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Snell, dont, suivant son habitude, il passe le nom

sous silence (1).

Vossius dit avoir vu le livre manuscrit de Sneli, où était consignée cette loi : « Parmi plusieurs au tres monuments remarquables qu'il a laissés, il y a trois livres d'optique, que son fils m'a prêtés l'hiver dernier (2).

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D'après Huyghens, Descartes avait vu l'ouvrage inédit de Snellius, où il pouvait avoir puisé la loi « Toutes ces recherches de Snell sur la réfraction, remplissant un volume entier, étaient restées inédites. J'ai vu moi-même in jour cet ouvrage, et j'ai appris que Descartes l'avait vu également. C'est de là peut-être qu'il a tiré sa mesure qui consiste dans l'emploi des sinus (3). »

(1) « Mensura porro Cartesii non discrepat a communi opticorum mensura, sed demonstrationis ratio diversa est. Postquam quippe in Hollendiam venit, satis liquet et ipsum quoque non nihil intellexisse de Snellii methodo ad mensurandas refractiones, utpote quam multi satis norant, quamque Hortensius et publice et privatim exposuerat. Quod itaque habet refractionum momenta non exigenda esse ad angulos, sed ad lineas, istud Snellio acceptum ferre debuerat,,cujus nomen more solito dissimulavit. » Responsio ad objecta Joh. de Bruyn., p. 32.

(2) << Inter alia vero præclara quæ reliquit monumenta, supersunt quoque tres libri optici, quorum usuram superiori hyeme concessit mihi filius ejus. » De natura et proprietate lucis, p. 36, an. 1662.

(3) « Hæc autem omnia, quæ de refractionis inquisitione volumine integro Snellius exposuerat, inedita mansere; quæ et nos vidimus aliquando, et Cartesium quoque vidisse accepimus, ut hinc fortasse mensuram illam, quæ in sinibus consistit, elicuerit » Deoptrica, p. 3. Opuscula posthum 1703.

Il est plus affirmatif dans un jugement manuscrit sur les principes de Descartes, et que M. Cousin vient de publier. « Les lois de la réfraction, dit-il, ne sont point de l'invention de Descartes, selon toutes les apparences; car il est certain qu'il a vu le livre de Snellius, que j'ai vu aussi, qui était écrit exprès touchant la nature de la réfraction, et qui finissait par cette règle, dont il remerciait Dieu (1). »

Mais Descartes ne pourrait-il avoir vu le manuscrit de Snell, et avoir trouvé la loi? Telle est l'opinion de Leibnitz, d'autant moins suspecte qu'il semble n'être occupé qu'à frustrer Descartes de tou!. «< Isaac Vossius a établi que Snell est le premier qui ait trouvé la loi de la réfraction; mais je ne voudrais pas nier pour cela que Descartes. n'ait pu le faire de son côté (2).» Puisque, suivant Vossius, Hortensius avait exposé cette loi, que beaucoup de gens la connaissaient, quel front aurait-il fallu à Descartes, si lui-même ne l'avait pas trouvée, pour venir la publier à leur face, sans la rapporter à celui qui jusque-là en était supposé l'auteur? S'il n'eût pas été reconnu qu'il l'avait aussi découverte, pense-t-on que personne

(1) Fragm. phil., t. II, p. 162.

(2) «Legem refractionis primum invenisse Willebrordum Snellium, Isaac Vossius patefecit, quamquam non ideo negare ausim, Cartesium in eadem incidere potuisse de suo. » Op., t. V, p. 394.

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n'aurait réclamé? Est-il croyable que Voet et d'autres envieux qui ne cessèrent de le harceler, s'armant des plus grossières impostures, auraient négligé un pareil trait? Voit-on néanmoins dans ses ouvrages qu'il ait eu à repousser une imputation de ce genre? On ne la lui lance que treize ans après sa mort, lorsqu'il ne peut plus se défendre. La mauvaise foi ou l'étourderie de Vossius est trop manifeste. Quant à Huyghens, dont le penchant à déprécier Descartes est connu, il ne lui suffit pas de dire que, selon toutes les apparences, il a pillé Snell, il faut des preuves; et il n'en donne d'autres que la vue du manuscrit, qui n'en est pas une.

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Si là-dessus Descartes doit à quelqu'un, c'est à Képler, à qui Snell n'est pas moins redevable. Après plusieurs essais inutiles, la véritable théorie lui échappa; mais ses conjectures et ses diverses tentatives n'ont pas été d'un faible secours à ses successeurs (1), » dit Huyghens, immédiatement avant de parler de la découverte de Snell. Entre autres choses Képler calcule l'angle B D C, au moyen angles A D C, A DB, dont il est la différence (2). Ici s'offre assez naturellement à l'esprit l'idée de

des

(1) « Plurimis frustra tentatis, ipsam quidem rei veritatem non est assecutus; conjecturis tamen suis, variisque molitionibus, non parum sequentium studia adjuvit. » Diopt. p. 2.

(2) Diopt. problema 4.

chercher si les angles du triangle D B C, formé du rayon rompu D B du prolongement D C du rayon incident DH, et de BC parallèle à PM, qui sépare

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les deux milieux, ont quelque rapport avec les angles d'incidence et de réfraction. DBC est supplément de DBA =FDP, lequel est le complément de FDE, angle de réfraction. D CB=H DP, complément de HDE, angle d'incidence. Or, sinus DBC: sin DCB:: DC: DB; d'où DC: DB:: cos. FDE: cos. HDE. Le rapport des cosinus est faux. Mais au lieu de couper DB et DC par A C parallèle à P M, couponsles par K Z qui lui soit perpendiculaire: alors D C B supplément de DCM=HDE, angle d'incidence, et DBC=F DE, angle de réfraction, ce qui donne

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le rapport des sinus. Snell s'était arrêté à celui de

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DC et de DB (1) ou des sécantes, DC étant la sécante de l'angle MD C, complément de CD1 ⚫HDE, et DB sécante de MDB, complément de BDI FDE. Voilà une marche qu'ils ont pu suivre chacun de leur côté. Dans une de ses lettres, Descartes ne craint pas d'avancer que « Képler a été son premier maître en optique, et qu'il est celui de tous les hommes qui en a le plus su par ci-devant (2). Outre l'ouverture probable dont nous venons de parler, certainement il a reçu de lui la connaissance de la fonction du cristallin, du renversement de l'image sur la rétine et des causes de la presbytie et de la myopie.

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Quelques phrases de deux autres lettres permettraient de croire qu'il ne s'attribuait que la démonstration de la loi de la réfraction. Dans la première (3), adressée à un anonyme, il décrit l'appareil qu'il avait inventé et dont on se sert encore pour vérifier cette loi.

« Cette lettre, dit Delambre, donne lieu à plusieurs réflexions. 1o Le plan d'expérience tracé par Descartes, suppose que l'on connaisse le théorème du rapport constant des deux sinus, et que l'on s'en serve pour diviser les deux règles, après quoi l'on observera si la lumière pénétrant dans l'eau sous

(1) Huyghens diopt., p. 2.
(2) OEuv., t. VII, p. 161.
(3) Ibid., t. VI, p. 220.

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