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lines & les féminines,en raifon de vingtcinq à vingt-quatre;mais il privoit bientôt la nature humaine de cette majeftueuse grandeur. Selon lui Noë avoit déja vingt piés de moins qu'Adam:Abra. ham n'en avoit plus que vingt-fept à vingt-huit: Moyfe fut réduit à treize, Hercule à dix, Alexandre le grand n'en avoit guéres que fix, Jules Céfar n'en avoit pas cinq

Les Siamois ont une doctrine allez conforme [g], à cette échelle chronologique. Ils croient que les hommes ont diminué de taille, à mesure que l'innocence des mœurs s'eft altérée,& qu'ils deviendront fi foibles & fi petits, qu'à peine auront-ils la hauteur d'un pié.

Des opinions auffi extraordinaires méritoient bien d'interrompre les exemples que nous citons des tailles gigantefque. Jofeph [b] parle des géants de la ville d'Hébron, & d'un géant de Judée, nommé Eleazar [i], haut de fept coudées, qui fut envoïé à l'empereur Tibére. Pufio & Secundilla du temps d'Augufte avoient [k] plus de dix piés. Il eft parlé dans Hérodote [des géants d'Egypte, & dans Pline [m], des géants d'Ethiopie. Ce dernier auteur[n]a écrit qu'on mena d'Arabie à l'empereur Claude un géant, nommé Gabbara, qui avoit neuf piés & neuf poulces.

Philoftrate [o] rapporte que les hom

Tom. II.

[g] Géremon, & coutum relig. des peupl. idol. c. 4.

[h] Jofeph.antiq.liv.5.c.2.

[i] Id. antiq. liv. 18. c. 6.

[k] Solin. c. 1.

[1] Hérodot, Euterp.

[m] Plin. lib. 6.c. 30. & lib. 7. c.2. [n] Id lib. 7.c.16. Solin. c. 1.

[o] Philoftr.de vitá Apollonii,lib.2.c. 2. [p] Pompon. Mel, lib. 3.

[q] Cref.indic ap.Phor,biblioth, Cod. 72: [r] Hérodor, lib.7.

mes qui habitent les bords du fleuve Indus,ont quatre ou cinq coudées de hauteur. Cette mefure qui revient à fix à fept piés, fait une taille élevée, mais non pas exceffive, par rapport aux nôtres. Pomponius Mela [p] décrit certains peuples des Indes, d'une fi grande taille, qu'ils fe fervent d'éléphants, comme de chevaux.

Ctefias [9] témoigne qu'il fe trouve des hommes de treize coudées parmiles Séres. Hérodote [r] fait mention d'un capitaine des troupes de Xerxés, qui avoit cinq coudées de hauteur. Paufanias [] donne à Aftérius dix coudées. Les héros de la guerre de Troïe [t] étoient des géants de dix coudées, fuivant Philoftrate: ce qui fe rapporte à la defcription que Virgile [] fait après Homére, de la force des guerriers de ce temps-là. Si l'on en croit Capitolin, l'empereur Maximin [x] avoit plus de huit piés . de haut. Florus dit du géant [y] Theutobochus qu'il étoit élevé par sa stature au-deffus des trophées. Gangés roi des Indes avoit dix coudées, au rapport de Philoftrate [z]; les corps des Aloïdes; fuivant le même autcur [4],avoient fept arpens de long.

On a cru que les tremblements du mont Gibel étoient, caufés, parce que Tryphée, & Encélade étoient enchaî nés fous cette montagne [b]où ils fai

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foient de temps en temps quelques ef. forts pour fe procurer du foulagement, en changeant le côté fur lequel ils étoient couchés.

