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reté de l'air intérieur. Un homme étoit affis au milieu de la cloche. Il tenoit une petite corde, pour fonner une clochette lorsqu'il feroit fuffifamment defcendu, ou qu'il vou-droit remontrer. La clochette étoit attachée au traverfier. L'homme defcendu ramaffoit les effets, il alloit de temps en temps refpirer fous la cloche. Quand l'air s'échauffoit trop il fonnoit la clochette: Alors, par le moïen d'un cable on le remontoit. On peut porter du feu par le moïen d'une pareille cloche jufqu'au fonds de la mer, car l'air intérieur qui ne trouve point d'iffuë pour fortir, empêche l'eau d'entrer bien avant par l'orifice.

Les Romains n'emploïérent [m] que foixante jours à couper le bois, & à fabriquer cent foixante vaiffeaux dont fut compofée leur prémiére flotte dans lá premiére guerre Punique. Pline dit [2] qu'en la feconde guerre Punique la flotte Romaine fut équippée & mife à la voile en quarante jours, depuis qu'on eut frappé le prémier coup de coignée pour abattre les arbres Deux cents vingt navires contre le roi Hiéron furent jettés en mer en quarante-cinq jours. Scipion n'emploïa [o] que le même efpace de quarante-cinq jours à mettre en mer une flotte.

Henri III. régalé dans l'arfenal de Venife [p] à fon retour de Pologne, vit affembler les prémiéres piéces d'une galére au commencement de fon dîner, & deux heures après il monta dedans & le canon tira en le ramenant dans fon palais.

(m) Flor.lib. 2. 6ik. (n) Plin. lib. 16. c. 29. (0) Tit, liv, lib. 28. () Thuan, lib. 58: (2) Plin. lib. 19. c.

Du lin in

ble.

La pierre d'Amiante dont on tire le 34. lin incombuftible, étoit fi rare au combufti temps de Pline' [q], temps de Pline [q], qu'il compare fa valeur à celle des pierres les plus prétieufes. Elle eft aujourd'hui fort commune, on en tire de plufieurs ifles de l'Archipel, on la trouve en divers endroits d'Italie & de Bavière, en Angleterre, en Espagne, en France dans le païs de Foix, & près de Montauban. La pierre d'Amiante a cédé en un moment au feu du miroir ardent de verre; fes filaments fe font écartés, puis recourbés en pelotons, & enfuite fondus en petites boules de verre. Mais l'amiante ne fouffrant aucune décompofition par la torture de touts les autres feux, on peut, communément parlant, l'appeller incombustible. En faifant bouillir la pierre d'amiante dans une leffive (r) avec l'indigo, on lui ôte les parties qui la rendoient aride. Après avoir été battuë enfuite avec un marteau, elle devient fi

fouple, qu'on peut la peigner, la filer, & en faire de la toile que le feu ne confume point. La maniére de la filer & de la préparer cft décrite dans les mémoires [s] de l'académie des belles lettres. On fabrique actuelle. ment aux Pyrénées des cordons, des jarretières & des ceintures de lin d'amiante ou d'asbefte [t]. Pour les toiles faites de ce lin, elles ne peuvent être de durée au fervice, & elles n'auront jamais qu'un ufage de pure curiofité, à caufe de la friabilité de la pierre dont elles tirent leur origine.

Quelques-uns ont crû que la toile incombuftible pouvoit fe faire d'alun de plume, mais on a éprouvé qu'il

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K 2

Di&. de Moreri, art. Amiante.
Mémoir, de l'acad, des bell, lettr, 1. 4.

(t) Asbefte eft un mot tiré du Grec do ßisos qui fignifie inextinguible,

39.

Des lampes inextin guibles.

s'altére au feu, & qu'il n'a pas la qua-
lité de la pierre d'amiante.

Sylla fut brulé dans un linceul de
toile incombustible, & les corps des dé-
funts les plus illuftres parmi les Ro-
mains étoient enfevelis dans ce lin d'af
befte [u], afinque leur cendre ne con-
tractât aucun mélange de celle du bu-
cher.

Diofcoride [ ] obferve que ces toiles de pierre d'amiante fe blanchif fent au feu. Néron en avoit une ferviette. Charles Quint en avoit plufieurs ; & ceux que cet empereur faifoit manger avec lui, jettoient ces ferviettes dans le feu à chaque fervice, pour les blanchir. Ona vû depuis à Rome, à Venise, en Saxe, à Louvain, & en d'autres villes, de fimples particuliers fe donner le même divertiffement.

Un autre ufage du lin d'amiante ou d'asbette, étoit d'en former des mêches perpétuelles, qui avoient la propriété d'éclairer toujours, fans aucune diminution de leur fubftance. On fait encore de la méche incombustible, avec de l'or préparé par une opération de chimie, en forte qu'il devienne fpongieux.

