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Obéir. Obéissance.

> Il est meilleur d'obéir à Dieu qu'aux hommes. (PASCAL, Pensées. XXIV, 66 bis.)

Qui ne peut être aimé se peut faire obéir. (P. CORNEILLE, Héraclius. Acte I, Sc. 2.)

Un peuple libre obéit, mais il ne sert pas ; il a des chefs, et non pas des maîtres; il obéit aux lois, mais il n'obéit qu'aux lois; et c'est par la force des lois qu'il n'obéit pas aux hommes.

(J.-J. ROUSSEAU, Lettres de la Montagne. 9.)

Eh! quel bien, dites-moi, vaut le charme suprême
D'obéir à son âme et de plaire à soi-même ?

(DELILLE, L'Imagination. VI.)

Les princes ne sont pas assez heureux pour avoir des amis; et, dans leurs derniers moments, ils ne trouvent pas toujours de l'obéissance.

(DUCLOS, Euvres, t. II, p. 465.)

L'extrême obéissance suppose de l'ignorance dans celui qui obéit; elle en suppose même dans celui qui commande. (MONTESQUIEU, Esprit des Lois. IV, 3.)

La foudre est dans mes mains, les dieux me font la cour. Je tiens tout l'univers sous mon obéissance.

(QUINAULT, Isis. Acte II, Sc. 2.)

Obligation (Ce qui contraint).

> Celui-là est un homme fait et un véritable sage, qui ne se fait pas une obligation du soin de contenter ses désirs, mais qui sait régler ses désirs suivant ses obligations. (BOSSUET, 2o Sermon. Purification. 2.)

Obligation (Lien de gratitude).

> Si les hommes savaient obliger, je crois qu'il feraient tout ce qu'ils voudraient de ceux qui leur auraient obligation.

(MARIVAUX, Marianne. Part. 1.)

> J'ai, dans toutes mes passions, détesté le vice de l'ingratitude; et, si j'avais obligation au diable, je dirais du bien de ses cornes.

(VOLTAIRE, Lettre, Richelieu, 3 juin 1771.)

Si l'on ne sent point du tout les petites obligations, l'on est incapable de ressentir fortement les grandes.

(Mme DE GENLIS, Adèle et Théodore, t. I, p. 136.)

Si les financiers ne sont plus grossiers, si les gens de cœur ne sont plus de vains petits-maîtres, si les médecins ont abjuré la robe, le bonnet et les consultations en latin, si quelques pédants sont devenus hommes, à qui en a-t-on l'obligation? au théâtre, au seul théâtre."

(VOLTAIRE, Lettres. Albergati, 23 déc. 1760.)

Obliger. Obligeance.

Les hommes ne sont pas seulement sujets à perdre le souvenir des bienfaits; ils haïssent même ceux qui les ont obligés.

(LA ROCHEFOUCAULD, Maximes. 14.)

Il n'y a que l'intention qui oblige, et celui qui profite d'un bien que je ne veux faire qu'à moi ne me doit

aucune reconnaissance.

(J.-J. ROUSSEAU, La Nouvelle Héloïse. IV, 10.)

> L'on oblige par l'intention, par un sourire, par des conseils, par des démarches, par des sollicitations, par des condescendances, par la conformité des sentiments, par des bienfaits, par des largesses, par la délicatesse d'ignorer que l'on oblige.

(COMTE DE CAYLUS (GROSLEY), Acad. de ces Dames et de ces Messieurs. Euvres, ì. XII, p. 243.)

... Obliger ceux qu'on aime,

Qu'on estime surtout, c'est s'obliger soi-même.

(COLLIN D'HARLEVILLE, Les Châteaux en Espagne. Acte IV, Sc. 5.)

> Il est presque impossible d'être obligeant comme vous êtes, et de n'être pas souvent importuné.

(SCARRON, Lettres. Euvres, t. I, p. 234.)

Obstacle.

Quand Crésus vit Esope, il s'étonna qu'une si chétive créature lui eût été un si grand obstacle.

(LA FONTAINE, Vie d'Esope.)

