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boëttés les uns dans les autres, & attachés par un gros muscle au dernier vertébre de la queue. Ils ont une articulation fort libre, & leur figure eft fort propre à produire du fon, à peu près comme les caftagnettes: de forte que le ferpent ne fçauroit le mouvoir, fans avertir de fa venue, par le bruit que fa queue fait. Il a des efpéces de poches, où il réferve des aliments pour fe nourrir, & où il cache même fes petits, lorfqu'il eft poursuivi.

Scaliger rapporte qu'il y a [b] dans l'Aquitaine une espéce d'araignée,dont le poison eft fi actif & fi pénétrant, que fi l'on marche par mégardé dessus cet infecte, le venin paffe au travers du foulier, & bleffe le pié. Il eft parlé dans l'histoire du Brefil, d'un poissen véni meux qui empoifonne par le plus fimple attouchement, & même on affure qu'il engourdit, & rend paralytique le pié du pêcheur, quelque bien chauffé qu'il foit.

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La torpille eft un poiffon, qui jamais ne péle guéres plus de dix huit livres ; duquel il fort une humeur froide,qu'on dit être la caufe de l'engourdiflement, qu'elle produit dans la main du pêcheur[], foit qu'il pêche à la main ou au filet. Cependant il y en a qui foutiennent qu'il faut la toucher immédiatement, pour expérimenter cet engourdiffement. Mathiole a écrit qu'il n'y a point d'homme qui ait le bras affez fort, pour qu'il puiffe long-temps Loutenir une torpille vive. Nonobftant ce venin on mange fa chair, &

[b] Scaliger,adv. Card, de fubtil.exercit. 186.

[c] Ex Indico mari torpedo atiam procul & a longinquo, vel fi haftâ virga que attingatur, quamvis prævalidos lacertos torpeicere, quamlibet ad curfum veloces pedes alligari. S. Ifidor.orig.l.12.c.6. [d] Ex adfcriptis Alberto.

Hippocrate en recommande quelque fois l'ufage.

à un

Il est marqué dans l'hiftoire, que Pamiral Tromp fut empoifonné par de la cervelle de chat. Si l'on coupe chat [d] les longs poils qu'il a autour de la gueule, il perd en même temps fa hardieffe & fon courage.

fur les b

Si l'on en croit Oppien, le polype Differentes. mange fes piés l'hyver [e], & ils lui remarques reviennent au printemps; l'ours ap- tes. paise auffi fa faim pendant l'hyver [f] en rongeant fes piés, lorfqu'il manque de proïe, & que la terre est couverte de neiges.

Le coucou mange les œufs qu'il trouve dans le nid du moineau [3], & met les fiens à la place: le femelle du moineau couve & nourrit ceux ducoucou, comme fi c'étoit les fiens.

Les perdrix fe volent leurs œufs les unes aux autres; mais les perdreaux[b] reconnoiffent leur mére à fon chant, & ils volent vers elle, en quittant celle qui les a couvés en fraude,

Les aigles élevés dans les airs à perte de vue, apperçoivent un petit poif fon dans le fond de l'eau,& s'élancent deffus d'un vol rapide [i]. Elles expofent leurs petits aux raïons du foleil n'élevant que ceux dont les yeux peuvent foutenir fes raïons.

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L'épervier refufe toute nourriture à fes petits, dès qu'il les voit en état de fubfifter de leur proïe. Il les chaffe luimême de leur nid, comme s'il appré hendoit qu'ils ne s'amolissent dans le repos. Pline [k] & Ariftote [7] té

[e] Oppian. depifcat. lib 2 v.244. [f] Id. de venat l.3.0.173. [g] Ariftot hift animant 1.6.c.7 Plin. lib. 10c9 Jonsten. thaumat.classi 6«c.10. [h] S Ifid. orig.4.12.0.7. [i] Id orig.l.12.c.7. [k] Plin loc.12.

moignent la même chofe des corbeaux. Les araignées n'aïant point de col, ce défaut eft réparé par la multitude des yeux [m]. Le chaméléon peut tourper les yeux de touts côtés, & même voir derrière lui, fans tourner la tête qu'il a attachée aux épaules. Il peut remuer un œil pendant que l'autre demeure immobile, lever un œil vers le ciel, & baiffer l'autre vers la terre. Leslimaçons pouffent leurs yeux à quelque diftance hors de la tête. Ils les ont placés au bout de quatre cornes, femblables à des taches d'encre, ajuftés aux extrémités des filaments noirs qui leur fervent de nerfs optiques, & qui font enfermés dans ces cornes comme dans autant de fourreaux.

