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muer fon enfant au bout de quarante jours: fielle eft groffe d'une femelle, elle eft pâle, elle a des laffitudes dans les cuiffes, & ne fent remuer fon fruit qu'au bout de trois mois.

Lestranfactions philofophiques, ou journaux de l'Académie des fciences de Londres, portent que le nombre des enfants mâles excéde en tout païs celui des femelles. M. Grant qui a donné des réfléxions fur les régiftres des naiffan ces & des morts d'Angleterre, a mon tré que le nombre des mâles eft à celui des femelles, comme treize àdouze C'eft une remarque fort finguliére, fi elle eft véritable, que la nature [] fépare le jumeaux de différents féxes, par une membrane qui ne fe trouve point entre deux fréres ou deux fours.

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On lit dans la fainte écriture [u], que Thamar fe délivrant de deux jumeaux, l'un d'eux étendit la main le prémier, & la fage femme y attacha un ruban couleur de feu, pour le reconnoître; mais elle fut trompée dans fon attente, car ce jumeau qui avoit étendu la main, fe retira pour faire place à fon frère,qui fut l'aîné,& qui eut le nom de Pharés, le cadet fut appellé Zara.

Peut-on fe perfuader ce qui eft rapporté par Bayle, que l'an 1672, il y cut en Thuringe[x], près de Naumbourg, une femme de Meunier qui accoucha d'une fille qui fe trouva groffe? Cette fille fe portoit fort bien en naif fant, & étoit très bien conformée, à une enflure de ventre près, qui parut

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extraordinaire. Au bout de huit jours elle fut faifie de tranchées violentes; enfinelle fe délivra d'une petite fille qui étoit de la longueur du doigt, & parut tellement vivante, qu'on ne fit point fcrupule de la baptifer. Elle mou rut un jour après avec la mére, laiffant la femme du meunier en bonne fanté..

Théophrafte a écrit [y] que les fou ris concevoient quelquefois avant que de naître.

L'eau du Nil rend les femmes fi fécondes [z], qu'elles accouchent de fix ou même de fept[ a ] enfants à la fois. Ariftote raconte [b] qu'une Egyptienne eut en quatre couches vingt enfants, dont la plus grande partie vécut ; ce qui est confirmé par le jurifconfulte Paul.

On a mandé de Perpignan [ c ], que la femme d'un fellier de cette ville, étoit accouchée le dix d'Août 173 1. de cinq filles, lefquelles avoient été baptisées le lendemain; que quinze jours aupara vant, la fœur de cette femme étoit ac2 couchée de cinq garçons, dont quatre étoient encore en vie; & que leur mére qui avoit eu quinze enfants, en avoit mis au monde douze en trois couches.

Que peut-on penfer des faits fuivants? Hermentrude femme du comte Ifemberg d'Altorf [d], eut douze enfants d'une feule couche. Jean François Pic comte de la Mirandole [e], rapporte qu'une Allemande, nommée Dorothée, fit vingt enfants en deux couches, & qu'une autre Allemande en eut trente en quatre couches.

Mar

[6] Ariftoteles refert mulierem quatuor partubus viginti edidiffe, quorum major pars tupervixerit. Julius Paulus, 1.46. Digeftorum. Cardan.de rer. variet,1.8. [c] Merc. de Fr. Septemb.1731. [d]Cromer de orig. reb.geftis Polonor.l.11. [e] Joann. Franc, Pic, Mirandul, ap. Lycefthen.p.644.

xant-deux ans, eft accouchée le 17.
Février 1731. de deux garçons & d'une
fille.

Marguerite [] femme du comte Virboflas accoucha de trente-fix enfants à la fois. Caelius Rhodiginus [g] dit après Albert le Grand, qu'une femme avorta de vingt-deux enfants, une autre de foixante & dix, & une troifiéme de cent cinquante.

Vivés [b] raconte que Marguerite fille de Florent comte de Hollande accoucha à la fois de trois cents foixantecinq enfants. Les deux baffins & l'écriteau qui fe voient dans l'églife de Lofduynen, font les monuments de cet accouchement. Simon Van Leeuvven a réfuté cette hiftoire dans fon livre intitulé: L'ancienne Batavie.

