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L'ouïe a une finesse et une précision qui saisit les nuances les plus légères : tandis que l'oeil sépare grossièrement les couleurs et remarque à peine la quatre-centième partie d'une ligne, l'oreille aperçoit le comma, qui est pour elle une quantité bien autrement petite.

(SENNEBIER, Essai. Art d'Observer, t. I, p. 191.)

Ouïr.

Quel charme de s'ouïr louer par une bouche,

Qui, même sans s'ouvrir, nous enchante et nous touche. (LA FONTAINE, Les Filles de Minée.)

> Des terres presque inconnues ouïrent la parole de vie. (MASSILLON, Oraisons funèbres. Villars.)

J'avais toujours ouï dire qu'il est difficile de mourir ; je touche à ce dernier moment, et je ne trouve pas cette résolution si pénible.

(DUCLOS, Règne de Louis XIV. Œuvres, t. V, p. 148.)

Il ne faut jamais dire aux gens :

Écoutez un bon mot, oyez une merveille.

(LA FONTAINE, Fables. Livre XI, 9. Les Souris et le Chathuant.)

Ouvrage.

La dernière chose, qu'on trouve en faisant un ouvrage, est de savoir celle qu'il faut mettre la première.

(PASCAL, Pensées. Section I, 19.)

> Si l'on ôte de beaucoup d'ouvrages de morale l'avertissement au lecteur, l'épître dédicatoire, la préface, la table, les approbations, il reste à peine assez de pages pour mériter le nom de livre.

(LA BRUYÈRE, Les Caractères. Chap. I. Des Ouvrages de l'Esprit.)

L'on n'a guère vu jusqu'à présent un chef-d'œuvre d'esprit qui soit l'ouvrage de plusieurs.

(LA BRUYÈRE, Les Caractères. Chap. I. Des Ouvrages de l'Esprit.)

> L'on devrait aimer à lire ses ouvrages à ceux qui en savent assez pour les corriger et les estimer.

(LA BRUYÈRE, Les Caractères. Chap. I. Des Ouvrages de l'Esprit.)

Quand une lecture vous élève l'esprit, et qu'elle vous inspire des sentiments nobles et courageux, ne cherchez pas une autre règle pour juger de l'ouvrage : il est bon, et fait de main d'ouvrier.

(LA BRUYÈRE, Les Caractères. Chap. I. Des Ouvrages de l'Esprit.)

> Tout écrivain, pour décrire nettement, doit se mettre à la place de ses lecteurs, examiner son propre ouvrage comme quelque chose qui lui est nouveau, qu'il lit pour la première fois, où il n'a nulle part, et que l'auteur aurait soumis à sa critique.

(LA BRUYÈRE, Les Caractères. Chap. I. Des Ouvrages de l'Esprit.)

P

Paix.

A

La paix n'est pas toute la joie; c'est une joie calme.
(LACORDAIRE, Pensées. Paix.)

La paix, au milieu des moissons,
Allaite de beaux enfants nus.
A l'entour, des chœurs ingénus

Dansent au doux bruit des chansons.
(TH. DE BANVILLE, Les Exilés. Rondels. XXI.)

C'est en la paix que toutes choses
Succèdent selon nos désirs;

Comme au printemps naissent les roses,
En la paix naissent les plaisirs.

(MALHERBE, III, 2.)

> Tous les traités sont plutôt des trêves passagères que de véritables paix.

(J.-J. ROUSSEAU, Projet de Paix perpétuelle.)

Si vous voulez conserver la paix, soyez toujours prêts à faire la guerre avec avantage

livres et inconnue dans la pratique.

maxime usée dans les

(CONDILLAC, Études historiques. I, 5.)

L'établissement de la paix perpétuelle dépend uniquement du consentement des souverains, et n'offre point à lever d'autres difficultés que leur résistance.

(J.-J. ROUSSEAU, Paix perpétuelle.)

Ne pouvant fortifier la justice, on a justifié la force, afin que le juste et le fort fussent ensemble, et que la paix fût qui est le souverain bien.

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> On s'élève au-dessus de ceux qui insultent, en leur pardonnant.

(NAPOLÉON Ier, Pensées.)

> On n'a pas tant d'esprit, quand on demande pardon, que quand on offense.

(HAMILTON, Grammaire, 8.)

> On pardonne les maux, mais non pas les injures. (DELILLE, Paradis perdu. IV.)

> Il est pénible à un homme fier de pardonner à celui qui le prend en faute, et qui se plaint de lui avec raison. (LA BRUYÈRE, Les Caractères. Chap. IV. Du Cœur.)

> Les rois pardonnent rarement à ceux qu'ils craignent. (DUCLOS, EŒuvres, t. III, p. 30.)

> On ne pardonne point à qui nous fait rougir. (LA HARPE, Mélanie. III, 1.) `

Et qui pardonne au crime en devient le complice. (VOLTAIRE, Brutus. Acte V, Sc. 1.)

> On dit que pardonner est une œuvre divine. (REGNIER, Satires. XII.)

> Pardonner à demi, c'est ne pardonner pas. (MAIRET, Mort de Chrispe. III, 2.)

> Qui pardonne aisément invite à l'offenser. (P. CORNEILLE, Cinna. Acte IV, Sc. 3.)

On pardonne tant que l'on aime.

(LA ROCHEFOUCAULD, Maximes, 330.)

Dire qu'on ne saurait haïr,

N'est-ce pas dire qu'on pardonne ? (MOLIÈRE, Amphitryon. Acte II, Sc. 6.)

> Les rois comme les dieux sont faits pour pardonner. (BOURSAULT, Esope à la Cour. Acte V, Sc. 7.) > Peut-être l'on préfère avec quelque plaisir L'orgueil de pardonner à l'orgueil de punir. (LA HARPE, Warwick. Acte IV, Sc. 4.)

Qui pardonne a raison, et la colère a tort. (VOLTAIRE, Poème sur la Loi naturelle.)

Paresse.

> Par le travail, on charmait l'ennui, on ménageait le temps, on guérissait la langueur de la paresse.

(BOSSUET, Oraisons funèbres. Anne de Gonzague.)

> L'ennui est entré dans le monde par la paresse; elle a beaucoup de part à la recherche que font les hommes des plaisirs, du jeu, de la société. Celui qui aime le travail a assez de soi-même.

(LA BRUYÈRE, Les Caractères. Chap. XI. De l'Homme.)

...

La paresse engourdie,

Lâche tyran, qui n'entraîne après lui

Que l'ignorance et le stupide ennui.

(J.-B. ROUSSEAU, Epitres. II, 6.)

Examinez toutes les nations, et vous verrez que, dans la plupart, la gravité, l'orgueil et la paresse marchent du même pas.

(MONTESQUIEU, L'Esprit des Lois. XIX, 9.)

> Pendant que la paresse et la timidité nous retiennent dans notre devoir, notre vertu en a souvent tout l'honneur.

(LA ROCHEFOucauld, Maximes, 169.)

> Le mérite en repos s'endort dans la paresse.

(BOILEAU, Epitre VII. L'Utilité des Ennemis, vers 44.)

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