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des chiens de chaffe. Lucien [9] fait mention de dragons apprivoifés qui étoient nourris par des femmes, & qui couchoient avec des enfants.

On connoît les meilleurs chiens d'une portée, enôtant à la mére touts fes petits, & les tranfportant un peu loin d'elle. Celui qu'elle rapporte le prémier est toujours le meilleur, & ainfi des autres par degré.

On a attribué au pivert une propriété finguliére. S'il fait fon nid [r] dans un arbre, unclou, ou toute autre chofe qui aura été fichée dans cet arbre, en tombe auffi-tôt, Pendant que les alcyons [s] font leurs nids fur les bords de la mer, elle eft tranquille, & les vents ne caufent pas la moindre agitation à fes flots.

La dent de fanglier [] brûle. Pline a écrit [u] que des dents de loups attachées aux cols des chevaux, les rendent vîtes & infatigables.

38.

Recettes

ridicu les.

Les recettes fuivantes joignent enfemble le faux & le ridicule. Le joueur fauffes & qui portera une dent de loup [x], avec le cœur d'une tourterelle, jouera heureufement.

Si vous portez fur vous l'oeil d'un chien noir [y], arraché à l'animal en vie, & que pour plus grande fure

G 2
Incubat Alcyone pendentibus æquore
nidis,

Tum via tuta maris.
Ovid. Metam. l.11. Plin. l.10. c.32. Jonston
thaumat. claffi 6.c.6.

[r] Oppian. de venat. lib.3.v.379. [u] Plin. l.28.c. 19.

[x] Dens lupi, cum turturis corde geftatus ludentem fortunare dicitur. Ex adfcriptis Alberto.

[y] Si nigro cani, dum vivit, alterum oculorum erueris, & tecum portaveris, faciet ne alii canes tibi adlatrent; fed ea res certior erit, fi quidpiam de lupi corde ei addideris. Memorabil, centuria povem › Centur, 9.§.23.

té vous y joigniez quelque morceau du cœur d'un loup, les chiens fe tairont devant vous.

Si l'on enterre un boïau de loup [z] fous de la terre ou du fable,après l'avoir roulé comme un peloton, on ne pourra contraindre les chevaux ni les beftiaux de paffer par ce chemin.

L'oifeau nommé porphyrion [a], avertit le mari de l'infidélité de fa femme. La loi de Moyfe défendoit [b] de manger cet oifeau.

Pline [c] rapporte ce qui étoit enfeigné comme un fecret par quelques perfonnes, que pour préferver un bâtiment de puces, il falloit y répandre un peu de terre prife fous le pié droit, la prémiére fois qu'on entend le chant du coucou.

Un homme bleffé d'un fcorpion fait [d] paffer le venin dans le corps d'un âne, en s'afféïant deffus tourné vers la queuë.

On fe fait aimer de tout le monde [e] en portant fur foi le cœur d'une hirondelle.

Pour acquerir l'amour d'un homme [f] ou d'une femme, aïez deux anneaux d'or ou d'argent, mettez-les dans des nids d'hirondelles, & les y Jaiffez pendant neuf jours, puis les puis les

[] Si ex lupi inteftino tefticulum feceris, & illum fub arenâ aut terrâ fepelieris, equos, & ovile pecus hâc tranfixe prohibebis, etiam fi fufte adigantur. Ex adfcriptis Alberto.

[a] Athen. Déspuof. liv.9.ch.9.
[b] Deuter. c.14. u.17.
[] Plin. 1.30.6.10.

[d] Percuffus a fcorpione, fi fuper afino rectus defideat, refpiciens ad caudam, pro ipfo dolebit afinus, & torquebitur. Curationis fignum erit, quod pe dendo emoriatur afinus. Momorabil, cengur. novem Centur.9.§.46.

[e] Diligent te omnes,fi cor hirundinis tecum habueris. Loc. citat, centur.§.48. [f] Ex adfcriptis Alberto.