Le pére Martini rapporte qu'en Tartarie, il croît fur des pierres, une herbe, qui reffemble à la petite espéce du chanvre; que cette herbe tombe en piéces, & devient comme de la bouë, quand on la met dans l'eau, & qu'elle s'enflamme dans le feu, où elle reprend fa prémiére confiftance: qu'on peut en faire une mêche, que le feu ne confume point.

Callimaque confacra une lampe d'or

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[y]à Athènes, devant la ftatuë de Diané Leucophryné. On empliffoit cette lampe d'huile, au commencement de l'année, & elle étoit allumée jour & nuit pendant un an, fans qu'il fût besoin d'y toucher davantage. Solin [z]parle d'u ne lampe pareille, qui étoit dans un temple d'Angleterre.

Cédréne (4) témoigne que fous l'em pire de Juftinien I. on trouva à Edelfe un portrait de N. S. avec une lampe allumée depuis fa paffion arrivée envi ron cinq cents ans auparavant.

Les lampes fépulchrales; que les an ciens enfermoient dans les tombeaux, & dont on a dit que la lumière ne s'éteignoit jamais, ont paru fabuleufes à plu. fieurs. On a affuré qu'une de ces lampes fut trouvée en Italie, fous le pontificat de Paul III. dans le tombeau de Tullia fille de Cicéron, où cette lampe avoit été enfermée pendant environ quinze cents cinquante ans, & que dans le territoire de Viterbe, on avoit découvert quantité de ces lampes perpétuelles.

L'abbé Thrithéme prétend que fon huile faite avec de la fleur de foulfre, du borax, & de l'efprit de vin brule plufieurs années fans fe confumer.

Fortunius Licetus (b) a foutenu que les anciens préparoient la matiére de ces lampes fépulchrales, de façon qu'elle ne fe confumoit point, & que la fumée qui en étoit exhalée en brulant, fe condensoit infenfiblement & fe réduifoit en huile comme auparavant. Ferrari a entrepris de prouver (c) dans une difertation qu'il a compofée fur ce fujet, que ce qui avoit été débité concernant ces lam

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pes fépulchrales, n'étoit appuïé que fur des contes & des hiftoires fabuleufes. Plufieurs auteurs ont regardé les lampes fépulchrales, comme des phofphores, qui ne commençoient à s'enflammer, que lorfqu'on ouvroit les tombeaux. Le pére Cafat dans fon traité du feu, fait confifter la flamme dans une éruption continuelle de particules fulphurées, falées, & fpiritueufes: & après avoir fait quantité de réfléxions fur les lampes fépulchrales, il conclut ou que ces lampes prétendues perpétuelles étoient des phofphores, qui avoient une lumiére fans chaleur, ou que ces hiftoires ne font que de pures fables.

36. Des fils d'Amiante ou d'Asbefte, on Du papier Amiante. fabrique un papier, qui peut auffi paffer pour perpétuel, parce que toutes › parce que toutes les fois qu'on a écrit deffus, on peut en effacer l'écriture, en le jettant au feu [d]. Il y a déja plufieurs années, qu'on voit de ce papier en divers cabinets d'Al. lemagne on en conferve une feuille d'une grandeur considérable dans le cabinet du roi de Danemarc;& Charleton affure, qu'on le fabrique à préfent fort bien près d'Oxford en Angleterre.

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Le verre malleable attefté [e] par un alleable grand nombre d'auteurs, eft regardé aujourd'hui comme une chimére,que la bonne phyfique rejette abfolument. Le verre ne peut fouffrir la pénétration de

[d] Mémoir, de l'acad. des bell, lettr_t.4. page 639.

[e] Plin. lib. 36. c. 26. Dio Caff. lib.57. S. Ifidor, orig. lib. 16. 6.15.

[f] Petr. Damian. opufc. 40. c.8. Agripp. de vanit. fcientiar. 90.

[g] Hybernis objecta nothis fpecularia puros

Admittunt foles, & fine fole diem.

Martial.

[h] Plin. lib. 36. c. 22.

[i] Leg. quafitum 12, §. fi domus 16. ¿u

fes parties les unes dans les autres,com me il faudroit qu'il lui arrivât fous les coups de marteau, pour être malléable. Il eft certain, qu'il ne peut endurer cette compreffion, fans fe caffer, ou fans perdre fa transparence, qui fait tout fon prix. On lit néanmoins [f] dans quelques auteurs, que Tibére fit mourir l'ouvrier du verre malléable, de peur que cette invention n'avilît entiérement l'or & l'argent.