Aventin [i] a écrit que Mathilde comtefle d'Henneberg fous l'empire de Fréderic II. fe délivra en même temps de quinze cent s enfantsqui furent baptifés par Othon évêque d'Utrecht. Cufpinien en réduit le nombre [k] à trois cents cinquante.

La femme de Jacques Béabrie Ecoffois [1], charpentier de vaiffeaux, demeurant à Edimbourg, âgée de plus de quatre-vingts ans, accoucha le 25. Décembre 1730. de trois enfants mâles, qui ont été baptifés, & qui fe portoient bien lorfqu'on en a donné l'avis .

On publia en 1676. qu'un homme de foixante & dix-fept ans avoit fait un enfant à une femme de quatre-vingt

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24. Change

Pline [] & Aulu-Gelle [o] ont attefté le changement de plufieurs filles mens de lé en garçons. Bodin [p] en a rapporté xe. plufieurs exemples. Le Loyer [q] a remarqué qu'une femme mariée changea de féxe, & devint auffi mâle que fon mari. Phlégon raconte [r] que Tiréfias aïant rencontré deux ferpents qui fraïoient,& en aïant blessé un,changea de féxe, & devint fille; mais qu'en aïant depuis rencontré deux autres, il en bleffa encore un, fuivant l'avertiffe ment de l'Oracle, & redevint garçon. Le même auteur [s] fait mention de plufieurs changements de féxe, dont il cite les temps & lescirconftances, & entr'autres d'une fille qui devint garçon fous l'empire de Claudius.

Oppien [1] obferve que l'hyéne change de féxe touts les ans. On lit dans Bayle [u], que deux religieufes dans deux convents près de Rome devinrent hommes. Riolan [x] tient qu'il n'y a rien en cela de fort extraordinaire, & que [y] ce n'eft pas un véritable changement de féxe.

Aux témoignages des naturalistes les poëtes ont joint leurs fictions Iphis [z] devint garçon le jour de fes nôces, fuivant Ovide; & Cénis [a], pour prix de la tendreffe qu'elle avoit témoignée à Neptune, obtint de changer de fexe.

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26.

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Iphis païa garçon [6], les vœux qu'il fit pucelle.

» Passant à Vitri-le-François, je pus voir » un homme que l'évêque de Soiffons a» voit nommé Germain en confirmation, lequel touts les habitants de là ont con» nu & vû fille jufqu'à l'âge de vingt» deux ans, nommée Marie. Il étoit à » cette heure là fort barbu & vieil & point » marić. Faisant, dit-il, quelque effort » en fautant, fes membres virils fe pro» duifirent, & eft encore en ufage entre » les filles de là une chanfon, par laquel » le elles s'entr'avertiffent de ne point fai» re de grandes enjambées, de peur de de» venir garçons, comme Marie Germain. Les loix reconnoiffent qu'il y a des Hermaphrodites; mais Riolan foutient qu'il ne s'en trouve aucun qui réiniffe les deux léxes parfaits, c'est-à-dire, qui puiffe engendrer à la manière des deux fexes.

Exemples

On a appris [d] de Réadings dans de forces le comté de Bercks, qu'on y voïoit acextraordi- tuellement un enfant âgé de cinq ans,

naires.

qui a déja cinq piés de haut. Il eft fils d'un païfan nommé Benjamin Loder. Cet enfant eft affez fort à cet âge pour porter deux cents foixante livres pe fant, pour lever d'une main un poids

[6] Eff. de Montagn. liv. 1. ch. 20.
[e]Vota puer folvit, quæ fœmina yo-
verat Iphis. Ovid.

[d] Gazette de France, du famedi 14. Juillet 1731. art. de Londres. Il en eft auffi parlé dans la Gazette de Hollande, environ dans le même temps; Mercure de France, Jail

de cent livres, & d'un doigt un poids. de cinquante livres. Je ne crois pas qu'aucun exemple de force prodigieufe rapporté par les anciens, puiffe être comparé à ce fait moderne, s'il eft bien avéré.