ôtez, & donnez-en un à la perfonne dont vous voulez acquérir l'amitié, en retenant l'autre par devers vous. -Si l'on porte aux piés [g] un morceau de la peau d'une hyéne, on n'a rien à craindre des chiens, & ils reffentiront une extrême crainte.

Ondonne de l'averfion pour le vin[b] à un yvrogne, en lui faifant boire du vin dans lequel on ait fait mourir des an guilles.

Elien [i] obferve que le dragon de mer ne peut être tiré de l'eau fi l'on tâche de l'attirer de la main droite; mais qu'il fuit fans beaucoup de peine, quand on emploie la main gauche à cette pêche.

Suivant Démocrite [], en arrachant la langue d'une grenouille en vie, fans qu'il y tienne aucune autre partie, & rejettant la grenouille dans l'eau, fi l'on met cette langue fur l'endroit où palpite le cœur d'une femme endormie, elle répondra vrai à toutes les queftions qu'on lui fera.

Pline [/rapporte une autre opinion auffi extravagante; qu'en mettant le cœur d'un hibou fur la mammelle gau che d'une femme endormie, elle prononce à haute voix touts fes fecrets.

Le fuif ou la graiffe de liévre, fuivant Agrippa [m], mis fur la poitrine

[g] Oppian. de venat.l.3,v.278.
[b] S. Ifidor, orig.l.12.c.6.

[i] Cl. Elian histor animant. lib. 5.c.37. [k] Democritus quidem tradit, fi quis extrahat ranee viventi linguam, nullâ. aliâ corporis parte adhærente,ipsâque dimifsâ in aquam, imponat fupra cordis palpitationem mulieri dormienti, quæcunque interrogaverit, vera refponfu ram. Plin.l.33.c.5. Georg. Pictorii fermon. convival. l.1.

[1] Cor ejus [ bubonis ] impofitum mammæ mulieris dormientis finiftræ efficere, ut omnia fecreta pronunciet. Plin. 1.29.04.

· [m] Agripp. philof, occult.l.1.c.1 5.

39. Du Pélican.

de quelqu'un qui dort, fait le même effet.

La langue du chaméléon [n] arrachée à cet animal en vie, fait obtenir des jugements favorables, & elle fert à procurer des accouchements heureux;mais il faut prendre garde que le chaméléon n'entre dans la maifon, parce qu'il por

teroit malheur.

Pour faire [] combattre des gens qui font à table les uns contre les autres, prenez les quatre piés d'une taupe, & les mettez fur la nappe. On éteint l'ardeur d'un tempérament porté à l'amour [p], fi l'on fait mourir un lézard dans l'urine de cette perfonne, ou fi l'on mêle fon urine avec celle d'un chien. On eft beau pendant fept jours [9], après qu'on a mangé du liévre.

Il est difficile d'avoir une certitude entiére de ce que le très véridique Henri Corneille Agrippa nous apprend,que le pélican en mettant fon pié droit dans le fumier chaud pendant trois mois, fait renaître un autre pélican. Car quelque zéle que les naturaliftes nous faffent paroître pour faire des découvertes, on ne préfumera pas que ces philofophes fe foient mis à fuivre des pélicans avec affez d'exactitude, pour connoître une chofe fi finguliére. Dira-t-on qu'ils ont fait cette remarque fur des pélicans fauvages? Mais on fçait les grandes fatigues que caufe la chaffe aux oifeaux, quelles difficultés on trouve à les fuivre dans des païs coupés de haïes & de fof. fés. Cette chaffe n'eft rien en comparaifon du travail inconcevable de fuivre un

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pélican pendant toute la vie de cet of feau, pour connoître s'il ne met-le pié droit dans le fumier chaud, que lorfqu'il a deffein de fe renouveller, & trois mois auparavant; s'il ne met pas quelquefois dans le fumier chaud le pié gau. che,& quelquefois les deux piés. A-t-on vû ces philofophes naturalistes courir dans les champs à cheval, franchir les haies & les foffés, pour ne point perdre leur pélican de vie, & pour ne pas prendre le change, ce qui feroit perdre le fruit de la recherche la plus longue & la plus laborieufe? Ce qu'on peut dire de plus probable, c'est que les épreuves ont été faites fur des pélicans privés mais combien de difficultés fe préfentent encore? Car fi ces oifeaux étoient dans des cages, il n'eft pas poffible qu'on ait découvert cette propriété donc parle Agrippa. Il faut donc que le pélican fut privé & qu'il volât fur fa bonne foi; mais en ce cas là il aura fallu le fuivre. On ne nous dit point qu'il y eut plufieurs efclaves chargés de cette pénible commiffion afin que quand l'un dormoit, l'autre pût être à la fuite du pélican. On peut fe défier de la parcfle de ces efclaves, ou de l'infidélité de leur rapport. faudroit que les mêmes épreuves euffent été faites fur un grand nombre de pélicans, pour s'affurer que la découverte eft en eux une propriété ou au moins une habitude. Quelle attention & quelle dépenfe n'a-t-il donc pas fallu pour ce feul oifeau, qui eft une fi petite portion de la feule efpéce G 3

