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[] Heliodi liber,pya pa,plumbeis in laminis fcriptus affervabatur à Bootis, tefte Paufaniâ in Boot.

[x] Varr. ap. Plin. loc. citat. [] Mox æmulatione circa bibliothecas regum Ptolemæi & Eumenis, fupprinente chartas Ptolemæo, idem Varro membranas Pergami tradidit repertas. Plin loc. citat.

[z] Prideaux vie de Mahomet. p. 38. [a] Differtation fur le papier par le péro D. Bernard de Montfaucon. Mémoir. de la ad, des bell. lettr. t. 6. p. 604. [6] Charta bombicina.

que c'eft au neuvième siècle ou environ, qu'on a commencé dans l'empire d'Orient à faire ufage du papier [b] de

coton.

Le papier de chiffon dont nous nous fervons, a auffi fon ancienneté. Le P. Hardouin dit [c] qu'il a vû & lû une lettre de Joinville à S, Louis, écrite fur du papier, tel que celui qui eft aujourd'hui en ufage. Le P. de Montfaucon pour prouver l'ancienneté de notre papier, cite un paffage de Pierre Maurice, dit le Vénérable, contemporain de S. Bernard. Les livres que nous lifons touts les jours, dit-il dans fon traité contre les Juifs, font faits de peaux de béliers ou de boucs, ou de veaux, ou de plantes Orientales, c'est-à-dire, du papyrus d'Egypte, ou enfin[d] du chiffon. Il y en avoit donc déja des livres au douziéme fiécle.

62. De l'ancien

Les progrés de la peinture ont été, fort prompts: on avoit loué un Euma ne peinturus Athénien, d'avoir fçû dans fes ta- re. bleaux diftinguer les figures mâles des femelles ; & avant Apollodore, qui vivoit dans la quatre-vingt-treizième Olympiade, aucun peintre n'avoit rien fait qui méritât les regards, ou n'avoit encore exprimé la vûë & les yeux dans fes figures, fuivant les paroles [e] equivoques de Pline.

Cependant Pline dit-lui-même [f]
L 3

[e] Ante XIII. fæculum à Chrifto nato, chartæ noftræ receptum ufum docet Joinvillai epiftola ad S. Ludovicum Franciæ regem quæ in ejufmodi chartâ exarata, vifa à nobis, & perlecta eft. Harduin, not, in Plin. t. 1. p. 689.

[d] Exrafuris veterum pannorum • [] Neque ante eum tabula ullius of tenditur, quæ teneat oculos. Plin. lib.35. c. 8. 9.

[f] Candaules rex, Bularchi picturam, Magnetum excidii pari rependit auro. Plin. lib.7.c.28.

que le roi Candaule acheta au poids de Por une peinture de Bularchus, qui repréfentoit la deftruction de la ville des Magnéfiens. Or Candaule roi de Lydie vivoit plus de trois cents ans avant cet Apollodore,& ce roi a été fi célébre dans l'hiftoire Greque, qu'on ne peut pas appliquer ce que Pline en dit, à quelque autre roi qui ait porté le même nom. Vitruve dans la préface de fonfeptié me livre, obferve que les régles de la perfpective furent inventées & mifes en pratique dès le temps d'Efchyle, vers la foixante-deuxième Olympiade, par un peintre nommé Agatarchus, qui en Jaiffa même un traité, d'où les philofophes Démocrite & Anaxagore tiré rent ce qu'ils en écrivirent peu de temps après. Or les régles de la perfpective fuppofent que l'art de la peinture avoit déja fait quelques progrés.

Le fentiment de Pline [g], eft que la peinture n'étoit pas connue du temps du fiége de Troïe. L'abbé Fraguier [b], dans une differtation qu'il a faite fur l'ancienneté de la peinture, ne peut être de même avis. Il obferve que la différence des coloris fe trouve parfaitement exprimée dans Homére [i], foit dans les ouvrages de laine, foir dans les métaux même, aux quels il n'y a que l'action du feu qui donne cette différence de couleurs : & puifque cette forte de peinture, qui fe fait par l'impreffion du feu fur les métaux, ou par le mélange des laines teintes différemment, eft plus difficile, & n'eft ellemême qu'une imitation de la peinture qui s'exécute avec le pinceau & les cou

[g] Nullam artem celerius confummatam, cùm Iliacis temporibus non fuiffe eam appareat. Plin.

[] Hift. de l'acad. des bell,lettr. 1.1.

