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de la longueur de deux poulces fur un demi-poulce de largeur. Il avoit fur la tête la figure d'une tête de mort, de la longueur de l'ongle, imitant parfaitement celles qu'on repréfente fur les ornements d'églife. Deux grandes ailes étoient marquetées, comme une espéce de drap mortuaire; tout le corps étoit couvert d'un duvet, ou poil bigarré de noir & de jaune, imi: tant affez bien le velours.

La remarque [s] d'Ariftote, & de Pline [], que les enfants ne rient jamais avant le quarantiéme jour [u], n'eft pas généralement vraie. Pline, [x], & Solin [y]obfervent que Zoroa ftre eft le feul qui ait ri le jour de fa naiffance.

- Les enfants dans le fein de leurs méres ne refpirent pas par la bouche; ils reçoivent l'air avec la nourriture par le nombril. Un phyficien madera ne [z]eftime que la circulation du fang dans le foetus, & dans les ani maux amphibies, n'eft pas caufée par l'air extérieur. Voici comment il s'en: explique Le cœur du fœtus, outre les quatre gros vaiffeaux ordinaires, a deux ouvertures, autravers defquels les le fang circule par de douces vibrations,fans avoir befoin du reffort de l'air extérieur, ni des organes de la refpiration. Dans les animaux amphibies,comme les caftors, loutres, cercelles, & autres, ces ouvertures ne le ferment jamais. Il fetrouve des hommes, à la vérité en fort petit nombre, dans lef quels elles ne fe ferment pas non plus

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Ces hommes peuvent vivre dans l'eau, &il eft impoffible de leur ôter la vie, env leur ferrant la gorge. Tels ont été les plongeurs celébres dont l'hiftoire fait mention.

Scyllias, au rapport d'Hérodote, plongea depuis la côte de Magnésie.. jufqu'en l'ide d'Eubée, pour porter aux Grecs la nouvelle du naufrage des Perfes. Hitraversa[:a] en nageant ene, › tre deux eaux, quatrevingts ftades ... Pontanus, Alexandre le Napolitain, &le pére Kircher ont parlé d'un Sici-: lien furnommé le poiffon Colas, [b], qui s'étoit accoutumé dès fa jeunelle à pefcher des huiores & du corail au fond de la mer, & qui devint fibon plongeur, qu'il demeuroit quelquefois quatre ou cinq jours fous l'eau, où il vivoit de poiffon crud. Il eut l'audace d'aller dans le gouffre de Charib de chercher une coupe d'or, que Fré déric roi de Sicile y avoit jettée ex-l près, comme un prix qu'il propofoit au plongeur. Colas demeura dans le gouffre prés de trois quarts d'heure & reparut avec la coupe à la mainusHɔ y defcendit une feconde fois, pour ga gner une bourfe pleine d'or, que le même roi y avoit jettée, mais il y refta englouti ou dévoré ne

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Les uns foutiennent que ceux à qui l'on perce le diaphragme d'un coup d'épée, meurent cu riant, c'eft-à-dire que leur bouche fedilate, comme quand on rit; les autres rejettent cette opinion comme contraire à l'expérience.

2.

On trouve fur le fens de la vue

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es extra

obferva

tions.

13. plufieurs remarques extraordinaires.La ordinaires, vie de Strabon le Sicilien portoit [c] du & autres promontoire de Lylibée en Sicile, juf qu'à la ville de Carthage, éloignée de cent trente-cinq milles ou environ quarante-cinq licuës,& il comptoit les vaiffeaux qui fortoient du port deCarthage. Les Gymnofophiftes regardoient fixement [d] le foleil. Il y a des femmes en Scythie [e] qui ont deux prunelles,& qui tuent par leurs ragards.

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Pline [f] fait mention de deux paires de gladiateurs qui avoient les paupiéres immobiles, de quelque coup qu'ils fuffent menacés: & il ajoute que cette intrépidité extraordinaire les rendoit invincibles.

Aulu-Gelle parle de certains peuples [g]qui voïoient mieux la nuit que le jour L'empereur Tibére [b] voïoit clair dans les ténébres pendant quelques moments après qu'il s'étoit éveil lé. Cardan [i] fe vante de la faculté de voir clair dans les ténébres.