de cet empereur.

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Pulchrum quod vides effe noftrum regem,

Quem Syrum fua detulit propago, Venatus acit, & lepus comefus, Ex quo continuum capit leporem. Lamprid. in Alex. Sever.

C'eft apparemment ce jeu de mors, qui a fais

40.

Des falamandres.

volatile? Il peut naître de plus grandes difficultés encore fur les obfervations des naturaliftes, au fujet de ce qui fe paffe parmi les poiffons au fond des

mers.

Athénée [] demande comment Arif, tote a pû connoître ce qu'il dit du fommeil & de la nourriture des poiffons; fi quelqu'un pour l'en informer eft forti des antres de Protée ou de Nérée?

Nos derniers naturaliftes plus incré dules que les anciens, ont voulu connoître par leur propre expérience, la propriété attribuée à la falamandre,de vivre dans les flammes, & même de les éteindre.

Le chevalier Corvini [s] aïant jetté dans le feu une falamandre apportée des Indes, elle s'enfla d'abord, & vomit une matiére épaiffe & glaireufe qui éteignit les charbons voifins. Elle fe garantit de la violence du feu pendant deux heures, éteignant toujours les charbons de la même maniére,lorfqu'ils fe rallumoient, & elle vécut encore neuf mois depuis.

Albert le Grand avoit dit[ ] que la falamandre eft d'une nature fi froide, qu'elle éteint un petit feu, mais qu'elle eft confumée par un feu ardent.

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M.de Maupertuis [] voulant éprouver lui-même les deux propriétés attri buées aux falamandres, l'une de vivre dans les flammes, & même de les éteindre; l'autre de répandre le venin le plus dangereux, il jetta au feu plufieurs falamandres,dont la plupart y périrent d'abord, & dont quelques-unes étant forties à demi brûlées, ne purent foutenir une feconde épreuve. Quant à leur venin, il fit avaler par force à un chien un morceau de falamandre, & à un coq d'Inde une petite falamandre entiére, & ils ne s'en portérent pas plus mal.

41.

Le phénix [x]a été décrit de la grandeur de l'aigle, aïant un plumage doré Du phénix. & mêlé d'incarnat. S. Ifidore a écrit [y] que cet oifeau unique en fon efpéce vit plus de cinq cents ans, & que lorsqu'il fe fent proche de fa fin, il fait un nid de bois & de gommes aromatiques, qui lui fert de bucher, & il l'allume aux raïons du foleil par le battement de fes aîles. De fes cendres il naît un ver [z] dont il fort un autre phénix. Suivant Origéne [4], le prémier foin de l'oifeau renouvellé, eft de rendre les der niers devoirs à fon pére.

S. Damien [b] raconte la fin & la

Attollit criftatus apex, tenebrafque serenâ

Luce fecat, Tyrio tinguntur crura veneno. Claudian. de phoenic.

[y] Phoenix avis Arabiæ dicta, quod colorem puniceum habeat. Hæc quingentis ultra annis vivens, dum fe viderit fenuiffe, collectis aromatum virgultis, rogum fibi inftruit, & converfa ad radium folis, alarum plaufu, voluntarium fibi incendium nutrit, ficque iterùm de cineribus fuis refurgit.S.Ifidor. Hifpal.orig.l.12.c.7. [z] Jonfton.thaumat.claffi 6.c 27. [a] Orig.contr.Celf.liv 4.à la fin.

[b] S. Damien applique au phoenix, ces paroles de l'évangile de Š. Jean: Poteftatem habeo ponendi animam meam, & poteftatem habeo iterùm fumendi eam.Joann.

c. 10.

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