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perficies MN et NP étaient parallèles, les rayons, se redressant autant en l'une qu'ils se pourraient courber en l'autre, ne produiraient point ces couleurs. Je n'ai pas douté qu'il n'y fallût aussi de la lumière, car sans elle on ne voit rien. Et outre cela, j'ai observé qu'il y fallait de l'ombre, ou de la limitation à cette lumière, car si on en ôte le corps obscur qui est sur NP, les couleurs FGH cessent de paraître; et si on fait l'ouverture DE assez grande, le rouge, l'orange et le jaune, qui sont vers F, ne s'étendent pas plus loin pour cela, non plus que le vert, le bleu et le violet, qui sont vers H, mais tout le surplus de l'espace qui est entre deux, vers G, demeure blanc (1). »

Que Descartes eût eu la curiosité qui prit Newton de soumettre isolément au prisme chacun des rayons, de les rassembler après les avoir dispersés, et il lui enlevait la découverte : «Dans le courant de l'année 666, le hasard avait porté Newton à faire quelques expériences sur la réfraction de la lumière à travers des prismes. Ces expériences, qu'il avait d'abord tentées comme un amusement, et par un simple attrait de curiosité, lui avaient bientôt offert des conséquences importantes. Elles l'avaient conduit à voir que la lumière, telle qu'elle émane des corps rayonnants, du soleil, par exem

(1) OEuv., t. V, p. 269.

ple, n'est pas une substance simple et homogène; mais qu'elle est composée d'une infinité de rayons doués de réfrangibilités inégales et de facultés colorifiques diverses (1). » Il paraît que Marc Marci, et à son exemple, Hodierna, avaient essayé la même chose avant Newton, mais pas avec assez de détails, et sans aucun des importants calculs qu'il fit (2).

La troisième grande découverte sur la lumière, dans l'école cartésienne, est la loi de la double réfraction, saisie par Huyghens, peut-être avant que Newton aperçût la cause des couleurs, quoiqu'elle n'ait été publiée qu'en 1690 (3). « Cette dé– couverte, dit Fresnel, était peut-être plus difficile à faire que toutes celles de Newton sur la lumière, et ce qui semble le prouver, c'est que Newton, après d'inutiles efforts pour découvrir la vérité, est tombé dans l'erreur. En songeant combien le phénomène de la double réfraction devait piquer vivement sa curiosité, on ne peut supposer qu'il y ait donné moins d'attention qu'aux autres phénomènes de l'optique, et l'on doit être surpris de lui voir substituer une règle fausse à la construction aussi exacte qu'élégante de Huyghens

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(1) Biog. univ., t. XXXI, p. 137, art. Newton, par M. Biot.

(2) Mont., Hist. des math., t. II,

p. 516.

(3) Traité de la lumière de Huyghens.

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construction qu'il connaissait sans doute, puisqu'il cite son Traité de la lumière. Mais ce qui paraît encore plus inconcevable, c'est que l'exactitude de la loi de Huyghens ait été méconnue pendant plus de cent ans, quoiqu'elle fût appuyée des vérifications expérimentales de ce grand homme, aussi remarquable peut-être par sa bonne foi et sa modestie, que par sa sagacité. Si nous osions hasarder une explication de ce trait singulier de l'histoire de la science, nous dirions que les considérations puisées dans la théorie des ondes qui avaient guidé Huyghens, ont fait supposer peut-être aux partisans du système de l'émission, qu'il n'avait pu arriver à la vérité par une hypothèse erronée, et les ont empêchés de lire son Traité de la lumière avec l'attention qu'il méritait (1). »

En 1664, Grimaldi étudia le phénomène de la diffraction, qui fut ensuite développé avec soin par Newton, ainsi que celui des interférences observé par Hooke. Pour mieux fixer les idées, j'emploie l'expression d'interférences, quoique de création plus récente.

Descartes a conçu la lumière d'une manière qui, se confirmant chaque jour, semble être la véritable. Rappelons-nous que, de son premier élément ou matière en poudre, il forme le soleil, que l'in

(1) Académ. des Sciences, t. VII, p. 45, an. 1827.

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LE CARTESIANISME.

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Le soleil et les planètes, il le rem-. ond élément ou matière à parties la lumière est l'effort continuel de tendent à s'éloigner du centre du soleil. Ainsi l'agitation de la mapose cet astre presse les boules du nt; cette pression, se communihamp aux boules qui nous environr la rétine la sensation qu'on appelle n'est point, selon Descartes, un mous une inclination à se mouvoir (1). le soleil dans tous les sens, elle suit point la direction droite d'un rayon et, pour tous à la fois, elle prend la que et ressemble aux ondes qui naisau, lorsqu'elle reçoit un ébranlement endroit. De là le système des ondes. le laisse avec deux graves défauts, · Huyghens, la propagation instandureté parfaite du milieu défauts nt l'un de l'autre. Il veut que la luinsmette sans délai, parce qu'il supules du second élément entièrement rées, et il compare cette transmission 1 bâton qui fait immédiatement senn la pression qu'il éprouve d'un obs

p. 10.

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tacle par le bout opposé. En effet, la longueur n'y faisant rien, que le bâton s'allonge jusqu'au soleil, qu'il ait trente-cinq millions de lieues, la pression n'en sera pas moins subite. De même, si la pression est subite, il faut qu'elle passe comme par un bâton, ou que les boules du second élément soient complétement dures et serrées, c'est-à-dire que cet élément n'ait aucune élasticité. Les efforts pour étayer l'erreur ont souvent mis au jour d'importantes vérités. Une considération astronomique à laquelle Descartes, dans une discussion avec un de ses amis, eut recours pour montrer que la lumière se propage dans le même moment, conduisit peut-être Roemer à découvrir, en 1676, qu'elle est successive.

<< S'il fallait un temps quelconque, dit Descartes (1), une heure, par exemple, à la lumière pour venir du soleil ou de la lune jusqu'à nos yeux, jamais nous ne verrions une éclipse à l'instant où elle arrive réellement; jamais nous ne verrions le soleil, ni la lune, ni aucun astre dans le lieu qu'il occupe, mais bien dans celui qu'il occupait à l'instant où s'est faite l'émission de sa lumière. Or, les éclipses s'accordent avec les annonces des astronomes; donc la lumière n'emploie aucun temps appréciable à venir du soleil ou des planètes jusqu'à nous. >>

(1) OEuv., t. VI, p. 264.

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