Le docteur Brigs dit [k] qu'il a connu un homme d'un tempérament fort chaud, demeurant dans le comté de Bedford, qui au grand étonnement des affiftants, pouvoit lire une lettre d'un bout à l'autre, dans un lieu fi ub. cur, qu'à peine y pouvoit-on difcer,

[] Cicero tradidit fuiffe, qui pervideret centum & triginta quinque millia paffuum. Huic & nomen M. Varro reddidit Strabonem vocatum: folitum autem Punicio bello, è Lylibao Siciliæ promontorio, exeunte claffe è Carthaginis portu, etiam numerum navium dicere. Plin.lib.7.c.21 Val. Max lib.1.c.8. Solin.c.1.Cl. Elian variar. hiftoriar, lib.11.c.13.

[d] Plin.lib.7.c.2.

[e] Plin. lib, 7. c. 2. Solin. c. 6.:

[f] Contrà comminationem aliquam non connivebant, ob idque invicti. Plin. 2. 11. c. 37.

[g] Aul.Gell.lib.9.c.4.

[h] Suet.in Tiber, 68. Plin. lib. 11,6.37.

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ner la lettre. Ses yeux ne différoient en rien de ceux des autres hommes, fi ce n'eft que la prunelle étoit plus grande. Les chats ont la prunelle fendue en long [1], & non pas percée en rond; & cette forme la rend plus capable de recevoir une plus grande partie de raïons dans la foible lumiére de la nuit. Le docteur Willis leur attribue outre cela une lumiére qui fort de leurs yeux. Il rapporte à ce sujet, qu'il a connu un homme dont le cerveau étoit d'un tempérament fi chaud, qu'après avoir bû largement d'un vin fpiritueux, il pou voit lire diftinctement au milieu de la nuit dont la raifon lui paroît être,que les efprits animaux étoient comme enflammés, & qu'ainfi sortant de l'Iris,ils jettoient leur éclat à l'entour d'eux, par où ils éclairoient l'airtig

Suivant ce raisonnement, un cer veau fort vif & fort rempli d'efprits animaux dans un grand mouvement, devroit en s'éclairant lui-même, éclairer! auffi les autres. Il faut avouer que nous ne pouvons concevoir d'une maniére nette tout ce qui fe dit des efprits animaux, hien général [m] tout ce qui ne tombe point fous le fens.

Pline dit après Ariftote [], que dans les ports de mer perfonne ne

meurt

[i] Cardan.de rerum variet. lib.8.c. 43 [k] Theolog.phyfiq.de M. Derham, part. 1. lib. 4. ch. 2. p. 144.

[1] Hujus ufus eft oculi pupillam quafi jubare infolito illuminare, ut res noctu & in tenebris pofitas circumfpicere valeat; quare in fele plurimùm illuftris eft ; at ho mini, avibus, pifcibus prorfus deeft. vvillis de animâ brutorum, p. 1.c. 15.

[m] Naturæ verò rerum vis atque majeftas, in omnibus momentis fide caret. Plin.lib.7.c...

[n] His addit Ariftoteles nullum ani mal nifi æftu recedente expirare. Plin. lib. 2. c.98.

meurt que pendant le reflux. Cette opinion s'eft confervée depuis Ariftote jufqu'à nos jours. Les médecins des villes maritimes de France, d'Angleterre & de Hollande ont fuivi le fentiment ancien & général, fans faire attention aux expériences contraires. Un commiffaire de la marine de l'académie des fciences voulant confirmer l'autorité des anciens par la propre expérience, a prié les religieux de la Charité qui ont foin de l'hôspital de la marine à Brest, de marquer avec exactitude le moment précis où mouroient les malades qui leur étoient confiés: & par les regiftres qu'ils en ont tenus pendant les années 1727, 1728, & les fix premiers mois de 1729. Il est mort de flux deux hommes de plus que de jufant. Ce qui renverfe de fond en comble toute l'obfervation d'Ariftote. Le même commiffaire de la marihe a prié un médecin du roi de faire de pareilles obfervations dans l'hôpital de la marine à Rochefort; il les a auffi fait faire dans les hôpitaux de Quimper, de Léon & de Saint-Malo, & elles s'ac. cordent à prouver que les malades meurent également de flot & de jufant.

Les Européennes qui vont à Batavia [0], ont un lait fi falé, que les enfants n'en veulent point: il faut fe fervir de Négreffes pour les allaiter; apparemment la chaleur dilate les vaiffeaux def tinés à filtrer le lait, qui laiffent paffer des fels dont cette liqueur eft trop imprégnée:au lieu que les femmes du païs ont ces vaiffeaux plus étroits ou plus fermes, & moins capables de dilatation. Bartholin a obfervé que dans une famil

Tons. II.

[o] Hift. de l'acad, des scienc. ann. 1707. 1.10.

[P] Plutarch, de abftinentiâ animalium, lib. 1.

