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naissance du phénix d'une maniére un peu différente: il dit que le prêtre du temple d'Héliopolis [], connoiffant l'arrivée du phénix chargé d'aromates, prépare le bûcher fur lequel cet oifeau merveilleux vient februler; que le prê tre d'Héliopolis le premier jour, trou.

excel

vedans fes cendres un ver lente odeur; que le fecond jour il le trouve changé en un petit oifeau; & que le troifiéme le nouveau phénix eft entiérement formé. S. Epiphane [d] rapporte à peu près les mêmes chofes. Rien n'eft plus précis que les témoignages de [e] Solin,de Pline, de S.Clément Romain [f], de S. Cyrille [g] fur cet oifeau incomparable.

On compte quatre apparitions du phénix, la prémiére fous Séfoftris, la feconde fous Amafis, la troifiéme fous un des Prolémées: Tacite [b] & Dion Caffius[] placent la quatriéme fous l'empire de Tibére; Solin [k] & Pline [7] fous la cenfure de Claude, l'an 800. de la fondation de Rome. Mais Pline ajoute que perfonne ne doutoit que ce ne fût un faux phénix.

Malgré toutes les autorités rapportées ci-dessus, Gefner, Aldobrandi, Bochart, Schott, le P. le Brun [m], & un grand nombre d'autres auteurs n'ont pas craint de rejetter comme entiérement faux tout ce qui regarde l'existence & les apparitions du phénix: & nous ne pouvions finir ce qui concerne les animaux par une opinion plus autorifée & plus fabuleuse.

[c] S. Petr. Damian, de bono religiofifta tûs, c. II.

[d] S. Epiphan.phyficlog. c.11. [e] Solin.c.33.Plin.lib.10.c.2.

[f] S.Clem. Rom.epift. ad Corinth. [g] S. Cyril. catech. 18.

[b] Tac.annal. lib. 6.

[i] Dio Caf. lib. 58.

SECTION IV.

Des Plantes.

Theophrafte & Diofcoride ont mis

plantes: parmi les Botaniftes modernes, Tournefort a acquis une grande réputation dans cette partie de l'histoire na tarelle.

42.

Les plantes'

animaux.

Anaxagore, Thalés, Pythagore, & Platon mettoient les plantes [a] au rang regardées des animaux, leur attribuant les fenti- comme des ments & les paffions de joie,& de triftel fe. Démocrite leur attribuoit même de l'intelligence.Empedocle diftinguoit en elles les deux fexes,ainfi que Mahomet depuis dans fon alcoran. L'opinion qui prend les plantes pour des animaux, paroîtra moins extraordinaire, fi l'on fait attention au peu de différence qui fe trouve entre les plantes & les coquillages.

La plante, qui porte le nom de l'agneau, en a l'antipatie contre le loup. Celle qu'on nomme vergogneufe fe refferre, quand l'homme approche, & s'étend, quand il s'éloigne. Le félénotrope eft tourné vers la lune [b], comme l'héliotrope vers le foleil.

La fympatie de la fleur héliorrope avec le foleil, eft caufée, parce que les raïons du foleil, en defféchant la tige du côté qu'ils la frappent, font qu'elle s'accourcit à caufe de l'évaporation des

[k] Solin.c. 33,
[1] Plin. lib.10. c. 2.

[m] Le pére le Brun, bift cririq.des pratiq. fuperftiti.p.69. fecond édit.

[a] Ariftot de plantis, lib.1.c.1. Galen, de hiftor philofophic.c.38.Diog.Laërt in Pythag

[b] Agrip.philof.occult.liv 1.ch.24.

43. De l'hélio

trope.

efprits qui s'en exhalent, & qu'elle fe courbe, comme une carte mouillée mife devant le feu où au foleil. Voilà tout le mystére qui a été l'objet des recherches des philofophes, des comparaifons des orateurs, des fictions des poëtes. Dans une ifle appellée Cimbubon[c], il y a une plante, dont les feuilles tombées à terre fe remuent d'elles-mêmes, & femblent se traîner en rampant. Elles ont de chaque côté deux efpèces de petits pies; une de ces plantes gardée huit jours dans une jatte, parut animée, & fe remuoit, toutes les fois qu'on y touchoit.

Les Rabbins [d] ont fait plufieurs Superftitions fur contes ridicules d'une plante, ou d'un quelques, animal,qu'ils ont appellé Jédua: Ils ont plantes. dit que cet animal étoit attaché à la terre par le nombril comme une citrouil le, & qu'il broutoit & dévoroit toute ce qui fe trouvoit autour de lui: qu'il e pouvoit être pris par les chaffeurs, à moins qu'ils ne coupallent fa tige d'un coup de fléche, & que fes os donnoient la connoiffance de l'avenir.