[i] Dans la defcription des ouvrages de tapifferie d'Héléne & d'Andromaque, & dans la defcription du bouclier d'Achille.

[k] Luminum umbrarumque inveniffe

leurs, l'abbé Fraguier croit pouvoir en inférer contre le fentiment de Pline, que la peinture eft plus ancienne que le fiége de Troïe.

63.

& de Zou

Zeuxis d'Héraclée vivoit fous la qua- Gageure de tre-vingt-quinziéme Olympiade, l'an Parrhaus 400. avant Jéfus-Chrift. Il inventa [k] xis. la diftribution des ombres & de la lu miére. Ariftote [1] trouvoit que Zeuxis n'exprimoit pas affez les paffions. Parrhafius florifloit du temps de Socrate, vers la quatre-vingt dixième Olympiade, quatre cents vingt ans avant Jefus Chrift. Il étoit donc plus âgé que Zeuxis, mais fon contemporain. Pline [m] dit qu'il a donné le prémier de la fymmétrie & de juftes proportions à la peinture. On dit qu'il furpaffa Zeuxis, & qu'il fut furpaflé par Timante [7]. Apelle qui vivoit du temps d'Alexandre, excella par deffus touts. Pline & Elien ont fait mention d'un portrait d'Alexandre fait par Apel. le, où ce Monarque etoit repréfenté d'une maniere fi reffemblante que fon cheval Bucéphale hennit en voïant cette peinture.

Zeuxis perdit une gageure célébre [] contre Parrhafius; il s'agiffoit de décider lequel des deux l'emportoit sur fon concurrent par la beauté de fes ou vrages. Zeuxis avoit fi bien repréfenté des raifins, que les oifeaux fondoient deffus pour les becqueter. Parrhafius peignit un rideau fi parfaitement, que Zeuxis plein de confiance, demanda qu'on tirât vîte ce rideau.

Quelle grande merveille y a-t-il à " cela [p], dit Pérrault? Úne infi. “ rationem traditur. Quintil. lib. 12.0, 10. [1] Ariftot. de poetic c. 6.

[m] Plin.lib. 35.c. 10.
[n] Plin. loc. citat.
[o] Plin.lib. 35.c.9.

[p] Perrault parall, des anc. & des mod. t. 1. dial, 2.

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nité d'oifeaux fe font tués contre le ciel de la perspective de Ruel, en voulant paffer outre, fans qu'on en ait " été furpris, & cela même n'eft pas ›› beaucoup entré dans la louange de cet» te perfpective...... Il y a quelque temps que paffant fur le foffé des religicufes Angloifes, je vis une chofe auffi honorable à la peinture, que l'hif toire des raifins de Zeuxis, & beaucoup plus divertiffante. On avoit mis » dans la cour de M. le Brun, dont la » porte étoit ouverte, un tableau nouvellement peint, où il y avoit fur le devant un grand chardon parfaitement bien repréfenté. Une bonne femme vint " à paffer avec fon âne, qui aïant vû le » chardon, entre brufquement dans la >> cour, renverse la femme,qui tâchoit de le retenir par fon licol,& fans deux forts garçons qui lui donnérent chacun quinze ou vingt coups de bâton pour le faire retirer, il auroit mangé le char"don ; je dis mangé, parce qu'étant nou» vellement fait, il auroit emporté tou» te la peinture avec fa langue ........ Pline raconte encore que Parrhafius avoit contrefait fi naivement un rideau, que Zeuxis même y fut trompé : de fem. blables tromperies fe font touts le jours, par des ouvrages dont on ne fait aucu»ne eftime. Cent fois des cuifiniers ont ›› mis la main für des perdrix & fur des ,, chapons naïvement repréfentés, pour les metre à la broche:qu'en cft-il arrivé? Onen ari, & le tableau eft demeuré à

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la cuisine.

Il y a dans ces raifonnements beaucoup de prévention contre les anciens: on ne peut refufer la plus parfaite entente des ombres, & en général l'expreffion la plus achevée de l'art, à un peintre qui repréfente un rideau fi naïvement, que fon concurrent, excellent

peintre lui-même, y eft trompé,& veut tirer ce rideau, comme fi c'étoit un rideau véritable, qui cachât un tableau.