Milon de Crotone parcourut [e] toufes épaules un taureau de quatre ans, te la longueur d'un ftade, portant sur l'affomma d'un coup de poing, & le mangea tout entier dans la journée.

il

Phagon, au rapport de Vopifcus, mangeoit en un jour un fanglier, un mouton & un cochon de lait. Simon Majolus a vû [ƒ] un homme tenir en fa main une colonne de marbre, longue de trois piés & d'un pié de diamètre, qu'il jettoit en l'air, & enfuite la reccvoit dans les mains, la balottant comme fi c'eût été une boule ordinaire. Rhodamas de Mantouë, homme d'une petite ftature, rompoit un cable. Ernando Burg monta les degrés, portant un âne chargé de bois, & jetta l'âne avec fa charge dans le feu. Un nommé d'Ernauton [g], dans la maifon du comte de Foix, fit le même tour de force. M. Varro Rufticellus fut furnommé [b] Hercule pour avoir porté fon mulet.

A Conftantinople en 1582.un homme porta une pièce de bois que douze hommes pouvoient à peine foulever? Etant couché de fon long, il foutint une pierre fi pefante, que douze hommes pouvoient à peine la lui rouler fur le corps. Cardan a vû danfer un homme portant deux hommes entre

le 1731. journ. de Verdun. Août 1731. [] Solin.c. 1.

[f] Theol. phyfic. de M. Derham, liv, 5. ch.4.p.412. de la traduct

[g] Froiffard. vol. 3. ch.6. [4] Plin. lib. 7. c. 20.

fes bras, deux fur les épaules, & un fur fon col, Patacoua capitaine des Cofaques mettoit en piéces un fer de che val. Une femme des Païs-bas, grande comme un Géant, levoit une barique de bière de Hambourg. Guillaume de Fronsberg foulevoit un homme avec le doigt du milieu, il arrêtoit de la main un cheval au milieu de fa course, & il remuoit fans peine une pièce de canon. Un homme nommé Polydamas [i] arrétoit d'une main un chariot traîné par quatre chevaux ; & Pline [k] rapporte un fait femblable de Junius Valens capitaine de la garde d'Augufte.

SECTION III.

Des Animaux.

A partie de l'hiftoire naturelle qui concerne lesanimaux,& celle qui traite des plantes ont été les deux principaux objets des naturaliftes. Ariftote dans les recherches entreprises par les ordres d'Alexandre, & foutenues des dépenfes & de l'autorité de ce monarque, ne s'eft propofé que la partie de T'hiftoire naturelle qui regarde les animaux; & elle a été uniquement cultivée par les talents d'Oppien, & par l'application & la dépenfe d'Aldobrandi. Elien & Albert le Grand ont auffi compofé des hiftoires des animaux.

[i] Col. Rhodig. lib. 13. cap. 36. Jonfton. thaumat. claffi 10. c. 8.

[k] Plin. lib.7.c.20.
[a] Sunt qui cum claufo putrefacta eft
fpina fepulchro,

Mutari credunt humanas angue medul-
las. Ovid.

Merito evenit, ut ficut per ferpentem mors hominis, ita per hominis mortem ferpens. S. Ifid.orig. lib. 12. cap.4. [b] Virg. Georg. lib.4.

27.

De la géné.

Les naturalistes ne font point d'accord fur la génération des espéces. Plu- ration des fieurs ont tenu qu'une grande quantité animaux. d'animaux s'engendre de la corruption, comme le ferpent [a] de l'épine du dos de l'homme ; les abeilles de la chair [b] de veau; les efcarbots de celle de cheval; les fauterelles de celle de mulet; les guêpes de celle d'âne; & que le fcorpion [c] fort de la corruption du cancre. Origéne [d] & Plutarque [e] ont même avancé qu'il fe forme des corps vivants de la plûpart des corruptions.

