Page images
PDF
EPUB

2.

Indiennes

font avorter étant jeunes, & elles regardent comme une honte, d'avoir des enfants avant trente ans.

En Tartarie, les familles contraAtent des alliances imaginaires, en mariant ensemble des perfonnes mortes . Parmi les Sauromates [p], une fille ne pouvoit pas fe marier, qu'elle n'eût tué au moins un ennemi.

Les Indiennes [9]fe difputoient la brûlées avec gloire d'être brûlées dans le même buleurs époux. cher que leur époux. C'étoit une coû tume établie chez plufieurs peuples [r], qu'un mari étant mort, non feulement la plus cherie de fes femmes mais toutes les femmes étoient brûlées avec lui dans le même bucher. Cette coutume [s] s'obferve même encore aujourd'hui dans beaucoup de contrées des Indes..

[blocks in formation]

port de Diodore, & [#] d'Agatharchyde. La relation de Louis Barthéme portes, qu'en l'ifle de Java, il vit tuer touts ceux, que l'âge ou les incommodités mettoient hors d'état de travailler, & que leurs corps étoient exposés en vente, comme ici la viande de bou. cherie.

Dans l'ifle de Taprobane [], les vieillards à un certain âge étoient obligés de fe coucher fur une herbe venimeufe, qui les faifoit mourir fans douleur.

[ocr errors]

Les Algonquins [y] & quelques au tres nations de l'Amérique font auffi mourir leurs vieillards: & il y a un peuple, chez lequel on ne laiffe pas paffer trente ans aux femmes.

Dans la Colchide [z], on pendoit les morts à des arbres, les Egyptiens [a] les enterroient; les Romains les brûloient; les Péoniens les jettoient dans des étangs.

Les Hircaniens [b]les faifoient man. ger aux chiens; les Troglodytes leur jettoient des pierres, jufqu'à ce qu'ils en fuffent entiérement couverts.

Parmi les peuples de Chio [c], on piloit les cadavres dans un mortier, & on jettoit les cendres au vent; dans

lib.19. Pompon. Mel lib.2.

[] Ceremon.& coutum,religieuf.des pesples Idolát. r.4.

[t] Sext. Empiric.Pyrrhonianar. hypotypos. lib 3.c.24.Cl. Elian.variar.hiftor.lib.3.c.37 & lib.4.cap 1.Procop.de bell.Gothic.lib.2.c.14. [u] Agatharc. ap.Phot,biblioth.Cod. 250. [x] Diod Sic.l.2

[y] Le P. Laffiteau, meurs des Sauvages. Améric. compar.1.1.p.488.in 4.0

[2] Cl.Elian.var.hiftoriar.lib.4.cap.1. [a] Diog.Laert.in Pyrrhon.

[6] Sext, Empir. Pyrrhon. hypotyp. Lib zc. 24.

[] Stob.formon,122, de fepultura.

'

"

10. Des fune

railles.

la Sindie, la coutume étoit de jetter autant de poiffons dans le tombeau du défunt, qu'il avoit tué d'ennemis; les Phrygiens plaçoient les corps de leurs prêtres fur des bafes de pierres, comme des Statues. Les Nalamones enterroient leurs morts affis, [d], & prenoient bien garde, quand quelqu'un étoit prêt d'expirer, de le mettre en telle pofture, qu'il mourut affis & non pas couché.

Cicéron obferve [ ]qu'en Hircanie, c'étoient des chiens publics, qui dévoroient les corps de ceux qui mouroient parmi le peuple, mais que les perfonnes un peu aifées nourriffoient des chiens en particulier, afin que afin que lorfqu'ils mourroient, ces chiens fuffent tout prêts à les dévorer, & qu'ils eftimoient cette fépulture la meilleure

de toutes.

[blocks in formation]

Cicéron trouve [g] que l'ufage d'enterrer les corps & de les rendre ainfi à la terre, d'où ils font fortis, eft le plus ancien & le plus naturel de touts.

En Egypte, celui qu'on appelloit dif fecteur [b], qui ouvroit le côté du cadavre avec une pierre tranchante, afin qu'on pût l'embaumer, s'enfuioit auffitôt, & étoit poursuivi à coups de pierres, comme pour le punir de la violence qu'il avoit faite au défunt.

Les Sidoniens [i]mangeoient les corps de leurs parents, & en confervoient les têtes pour les dorer.

Quand quelqu'un a perdu fon pére [k] chez les Ifedons, fes parents lui aménent quantité de bétail, & lorsqu'ils l'ont immolé & coupé par morceaux, ils découpent tout de même le pére de celui qui les reçoit chez lui, & aïant mêlé ensemble toutes ces chairs, ils en compofent leur feftin; mais ils réfervent la tête du mort, qu'ils rafent & qu'ils pélent, le mieux qu'il leur eft poffible, & après cela ils l'enchafsent dans de l'or, & s'en font une idole, à qui ils adreffent touts les ans des facri fices.

Hérodote obferve que plufieurs peu ples des Indes mangent les corps de leurs parents par piété, & pour leur donner la plus honorable fépulture.

