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rivée dans Rome, que le lendemain il falua touts ceux qui l'environnoient, & du fénat, & du peuple., en appellant chacun par fon nom.

Les prodiges, qui mettent une fi grande différence entre les opérations de l'entendement, font les plus dignes d'être obfervés. Les Naturaliftes n'ont pas recueilli moins foigneufement tou tes les productions irrégulières, & monstrueufes de la nature.

Ariftote appelle monftres,les défauts, les irrégularités, &, pour ainsi dire, les, prévarications [b]de la nature: & fur ce pié-là, il met la femme à la tête des monftres. Il adoucit à la vérité une fentence fi rigoureuse, lorsqu'il ajoute que cette défectuofité de la nature eft néceffaire à fa propagation. Les femmes peuvent être plûtôt traitées de monf tres, dans le fens des Sirénes par le danger de leurs charmes; mais il ne s'agit pas ici de cette efpéce de monftres. N'o mettons pas cependant ce que faint [i] Ifidore a dit du rinocéros,qu'il eft fi fort & fi vite à la courfe, que les chaffeurs ne pourroient jamais le prendre. Mais ils mettent à l'affût une belle fille, qui découvre la gorge quand elle apperçoit le rinocéros. Cet animal s'apprivoifant tout d'un coup, approche fa tête du

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fein de cette fille, qui le livre ainfi aux chaffeurs.

mes.

Une foule d'auteurs a rapporté qu'on 23. trouve dans les Indes des hommes à tê- monstrueuFigures tes de chiens, ou cynocéphales [k], qui fes d'homabboïent, des Cyclopes, Arimafpes,ou Monophthalmes [1], qui n'ont qu'un ceil;& des Ethiopiens [m], qui ont qua tre yeux; dans la Libye, les Blemmiens fans tête [#], qui ont la bouche & les yeux dans l'eftomac; dans l'Orient, des nations fans nez [•], d'autres qui ont la lévre fupérieure fi étenduë, qu'elle couvre tout le vifage, pour le garantir de l'ardeur du foleil; d'autres fans bouche [p], qui n'ont qu'une petite ouver ture propre à introduire les aliments avec des chalumeaux, ou fe nourif fants d'odeurs, d'autres qui ont les piés affez larges [9], pour mettre tout le corps a l'ombre; d'autres qui ont les piés ronds [r], comme des bœufs; en Scythie [], les Panotiens, qui ont les oreilles fi longues, qu'ils peuvent s'en envelopper, comme de manteaux; en Ethiopie, des peuples marchants à quatre pates, & qui ne paffent guéres quarante ans; d'autres qui fe traînent [], comme des ferpents; des Sciopodes, qui n'ont qu'une jambe, & qui font d'une viteffe prodigieufe à la courfe; en Scy

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Comme la politique fe forme, & l'expérience s'acquiert, par les fautes que l'on rencontre dans la lecture de T'hiftoire, il n'eft pas douteux, que la licence outrée des auteurs ne nous infpire une fage retenue, qui fufpende nos jugements: & c'eft un plan nouveau de défabufer les hommes de leur crédulité, en leur montrant dans quels excés les auteurs font tombés.

On n'aura pas de peine à fe perfuader, que les Efpagnols, les Portutugais, les Anglois, & les Hollandois qui ont parcouru toute la terre, & vifité les endroits mêmes, où l'on difoit qu'étoient ces hommes monftrueux, n'en ont découvert aucun veftige. Quant à l'autorité de S. Auguftin, dans l'endroit où il dit qu'il en a vû, le cardinal Baronius [z] obferve que le fermon de faint Auguftin, d'où ce paffage eft tiré, eft une piéce fup

[x] S. Ifidor. origin. l. 11.c.3.

[y] Corporibus hirtis, & avium ritu plumantibus. Aul,Gell.no.Atticar.1.9.c.4,

pofée. Il faut pourtant [a], que ces fables aïent eu quelque fondement, puifque tant d'auteurs graves ne les ont pas jugées indignes d'être rappor tées. Les uns ont tourné la chofe du côté de la métaphore; ils ont cru que les Acéphales, ou peuples fans tête, étoient des Sauvages, qui n'avoient aucune forme de gouvernement ni de loix pour fe conduire. D'autres ont remarqué que quelques hommes avoient le col fi court, & levoient fi haut les épaules, portant d'ailleurs de longs cheveux, que leurs têtes paroiffoient confondues avec leurs épaules. D'au tres ont imaginé que certains peuples avoient été nommés Acéphales, à caufe d'une maniére particuliére de fe vêtir; que les Sciopodes font des hommes, qui portent aux piés des efpéces de raquettes fort larges, pour marcher fur la neige : ce qui a fait dire que ces hommes n'avoient qu'une jambe, & que leur pié étoit affez large pour mettre tout leur corps à l'ombre; que les Monophthalmes, Arimafpes, ou Cyclopes, font des peuples, qui tirant continuellement de l'arc, ont un œil toujours fermé, & paroiffent ainfi n'en avoir qu'un; que les Cynocéphales, ou hommes à têtes de chien font vraisemblablement ces gros finges d'Afrique, dent parlent les voïageurs. Enfin les auteurs des relations ont fouvent parlé de figures d'hommes qu'ils n'ont apperçues que de loin, & qui ont été tracées dans leur imagination par la crainte, ou par quelqu'autre raifon inconnue, tout différemment de ce qu'elles étoient en effet.