Hérodote raconte [c] qu'un corps de fept coudées de long, aiant été trouvé dans la terre, l'opinion commune fut, que c'étoit le corps d'Orefte,

L'échelle chronologique d'Henrion n'eft pas peu utile, pour rendre croïable, ce qui eft rapporté par [a] Plutarque, qu'on déterra en Afrique le corps du géant Antée, qui avoit foixante coudées de long: ou ce qu'on lit dans Hérodote [], que dans la ville de Chemnis en Egypte, on mon

troit un foulier de Perfée de deux coudées de longueur. En Créte on trouva un cadavre de quarante-fix coudées [f], qui paffa pour être celui d'Orion. Enfin Phlegon de Tralle [g] donne cent coudées de longueur au corps de Macrofiris déterré dans une ifle près d'Athénes:ce qui furpaffe la taille attribuée à Adam lui-même dans l'échelle chronologique.

Riolan [b] explique ces témoignages de l'hiftoire, par des pierres femblables à des offements humains, qui étant trouvées de temps en temps dans les endroits où l'on fouille la terre, ont donné lieu de penfer qu'on y avoit enterré des cadavres d'une grandeur proportionnée à l'apparence de ces

Fama eft, Enceladi femuftum fulmi-
ne corpus

Urgeri mole hac, ingentemque infuper
Ætnam
Impofitam, ruptis flammam expirare
caminis:

Et feffum quoties mutat latus, intre

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offements. Ce même auteur prétend prouver que les hommes n'ont ja mais été plus grands qu'ils font aujourd'hui.

Plufieurs relations portent qu'on a trouvé [i] des hommes de dix à douze piés, dans le païs que Magellan a appellé la terre de feu, & que les habitants de l'ifle de Nicobar fituée dans le golphe de Bengale font d'une taille plus élevée de deux ou trois piés, que celle des plus grands hom→ mes, que nous aïons parmi nous.

La groffeur exceffive [k] de Chiapin Vicelli a rapport à ces tailles gigantefque. Il fe vit réduit à porter une bande attachée au col, pour foutenir fon ventre: & aïant pris la résolution de n'ufer que de vinaigre au lieu de vin, il diminua le poids de fon corps de quatrevingt-fept livres, & il s'enveloppoit dans la peau de fon ventre affaiffé, comme dans une cuiraffe.

L'hiftoire eccléfiaftique de Nicéphore [7] parle d'un Syrien, qui avoit cinq à fix coudées de hauteur; & Nicéphore attefte qu'il a vû luimême un géant pareil, dont la mére étoit fort petite. Au même endroit il eft fait mention d'un Egyptien né fous l'empire de Théodofe, qui n'étoit pas plus haut qu'une perdrix: ce qui eft auli rapporté par [m] Ly. cofthene.

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17.

Des Pygmées.

4

Ctéfias [2],Solin [0], Pomponius Mcla [pl,Athénée [9], Nonnofus [r], faint Auguftinsfaint Jérôme[t],& plufieurs autres auteurs font d'accord fur l'exiftence des Pygmées, fur leurs petites tailles, & fur leurs combats contre les grues. Ariftote furtout en paroît très perfuadé [u]:ce qu'on raconte des Pygmées, dit-il, n'eft point une fable, mais une vérité.

Pline détaille affez au long [x]ce qui regarde ce petit peuple, dont la taille n'excéde point trois empans, ou vingt sept poulces.La renommée public, fui. vant cet auteur, que pendant le printemps, les Pygmées vont en troupes, montés fur des béliers & fur des chèvres chercher les œufs & les petits des gruës, que cette expédition dure trois mois, qu'il n'y a que le dégât, qu'ils font pendant ce temps-là dans les nids de leurs ennemies, qui les met en état de leur ré fifter.

Philoftrate [7] les représente tenant des haches & des coignées pour couper les blés, qui font à leur égard comme des arbres de haute futaie.Ils s'enve

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loppent [z] de leurs barbes & de leurs chevelures,qu'ils ont fort épaiffes & fort longues. Les plus grands [4] n'ont que deux coudées, la taille la plus ordinaire parmi eux[b]eft d'une coudée & demie. Ils parlent la même langue, que les autres Indiens. Touts leurs beftiaux, boeufs, ânes, chevaux, & mulets [c] ne font pas plus grands que nos béliers. Hs font fort adroits à tirer de l'arc, & le roi des Indes en a toujours trois mille à fa garde. Ils chalfent les liévres, & les renards, non avec des chiens, mais avec des oifeaux, comme milans, aigles, corbeaux, & corneilles.