Dans la vallée [e] qui environne Macheron, on trouve du côté du feptentrion à l'endroit nommé Bara, une plante qui porte le même nom, & qui reffemble à une flamme. Elle jette fur le foir des raïons refplendiffants, & fe retire quand on veut la prendre. On ne

[c] Scalig.adv.Cardan.de fubtil exercitat. 112. Jonfion.thaumat.claffi 5.c.46.

[d] Ridicula divinatio Judæorum per Jaduim, cujus Rabini mentionem à Mose factam comminifcuntur. Deuter.c. 18. Levitic.c. 19. Nempe volunt fuiffe animal quoddam nomine Jedua, humanâ formâ, cujus ex umbilico medio funiculus propendebat, quo inftar cucurbitæ humo adhærefcebat, & quantùm funiculi longitudo patiebatur, circùm circà omnem ter ræ fructum depafcebatur: capi à venato

la fçauroit toucher fans mourir,à moins qu'on n'ait dans la main de la racine de la même plante;mais on a trouvé un autre moien de la cueillir fans péril. On creufe tout à l'entour, en forte qu'il ne refte qu'un peu de fa racine, & à cette racine qui refte, on attache un chien, qui voulant fuivre celui qui l'a attaché, arrache la plante, & meurt auffitôt, comme s'il rachetoit de fa vie celle de fon maître. Après cela on peutfans péril manier cette plante, & elle a la vertu de chaffer les démons, dès qu'on l'approche d'eux.

Le Dictamne [f], en le mettant feulement dans la bouche, fait fortir les traits reftés dans les bleffures.

· Cette vertu du Dictamne eft évidemment exaggérée. Les bons effets d'une plante ne peuvent s'étendre qu'à purifier une plaie, féparer les chairs vives des chairs corrompuës, & faire fortir ainfi les corps étrangers.

Lorfqu'Adonis fut mort

Venus

le coucha fur des laituës, par où la fable a voulu faire entendre, que cette plante éteint les feux de l'amour.

L'Aconit [g]eft un remède contre les poifons, mais lorsqu'il n'en rencontre aucun, il eft lui-même un poison trés nuifible.

Une dofe de Mandragore prife mo

déré

ribus non poffe ni fagittâ funis præfcindatur, tunc ftatim expirare; per ejus offa certo ritu in ore geftata, vaticinandi donum nactos homines. Delrius,difquifition. magicar.lib.4.c.2.queft.7.§.1.

[e] Jofeph, de la guerre contre les Rom. liv.7.ch. 3.

[f] Dictamnum tantum modo guftatum infixa tela decutit. Jul. Scalig, ad Cardan. de fubtil.exer.c.347.

[g] Jonfton.thanmat.claffi 5.c.2.

dérément, comme du poids environ d'une drachme, fait qu'on le croit doué d'une rare beauté ; fi l'on en prenoit davantage, comme le poids d'environ trois drachmes on tom. beroit en démence, & une dose encore plus forte causeroit la mort.

des lentilles, mord quelqu'un, cette morfure eft incurable.

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L'herbe [b] nommée Heleneion embellissoit les femmes, & rendoit gais, ceux qui en mettoient dans leur vin.

Ariftote a écrit [i], que fur les bords du Phafe, il croiffoit un arbriffeau, d'une telle vertu, que fi un mari en cueilloit une branche, & la mettoit dans le lit de fa femme, elle ne pouvoit jamais avoir de goût pour aucun autre homme, que pour lui.

Ceux qui le frottent avec de la ver. veine [k, obtiennent tout ce qu'ils défirent, chaffent les fiévres, fe font aimer de qui il leur plaît, & guériffent toute forte de maladies.

Je ne rapporte la plûpart de ces opinions, qu'à caufe de la réputation de ceux, dans les ouvrages defquels elles fe trouvent, pour faire connoître le génie & le style des anciens, ou pour quel qu'une des raifons, far lefquelles j'ai prévenu fuffisamment le lecteur.

Si vous mettez des feuilles de laurier [7] fur la peau de la tête, à l'endroit où l'on rafe la couronne des prêtres, & que Yous vous couchiez fur, le côté gauche, aïant la tête basse, la mémoire en fera très fortifiée.

On convient en général que les lentilles purifient le fang & font fort faines. Quelques naturaliftes cependant ont avancé, que fi un homme en mangeant Tom. II.

