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vous devez mourir pour qu'il vive. C'eft ainfi que la nature fe répare.

Epicure mourut dans la foixante-douzième année de fon âge. Se voyant près de fa fin, il difpofa de fes biens, affranchit fes efclaassura l'état de plufieurs enfans qu'il avoit pris fous fa tutelle, & légua fes jardins à fes difcipies.

ves,

Il a toujours été fort adonné à l'étude, & il n'y a pas de philofophe qui ait autant écrit; mais de trois cens ouvrages qu'il a laifiés, il ne refte que quelques fragmens.

Tant qu'il vécut, il fut en butte à la haine de toutes les fectes. On ne lui pardonnoit pas d'avoir mis au jour les fubtilités des académi

ciens les puérilités des dialecticiens, & la vanité du portique. C'est pourquoi fes mœurs ont été calomniées. Cependant fa réputation fut toujours entière chez les Athéniens, fi faciles à furprendre. Ils le regrettèrent, & lui élevèrent un monument. Ses difciples tranfmirent le refpect & l'amour qu'il leur avoit infpiré; ils confacrèrent des jours à fa mémoire, & vécurent dans la plus grande union. Si quelques-uns abusèrent de la doctrine d'Epicure, ils furent défavoués, & nous ne les devons pas confondre avec les vrais fectateurs de ce philofophe.

Ceux qui fe font fuccédé dans cette école, font Hermaclius, Po

lyftrate, Dyonifius, &c. On en a compté dix jufqu'à Augufte. Mais il n'eft pas poffible de rien affurer fur ce qui les concerne; on ne nous a pas même confervé les noms de tous.

Après avoir parcouru l'académie, le lycée, le cynofage & les jardins d'Epicure, entrons enfin dans le portique, & voyons la nouvelle forme que prend la doctrine des Cyniques, fous le célèbre difciple de Crates.

CHAPITRE X I.

De Zénon, ou des Stoïciens.

DEPUIS

EPUIS Socrate, la Grèce eft toujours plus agitée. C'est un théâtre qui s'ouvre à tous les genres d'ambition, & il eft même difficile d'y être fpectateur impunément. Les fucceffeurs de ce philofophe se difputent l'empire de l'efprit, & ils combattent encore, lorfque ceux d'Alexandre fe raviffent tourà-tour l'empire des armes. Cette contrée est tout à la fois livrée aux orateurs 2 aux sophistes, aux philofophes & aux foldats.

Il n'y avoit plus de patrie. Il étoit paffé ce tems où l'on cher

choit le bonheur fur les traces de Miltiade, des Thémifthocle & des Ariftide; on y vouloit arriver, fans être citoyens, & toutes les écoles offrirent d'y conduire.

Cependant après s'être éloignés des affaires pour étudier des opinions, les meilleurs efprits cherchè rent le repos dans une vie obfcure; perfuadés qu'il falloit auffi peu se mêler des fectes que des diffentions des républiques. En effet s'ils gémiffoient de ne pouvoir être citoyens, ils devoient craindre de devenir philofophes.

Un repos parfait parut donc l'état le plus heureux; façon de penfer qui elle-même étoit un mal

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