Ariftote place les Pygmées [d], vers les fources du Nil, Homére [e], dans le fond de l'Afrique, fur les bords de l'Océan. Bochard [f] croit que les Pygmées étoient une colonie de Nubiens, qui avoient quitté la terre ferme, pour s'établir dans une ifle voifine.Suivant Nonnofus, les Pygmées étoient noirs, & couverts de poil; ce qui a fait croire à quelques-uns, qu'on a pris des finges, pour les Pyg

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mées. Strabon a traité ce qu'on a dit des Pygmées,de pures fictions.

L'extréme petiteffe n'a pas toujours été renfermée dans le païs des Pygmées: le poëte Philitas Grec, & contemporain d'Hippocrate, étoit fi petit & leger [g, qu'on fut contraint de mettre du plomb à fes fouliers, de peur que le vent ne l'enlevât à touts moments. Archeftratus [b]mis dans une balance, fut trouvé du poids

De la lon-.

d'une obole.

Les hiftoriens prophanes n'ont pas gue vie des ignoré la longueur de la vie des paPatriarches.triarches: on lit dans [] Jofeph, qu'il eft conftant par le témoignage d'Héfiode, d'Hécatée, d'Hellanicus, d'Acufilaüs, d'Ephore, de Nicolas de Damas, que les anciens vivoient mille ans. Il cite encore fur le même fujet Manethon, qui avoit écrit T'hiftoire d'Egypte, Berofe qui avoit écrit celle de Chaldée, Mochus, Heftieüis, Jérôme l'Egyptien..

Saint Augustin [k] a réfuté l'opinion qui attribuoit ce qui eft écrit de la longue vie des Patriarches aux cour tes années, que les Egyptiens régloient autrefois fur une feule révolution de la lune. Ces anciennes années,qui étoient d'un mois [7], fuivant Pline, Diodore [m] de Sicile, Plutarque [n], & autres auteurs, ne doivent pas être appliquées aux autres peuples de la terre, ainsi que Varron l'avoit penfé, dont il a été repris par [o]Lactance. Si les années des Patriarches étoient les années d'une feule lune des Egyptiens, Malaléel qui engendra [p] Jared à

[] Jonton. thaumat claffi 10,c.8. [h] Athén.déipnof.liv.12.c.29. [i] Jofeph.antiq.liv.1.c.3.

[k] S.Aug de civit, Dei,lib. 1 5.c. 12. [1] Plin.lib.7,

[m] Diod. Sic. lib. 1.

foixante-cinq ans, & Jared qui étant âgé de foixante-deux ans, engendra Hénoc, auroient été péres à l'âge d'environ cinq ans. Aucuns des Patriar ches n'aïant atteint l'âge de mille ans, ils auroient moins vécu que la plûpart de leurs defcendants. Et ce qui ne peut laiffer fur ce fujet aucun doute, c'est qu'on lit dans l'écriture fainte, que Noë avoit fix cents ans, lorf que le déluge commença, & qu'il en avoit fix cents un, quand il fortit de l'arche; que [ 9 ] le dix - Teptiéme du fecond mois, le deluge commença; que le dix- feptiéme du feptième mois, l'arche fe repofa fur les montagnes d'Arménie; & que le prémier du dixième mois on apperçut la cime des montagnes. C'est un té. moignage incontestable [ ], que du temps des Patriarches, les temps étoient divifés en années, en mois, & en jours; & que ce qui fe dit d'une année , ne peut être entendu de l'efpace d'un mois. Il eft donc cer tain, que la vie de Mathufalem la plus longue de toutes, a été de neuf cents foixante & neuf années, de la longueur de celles, dont les Juifs fe font toujours fervis depuis le temps des Patriarches, avant que d'emploier les cycles & les intercalations [s], c'est à dire que les neuf cents foixanteneuf années de la vie de Mathufalem, ont été des années lunaires plus courtes que les nôtres, d'environ onze jours, & que ces neuf cents foixante-neufans reviennent environ à neuf cents quarante de nos années.