64. On entend mieux la dé

des lumié

res, & la

que les an

Mais les tableaux anciens ne foutiennent pas cette idée, que le rideau de Parrhafius nous donneroit de leur pein- gradation ture; & Pérrault femble mieux fondé à prétendre, que Raphaël lui-même a fi perfpective peu connu la dégradation des lumiéres,ciens ne l'en & cet affoibliffement de couleurs, que tendoient.: caufe l'interpofition de l'air, en un mot, tout ce qu'on appelle, la perfpective aërienne, que les figures du fond du tableau font prefque aufli marquées, que celles du devant; que les feuilles des arbres éloignés fe voient auffi diftinctement, que celles qui font proches, & qu'on n'a pas plus de peine à compter les fenêtres d'un batiment,qui eft à quatre lieuës, que s'il étoit à une distance de vingt pas: & il foutient que la peinture eft aujourd'hui plus accomplie, que dans le fiécle même de Raphaët, parce que du côte du clair obfcur, de la dégradation des lumiéres, & des diverfes bienféances de la compofition, on eft plus inftruit & plus délicat, qu'on ne l'a jamais été.

Ce n'eft pas affez au peintre d'imiter 65. la plus belle nature, telle que les yeux Joit enbel Le peintre la voient; il faut qu'il aille au-delà, & lir la natu qu'il tache d'attraper l'idée du beau, à *. laquelle la nature n'arrive jamais. Quand le farceur [9]qui contrefaifoit le

cochon à Athènes, plut davantage au peuple, que le cochon véritable, qu'un autre farceur cachoit fous fon manteau, on crut que le peuple avoit tort, & le peuple avoit raifon; parce que le farceur qui repréfentoit cet animal, en avoit étudié touts les tons les plus marqués & les plus charactérisés, & les ramaffant ensemble, rempliffoit davantage l'ideé que tout le monde en a.

[g] Perrault, parall. des anc. des moder, r.1, dial. 2,

Zeuxis [r] aïant deffein de peindre Héléne, choifit les cinq plus belles filles de Crotone & prit de chacune d'elles, ce qu'elle avoit de plus beau. Parrhafius [s], pour peindre Promé. Parrhafius, thée, déchiré par un vautour, acheta & du Gior- un vieillard Olynthien, à qui il fit fouffrir le même fupplice.

66.

Cruauté de

to.

674

Maximes de

Le Giotto peignant un crucifix [t], engagea un pauvre homme à fe laiffer attacher à une croix, pour une heure feulement; mais il ne l'y eut pas plûtôt attaché, qu'il le poignarda, & fe mit à le peindre en cet état.Il porta ce tableau au pape, & lui promit de lui en faire voir l'original, à condition qu'il auroit l'abfolution; le pape aïant vû l'homme mort en croix, révoqua la promeffe qu'il lui avoit faite.Le Giotto barbouilla fon tableau d'un vernis, qui le faifoit paroître effacé. Le pape après s'être mis dans une furieufe colére, lui promit la vie, & une récompenfe, s'il pouvoit faire un fecond tableau auffi bon; & auffi-tôt le Giotto effaçant le vernis, fit reparoître fon ouvrage.

Les arts feroient heureux, dit QuinQuintilien tilien [], fi les connoiffeurs feuls en & d'Apelle différentes jugeoient. Appelle avoit une maxime fur les arts. contraire; il fe cachoit derriére fes tábleaux [x], pour entendre le jugement, que le public en portoit; & il profitoit des avis des plus ignorants, pour retoucher fes ouvrages.

! [r] Plin. lib.35.c.10.

[s] Sen.controv. liv.5.contr.34.
[t] L'efpion Turc. t. 5. lettr.7.

[] Felices effent artes; fi de illis foli artifices judicarent. Quintil. [x] Plin. lib.35. c.10.

[y] Plin. lib.35 c.10.
[z] Vitruv. lib.3.c.1..

[4] Η' δ ̓ ἄρα πέπλον ελῖσα Θεανώ
καλλικάριος

Θῆκεν Αθηναίς ἐπὶ γέναση ουκόμοιο. Hom. Il. C. v.302.

Ce que Virgile a imité dans ces vers.

Aléxandre raifonnant un jour avec 69. Mot d'ApelApelle, fur un de fes tableaux [y], ce le. peintre lui dit: Seigneur, fi vous m'en croïez, vous parlerez un peu plus bas, de pour que ce jeune apprentif, qui broïe là des couleurs, ne vous entende.

69. La propor

bitude de la

vûë.

