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L'amour de Dieu fait naître toutes les vertus; et pour les faire subsister éternellement, il leur donne pour fondement l'humilité.

(BOSSUET, Oraisons funèbres. La Vallière.)

L'effet propre de l'humilité est de faire en nous ce vide mystérieux et salutaire, qui consiste dans l'oubli de nous

mêmes.

(BOURDALOUE, Annonciation de la Vierge. Mystères, t. II, p. 64.)

> L'ambition partout chassa l'humilité.

(BOILEAU, Lutrin. Chant VI.)

> Un vrai humble est aussi soigneux de cacher son humique toutes ses autres vertus.

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(BOURDALOUE, Pensées, t. II, p. 147.)

Une fausse humilité est de l'orgueil. (PASCAL, Pensees. Section IV, 260.)

Hymen.

Que la loi de l'hymen est une loi sévère,
Et qu'on est ennemi de son contentement
Lorsqu'à sa tyrannie on prête le serment!
(ROTROU, Les Ménechmes. Acte III, Sc. 3.)

> Ainsi que ses chagrins l'hymen a ses plaisirs.
Quelle joie en effet, quelle douceur extrême,
De se voir caressé d'une épouse qu'on aime!
(BOILEAU, Satire X. Les Femmes, vers 8 à 10.)
Un hymen qu'on diffère

N'en est que plus charmant.
(QUINAULT, Alceste. Acte II, Sc. 1.)

Ils vont tous de l'hymen implorer les faveurs.
Les faveurs de l'hymen! aveugles que vous êtes,
L'hymen est-il donc fait pour assortir les cœurs ?
(J.-B. ROUSSEAU, Cantates. IV.)

La fille pauvre et belle, à mon avis, est née
Pour la resjoüissance, et non pour l'hyménée,
Qui, selon le proverbe, est pire que l'enfer,

Quand au lieu d'estre d'or ses chaisnes sont de fer.

(JEAN DE MAIRET, Les Galanteries du duc d'Ossonne. Acte IV, Sc. 3.)

> Crois-tu que d'une fille humble, honnête, charmante, L'hymen n'ait jamais fait de femme extravagante? (BOILEAU, Salire X. Les Femmes. 1693.)

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L'hymen de soi-même est un si lourd fardeau Qu'il faut l'appréhender à l'égal du tombeau. (P. CORNEILLE, Mélite. Acte I.)

> J'ai vu beaucoup d'hymens; aucuns d'eux ne me tentent.
Cependant des humains presque les quatre parts
S'exposent hardiment au plus grand des hasards :
Les quatre parts aussi des humains se repentent.
(LA FONTAINE, Livre VIII, Fable 2. Le Mal marié.)

Le noeud d'hymen doit être respecté
Veut de la foi, veut de l'honnêteté;

Si, par malheur, quelque atteinte un peu forte
Le fait clocher d'un ou d'autre côté,
Comportez-vous de manière et de sorte

Que ce secret ne soit pas éventé.

(LA FONTAINE, Contes. 5o Partie, V. Les Aveux indiscrets.)

> L'hymen a ses douceurs : avoir une compagne,
Vivre deux; par l'amour voir ce nombre augmenté.
C'est charmant; mais il a quelque chose du bagne,
C'est ce mot: perpétuité!

(G. NADAUD, Chanson.)

Solennités et lois n'empêchent pas

Qu'avec l'hymen l'amour n'ait des débats.
C'est le cœur seul qui peut rendre tranquille;
Le cœur fait tout, le reste est inutile.

(LA FONTAINE, Contes. 5° Partie, VII. Belphegor.)

Hypocrisie.

> L'hypocrisie est un hommage que le vice rend à la vertu. (LA ROCHEFOUCAULD, Maximes, 223.)

Ce n'est pas par l'extérieur
Que l'on peut juger du mérite
Du vray dévot plein de ferveur.
Souvent un visage trompeur
Confond avecque l'hypocrite
Le véritable homme l'honneur.
(DASSOUCY, Les Avantures. Chap. VII.)

>L'hypocrisie est un vice à la mode, et tous les vices à la mode passent pour vertus.

