Page images
PDF
EPUB
[blocks in formation]

aux grands axes que des variations périodiques, il aurait eu les deux conditions de la stabilité du système du monde, qui, par conséquent, est affranchi du besoin d'être réformé.

[ocr errors][merged small][merged small][merged small]

Mais c'est à Leibnitz qu'il appartenait de combattre l'opinion de Descartes par des réflexions puisées dans un ordre supérieur. « Après avoir, dit-il, détourné les philosophes de la recherche des causes finales, ou, ce qui est la même chose, de la considération de la sagesse divine dans l'ordre des choses, qui, à mon avis, doit être le plus grand but de la philosophie, Descartes en fait entrevoir la raison dans un endroit de ses Principes, où, voulant s'excuser de ce qu'il semble avoir attribué arbitrairement à la matière certaines figures et certains mouvements, il dit qu'il a eu droit de le faire, parce que la matière prend successivement toutes les formes possibles, et qu'ainsi il a fallu qu'elle soit enfin venue à celles qu'il a supposées. Mais si ce qu'il dit est vrai, si tout possible doit arriver, et s'il n'y a point de fiction, quelque indigne et absurde qu'elle soit, qui n'arrive en quelque temps, ou en quelque lieu de l'univers, il s'ensuit qu'il n'y a ni choix ni Providence: que ce qui n'arrive point est impossible, et que ce qui arrive est nécessaire. Justement comme Hobbes et Spinosa le disent en termes plus clairs. Aussi peut-on dire que Spinosa n'a fait que cul

[merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors]
[blocks in formation]

mences de la philosophie de » Nul doute, établir la fatalité es corps, c'est l'établir dans le 5, c'est l'établir en Dieu; c'est choses sortent de lui par un , comme l'eau d'une source. Si nt et libre, rien n'existe où n'éet la liberté, c'est-à-dire, la préix; et si on prétend que la préix manquent quelque part, Dieu ligent et libre; car embrassant e partout selon ce qu'il est. Par formation et l'arrangement des ar leur inactivité, Descartes tend

me.

e cette doctrine appartienne au i, avec l'idée de perfection infinie, he constituant le fond de la pensée, ence de Dieu avec une vigueur de ont on n'avait peut-être pas encore t qui, à la fin, « s'arrête à la cone Dieu tout parfait, considère, adncomparable beauté de cette imau moins autant que la force de n demeure en quelque sorte ébloui, ermettre, » et qui compare cette

5.

contemplation à la vision béatifique de l'autre vie (1)! Cette immense lumière dont il demeure en quelque sorte ébloui, n'est pas sans doute dans la volonté divine, laquelle d'ailleurs il enseigne, ou du moins il insinue, ne nous être point connue, si Dieu ne nous la déclare. Spinosa approuve ceux qui ne voient dans l'entendement de Dieu, dans sa volonté et dans sa puissance, qu'une seule et même chose. Dieu, dit-il, n'a point l'entendement ni la volonté, comme nous (2); ils ne sont, chez lui, que comme le repos et le mouvement (3). Aussi avance-t-il que faire tout dépendre d'une certaine volonté indifférente de Dieu, c'est moins errer que de le faire dépendre de la raison du bien (4). Pour être d'accord avec Spinosa sur les conséquences, il ne resterait à Descartes que d'être d'accord avec soi-même.» En Dieu, suivant lui, c'est la même chose de vouloir, d'entendre et de créer, sans que l'un précède l'autre, nequidem ratione (5). » Régis qui, en cela, le suit, disant << qu'afin qu'une chose soit concevable à Dieu, il est absolument

(1) Fin de la troisième Méditation.

(2) « Ad naturam Dei neque intellectum, neque voluntatem pertinere. » Eth., p. 1, prop. 17, scol.

(3) « Voluntatem et intellectum ad naturam Dei ita se habere ut motus et quies, et absolute ut omnia naturalia quæ a Deo ad existendum et operandum certo modo determinari debent. » Ibid., prop. 32, corol. 2. (4) Ibid., prop. 33, scol. 2.

(5) T. VI, p. 308.

nécessaire qu'elle reçoive de sa volonté ce degré de vérité et de réalité qu'elle possède (1), » Régis confond de même, l'intelligence et la volonté avec la puissance (2). Cependant il veut que Dieu ait produit les premières plantes et le premier couple d'animaux de chaque espèce (3).

Malebranche oppose la doctrine contraire, et lui qui pousse Descartes au panthéisme par un autre côté, l'en détourne par celui-ci. « Il est absolument nécessaire, dit-il, que Dieu ait en lui l'idée de tous les êtres qu'il a créés, puisque autrement il n'aurait pas pu les produire, et qu'ainsi il voit tous les êtres, en considérant les perfections qu'il renferme, auxquelles ils ont rapport (4). Il renferme en soi les idées de toutes choses et leurs rapports infinis, généralement toutes les vérités (5). « Il a vu de toute éternité tous les ouvrages possibles et toutes les voies possibles de produire chacun d'eux et comme il n'agit que pour sa gloire, que selon ce qu'il est, il s'est déterminé à vouloir l'ouvrage qui pouvait être produit et conservé par des voies qui, jointes à cet ouvrage, doivent l'honorer davantage que tout autre ouvrage

(1) Système de phil. métaphys., liv. I, part. 1, ch. vin.

(2) Ibid., ch. vIII, 1x, X.

(3) Ibid., Phys., liv. VI, ch. x11; liv. VII, ch. 1.

(4) Rech. de la Vérité, liv. III, part. 11, ch. vi.

(5) Entr. mét., VIII, 13.

produit par toute autre voie (1). << Il faudrait maintenant examiner quelle a dû être la première impression de mouvement par laquelle Dieu a formé tout d'un coup l'univers pour un certain nombre de siècles, car c'est là, pour ainsi dire, le point de vue d'où je veux vous faire regarder et admirer la sagesse infinie de la Providence sur l'arrangement de la matière... Que le premier pas de la conduite de Dieu, que cette première impression de mouvement que Dieu va faire, renferme de sagesse ! que de rapports, que de combinaisons de rapports! Certainement Dieu, avant cette première impression, en a connu clairement toutes les suites, et toutes les combinaisons de ces suites; non-seulement toutes les combinaisons physiques, mais toutes les combinaisons du physique avec le moral, et toutes les combinaisons du naturel avec le surnaturel. Il a comparé ensemble toutes ces suites avec toutes les suites de toutes les combinaisons possibles dans toutes sortes de suppositions. Il a, dis-je, tout comparé dans le dessein de faire l'ouvrage le plus excellent par les voies les plus sages et les plus divines. Il n'a rien négligé de ce qui pouvait faire porter à son action le caractère de ses attributs; et le voilà qui, sans hésiter, se détermine à faire ce premier pas. Tâ

(1) Ibid., IX, 10.

« PreviousContinue »