Plufieurs auteurs des plus célébres

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[z] Baron.annal.t.4 ad ann. 382.383. [a] M. l'abbé Banier, dans le 5. tom de l'acad. des bell, lett.

[b] & des plus dignes de foi, ont parlé des hommes marins, des Tritons, Sirénes, &[e] Néréïdes. Saint Je rôme [d] paroît être perfuadé de l'exiftence des Centaures & des Sirénes. Il rapporte [] dans la vie de faint Paul hermite, que faint Antoine allant vifiter faint Paul rencontra d'abord un Centaure, & enfuite un Satyre, qui lui parla, & lui présenta des dates. Le cardinal Baronius croit que c'étoit un finge à qui Dieu permit de parler, comme autrefois à l'âneffe de Balaam.

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Paufanias [f] témoigne qu'un certain Euphemus aïant été jetté par la tempête, fur les côtes d'une ifle déferte, vit venir à lui des hommes fauvages tout velus, aïant des queues prefque auffi longues que celles des chevaux. Philoftrate [g]a écrit qu'un Satyre, pris dans l'Ethiopie avoit été apprivoifé, & rendu familier. On trouva un Satyre à Nymphée, près d'Apollonie [b], tel que les peintres, & les fculpteurs les repréfentent. Il fut amené à Sylla: il ne prononçoit aucune parole articulée, fa voix étoit un heurlement rude & fauvage, qui tenoit du hannif fement du cheval, & du cri du bouc.

Un Centaure trouvé en Arabie [i], fut envoïé à Céfar en Egypte, & le

[b] Theodor.Gaza, & Georg. Trapez.ap. Alex, ab Alex. genial, dier.l.3.c.8.

[] Spectata in eodem littore Nereis humanâ effigie.... Tiberio nunciatum eft, vifum & auditum canentem conchâ Tritonum, quâ nofcitur formâ. Plin. l.9.c.5.

Nereides & Tritones humanam fpeciem præ fe ferunt, neque fabula eft.Jul.Scalig. comment. in Aristot hiftor. animal. 1.2. p. 232. (Scaliger en cet endroit en rapporte plufieurs exemples tant anciens que modernes.)

[d] Multa in orbe monftra generata funt. Centauros & Sirenes in Ifaïà legimus. S. Hieronym,contr. Vigil.

changement d'air l'y aïant fait mourir, il fut embaumé, & tranfporté à Rome. Phlégon témoigne qu'on l'y voïoit dans le palais des Célars.

On prit une femme marine[k] en 1403 dans la mer de Hollande : elle fut portée à Harlem. On la revêtit d'habillement & elle s'accoutuma à les porter; elle apprit à filer, elle adora la croix, on la nourrit de pain & de lait, elle demeura toujours muette.

Le maréchal de Lavardin [1] amena à Henri le grand en 1599. un homme aïant une corne, & femblable à un Satyre, qui avoit été trouvé dans le païs du Maine.

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haut »

Voici l'extrait d'une lettre écrite [m] des Indes le 10. Janvier 1700. Le 19. Mai 1699. étant à la rade » de Batavia, je vis moi-même, fur » le London frégate Angloife qui venoit de Borneo, un de ces hom- » mes fauvages, qui n'avoit encore » que trois mois d'environ deux piés vert de poil, mais fort court enco- » re. Il avoit la tête ronde, & très » femblable à celle de l'homme, les yeux, une bouche, & un menton » un peu différents des nôtres pour " la figure Je n'ofe lui donner de " nez. Quand il fe couche, c'eft fur » E 3

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le côté, fur une des mains. Je lui ,, trouvai le pouls au bras, tel que nous Pavons. La taille de ces animaux,quand ils ont toute leur grandeur, égale cel le des plus grands hommes. M. Jean Flours capitaine du vaiffeau nous dit j qu'il en avoit tué un de trois balles. Ils ,, courent plus vite que les cerfs. Ils rompent dans les bois des branches d'ar , bres, dont ils fe fervent pour affom,, mer les paffants. Quand ils peuvent en tuer quelqu'un, ils lui fuccent le fang, qu'ils goûtent comme un breuvage de

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licieux,,.

Clouer dit [»] qu'il a vû dans un fleuve de Virginie, un monftre marin, qui parut avec une queue de poif. fon, mais aïant la tête, les bras, le vifage d'un Indien. On affure, qu'en 1671. fix perfonnes en virent un autre proche de la Martinique, lequel avoit les yeux un peu gros, le nez ca mus, le vifage plein, les cheveux plats & arrangés, mêlés de blanc & de noir, flotant fur le haut des épaules, avec une barbe grife, qui pendoit fur l'eftomac. La partie inférieure étoit terminée par une queuë large & fourchuë. Un acte dreffé devant les notaires du païs attefte le fait.