38.

Les pierres fpéculaires étoient cer- Des pierres taines pierres tranfparentes [g], dont fpéculaires. les anciens faifoient leurs vitrages. Pline en parle [b], & les loix Romaines [i] en font mention. Néron fit bâtir le temple de la fortune tout entier de pier. res péculaires, fi transparentes [k], que la lumiére y perçoit de toutes parts, & qu'on voïoit du dehors touts ceux qui étoient dans le temple.

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Différence

an

Notre achitecture, dit un poëte mo derne [, expofe nos maisons au grand de l'archiair, par des fenêtres fi grandes & fi nom. tecture ade breufes, qu'on diroit que les toits font la moderne foutenus par des colonnes, & non par des murs, & que les hommes font devenus infenfibles aux incommodités des faifons, contre lefquelles ils ne prennent plus aucun foin de fe précautionner. Nos ancêtres au contraire cherchoient à fe défendre des rigueurs des faifons, par leurs murs épais, & par les petites ouvertures de leurs fenêtres: K 3

§. Specularia 25. ff. de inftr, funde. [k] Pancirol. de veterib, deperdir. c. 6. Jonfton, thaumar, claffi 4. c.19.

[1]...... cavas hoc ore feneftras,

Hoc numero faciunt, altis ut tecta columnis,

Non muris fuffulta putes, hominem que penates

Nunc intra vitreos jures, nec frigo ra brumæ

Nec curare nothos, & vim penetra

bilis æftus, Jacob Vanier prad.ruftic,

40.

Peinture des vitrages.

41. De l'ancien

la conftruction de leurs maifons les rendoit chaudes en hyver, fraiches en été, & ces maifons étoient en même temps des fortereffes très folides, & très durables.

Nous n'avons plus l'art de peindre les vitrages, tel que l'avoient les anciens. La cochenille & la graine d'éne pourpre, carlate de nos teinturiers n'imite qu'imparfaitement l'ancienne pourpre, qui étoit une liqueur contenue dans une veine, qu'une efpéce d'huitre appellée pourpre avoit au gofier. Cette précieufe teinture fut découverte par l'Hercule Phénicien [m], lorfqu'il remarqua la belle couleur de la laine, avec laquelle un berger avoit effuié la gueulle de fon chien, enfanglantée pour avoir mangé de ces conchyles.

42.

Du fen Grégeois.

Les espéces ne périffent point dans la nature, mais nous ne nous fervons plus du fang de ce coquillage, foit que nous le poffédions, fans le connoître, foit qu'il ne fe trouve que dans la Syrie, & autres païs de la domination des Turcs, qui en ignorent le prix.

Sous le régne de Conftantin Pogonat, dans le feptiéme fiècle, l'ingénieur Callinicus brula les vaiffeaux des Sarafins, qui tenoient Conftantinople affiégée depuis fept ans, & les obligea de lever le fiége, par le moïen du feu Grégeois, qu'il avoit inventé, & qui

[m] Cedren. hift. compend. in Hercul. baud longè à diluvio.

[n] Les raions refléchis par une glace plane d'un pié quarré fur un miroir concave de 17. poulces de diamétre, ont encore assez de force pour brûler dans fon foier à la diftance de 600. pas. Mémoir. de l'acad. des fcienc. ann. 1726.p.172. Cette obfervation pourroit elle rendre vrai-femblable l'incendie des vaiffeaux Romains par les miroirs d'Archimede?

[o] La compofition de l'onguent appellé armarium eft enfeignée par Jean Baptifte

s'eft perdu depuis; car nos feux d'artifice, qui font leur effet dans l'eau, n'ont rien de comparable.

43.

ardents d'Ar

A l'égard des miroirs ardents, avec lefquels on prétend qu'Arciméde met- Des miroirs toit le feu aux vaiffeaux des Ro- chimède. mains, qui affiégeoient Syracufe, ce trait d'hiftoire a été regardé, comme une chimére, & une abfurdité pour tout mathématicien [n]. Auffi Polybe, Tite Live, ni Plutarque, qui ont décrit ce fiége de Syracufe, n'en ontils point parlé.

De la fym

45.

thie.

Ajouterons-nous plus de foi à tant 44. d'effets fi peu vraisemblables de la fym- pathie atti pathie artificielle? L'onguent de fym- ficielle. pathie [o] s'applique fur l'épée qui ape l'onguent fait la plaïe, & le bleffé eft guéri à une de fympatrès grande diftance. Il y a beaucoup de conteftations fur cet onguent entre les phyficiens. Les uns ont prétendu que cette guérifon étoit un pur effet de la nature; les autres l'ont attribuée aux démons; & il s'en eft trouvé, qui ont foutenu, que cette guérifon étoit une impofture.

