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Les bêtes s'accouplent fouvent avec des efpéces différentes. Les léopards & les malets viennent de ces fortes d'accouplements. Le dragon paffe pouren. gendré par l'aigle & la louve. L'autruche témoigne affez par fa figure', que fon origine doit être attribuée à l'accouplement de la femelle du chameau avec quelque volatile.

S. Ifidore dit que les gryphons [c] haiffent dans les froides montagnes de Scythie, qu'ils ont le corps d'un lion, la tête & les aîles d'un aigle, qu'ils déchirent & mettent en piéces les hommes & les [d] chevaux.

Ariftée de Proconnéfe [e] décrit les gryphons comme affez femblables aux lions, avec cette différence qu'ils ont le bec & le plumage des aigles.

Bayle rapporte qu'un gros rat s'eft accouplé avec une chate [f]; qu'ils ont fait des petics qui tenoient de l'une & de l'autre efpéce. On attache la nuit [g] des chiennes en chaleur dans les forêts, afin qu'étant couvertes par des tigres, elles faffent des chiens reffemblants aux -deux efpéces. Ces chiens font fi forts & fi courageux, qu'ils renverfent les lions corps à corps.

On lit dans Elien [b]qu'une brebis fit an lion, & dans Hérodote [] qu'une cavalle engendra un liévre.

Le crocodile croît autant de temps qu'il eft en vie[k]; il fort d'un œuf qui n'eft guéres plus gros que celui d'une oye. Il croît jufqu'à plus de dixfept

coudées.

[c] S. Ifider. orig. lib. 12.c.z.. [d] Jungentur jam gryphes equis, &c. Virg.

[e] Paufan, in Attic.

[f] Bayl.républ.des lent.Mars 1684 art.6. [g] S. idor, orig. lib. 1 2. c.2. Ariftot. hift. animant. lib. 8. c. 1.

[b] Cl. Elian.variar historiar.lib.1.c.29. i] Hérodot. Polymn.

[k] Hérodot, Enterp. Diod. Sic. lib. x.

28.

nature.

la

Elien raconte qu'il a vû en Egypte Productions un bœuf aïant cinq piés,& un veau cou- irréguliéleur de cire, de l'épaule duquel pendoit res de un pié qui lui étoit inutile à marcher, quoique bien formé d'ailleurs. Il parle au même endroit d'une gruë aïant deux têtes; d'un autre oifeau qui en avoir quatre; d'un cerf dont le bois étoit dou ble, & avoit quatre branches, qui fut confacré à Delphes par Nicocréon, & de quelques moutons qui avoient trois & quatre cornes.

Suivant le témoignage de plufieurs auteurs [m], le cheval de Jules Céfar avoit les piés de devant fendus & divifés en doigts comme ceux d'un homme. Cardan [] croit que c'eft un conte fait à plaifir,& que ce cheval n'auroit pas pû marcher, s'il avoit eu la corne fenduë.

Joniton [] remarque qu'il s'est trouvé des cerfs blancs, & qu'on a vû des biches qui avoient des bois comme des cerfs. Jules Scaliger a écrit [p] que de fon temps on prit une biche qui avoit une tête femblable à un cerf.

Jonfton dans fon hiftoire des animaux [q] à quatre piés, a décrit & repréfenté au naturel des figures de liévres cornus: & Varron [r] affure qu'il fe trouve des liévres blancs près des Alpes.

On donna à Agrippine un roffignol blanc, & une grive qui parloit mieux qu'un perroquet. On voit en Islande des corbeaux blancs [s], & des faucons de même couleur.

Dans [] le lac Loumont en Ecoffe, on pêche des poiffons qui n'ont point F 3

[1] Cl. Elian.hiftor,animant.lib.11.c.40, [m] Plin. lib. 8. c. 42. Solin. c. 45. Suet. in Jul. c. 61. Lycofthen. p. 214.

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[n] Cardan, de fubtilir. lib. 10.
[o] Jonfton. thaumat.claffi7.c.10.
[p] Scalig.de poët. lib. 3.

[q] Joann. Janfton, hifter, de quadrup
[r] Vary.dere ruftic. lib. 3. c. 12.
[s] Le Vayer géogr, du prince,ch 29.
[r] Atlas bijter.3.differt.fur l'Ecoffe,p.121,

de nageoires, & il s'y voit une ifle flot

tante.

Près du bourg de Gurac [], en Angoumois, il y a un gouffre ou fontaine dormante,vulgairement appellée le Gabard de Gurac. C'est un grand trou d'eau fort fpatieux, placé dans un ma. rais bourbeux, qui eft entre la petite riviére de Ronfenac, & celle de Lifonne, à un demi quart de lieuë de l'endroit où elles fe joignent. On y pêche quelquefois par curiofité, & l'on y prend quelques petits poiffons, qui font touts borgnes, & du même côté.