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1

[b] Plin.lib.21.c.21.

dans le dé

Le figuier []attendrit les viandes 45. 'Du figuier, lorfqu'on les met auprès de cet arbre, & de la poucomme feroit un tas de blé, ou du fel de tre coupée nitre, dont on les couvriroit. L'expé- cours. rience vérifie cette propriété du figuier auffi-bien que l'obfervation fuivante. Une poutre coupée dans le décours, ne fe corrompt jamais; fi elle a été coupée dans le croiffant, les vers s'y mettens bientôt.

On trouve dans le Pérou[n] une plante d'une vertu fingulière : on la nomme Coca; fafeuille mife dans la bouche, nourrit, & garantit de la faim, & de la foif.

De quel

merveil

leux.

Les Indes portent un arbre merveil leux [o], qui eft une efpéce de palmier, ques arbres qui fournit à toutes les néceffités de la vie. Les Indiens tirent leur boiffons du fuc qui en diftille; ils font du pain,& de l'huile de fon fruit, des vafes, des talles, & des culiéres de fon écorce; du fil, & des étoffes d'une petite peau qui eft fous l'écorce; les troncs, & les branches fervent à conftruire leurs maifons; les feuilles à couvrir les toits ; & les feuilles étant vertes fervent auffi de papier.

L'Aloë plante de l'Amérique[p],joint à touts ces différents ufages plufieurs excellentes propriétés medecinales.

Les feuilles du pin fauvage [ 9 ] tiennent jufqu'à une pinte & demie d'eau. On trouve dans le même arbre des refervoirs faits de maniére, qu'ils tiennent beaucoup d'eau: ils fe retreffiffent vers le haut, & fe ferment lorsqu'ils font pleins, pour empêcher l'évaporation de

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[n] Géorg, de Robbe, t. 2. liv. 2. ch.2. p.

[i] Ariftot.ap.Alox. ab Alex.genial, dier, 284. lib. 4. c. I.

[k] Plin.lib.25.c.9.

[1] Ex adfcriptis Alberto.

[m] Plutarch. Symposiac. lib. O, quaft, 10.

[o] Le même t.2.liv.3.ch.4.p.52. [p] M. Derham, théolog.phyfiq liv. 10. ch.10.p.591.

[g] Le même liv,10.ch.10.p.595.& suiv.

47.

l'eau. C'eft ainfi que dans les païs fu-
jets à une grande féchereffe, la nature
fupplée au défaut de l'eau.

Quand on coupe le bout d'un arbre
appellé Béjuco,il fort un jet d'eau claire
comme du chryftal, & en affez grande
quantité, pour en fournir fuffifamment
à fept ou huit perfonnes,& en avoir en-
core de refte. On tire le même ufage
d'une plante de la Jamaïque,que les An
glois appellent Watervvith,comme qui
diroit ofier d'eau. C'eft une espéce de
vigne, qui croît fur les montagnes, dans
les bois, & dans un terroir fi fec, qu'on
n'y rencontre prefque point d'eau. Lorf-
qu'on coupe la tige de cette plante par
piéces longues de deux ou trois aulnes,
& qu'on en tient un bout dans la bou-
che, il en diftille en abondance une eau
claire & fi bienfaifante, que le voïageur
ou le chaffeur eft entiérement reftauré
après en avoir bu. Quand on fait une in-
cifion dans le boulleau, au commence-
ment du printemps, avant que les feuil-
les foient épanouies, il en fort en abon-
dance un fuc doux,que les bergers pref-
fés de la foifont coutume de boire.

L'arbre trifte ne fleurit que la nuit, & perd fes fleurs au lever du foleil.

Le Geranium n'a une odeur fenfible, qu'après le foleil couché, & perd fon odeur, lorfque le foleil revient fur l'horizon.

On prévient l'yvresse [r]en avalant Moien de deux onces d'huile d'olive, avant une prévenir i'yvreffe. débauche.

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mouvement, & le développement qui fe fait par l'acroiffement des plantes an

nuelles comme des citrouilles.

L'Inde produit des figuiers, dont les feuilles ont trois aûnes de long.

Strabon [] parle d'un arbre des Indes, qui étendit fon ombre à cinq ftades[]en plein midi.

Pline [] reprefente un conful Ro main,régalant vingt-deux convives dans un platane de Lycie : & Caligula prenant un repas, lui quinzième, dans un autre arbre, près de Vélétri. Caligula nommoit ce repas, le feftin du nid.

3

Chriftophle Colomb, & quatorze hommes qui fe joignirent à lui, ne purent embraffer un arbre dans l'Améri que. Les François en trouvérent unen 1513. vers la riviére des Amazones,qui avoit plus de cent piés, de haut, dont foixante étoient fans branche, & préfentoient à la vûë une tige droite d'une rare beauté.