[q] Le Vayer, lettr. 63. & profe chagrine, part. 2. Patin.t. 1. lettr. 52.

[r] Ariftet, degenerat, animal. lib.4.c.4.

le Danoife les hommes avoient du lait, & Paolo Baccone raconte qu'un païsan natif d'un village près de Nocera dans l'Umbrie, aïant fait fuccer fes mammelles à fon enfant, après la mort de fa femme, il y vint du lait en abondance.

La conftruction du corps de l'homme, dit [p] Plutarque, & la figure de fa bouche, prouvent que la nature ne l'a pas fait pour fe nourrir de la chair des animaux. Il ne ressemble à aucune des bêtes carnaffiéres ; il n'a ni bec crochu, ni ongles pointus, ni dents aiguës, ni l'estomacauffi fort.Si tu foutiens le contraire, ajoute le même auteur, dévore un bœuf à belle dent, déchire un agneau, mords dans un fanglier vivant.

On a trouvé dans quelques cadavres [9] toutes les parties tranfpofées. Un fcélérat plein de fanté & de vigueur, que l'on pendit en 1630., avoit toutes les parties du corps dérangées de leur ordre naturel : le foie à gauche, la rate à droite, la pointe ducœur tournée à droite: & dans les inteftins & dans le ventricule, tout étoit hors de fa fituation ordinaire.

Ariftote [r] dit qu'on a remarqué plufieurs fois à l'ouverture des bêtes à quatre piés, que leur foie & leur rate avoient changé de côté.

On a trouvé dans quelques perfonnes des reins monftrueux [s],& qui avoient des figures furprenantes. Plufieurs ont vécu fans rate [], d'autres avoient une rate double. Le cœur d'une femme de cinquante-quatre ans, qui n'avoit jamais joui d'une bonne fanté [u], a été trouvé fans péricarde. Une fille d'auprès de Sens [x], qui mourut à l'âge de

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La même obfervation a été faite deux fois [y] dans deux perfonnes dont les cœurs doubles étoient renverlés. On a vû dans un enfant de cinq ans à Lyon [z], le cœur placé du côté droit, la pointe vers la mammelle droite. On a quelquefois trouvé [4] toutes les parties contenues dans la poitrine & dans le bas ventre déplacées: la bafe du cœur tournée vers le côté gauche; & la pointe vers le côté droit; le foie à gauche, la rate à droite. Tantôt c'est une artére[b], tantôt c'est la rate qui eft devenue offeufe. On a trouvé un os [c] dans le cœur du pape Urbain VIII. & de petits os formés dans un cerveau. Un bourgeois de Sedan fentit fes os [d] fe ramollir de manière à pouvoir prendre toute forte de figures, & il décrut fi fort, qu'après avoir été d'une taille ordinaire, il fe vit réduit à celle d'un enfant de deux ou trois ans.

Bayle rapporte qu'on a vu une fille [e] aiant par tout le corps des cornes femblables à celles d'un veau.

Fracaftor vint au monde fans bouche (f); les lévres étoient jointes; il fallut qu'un chirurgien les lui féparât avec un rafoir.

Artaxerxés roi de Perfe [g]eut le furnom de Longuemain, à caufe de la longueur extraordinaire de fes bras, qui étoit telle, qu'étant tout droit il pouvoit

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toucher fes genoux. Strabon remarque que ce roi fut le plus bel homme de fon temps quelques-uns ont entendu par le furnom de Longuemain l'étenduë de la puiffance & de la domination d'Artaxerxés.

Les naturalistes ont écrit qu'à trois ans la taille d'un enfant [b] eft la moitié de ce qu'elle doit être après qu'il aura achevé de croître.

Suivant les obfervations & les expériences faites en Angleterre, nous fommes plus grands le matin quand nous nous levons,que lorfque nous nous couchons le foir, parce que la fatigue de la journée affaifle & comprime le nerfs & les tendons des jointures, & le cours des efprits les dilate pendant le repos. Le P. Alegambe [i] témoigne que le Jéfuite Mariana mourut en 1624, après quatre-vingt-dix ans de la plus parfaite chafteté, d'où eft venu peut-être, ajoute cet hiftorien, que fes mains furent auffi fouples & maniables après fa mort, que s'il eût été en vie. J'avoue franchement, dit Maimbourg, que je ne vois pas la liaison de ces deux chofes .