Ariftote [x] a parlé de poiffons volants, auprès de Babylone. Jules [y] Scaliger fait mention de chats volants, dans le Malabar, de poissons [z] volants, & de ferpents [a] ailés dans le roïaume de Narlingue.

Dans le Sénégal, il y a des fourmies blanches[b],& dans le Mango il y en a de rouges. Solin [c],& S.Ifidore [d] témoignent qu'on voit en Ethiopie des four-mies grandes comme des chiens: Hérodote[e]les compare à la grandeur des renards; & S. Ifidore ajoute [f], que lorf qu'elles trouvent des grains d'or dans le fable, elles veillent foigneufement à les garder, & poursuivent ceux qui les leur enlévent. Pomponius Mela rapporte les mêmes chofes [g], de la grandeur de ces fourmies, & de l'âpreté qu'elles

ont pour la poffeffion de l'or. Strabon parle [b] de fourmies ailées, qui portent des paillettes d'or dans leurs magafins.

Ariftée de Proconnéfe [] dit, que les gryphons gardent foigneufement l'or, que leur pais produit; & qu'à ce fujet, ils font continuellement en guerre avec les Arimafpes, efpéce d'hommes qui n'ont qu'un œil,

29.

La chouette vole l'or, & le cache; ce qui fait dire à Cicéron [k]: Il ne faut pas plus vous confier de l'or, qu'à une chouette. Et c'eft de là qu'eft venu le proverbe de voler comme une chouettę. Les éléphants pourfuivis par les chaffeurs [], caffent leurs dents, fçachant fur opinion bien que c'eft à caufe d'elles, qu'on les phans, les pourfuit. Ce qui eft apparemment auf- caftors & fi faux, que ce qui a été dit [m] des ca- de mer. ftors, qu'ils fe font eunuques d'un coup de dent, afin de fauver leurs vies à ce prix,

Oppien a dit avec auffi peu d'apparence de vérité, que le poiffon qu'on nomme la chienne de mer, lorsqu'elle voit fes petits en danger [7], les fait rentrer dans fon ventre, & les met au mon. de une feconde fois. On traite communément [o] de fable, tout ce que les naturaliftes ont dit des licornes de terre & de mer.

De Thou [p] rapporte qu'un oiseau

& les chiens

30.

Grandeut

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aimaux.

& force de des Indes Orientales,qui eft fans langue, certains a- avale du fer, du charbon, & de la glace. -Thévenot dans fes voiages parle d'une efpéce d'oifeaux monftrueux, qui en lévent de petits éléphants. L'hiftoire des Yncas fait mention d'un oiseau du Pérou, nommé le Cuntur, qui eft plus fort que l'aigle. Mare Polo allure que le roch oifeau de fifle de Madagascar enléve les éléphants dans les ferres.

3. Petiteffe

Jean Fabri académicien de Florence a donné la defcription [9] d'une baleine, qui s'échoua fur les côtes d'Italie en 1624. elle avoit la gueule filarge, qu'un homme à cheval y entroit.commodément... gl

Dans une autre extrémité de la na ture, la petitesse des animaux eft inconcevable. Nous en avons parlé [r], dans le chapitre de la physique. Pline dit [s] à ce fujet: Nous admirons les épaules des éléphants, qui portent des tours entiéres, le col & les cornes pleines de force des taureaux, les dents & les ongles des tigres, la crinière des lions, pendant que la nature n'eft jamais plus complette, que dans les plus petites chofes.

Les atomes vivants, que le micro inconcera cope nous a fait découvrir, ont des piés, ble d'autres des jambes, des os, des muscles, des animaux. tendons & des fibres dans chaque mus

cle, & des efprits animaux, ou des corpufcules dans leur fang extrémement fubtiles & déliés, pour remplir & faite mouvoir ces mufcles. Il n'eft pas poffible fans cela de concevoir qu'ils

vivent, qu'ils fe nourriffent, & qu'ils tranfportent leurs petits corps en différents lieux. Ils voient, car ils évi tent ce qui leur paroît nuisible dans leur chemin. Quelle doit être la subtilité des organes de leur vuë ! à quel excès de délicatesse doivent être réduites les espéces vifibles reçûës dans ces organes! L'imagination s'étonne, & fe perd en confidérant une fi étrange petiteffe.

32.

De la lon

maux.