Darius aïant propofé aux Grecs [1], de manger les corps de leurs parents,

[blocks in formation]

& aux Indiens de les brûler, ces deux nations furent frappées d'une égale horreur .. Toute la Gréce néanmoins avoit donné des éloges à l'amour d'Artémife, qui l'avoit portée à avaler les cendres de fon mari.

Les Anficains vendent & étalent [m] la chair humaine. Les Brefiliens [#] fe - nourriffoient de chair humaine, mais -non pas de toute indiftin&ement; ils méprifoient la brutalité des autres antropophages pour eux, ils s'abftenoient de manger leurs ennemis, donnant la préférence à leurs amis, ou à leurs parents, ou au moins à leurs com-patriotes, afin de les préferver de la corruption & des vers.

Dans le Congo, les femmes [o] man gent fouvent les enfants, dont elles viennent d'accoucher.: 12

Le duc de Féria, ambassadeur d'Efpagne, propofa [p]aux Parifiens affiégés, de faire de la farine, des os du cimetière des Saints Innocents.

Les Perfes n'enterroient les morts [9] qu'après les avoir laiffé déchirer par les oifeaux & par les chiens.

Dans la Cafrerie [r], les funérailles étoient fuivies d'une cérémonie très fàcheufe: touts les parents du défunt étoient obligés de fe faire couper le petit doigt de la main gauche, pour le mettre auprès du mort; & les enfans, à la mammelle n'étoient pas exempts de cette contrainte.

A la mort [s] du grand Cham, les Tartares tuent touts ceux qu'ils ren contrent, pour aller, difent-ils,servir leur prince en l'autre monde, & ces funérailles ont fouvent coûté la vie à plus de dix mille perfonnes.

Si l'on en croit un autre auteur moderne [t], le peuple de Guinée, dans les funérailles de fon roi va de touts côtés tuer des filles, des femmes, & des garçons, pour fervir le prince défunt. L'ufage veut qu'on les tue par furprife. On enterre leurs corps avec celui du roi de Guinée, & l'on expofe leurs têtes autour du Maufolée.

C'étoit une ancienne coutume[u]des Scythes, atteftée par Hérodote,d'étrangler fur le corps de leur roi défunt, la plus chérie de fes femmes,& les plus honorables & néceffaires de fes officiers. En fon anniverfaire, ils tuoient cinquanté chevaux, montés de cinquante pages empalés jufqu'au gofier & les laiffoient ainfi plantés en parade autour de la tombe.

Chez une nation de la Louifianne,lorfqu'il meurt quelque chef de famille [x], on fait mourir avec lui touts fes domeftiques. Pendant les obféques du défunt, on paffe une longue corde au col de ces malheureux,qui commencent une espé ce de chant & de danfe, après quoi on ferre la corde, & ils meurent en tâchant de garder encore la cadence & la mesure des pas jufqu'au dernier foupir.

En

[blocks in formation]

En Albanie, on demande au dé funt quelle raifon il a eu de quitter la vie, aïant de quoi vivre, & une famille digne de fon eftime fi c'eft un homme de guerre, on lui demande pourquoi il s'eft laiffé vaincre par la mort, lui qui fçavoit fi bien combattre?

Les Payens mettoient fous la langue du défunt [y] une pièce de monnoie, pour le droit de paffage. Les Mofcovites mettent aux morts une pièce de monnoie dans la main, pour le droit de S. Pierre.

Les foldats Athéniens tués au fervice de la patrie [z] étoient portés avec pompe dans un monument public, au fauxbourg appellé le Céramique; & le perfonnage de la ville le plus illuftre faifoit leur oraifon funébre.

Quand quelque homme de qualité étoit mort à Rome, un de fes enfants ou de fes plus proches parents en faifoit l'éloge,dans la tribune aux harangues. Parmi nous, l'ufage des oraifons funébres a commencé par celle qui fut prononcée à la mort du Connétable du Guefclin en 1389.

A Rome, les Grands étoient enfevelis dans une toile incombuftible, pour empêcher que leurs cendres ne le mêlaffent à celles du bûcher. On mettoit dans les tombeaux des urnes lachrymales, ou de petits vafes, qui renfermoient les larmes,que leur mort avoit fait répandre.

Du tems de l'empereur Vefpafien

[merged small][merged small][ocr errors]
[ocr errors]

[a] on louoit dans les cérémonies fu nébres, des Pantomimes qui contrefaifoient les actions & les difcours du défunt. On avoit auffi des pleureufes [b] de profeffion. Une d'entr'elles conduifoit la bande. Elle présidoit durant la marche aux mouvements, aux geftes, aux grimaces, aux gémiflements de fes compagnes. C'étoit à elle de donner le ton, & de battre la mesure. On ne brûloit pas les enfants [c] qui mouroient, avant que les dents leur euffent percé.

