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Naissance (Venue au monde).

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La naissance a des marques indubitables de notre commune faiblesse : nous commençons tous notre vie par mêmes infirmités de l'enfance.

(BOSSUET, Gornay.)

Et l'instant de notre naissance Fut pour nous un arrêt de mort. (LAMOTTE-HOUDAR, Odes, t. 1, p. 497.)

> Le nombre des naissances, en une année commune, multiplié par 34, donne toujours à peu près la somme des habitants.

(VOLTAIRE, Mœurs, 185.)

La naissance est le premier pas vers la mort. (THEOPHILE GAUTIER.)

Naissance (Origine, filiation).

Dans les temps bienheureux du monde en son enfance,
Chacun mettait sa gloire en sa seule innocence;
Chacun vivait content, et sous d'égales lois

Le mérite y faisait la noblesse et les rois;

Et, sans chercher l'appui d'une naissance illustre,
Un héros de soi-même empruntait tout son lustre.

(BOILEAU, Satire V. La Noblesse. A M. le Marquis de Dan-
geau (1665), vers 81 à 86.)

> De quelque superbe distinction que se flattent les hommes, ils ont tous une même origine; et cette origine est petite. (BOSSUET, Oraison funèbre d'Henriette d'Angleterre.)

> Plus la haute naissance approche des couronnes, Plus cette grandeur même asservit nos personnes. (P. CORNEILLE, Rodogune. Acte III, Sc. 3.)

> Un

pur

hasard sans nous règle notre naissance. (P. CORNEILLE, Othon. Acte II, Sc. 2.)

> En vain vous vous couvrez des vertus de vos pères,
Ce ne sont à mes yeux que de vaines chimères :
Je ne vois rien en vous qu'un lâche, un imposteur,
Un traître, un scélérat, un perfide, un menteur,
Un fou, dont les excès vont jusqu'à la furie,
Et d'un tronc fort illustre une branche pourrie.
(BOILEAU, Satires. V. La Noblesse, vers 65 à 70.)

>S'il est heureux d'avoir de la naissance, il ne l'est pas moins d'être tel qu'on ne s'informe plus si vous en avez. (LA BRUYÈRE, Les Caractères. Chap. II. Du Mérite personnel.)

Naïveté.

> La naïveté peut montrer des défauts, mais jamais des vices, et c'est pour cela qu'on dit une grossièreté naïve, et qu'on ne dit point une méchanceté naïve

(D'ALEMBERT, Synon. Œuvres, t. III, p. 332.)

>L'ignorance où il était de la plupart des choses de la vie lui donnait cette naïveté qui est un agrément, quand elle n'est pas ridicule.

(D'ALEMBERT, Éloges. Terrasson.)

Tout poème est brillant de sa propre beauté;
Le rondeau, né gaulois, a la naïveté.

(BOILEAU, Art poétique. Chant II, vers 139-140.)

Nature.

Triomphe, disait-il, immortelle Nature,
Tandis que devant toi ta frêle créature,
Élevant ses regards de ta beauté ravis,
Va passer et mourir, triomphe! Tu survis!

(LAMARTINE, Dernier chant du Pèlerinage d'Harold. XLII,
1824.)

Nous sommes trop petits dans l'ensemble des choses; La nature mûrit ses blés, fleurit ses roses,

Et dédaigne nos vœux, nos regrets, nos efforts. (LECONTE DE LISLE.)

La nature n'est qu'une succession de naissances et de

morts.

(DIDEROT, Claude et Néron. Essais. II, 23.)

Qu'est-ce que l'homme dans la nature? un néant à l'égard de l'infini, un tout à l'égard du néant; un milieu entre rien et tout.

(PASCAL, Pensées. I, 1.)

Je regarde de toutes parts et ne vois partout qu'obscurité; la nature ne m'offre rien qui ne soit matière de doute et d'inquiétude.

(PASCAL, Pensées. XIV, 2.)

> L'homme, de la nature est le chef et le roi.

Bois, prés, champs, animaux, tout est pour son usage. (BOILEAU, Satire VIII. L'Homme, vers 10-11.)

'La nature est le trône extérieur de la magnificence divine.

(BUFFON, Quadrupèdes, t. IV, p. 12.)

Virgile, en de riants vallons,
A célébré l'agriculture;

Vous, l'abbé, c'est dans les salons

Que vous observez la nature.

(MARIE-JOSEPH CHÉNIER, Épitre à l'abbé Delille.)

> ... La nature est là qui t'invite et qui t'aime;
Plonge-toi dans son sein qu'elle t'ouvre toujours;
Quand tout change pour toi, la nature est la même,
Et le même soleil se lève sur tes jours.

(LAMARTINE, Méditations. I, 6.)

> La nature recommence toujours les mêmes choses, les ans, les jours, les heures; ainsi se fait une espèce d'infini et d'éternel.

(PASCAL, Pensées. XXV, 9.)

> La natute, cruelle usurière, nous ôte tantôt un sens, tantôt un autre.

(BOSSUET, Bourgoing.)

La nature agit toujours avec lenteur, et, pour ainsi dire, avec épargne.

(MontesquieU, Lellres persanes, 114.)

>Tout doit finir sans doute ; mais les grands ouvrages de la nature ont une vie si longue que nous vieillissons, nous mourons sans voir leurs progrès vers la décrépitude.

(BAILLY, Histoire de l'Astronomie moderne, t. III, p. 226.)

Le mot de nature est un de ces mots dont on se sert d'autant plus souvent que ceux qui les entendent ou qui les prononcent y attachent plus rarement une idée précise. (CONDORCET, Tronchin.)

La nature n'est point avare, la nature n'est point prodigue, la nature ne s'épuise point: ce sont des mots vides de sens.

(MARMONTEL, Éléments littéraires. Œuvres, t. IX, p. 298.)
Combien la nature est féconde

En plaisir ainsi qu'en douleurs!
(BÉRANGER, La Nature.)

> La nature se perpétue par des reproductions; elle se détruit par les jouissances.

(MIRABEAU, Collection, t. V, p. 410.)

> Le monde est pour ceux qui suivent les cours ou qui peuplent les villes : la nature n'est que pour ceux qui habitent la campagne; eux seuls vivent, eux seuls connaissent du moins qu'ils vivent.

(LA BRUYÈRE, Les Caractères. Chap. XII. Des Jugements.)

Naturel (Manière d'être).

Rien ne change le caractère.

(FLORIAN, Livre V, Fable 4. La Colombe et son nourrisson.)

... Tant le naturel a de force! Il se moque de tout : ...

Qu'on lui ferme la porte au nez,

Il rentrera par les fenêtres.

(LA FONTAINE, Livre II, Fable 18. La Challe métamorphosée en femme.)

Il semble que la nature ait prescrit à chaque homme, dès sa naissance, des bornes pour les vertus et pour les vices. (LA ROCHEFOUCAULD, Maximes, 194.)

> La nature fait le mérite, et la fortune le met en œuvre. (LA ROCHEFOUCAULD, Maximes, 153.)

> La mollesse et l'oisiveté corrompent les plus beaux naturels.

(FENELON, Télémaque. XIV.)

>La physionomie ne se montre pas dans les grands traits, ni le caractère dans les grandes actions; c'est dans les bagatelles que le naturel se découvre.

(J.-J. ROUSSEAU, Emile. IV.)

> Le naturel toujours sort et sait se montrer; Vainement on l'arrête, on le force à rentrer :

Il rompt tout, perce tout, et trouve enfin passage.

(BOILEAU, Satire XI. L'Honneur. A M. de Valincour, v678 43-45.)

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