L'opinion de quelques auteurs a été, que le poiffon nommé aujourd'hui le Lamentin, étoit la Siréne des anciens. Lucréce rejette [o] l'exiftence des Centaures, comme impoffible; & Aulu

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Gelle traite[p] de fables tout ce qu'on a dit des Satyres, auffi-bien que des Cyclopes, & des Pygmées.

Quoiqu'on ait vû en plufieurs rencontres, des accouchements monftrueux, la plupart des faits fuivants ont bien plus l'air de fables, que de vérités. Une Romaine nommée Alcippe ac- Accouche coucha [q] d'un éléphant. Une efclave ments mon. d'un ferpent.

-Sous le confulat de Domitien & de Perilius Rufus, une femme dans la vil le de Trente [r], fit plufieurs ferpents

entortillés en rond.

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La temme[s]de Cornelius Gallicanus fe délivra à Rome d'un enfant aïant une tête d'Anubis.

On apporta [t] à Néron un enfant, qui avoit quatre têtes, & touts les autres membres quadruples.

Une femme [#] mit au monde une vipére. Une autre femme en Suiffe l'an

278.enfanta [x] unlion. Une autre dans le même païs, l'an 1290. accoucha d'un monftre aïant la tête d'un enfant [y], & le corps d'un lion.

L'an 1471. deux femmes en Italie[z] firent l'une un chien, l'autre un chat. Dans la Thuringe [a], en 1553. une femme mit au monde un crapaud à longue queue.

Un enfant naquit [b] avec la tête d'un éléphant ; & à Sinucffe un cochon de lait [c] avoit une tête hu maine,

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24.

ftrueux,

Au mois de Juin 1729, on publia à Paris, qu'une femme étoit accouchée d'un lion très bien formé. Il avoit des griffes aux quatre pates, & deux que yes,On attribua cet accouchement monstrueux, à ce que la mére avoit été voir le combat de lions & de taureaux, dans le commencement de fa groffefle. Il y a quelques années, qu'on apporta deux pigeons à l'académie, des fciences, avec de bons certificats des jurés & chirurgiens des lieux, qu'ils avoient été pondus par une femme; ce qui fe trouva faux,après une exacte recherche de la vérité.

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Une païfanne avoit [d] quatre mammelles, deux devant & deux derriére, vis-à-vis les unes des autres, & pleines de lait également. Elle vivoit en 164. & dans trois différentes couches, elle avoit eu des jumeaux, qui la tétoient des deux côtés.

Une femme de Sens [e ] aiant été ouverte après la mort, on trouva dans fon corps,une fille pétrifiée, après une grof feffe de vingt huit ans.

En l'année 15 31. il parut en Mifnie [f], un monftre aïant le vifage, & tout le corps d'un homme, à la réferve des piés & des griffes,qui étoient d'un aigle. Montagne [g] fait la defcription d'un enfant de quatorze mois au corps duquel étoit joint & attaché le corps d'un autre enfant fans tête. Lycofthéne [b]rapporte qu'en l'an

[d] Bayle republ. des lettr. Septemb. 1686.

... 3.

[e] Palquier. recherch, liv.6.ch.40.

[f] Conrad. Gefner.ap. Cardan, de fubriTit.l.18.

[g] Eff. de Montagn. liv.2.ch.30. [h] Lycofthen p.352.

[i] Id. p.521.

[k] Ariftot. degenerat, animal. 1.4.c.2.
[1] Cal. Rhodig. 1.14.c.8.

[m] Jacob Pontan. attic, bellar, part. 1. fyntagm. 3 c.14.

née 854. une femme Allemande accoucha d'un enfant aïant deux corps joints par l'épine du dos, l'un d'une figure humaine,l'autre de la forme d'un chien. Le même auteur témoigne [ i ], qu'ily avoit en Allemagne un homme d'un âge mur, à qui il fortoit du nombril une tête, qui avoit une bouche, dont il fe fervoit, quand il vouloit, pour prendre des aliments.

Ariftote a écrit [k], que dans les deux extrémités de l'âge, on fait plus communément des filles. Un enfant [1] de dix ans engroffa une jeune fille ; & les rois[m] Salomon & Achaz ont été péres à onze ans.

Pline [parle d'un païs, où les femmes ont des enfants à fept ans, & n'en paffent pas quarante. Solin [9] fait mention d'un autre païs, où les femmes deviennent, méres à cinq ans, & ne paffent pas huit ans.

On a dit que l'on connoiffoit [p] la groffeur du col, fi la virginité étoit entiére,

Suivant l'opinion de quelques naturaliftes [9], les femmes qui ont coutume de fe coucher fur le côté droit, font prefque toujours des enfants mâles. Quillet [rja compofé un poëme latin fort elegant où il indique plufieurs autres moïens d'avoir des enfants mâles, & bien conftitués.

Si une femme eft enceinte d'un mâle[s], fontein eft bon, & elle fent re

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