[n] Plutarch.in Num.
[o] Lactant.inftit,lib.z c.12,
[p] Gen.c.5.0.15. 18.
[g] Gen.c.7. 8.

[r] Bibl.de Sai, 1.p.232 in 80. [] V.le ch.de la chronol.liva.

19.

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Mais que peut on penfer de ce qui eft rapporté dans plufieurs hiftoriens, ou autres auteurs, qui font d'ailleurs très dignes de foi, au fujet de la longue vie de plufieurs perfonnes, depuis que le terme de la vie humaine a été accourci? Lorfque Dieu offenfé des iniquités des hommes, & déterminé à les punir par le déluge [, dit dans la Genéfe:,, Mon efprit ne demeura pas avec l'homme pour toujours, parce qu'il n'eft que chair; & le temps de l'homme ne fera plus que de fix vingts ans,,. Ces paroles fignifient, fuivant la plus grande partie des interprétes,& des commentateurs [u], qu'il n'y avoit plus que fix vingts ans de ce temps-là, jufqu'au déluge, & non pas que le terme le plus long de la vie de l'homme n'excéderoit pas à l'avenir fix vingts ans.

Epigéne avoit écrit que l'homme ne pouvoit atteindre à l'âge de cent vingtdeux ans [x], & Berofe avoit obfervé que la vie de l'homme ne pouvoit être prolongée que jufqu'à cent dix-fept ans. Mais on trouve plufieurs exemples Exemples de vieille de vieilleffes exaggérées beaucoup aufes fort exag-delà de ces termes. Car fans parler de la vieilleffe [y] de Tithon, dela Sibylle Erythrée [z], à qui l'on a donne mille ans de vie, de Neftor, qui a vu trois âges d'hommes, de Memnon [a], qui a régné pendant cinq âges d'hommes, de Tiréfias [b], qui a vû jufqu'à fept âges d'hommes;

gérées.

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les Séres vivoient communément trois cents ans, les Indiens cent trente ou cent quarante,ceux de l'ifle de Taprobane encore plus long-temps, & des relations modernes ont publié quelque chofe d'approchant, concernant les peuples du Japon,des ifles Molucques. de Java, & de Sumatra. Ctefias [c] parle de quelques nations des Indes, où il eft commun de vivre deux cents ans. Appien [d] attribuë une très longue vie aux Numides.Les Ethiopiens [e]ont été appellés Macrobies, parce qu'ils vivent beaucoup plus long-temps que les

autres hommes. Dans une nation de l'Etolie [f], il étoit ordinaire de vivre deux cents ans. Onéficrite & Simonide ont dit [g] que les Hyperboréens vivoient mille ans; & Pindare leur attribuë [b] le bonheur de ne connoître ni les maladies, ni la vieilleffe. Ceux du Brefil des Caraïbes arrivent communément à cent cinquante, & même à deux cents ans. Ceux de Jucatan & de la Floride vont encore plus loin.

Il eft rapporté dans la vie de Tamerlan, qu'un homme de la Sogdiane a vécu trois cents cinquante ans. Elmacin [i] a écrit que dans le feptiéme fiécle, un Perfan nommé Soliman a vécu deux cents cinquantefix ans, & felon d'autres trois cents cinquante ans. Damasthés témoigne [k], qu'un nommé Lutorius a vécu D 3

[c]Cref.ap.Plin.lib.7.c.z. ap.Phot.biblioth.

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