Pline [x]rapporte comme quelque chofe de confidérable que les corfaires deGermanie avoient au lieu de vaisseaux, des arbres creufés, où il tenoit jufqu'à trente hommes. Mais qu'eft-ce en com paraison [y] de ces arbres du Congo,qui étant creufés, font un canot où deux cents perfonnes peuvent fe placer?"

Une efpèce d'arbre, qui croit dansle Malabar, a pour Pordinaire cinquante piés de circonférence au tronc . On en voit un de cette efpéce dans la Cochin chine, qui a vécu, dit-on, deux mille ans. Ce qu'une nouvelle rélation de la Chine porté eft encore plus furprenant que dans la province de Suchu, il y a un arbre, qui couvre d'une feule de fes branches deux cents brebis, & que dans la province de Chekiang il y en a que Françoife.

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[u] Plin.lib.12.c.1.
[x] Plin.lib.16.c.40.

[y] Hift des plantes de Rai, ch.22.

49.

Soin d'Ho

les platanes.

quatre-vingts hommes peuvent à peine
embraffer.

Une efpéce d'arbre dans l'ifle des Bar-
bades croît jufqu'à la hauteur de trois
cents piés, fans avoir plus d'un pié & de
mi de diamètre, dans le plus épais de fa
tige. En Angleterre, dans la province
d'Oxford, il y a un chêne,dont l'ombre
peut couvrir trois cents quatre cava-
valiers, ou quatre mille trois cents foi-
xante-quatorze fantaffins.

Hortenfius arrofoit fes platanes de tenfius pour vin [z]; il s'eft trouvé parmi les Grecs & les Romains, d'autres perfonnes qui faifoient la même dépenfe pour la culture de cet arbre.

50.

portés en

Italie par

& autres Romains.

qu'on avoit auffi fait venir des meilleurs
terroirs de l'Afie. Les confuls, & les
généraux d'armées, qui faifoient appor-
ter ces fruits pour la prémiére fois, fe
faifoient un honneur de leur donner
leurs noms.

st.

Longue vie

Il y a des plantes, dont la vie eft fort longue. On prétend qu'on voit encore des plantes. près de Jérufalem, des oliviers du temps de Jefus-Chrift, & le térébinthe, fous lequel la fainte Vierge se repofa.

Au lieu où Abraham avoit demeuré [b]dans la vallée de Mambré, & où il avoit reçu trois anges, il y avoit encore dans le quatriéme fiécle de l'ére Chrétienne, un arbre de térebinthe, que ceux du païs difoient être là depuis le commencement du monde.

SECTION V.

Fruits ap-Lucullus fut le prémier [a], qui
après la guerre de Mitridate fit appor.
Lucullus ter en Italie des cerifiers du roïaume de
Pont. Jufques-là,les Romains n'avoient
eu dans leurs jardins que les herbes les
plus communes, & quelques légumes.
Mais après la conquête de la Gré-
ce, de l'Afie mineure, de la Syrie,
& de l'Afrique, on transporta en Italie
I'
toute forte de fruits. Les abricots fun'y a aucune partie de l'histoire na-

rent apportés d'Epire, les pefches de
Perfe, les citrons de Médie, les grena-
des de Carthage, les coins d'une ifle de
l'Archipel. Les abricots furent appellés
pommes d'Epire, les pefches pommes de
Perfe, les citrons pommes de Médie. Les
poires les plus délicates avoient été ti-
rées d'Alexandrie, de la Numidie, de la
Gréce, & de Numance: les meilleures
prunes de l'Arménie, de la Syrie, & de
Damas. On en avoit du temps de Né-
ron près de trente espéces différentes;
auffi bien que diverfes fortes de figues,

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Des Pierres.

turelle, fur laquelle il ait été débité un plus grand nombre de vertus ma. giques,de propriétés occultes, & autres opinions étranges, que fur celle qui concerne les pierres. Le faux Orphée, ou Onomacrite a décrit en vers Grecs les qualités des pierres.

Il confeille[a]à deux frères de por- 52. Opinions ter chacun une pierre d'aiman, pour fuperkimaintenir entr'eux l'amitié & la con- tieufes fur les pierres. corde fraternelle. Arnaud de Villeneuve [b] donne la même recette pour faire naître ou pour augmenter la tendresse & l'union maritale.

H 2

[6] Arnaldus Villanovenfis, in libro de regimine fanitatis, part.1. c.11. Scribit lapidem magnetem delatum conciliare augereque concordiam, inter virum & uxorem: quod repetit in libello, in quo adfcribit remedia contra maleficia. Tiraquell in leg. connub. 14,num,4.

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