Pline attribue [k] à la pudeur qui eft naturelle au fexe féminin, la caufe de ce qu'on a obfervé que les cadavres des femmes noices flottent fur le ventre, au lieu que ceux des hommes font renver fés fur le dos. Cœlius Rhodiginus en donne une autre raifon très naturelle, fçavoir, que les parties antérieures,

[b] In trimatu fuo, cuique dimidiam effe menfuram futuræ certum eft. Plin.lib.7. c. 16.

[i] Bayle dict, crit, not. C. fur Mariana.

[k] Scribit Plinius virorum cadavera Auitare fupina, fœminarum prona, velut pudori earum parcente naturâ. Verùm & & hoc naturali provenit ratione, quando mulierum antica pofticis longè pernof cuntur ponderofiora, uteri refpe&u & mammarum, quod in homine contra fit omnino, Cal, Rhodig, lib, 3. c. 10.

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comme le ventre & les mammelles font beaucoup plus charnues & plus pefan

tes dans les femmes.

Hippocrate [] dit qu'on trouvera prefque partout quelque conformité entre les mœurs des hommes, & la qualité des climats qu'ils habitent.

Ariftote tient [m] que les nations des païs chauds font plus ingénieufes, & celles des païs froids plus courageufes. Suivant Héraclite [n], dans les païs chauds & fecs, la conftitution des ames eft plus parfaite.

Les tempéraments des peuples, fuivant les différents climats n'ont pas changé. Vitruve, Tacite, Pline, Céfar, Strabon ont dépeint les Septentrionnaux robuftes, grands, fanguins, beaux, blancs, gaillards, velus, belliqueux, groffiers d'efprit, grands bûveurs, aïant la voix forte, fujets à la goute. Les Africains & Méridionnaux paroiffent n'avoir pas non plus changé, étant toujours petits, noiraux, maigres, crépus, fans poil, foibles, fobres, mélancholiques & fort fpirituels.

Huet [o] obferve cependant qu'il eft arrivé dans l'efpéce humaine des changements confiderables: que par exemple, il n'ya plus la même différence de la taille des Gaulois & des Allemands à celle des Romains, que

(1) Hippocr. de aëre, locis, & aquis. (m) Ariftot. polit. lib.7.c.7.

(n) Ubi terra eft ficca,anima fapien tiffima eft & optima. Heraclit, ap. Stanl. hift. philof. part. 8. in Heraclit. p. 836. Huetiana §. 12.

Huli are videmus populum Romanum orbem fubegifle terrarum, nifiarmorum exercitio, difciplinâ caftrorum, ufnque militiæ.Quid enim adverfùs Gallorum multitudinem paucitas Romana valuiffet? Quid adversùs Germanorum proceritatem brevitas potuiffet audere? Hif panos quidem non tantùm numero etiam viribus corporum noftris præftitiffe manifeftum eft. Afrorum dolis atque divi

fed

du temps de Jules Céfar. Végéce [p] a remarqué que les Romains n'étoient pas comparables aux Allemands pour la hauteur de la taille, ni aux Espagnols pour la force & la vigueur.

Les efprits paroiffent encore plus différents de ce qu'ils étoient autrefois, que les corps. Ces Athénes fçavantes & magnifiques ne font aujourd'hui que barbarie. Il femble que les Mufes aïent tranfporté leur féjour dans cette Hollande [9] décriée autrefois pour sa stupidité. Cicéron [r] dit des Gaules: Qu'y a-t-il de plus fauvage que ces païs? de plus impoli que ces villes de plus farouche que ces nations? Elles font aujourd'hui la fource de la liteffe & du bon goût. Mais cette différence des efprits ne doit être rapportée qu'à l'éducation.

po

Lucréce [s] prouve combien le climat influë fur notre tempérament, par les changements qui arrivent dans la fanté de ceux qui changent d'air & d'eau. Plutarque témoigne que ceux de la ville haute d'Athénes étoient de tout autre tempérament que ceux du port de Pirée.

C'est une obfervation finguliére que les Américains qui habitent les mêmes climats fous la Zone torride, que les Caffres & les Négres, au lieu d'être C 2

tiis femper impares fuimus. Græcorum artibus prudentiâque nos vinci nemo unquam dubitavit. Flav. Veget, de re militari, lib. 1. c. 1.

(q) On difeit en proverbe: auris Batava, Batavum ingenium, pour exprimer en efprit lourd groffier.

(r) Quid illis terris afperius? Quid incultius oppidis? Quid nationibus imma nius? Cic. orat, de provinc. confularib.

(s) Nonne vides etiàm cœli novitate & aquarum

Tentari, procul a patriâ quicunque domoque

Adveniunt, ideò quia longè difcrepat aër? Lucret. lib. 6.

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