU, Les Confessions. VIII.)

Univers.

L'univers est un temple où siège l'Éternel.

Là, chaque homme à son gré veut bâtir un autel;
Chacun vante sa foi, ses saints et ses miracles,
Le sang de ses martyrs, la voix de ses oracles.
(VOLTAIRE, Mélanges. Poème sur la Loi naturelle.)
En mesurant les cieux, sans bouger d'ici bas,
Il (1) connaît l'univers et ne se connaît pas.

(LA FONTAINE, Fables. Livre VIII, 26. Démocrite et les Ab-
déritains.)

(1) Démocrite.

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L'univers est-il infini? on me le dit, mais qui me le prouvera ?

(VOLTAIRE, Principe d'action, 4.)

> L'univers est l'ensemble de tous les êtres créés; cet ensemble est systématique ou harmonique; il ne s'y trouve pas une seule pièce qui n'ait sa raison dans le tout.

(BONNET, Palingénésie. XXI, 8.)

> L'univers est un espace immense où il n'y a point de désert.

(CONDILLAC, Art de Rais. V, 10.)

> L'univers s'est prodigieusement agrandi pour nous: et l'on peut, au gré de son imagination, en étendre indéfiniment les bornes.

(DELAMBRE, Abrégé astronomique. Leçon XI.)

Cet univers si vaste à notre faible vue,

Et qui n'est qu'un atome, un point dans l'étendue. (VOLTAIRE, Épîtres. 44.)

Il y a cette différence entre le monde et l'univers, que l'univers est infini.

(DIDEROT, Opinion des Anciens Philosophes.)

Usage.

Quand il s'agit d'une langue vivante, le chemin de l'usage est plus court que celui des préceptes.

(D'OLIVET, Rem. Rac., 81.)

Il y a des femmes qu'il faudrait a sommer à frais communs; la perfidie, la trahison sont les qualités dont elles font l'usage le plus ordinaire.

(Mme DE SÉVIGNÉ, 28 août 1680.)

La duplicité est honorée dans le monde comme un talent d'un grand usage.

(MASSILLON, Paraphr. Psaumes. XXIV. V, 11.)

>L'usage est appelé avec raison le père des langues; le droit de les étudier, aussi bien que de les régler, n'a jamais été disputé à la multitude; mais si cette liberté ne veut pas être contrainte, elle souffre toutefois d'être dirigée.

(BOSSUET, Discours de réception à l'Académie.)

> L'usage malheureusement l'emporte toujours sur la raison; c'est ce malheureux usage qui a un peu appauvri la langue française, et qui lui a donné plus de clarté que d'énergie et d'abondance.

(VOLTAIRE, Lettres. Bauzée, 14 janvier 1768.)

Dans la manière de s'exprimer, comme dans celle de se vêtir, l'usage diffère de la mode, en ce qu'il a moins d'inconstance.

(MARMONTEL, Euvres, t. X, p. 406.)

On n'offense jamais plus les hommes que lorsqu'on choque leurs cérémonies et leurs usages.

(MONTESQUIEU, Rom., 11.)

C'est le sort des usages établis, de subsister encore, après que les besoins qui les ont fait naître ont cessé. (CONDILLAC, Connaissances humaines. II, I, 2.)

On peut avec beaucoup d'usage du monde n'être qu'un

sot.

(Mme DE GENLIS, Veillées du Château, t. I, p. 431.)

Usure.

>La plus grande peine que l'on ait avec les gens d'affaires est de les détourner de l'usure.

(PASCAL, Les Provinciales. VIII.)

L'usure augmente à proportion du péril de l'insolvabi

lité.

(MONTESQUIEU, L'Esprit des Lois. XXII, 19.)

La terre le payait de ses peines avec usure et ne le laissait manquer de rien.

(FÉNELON, Télémaque. XXI.)

Usurpateur.

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Usurpation.

... Tous les conquérants

Pour être usurpateurs ne sont pas des tyrans.

(P. CORNEILLE, Cinna. Acte II, Sc. 1.)

> Toutes les grandeurs ne sont pas voisines des précipices; tous les usurpateurs n'ont pas été malheureux. (RETZ, Conjur. Fiesque.)

> Le commencement du XVIIe siècle était le temps des usurpateurs, presque d'un bout du monde à l'autre. (VOLTAIRE, Mœurs, 191.)

Mien, tien... c'est là ma place au soleil; voilà le commencement et l'image de l'usurpation de toute la terre. (PASCAL, Pensées. VI, 50.)

Les empires les plus florissants ont commencé par l'usurpation.

(BAILLY, Atlantide, p. 138.)

Utile.

Nous faisons cas du beau, nous méprisons l'utile,
Et le beau souvent nous détruit.

(LA FONTAINE, Fables. Livre VI, 9. Le Cerf se voyant dans
l'eau.)

> La satire en leçons, en nouveautés fertile, Sait seule assaisonner le plaisant et l'utile.

(BOILEAU, Satire IX, vers 267-268.)

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Si la vanité ne renverse pas entièrement les vertus, du moins elle les ébranle toutes.

(LA ROCHEFOUCAULD, Maximes, 388.)

> La vanité nous fait faire plus de choses contre notre goût que la raison.

(LA ROCHEFOUCAULD, Maximes, 467.)

> Curiosité n'est que vanité; le plus souvent on ne veut savoir que pour en parler.

(PASCAL, Pensées. II, 6.)

On ne voit point mieux le ridicule de la vanité, et combien elle est un vice honteux, qu'en ce qu'elle n'ose se montrer, et qu'elle se cache souvent sous les apparences de son contraire.

(LA BRUYÈRE, Les Caractères. Chap. XI. De l'Homme.)

La vanité qui se montre n'est ni la plus habile, ni la plus à craindre.

(MASSILLON, Oraisons funèbres. Villars.)

Qui ne voit pas la vanité du monde est bien vain lui

même.

(PASCAL, Pensées. Section II, 164.)

> Un homme vain trouve son compte à dire du bien ou du mal de soi; un homme modeste ne parle jamais de soi.

(LA BRUYÈRE, Les Caractères. Chap. XI. De l'Homme.)

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