Il eft certain que c'eft la coutume & l'opinion, qui fait le prix des arts, tion eft l'hacomme de tout le refte. Vitruve prétend trouver dans la nature la régle des proportions [z]: Il dit que comme la nature a gardé de juftes proportions, en formant le corps de l'homme, il faut de même que l'ar. chitecture s'étudie à bien proportionner toutes les parties de fon bâtiment. Mais ces proportions font affujéties, au goût, qui varie fuivant les temps, & les païs. La relation du pére Trigaud porte, que le roi de la Chine fe mocquoit des palais de l'Europe, aïant plufieurs étages, leur élévation témoignant une épargne fordide d'un peu de terrain. La vraie proportion est l'habitude de la vuë.

nc.

70.

On trouve la sculpture en plufieurs De la fculpendroits des poëmes d'Homére. Les ture ancien. Troïennes par ordre d'Hector, poférent un voile prétieux [a] fur les genoux de la ftatuë de Minerve. Dans le fallon d'Alcinous, des ftatuës d'or [b] foutenoient des flambeaux pour éclairer pendant la nuit. Le bouclier d'Achil

ad templum non æquæ Pal-
ladis ibant

Crinibus Iliades paffis, peplumque
ferebant

Suppliciter triftes, & tunfæ pectora
palmis.

Virg. Æneid. lib.1.

[6] Χρύσειοι δ' αρα χεροι εὐδιμήνων ἐπὶ βαμῶν

Εξασαν, αιθομένας δαΐδας ἐπὶ χερσὶν ἔχοντες

Φάινοντες νύχτας κατὰ δώματα δαιτυμόνεσσι. Hom, Ody. n. v.100. Ce que Lucréce a imité

clète.

71.

d'Achille, la cuiraffe d'Agamemnon, & plufieurs autres ouvrages fembla. bles font des monuments de l'ancienneté de plufieurs arts, par la de fcription qu'en fait Homére.

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Phidias, qui vivoit fous la quatre-vingt-troifiéme Olympiade, en viron l'an 448. avant Jésus-Chrift, a paffé pour avoir le prémier mis la De Phidias, fculpture en grande réputation ; & & de Poly- Polycléte a paffé pour l'avoir perfectionnée. Polycléte natif de Sicyio ne floriffoit environ dans le même temps, vers la quatre-vingt-feptiéme Olympiade, quatre cents trente-deux ans avant Jésus-Chrift. Une des fta-, tues de Polycléte, qui repréfentoit un jeune homme couronné, fut vendue, au rapport [c] de Pline, cent talents, c'est-à-dire, environ cent mille écus de notre monnoie. Varron reprenoit Polycléte d'avoir eu peu de variété dans fes ouvrages.

72.

Phidias faifoit fes plus belles ftatuës de grandeur coloffale. Sa ftatuë de Minerve, qui étoit d'or & d'yvoire [d], avoit trente-neuf piés de haut, & n'approchoit pas de la grandeur de fon Jupiter Olympien. Le goût des Le goût des ftatues a fort régné fatues a fort dans l'antiquité. On en comptoit antiquité. dans Rhodes [e] foixante & treize mille. Le nombre n'en étoit pas moins grand à Athénes, à Delphes, à Olympie. Il y en avoit à Rome Tom.II.

regné dans

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[f] un fi grand nombre, que vous cuffiez dit que c'étoit une ville, où il y avoit un fecond peuple de pierre,

73.

La connoil

que fort

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La connoiffance & le gout des arts ne pafférent à la vérité, que fort tard fance des de la Grèce dans l'Italie. L. Mum- arts ne passa mius aïant pris Corinthe [8], fit tard chez les charger fur un vaiffeau les ftatues les plus prétieufes de la Gréce, qui s'y trouvérent, & il dit au pilote, que s'il les perdoit, il en fourniroit d'autres en la place. Mais les Romains devinrent bientôt avides [b] de ces mêmes biens, que leurs ancêtres avoient méprifés: ils furent extrêmes dans le luxe & dans la corruption, comme les prémiers républicains l'avoient été dans la frugalité & dans le défintéreffement. Pline [i] nous a laiffé un recueil des plus belles ftatuës des habiles fculpteurs de l'antiquité, & des tableaux les plus renommés. C'eft un morceau de litté rature curieux en ce genre, que la defcription de la galerie de Verrés [k], par l'abbé Fraguier. Cicéron avoit dit [7] de ce gouverneur de Sicile, que fon arrivé à Syracufe avoit coûté à cette ville plas de dieux, que la conquête de Marcellus ne lui avoit coûté de citoïens.

Lucullus avoit plufieurs fallons [m], à chacun defquels il donna le nom d'une divinité. Ce nom étoit pour

M

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