Digbi Anglois a raconté [p] comment il avoit guéri des bleffures, fans voir ni toucher les bleffés, en trempant dans de l'eau imprégnée ou teinte de vitriol, quelque morceau d'étoffe, ou de linge, où il y eut du fang du bleffé. Il a cité pour témoins Charles I. roi d'Angleterre, & le

Porta, dans fa magie naturelle, liv.8.c.12. Il en attribuë l'invention à Paracelfe: elle eft dans le traité de unguento armario de Goclenius, qui dit que Paracelse a perfectionné, &non pas trouvé ce fecret. François Bacon chancelier d'Anglettere, & comte de Vérulama auffi donné la compofition de ce reméde dans fon ouvrage intitulé, fylva fylvarum. Centur. 10. n.998. Gaffendi en parte physic. part.1. lib.6. c.14.

[p] Le monde enchanté de Bekker, liv. 4.c.18.

46. De la pou

pathie.

duc de Buckingam, ce qu'il a déclaré à l'univerfité de Montpellier ; & il s'eft fondé, fur ce que cet effet n'a rien de plus furprenant, que de voir une pierre d'aiman remuée au-deffous d'une table, faire auffi remuer la limaille de fer, pofée sur cette table, & féparée de l'aiman par l'épaiffeur de la table.

La poudre de fympathie [9] ne fe die de fym met point fur la plaïe, non plus que cet onguent, mais fur un linge, ou fur une épée, où il y a du fang ou du pus. On tient la plaïe couverte d'un linge blanc on le léve touts les jours, & on féme fur la matiére qu'il emporte de la plaie, un peu de nouvelle poudre de fympathie: ce qu'on pratique juf qu'à une parfaite guérison. Il faut obferver de ne pas tenir le linge, où il y a du fang & de la poudre, dans un lieu trop chaud, parce que l'inflammation fe mettroit dans la plaie: il ne faut pas non plus que le lieu foit ni trop froid, ni trop humide. Cette poudre arrête les pertes de fang, appaife les douleurs de dents, foulage toute forte de douleurs, en quelque endroit du corps que ce foit, non pas en mettant de la poudre fur la partie, mais fur le fang qu'on en tire, & qu'on enveloppe dans un linge.

47.

de la pou

pathie.

Voici comment on prépare la pouaration dre de fympathie: on prend telle quandre de fym- tité que l'on veut de vitriol Romain vers la fin du mois de Juillet ou le commencement d'Août, c'est-à-dire, dans le temps que le foleil eft dans le figne du lion. On fait diffoudre ce vitriol dans de l'eau ; celle de pluie eft la meilleure; on filtre cette eau avec du papier brouillard: cela fait, on met cette eau fur un peu de feu, afin qu'elle s'évapore, & qu'on trouve au fond du

verre, le matin fuivant, le vetriol en petites pierres d'un très beau verd, qu'on expofe au foleil, afin qu'il s'y calcine & blanchiffe. On fait cette diffolution, filtration, coagulation, & calcination trois fois, pour rendre la fubftance du vitriol plus pure & plus homogéne. Aprés cela on expofe le tout aux raions du foleil, afin que le vitriol achève de fe calciner & blanchir parfaitement. Voilà ce qu'on appelle de la poudre de fympathie fimple. Si on la veut compofée, on y ajoûte moitié de gomme Arabique mife en une poudre prefque impalpable. On garde cette poudre dans une phiole de verre dans un lieu bien fec,parce que la moindre humidité remettroit la poudre en vitriol. Il y en a qui emploient le vitriol come il vient de chez le droguifte, & cependant ils s'en trouvent bien. On ne doit point toucher le vitriol avec un couteau, quand on prépare la poudre de fympathie, parce que les efprits du vitriol le portent avec beaucoup de facilité au fer, & que la poudre de fympathie fe trouveroit dépouillée de ces efprits volatiles, en quoi consiste toute fa force.

[g] Vallemont, phyfiq. occult. c. 9. [r] Vallemont dans fa phyfique occulte

48. De l'encre de fympa

Le fecret de l'encre de fympathie confifte [r] dans deux eaux de vertus différentes, qui étant très claires thie. féparément, deviennent opaques & de couleur fort brune, après qu'on les a mêlées enfemble. Elles fe compofent ainfi on fait bouillir pendant un demi quart d'heure, un demi feptier de vinaigre diftillé, dans lequel on a mis une once de litarge d'argent. C'eft la prémiére compofition: la feconde fe fait avec un morceau de chaux vive, & un peu d'orpiment qu'on fait infufer pendant vingt quatre heures dans

après Rohaut.

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