Si ce qu'on dit de la longue vieilleffe de certains animaux eft véritable, la gueur de la durée de leur vie furpaffe de beaucoup vie des ani celle de l'homme. Suivant l'opinion [t] attribuée à Héfiode, une corneille vit neuf fois autant qu'un homme; un cerf [u] quatre fois autant qu'une corneille; un corbeau trois fois autant qu'un cerf; le phenix neuf fois autant qu'un corbeau; les nymphes dix fois autant que le phénix .

Le pére Daniel [*] rapporte que Charles VI. accompagna l'écu de France de deux cerfs pour fupports, parce que chaffant un jour dans la forêt de Senlis, il avoit pris un cerf, qui avoit un collier de cuivre, fur lequel on avoit gravé en mots latins, qu'il lui avoit été donné par Céfar. Le même hiftorien ajoûte que c'étoit indubitablement un des derniers Céfars. Roger Bacon, qui étoit né en 1214. témoigne qu'un cerf fut trouvé de fon temps avec un colier d'or, fur lequel on lifoit cette infcription : J'ai été mis dans cette forêt par Jules Céfar.

[9] Obfervat. curieuf. fur toutes les par magis quàm in minimis tota fit. Plin. lib. ties de la phyfig.t. x. p. 450. [r] Liv. 4. ch.2.

[] Turrigeros elephantorum miramur humeros, taurorumque colla, & truces in fublime jactus, tigrium rapinas,leonum jubas, cum rerum natura nufquam

11.6.2.

[] Ce paffage ne se trouve pas dans les buvrages, qui nous reflent d'Héfiode. [u] Oppian, de venat, lib. 2. v. 291. [ x ] Hift.de Fr, du P. Daniel dans le regne de Charl, VI.

Le ferpent, dit-on, rajeunit [y], en quittant la vieille peau. Si l'on coupe aux ferpents & aux lézards, la plus grande partie du corps, ils ne meurent pas pour cela, & les parties coupées fe rejoignent, ou fe reproduifent.

Le mouvement du cœur même arraché & coupé par morceaux [z], dure affez long-temps après la mort de l'animal. Cette élafticité eft beaucoup plus forte dans les animaux les plus froids, comme des tortuës, les grenouilles, & les reptiles. Vingt-trois jours après qu'on a tué la tortue, elle retire encore avec force fes piés de devant & de der riére, pour peu qu'on les pique, & elle fait d'autres mouvements.

Le chat & le liévre vivent environ dix ans; le chien quatorze & jusqu'à vingt; la perdrix vingt-cinq, l'âne tren

te;

le cheval vingt & jufqu'à cinquante. Ariftote dit [a] que la vie du cheval fe prolonge jufqu'à cinquante ans, quand il eft bien ménagé; Athénée [b] rapporte que des cavalles ont vécu juf qu'à foixante-dix ans. Pline [c] cite l'exemple d'un cheval, qui a vécu foixante-quinze ans. Flodoard a remarqué que Loup Aznard duc de Gascogne vers le milieu du dixième siècle, montoit un cheval âgé de cent ans, qui étoit encore beau & vigoureux.

J'ai parlé de la durée de la vie des bêtes, pour obferver que ce fujet, non plus que les autres, n'a pas été exemt des

[y] Anguibus exuitur veteri cum pel-
le fenectus. Ovid.

[x] Journ.des (fav. Juin 1731. p. 349.
[a] Ariftot. hifter. animant, lib.6.c.22.
[b] Athén. deipnof. lib. 8. c. 8.
[c] Plin. lib. 8.c.42.

[4] Lupi fenes facillime capiuntur, quafi vitam exofi. Memorabilium centuria novem, Centur. 1.0.17.

[e] Plin. lib. 10. c, 22.

[f] Scalig.adv.Card de fubtil.exerc. 240. LI Cl. Elian, hift, animal, lib. 16. c. 20.

opinions outrées, & des récits peu vraifemblables.

On a remarqué des morts volontaires parmi les bêtes, & on dit que les, vieux loups fe laiffent prendre ailément, comme s'ils étoient [d] ennuïés de vivre, & que parmi les oyes, quel ques-unes fe font mourir [e] elles-mê mes, enretenant leur refpiration, ensi

Les lions, les ferpents, & les cygnes [f] font en guerre avec leurs propres efpéces : le Monocéros de l'Inde [g] pacifique envers touts les autres animaux,ne fait la guerre qu'à fa propre ef péce, mâles indiftinctement & femelles

Le crocodile & le perroquet font les feuls [b] animaux, qui aïent la machoire d'en haut mobile.. La chauvefouris eft le feul des oifeaux, qui ait quatre piés, des dents, & du lait, & qui engendre fes petits envie.

en

33. Animaux

guerre

avec leur

propre elpéce.