[ocr errors][merged small]
[ocr errors]

S. Auguftin[e] dit, que toutes les pompes funébres fervent bien plûtôt à la vanité des vivants, qu'au repos des défunts. Les termes du teftament de Budé font remarquables. Je veulx être porté en terre de nuit & fans femonce, à une torche ou deux feule- » ment, & ne veulx être proclamé à l'églife, ne à la veille, ne alors que » je ferai inhumé, ne le lendemain : » car je n'approuvai jamais la coutu- ›› me des cérémonies lugubres & pom- ›› pes funèbres.... Je défends qu'on m'en faffle tant pour ce, que pour » autres chofes, qui ne fe peuvent fai- » Ddd

ments: Threnodæ, du mot Grec Opios • qui signifiegémissement Celle qui commandoit aux autres s'appelloit præfica.

[] Hominem priufquàm genito dente, cremari mos gentium non eft. Plin. lib. 7. c. 16.

[d] Journal d'Henri III.

[e] Proindè omnia ifta, curatio funeris conditio fepulturæ, pompe exequiarum, magis funt vivorum folatia,quam fubfidia

[ocr errors]
[ocr errors][ocr errors][ocr errors][ocr errors][ocr errors]

"

t

re fans fcandale; & fi je ne veulx,
qu'il y ait cérémonie funébre, ne autre
repréfentation, à l'entour du lieu où je
ferai enterré, le long de l'année de mon
trépas,parce qu'il me femble imitation
des Cenotaphes, dont les Gentils ont
anciennement ufé

[ocr errors]

On étoit autrefois tellement éloigné d'enterrer les corps morts dans les églifes, que dans toutes les permiffions accordées par S. Grégoire le grand pour en bâtir[f],il ajoûte toujours cette claufe:Pourvû qu'il foit bien affuré qu'au -cun cadavre n'a été inhumé en cet endroit.....

Le noir, parmi nous[g], eft la couDu deuil.lear du deuil; au roïaume de Pégu, c'eft de jaune; à la Chine, au Japon, &en Tartarie, c'eft le blanc; -le noir eft une couleur de réjouiffance.

trois prémiéres années, ils leur font redevables de leur confervation

La coutume en Grèce [k] étoit de couper les cheveux fur les tombeaut des perfonnes fort chéres,

La fainte écriture défend [7] de faire des incifions dans fa chair, en pleurant les morts.

C'est une ancienne coutume des Juifs de déchirer leurs vêtements [m], dans le deuil & dans l'affliction. Quelques Orientaux la pratiquent auffi. Les Juifs y apportent bien de la cérémonie; tantôt c'eft du haut en bas, & tantôt de bas en haut. La déchirure doit être de la longueur d'une palme.Quand elle fe fait dans la perte des parents, elle ne fe recoult point; mais dans la perte des autres perfonnes,elle fe recoult au bout de trente jours.C'eft, fuivant cette pratique, que Salomon a dit [n]: Qu'il y a un temps de déchirer, & un temps de recoudre; c'est-à-dire, temps de s'affliger & un temps de fe confoler. Le grand prêtre ne portoit

un

Numa [b] avoit réglé la durée du deuil à proportion de l'âge du défunt. Les Théréens ne portoient pas [1]le - deuil des enfants, qui mouroient a>vant fept ans, ni des hommes qui mou-jamais le deuil. Le chancelier de Fran- roient au delà de cinquante ceux-ci, ce ne porte jamais le deuil fur fa perparce qu'apparemment ils étoient cen- fonne, pour marquer l'obligation où il fés avoir affez veou: ceux-là, parce, eft,d'avoir plus de fermeté. qu'on ne les comptoit pas encore au nombre des vivants.

[ocr errors]

Le duc de Lorraine porta une gran1.de, barbe d'or [o], à la maniére des anciens Preux, au deuil du duc de Bourgogne.

Le deuil pour la mort d'un père, dure trois ans à la Chine: cette coutume eft fondée, fur ce que les en-: fants, jufqu'à l'âge de trois aus, ne vivent que par les foins de leurs parents, & qahu moins pendant ces

mortuorum.S.Aug.de civit. Dei, lib.x-t.12.
[f] Si nullum corpus ibi conftet huma-

tum.

[g] Dial, d'Orat. Tuber, de la philofophie Sceptig.

[b] Plutarch.in Numâ.

[i] Alex.ab Alex genial.dier.dib.3.c.7.
[k] Les Coëphores d'Efetryle, acte prémier

[ocr errors]

!

Les Egyptiens fe rafoient [p.]ies fourcils, pour le deuil des péres & méres. Le deuil d'une chienne étoit bien autrement folemnel: il ne de

[ocr errors]

miére.Jphigénie,en Tauride d'Euripide, afte 1.fcén.3.

[1] Et fuper mortuo,non incidetis catnem veftram.Levitic.c.19.v.28.

[m] Vigneul-Marville,tom.2.p. 52. [n] Tempus fcindendi,& tempus .confuendi.

[o] Chroniq. fcand, ann, 1476.

Etre de Sophocle, afte prémier, Scéne pré-p Herod, Enterp.

« PreviousContinue »