(MOLIÈRE, Don Juan. Acte V, Sc. 2.)

Que de conversions fausses! Le péché vaut encore mieux que l'hypocrisie.

(Mm DE MAINTENON, Lettre au Cardinal de Noailles. Mars 1700.)

L'hypocrisie est de toutes les conditions; mais où ce vice doit-il être le plus commun, si ce n'est dans celle où les mauvaises mœurs seraient le plus scandaleuses!

(DIDEROT, Claude et Néron. XL, 50.)

> Il y a des hypocrites qui ont dessein de tromper; il y a des hypocrites qui trompent et n'en ont pas précisément le dessein, mais qui agissent par bienséance et ne veulent point donner de scandale; les premiers sont plus dangereux pour les autres, et les seconds pour eux-mêmes. (BOSSUET, Pensées détachées.)

J'appelle hypocrite quiconque, sous de spécieuses apparences, a le secret de cacher les désordres d'une vie criminelle.

(BOURDALOUE, Jugement dernier. 2o Av.)

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> Il faut idéaliser le réel qu'on voit, et réaliser l'idéal qu'on

sent.

(AL. DUMAS.)

> Du nectar idéal sitôt qu'elle a goûté,
La nature répugne à la réalité.
(LAMARTINE, Méditations. I, 2.)

Ignorance. Ignorant.

De quelle erreur ne sont pas capables la vanité et l'amourpropre d'un homme ignorant!

(NAPOLÉON Ier, Pensées.)

> Nous sommes dans une grande ignorance de toutes les affaires publiques.

(Mme DE SÉVIGNÉ, 25 juin 1690.)

> L'ignorance toujours est prête à s'admirer.

(BOILEAU, Art poétique. Chant I, vers 185.) L'ignorance vaut mieux qu'un savoir affecté. (BOILEAU, Épitres. IX. L'éloge du Vrai, vers 101.)

> Comme l'ignorance est un état paisible et qui ne coûte aucune peine, l'on s'y range en foule.

(LA BRUYÈRE, Les Caractères. Chap. XII. Des Jugements.) > Il y a bien des espèces d'ignorance; la pire de toutes est celle des critiques.

(VOLTAIRE, Dictionnaire philosophique. Ignorance.)

> L'ignorance est moins éloignée de la vérité que le préjugé.

(DIDEROT, Lettre sur les Sourds-muets.)

Un homme d'esprit et de bon sens disait un jour d'un grave docteur: il faut que cet homme-là soit un grand ignorant, car il répond à tout ce qu'on lui demande.

(VOLTAIRE, Dictionnaire philosophique. Annales.)

> C'est la profonde ignorance qui inspire le ton dogmatique. Celui qui ne sait rien croit enseigner aux autres ce qu'il vient d'apprendre lui-même: celui qui sait beaucoup pense à peine que ce qu'il dit puisse être ignoré, et parle plus indifféremment.

(LA BRUYÈRE, Les Caractères. Chap. V. De la Conversation.) > On s'élève à la ville dans une indifférence grossière des choses rurales et champêtres; on distingue à peine la plante qui porte le chanvre d'avec celle qui produit le lin, et le blé froment d'avec les seigles: on se contente de se nourrir et de s'habiller.

(LA BRUYÈRE, Les Caractères. Chap. VII. De la Ville.)

Imagination.

> L'imagination est l'œil de l'âme.

(J. JOUBERT, Pensées.)

C'est l'imagination qui perd les batailles.

(NAPOLÉON Ier, Pensées.)

Imagination, c'est cette partie décevante dans l'homme, cette maîtresse d'erreur et de fausseté, et d'autant plus fourbe qu'elle ne l'est pas toujours.

(PASCAL, Pensées. Puissances trompeuses.)

C'est une chose étrange qu'une imagination vive qui représente toutes choses comme si elles étaient encore. (Mme DE SÉVIGNÉ, 26 mars 1671.)

Où allez-vous, cœurs égarés? quoi! même dans la prière, vous laissez errer votre imagination vagabonde!

(BOSSUET, Oraisons funèbres. Marie-Thérèse.)

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