> Plus l'obstacle était grand, plus fort fut le désir.
(LA FONTAINE, Fables. Livre VIII, 16. L'Horoscope.)
Un obstacle en amour est un attrait de plus.
(FAVART, Ninette. Acte II, Sc. 5.)

>Tant le voile et l'obstacle ont un charme suprême,
Par qui tout s'embellit jusqu'à la beauté même.
(DELILLE, L'Imagination. IV.)

Occasion.

> L'occasion est une chose puissante: sans elle tout avorte, avec elle tout réussit.

(LACORDAIRE, Pensées. Mélanges.)

L'occasion qui flatte anime l'espérance.

(P. CORNEILLE, Edipe. Acte I, Sc. 4.)

L'occasion qui plaît semble toujours propice.

(P. CORNEILLE, Sophonisbe. Acte III, Sc. 3.)

... A trop consulter, l'occasion se passe. (ROTROU, Antigone. Acte V, Sc. 6.)

> Prenons l'occasion, tandis qu'elle est propice. (P. CORNEILLE, Cinna. Acte 1, Sc. 3.)

Dans les grandes affaires, on doit moins s'appliquer à faire naître des occasions qu'à profiter de celles qui se présentent.

(LA ROCHEFOUCAULD, Maximes, 452.)

> L'occasion de faire des heureux est plus rare qu'on ne pense.

(J.-J. ROUSSEAU, La Nouvelle Héloïse. I, 29.)

Odorat.

>Le sens de l'odorat est au goût ce que celui de la vue est au toucher: il le prévient, il l'avertit de la manière dont telle ou telle substance doit l'affecter.

(J.-J. ROUSSEAU, Emile. II.)

> L'odorat, sert le goût, et l'œil sert l'odorat.

(DELILLE, L'Imagination. I.)

> On a remarqué que l'odorat avait peu de mémoire; la raison en est simple: en général, les impressions ne sont pas fortes, et elles ont peu de constance.

(CABANIS, Inst. Mém.

Sciences mor. et polit., t. I, p. 200.) > L'odorat de l'éléphant est exquis, et il aime avec passion les parfums de toute espèce et surtout les fleurs odo

rantes.

(BUFFON, Quadrupèdes, t. IV, p. 257.)

Œil du maître.

> T'attendre aux yeux d'autrui, quand tu dors, c'est erreur; Couche-toi le dernier, et vois fermer ta porte;

Que si quelque affaire t'importe,

Ne la fais point par procureur.

(LA FONTAINE, Livre XI, Fable 3. Le Fermier, le Chien et le Renard.)

> Ne nous fions qu'à nous, voyons tout par nos yeux. (VOLTAIRE.)

Offenser.

Parler et offenser, pour certaines gens, est précisément la même chose : ils sont piquants et amers, leur style est mêlé de fiel et d'absinthe; la raillerie, l'injure, l'insulte, leur découlent des lèvres comme leur salive.

(LA BRUYÈRE, Les Caractères. Chap. V. De la Société.)

Oisiveté.

> L'oisiveté des femmes, et l'habitude qu'ont les hommes de les courir partout où elles s'assemblent, donnent du nom à de froids orateurs, et soutiennent quelque temps ceux qui ont décliné.

(LA BRUYÈRE, Les Caractères. Chap. XV. De la Chaire.)

> C'est l'oisiveté qui est la grande source de perversité. (LACORDAIRE, Pensées. Travail.)

Connaissez mieux l'oisiveté,
Elle est ou folie ou sagesse;
Elle est vertu dans la richesse
Et vice dans la pauvreté.

(VOLTAIRE, Suppl. aux Mélanges de poèmes. A M. L.)

Les journées sont longues, et les années sont courtes, pour l'homme oisiť.

(DIDEROT, Claude et Néron. II, 79.)

Riche ou pauvre, puissant ou faible, tout citoyen oisifest un fripon.

(J.-J. ROUSSEAU, Emile. III.)

Les oisifs des villes, gens aussi ennuyés qu'ennuyeux, qui, ne sachant que faire de leur temps, abusent de celui

des autres.

(J.-J. ROUSSEAU, Lettre à M. Monier. Corresp.)

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