34

Animaux

Il y a dans l'Amérique un oiseau [7],› qui eft fi lumineux dans les ténébres, lumineux qu'on s'en peut fervir la nuit pour li re. Le cocuyos [k] a quatre yeux, deux à la tête, & deux fous les ailes: ces yeux rendent une figrande lumiére pendant la nuit, que les habitants s'en fervent quelquefois comme de chandelles, pour s'éclairer. Suivant Saint lfidore [1], il y a des oiseaux en Allemagne, qui répandent affez de clarté,pour conduire les paffants, pendant la nuit.

Le chaméléon ne prend pas la couleur des chofes, fur lesquelles il fe

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35. Hirondelles

trouve, mais il change de couleur, fuivant les différentes qualités de l'air qui l'environne..

dant l'hyver.

L'hyéne aveugle de jour [m],voit clair dans les ténébres. Le cincon[2] petit oifeau du Méxique, moindre qu'un hanpeton, eft couvert d'un plumage charmant ; il fe nourrit de la rofée, & de l'odeur des fleurs ; & il s'attache à une branche d'arbre, où il s'endort au mois d'Octobre, & ne s'éveille qu'au mois d'Avril,

Les hirondelles en Suéde fe blotiffent bloties pen- fous la glace, pendant l'hyver, fe ferrant les unes contre les autres, & demeurent ainfi endormies[0], & demimortes, jufqu'à ce que le printemps les

Venins fort fubtiles.

ranime.

Guaguin [p Idans la defcription de la Mofcovie,rapporte que certains peuples de Ruffie meurent touts les ans vers le 27.de Novembre,comme des hirondelles & des grenouilles, & que vers le 24.A vril, le printemps les fait revivre. Scaliger[9] parle de ferpents ailés

Tom. II.

[m] Oppian. de venat. 1.3.v.269. [n] Géogr. de Robb. t.2.liv.5.ch 3.p 315.. [] Conglaciantur aquæ, fcopulis te condit hirundo:

Verberat egelidos garrula vere lacus. Pedo Albinov. de morte Mésœn..

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[p] Alexander Guaguinus in defcriptione Mofcoviæ,fcribit populos quofdam in Lucomoriâ regione Ruffiæ habitantes, quotannis vigefimâ feptimâ Novembris die, ut folent hirundines & ranæ, fic & iplos præ frigoris brumalis magnitudine mori poftea redeunte vere, vigefimâ quartâ Aprilis die, denuò revivifcere. Delrius,difquifition.magicar.1.2.quaft.29.§.2. [q] Jul. Scalig. adv Cardan. de fubtilit. exercit. 183.§.5.

[r] Jaculus ferpens volans, de quo Lucanus: jaculique volucres. S. Ifidor. orig. 1.12.64

Catoblepas caput prægrave ægrè ferens, dejectum femper in terram, alias internecio humani generis, omnibus, qui oculos ejus videre confeftim expirantibus.

qui tuent par leurs regards. Suivant plufieurs auteurs [r], les regards de quelques efpéces de ferpents, & entr'autres du bafilique font mortels Lucain [] dit du bafilique, qu'il eft fort redouté des autres ferpents & que fes fifflements les font fuir, avant qu'il paroiffe.

Les regards d'une courtifanne [+] font mourir le Porphyrion.

Oppien prétend que la voix du Caf tor [] fait mourir l'homme qui l'entend. Si l'on en croit Virgile [x], & quelques autres naturaliftes [y [, lorf qu'un homme eft apperçu le prémier par un loup, l'homme perd la voix : fi c'eft l'homme qui a vû le loup le pré mier, le loup devient immobile, & ne peut prendre la fuite. Scaliger [z] foutient qu'il eft faux, que la vûë du loup ôte la voix.

Le ferpent à queue fonante a des ef péces de [a] fonnettes à la queue: ces fonnettes ne font autre chofe › que des os ronds & creux, qui font emG

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Vulgus, & in vacuâ regnat bafilifcus arenâ. Lucan. 1.9.0.724.

[] Moritur Porphyrio, confpectâ me retrice. Jonfton, thaumat, classina stink [u] Oppian. de pifcat. lib. 1.0.400. [x] Vox fugit ipfa, lupi Morim videre priores. Virg.

[y] Lupus hominem videns prior, ei vocem præripit; fi autem fe prævifum fenferit,ferociam deponit, & currere nequit,Memorabil.centur.novem,centur.9.§ 28. [x] Scalig. adv. Card, de fubtil. exerc. 344.S.1.

[a] Vipera caudifona. Act, eruditor, Leipfik, Mars 1684, p.138.

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