C'est le fentiment de Simon Majolus, d'Olaiis Magnus, d'Eneas Sylvius, de Jean Munfter,de Porta, des péres Kircher & Delrio, de Gefner, d'Aldobrandi, de Jonston, & de plusieurs autres, que les macreufes naiffent de la pourriture des vaiffeaux; ils ont obfervé même qu'on en voit à demi-formées, qui tiennent encore aux plan ches pourries des vaiffeaux : plufieurs naturaliftes le nient; ils n'ont fait que renouveller le fentiment d'Albert le Grand [f], qui traite l'opinion contraire d'abfurde, & qui affure que les macreufes font engendrées & élevées à la maniére des autres oifeaux. Les naturalistes les plus modernes foutiennent qu'aucun animal ne fe forme de corruption, & que touts ont leur origino dans des germes de leurs efpéces, qui font d'une manière imperceptibile à nos F 2

[c] Concava littorei fi demas brachia cancri,

Scorpius exibit, caudâque minabitur uncâ. Ovid.

[d] Orig. contr. Celf. lib. 4.

[e] Plutarch.in Agi & Cleom.

[f] Et hoc omnino abfurdum eft, quia ego, & multi mecum de fociis vidimus ea & coïre, & ovare, & pullos nutrire Albert, Magn, de hift, animant, lib. 23.

fens, dans les lieux où nous les voïons naître. Ariftote, Cicéron & Pline difent que près du fleuve Hypanis, il fe forme de l'écorce des arbres, des oiseaux à quatre pates [g], appellés éphéméres, parce qu'ils ne vivent qu'un jour. D'autres naturaliftes ont dit que l'éphémére emploie le court efpace de fa vie à la propagation de fon efpéce [b]; que dès qu'il a quitté fon enveloppe, il vole fur la furface de l'eau; que la femelle laiffe tomber l'œuf fur cette furface, & qu'en même temps le mâle jette fa femence fur l'œuf. Si l'éphémère travail le à la propagation de fon efpéce dans le jour unique de fa vie, il l'emporte pour l'avantage de la fécondité la plus précoce, fur le bouc, qui, fuivant Elien [], eft propre à la génération dès le feptié me jour après fa naiffance.

· Hérodote [k], Aulu-Gelle [7] & Ariftote [m] obfervent que la lionne en toute la vie ne fait qu'un faon; Oppien [n], Philé[o] & Solin ont écrit ip] qu'à la prémiére portée elle a cinq lionceaux, & que le nombre en diminuë d'un à chaque portée fuivante.

C'est une opinion vulgaire, que les coqs pondent quelquefois de petits œufs fans jaune, que ces œufs couvés dans

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du fumier ou ailleurs, produisent le bafilique. M. de la Peyronnie [q] a prouvé que les petits œufs fans jaune ne peuvent être pondus par les coqs, & qu'ils viennent de quelque obftruction qui fe trouve dans les poules.

Combien d'auteurs ont dit [r] que les cavalles conçoivent quelquefois du vent feul, fans mâle? Varron [s], Columella [] & Solin [u] ont ob fervé que les poulains ainfi conçus ne paffent pas trois ans. Pline, S. Augutin & plufieurs autres ont mis ce fait au nombre de ceux qui font conftamment vrais, quoiqu'on n'en puiffe pas expliquer les caufes. Pline [x] fait la même obfervation fur la femelle du liévre, qu'elle peut engendrer fans fon mâle. On a pareillement avancé [y] que les perdrix conçoivent quelquefois fans mâle, & du vent feul. Pomponius Mela [z] a attribué à quelques femmes la même espéce de fécondité fans la compagnie d'aucun homme. Oppiën [a] & les naturaliftes modernes traitent de fable cette faculté d'engendrer fans la coopération des deux fexes.

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Exceptantque leves auras : & fæpe fine ullis

Conjugiis vento gravida (mirâbile diau)

Saxa per & fcopulos & depreffas convalles

Diffugiunt. Virg. Georg. lib. 3.
[s] Varr. de re ruftic, lib. 2.
[] Columell, de re ruftic, lib. 6.
[u] Solin.c.47-

[x] Utramque vim fingulis ineffe, & fine mare æque gignere. Plin lib. 8. c. 55. [y] Athénée, déipnofoph. liv. 9.c. 13. [x] Pompon. Mel lib. 3.

[a] Oppian.de venat. lib. 3. v. 355.
[b] 1d, de venas. lib. z. v. 195.

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