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qui ont la vertu de fe renouveller, comme les vipéres & les ferpents, font mi fes par les médecins au nombre des plus excellents remédes.

C'eft fur le même principe des fympathies, qu'on a crû que l'huile de fcorpion fert de remède à fa piquure; que la plaie faite par un ferpent fe guérie en écrafant la tête deffus; la bleffure d'uncrocodile par fagraiffe; la morfu. ré d'un rat par fa chair mife en poudre; celle d'un chien par fa peau ou fa langue; celle d'un crapaud par une pierre qui fe trouve dans la tête.

Agrippa prétend[b]qu'une femme en mettant l'habit ou la chemife d'une autre femme debauchée, ou même en fe fervant de fon miroir, en contracte les vices. Il ajoute qu'un drap qui a fer vià des funérailles, répand une quali vé Saturnale & trifte, & que la chorde d'un pendu a auffi des propriétés fort

étendues...

Gaffendi [] rapporte un exemple d'antipathies dont il a été témoin. Un jour, dit-il, je vis avec furprife une troupe de pourceaux, qui en plein marehé fe mirent touts à gronder contre un boucher, & à le regarder d'un air de furie tant qu'il fut proche d'eux.On voit quelquefois dans les rues de Paris touts fes chiens fortit des maifons, & abboïer avec beaucoup de violence contre ces chiffonniers qui tachent de les attraper pour en avoir la peau. Or cette anti pathie vient de ce que le boucher & le chiffonnier font environnés des efprits des animaux qu'ils ont fraîchement tués: & comme ces corpufcules dont leurs habits fontemplis, ont été tirés

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[6] Agripp.philof occult.t.r.c.16. [c] Gallend.phyfic. part.1.lib.6.c.14. [d] Joann. Jonfton thaumatogr. natural, claffi 10.c.3. ani.z.

[e]Cal Rhodig.antiquar lection-1.3.c. 12. [f] Campanell, defenfu rerum lib 4.0.9.

avec force, & font par conféquent agités d'un mouvement extraordinaire ; ils fe portent avec violence fur les chiens & fur les pourceaux, & les heurtent! d'une manière qui produit en eux une fenfation defagréable.

C'eft la raison pour laquelle le fang d'un homme affafliné fe remet en mouvement, & coule de la plaie à la préfence du meurtrier, s'il eft vrai que cela arrive quelquefois, comme les loix: qui femblent y avoir quelque égard,le' fuppofent: & comme plufieurs auteurs [d] le rapportent. Cœlius Rhodiginus [] croit que l'écoulement du fang ne peut être excité par cette caufe que pen dant l'efpace de fept heures après la mort. Thomas Campanella rappor te [f] l'exemple d'un cadavre déterré par un orage, après avoir resté dans la terre pendant vingt jours qui jetta du fang à la préfence du

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9.

Des Pfylles & autres.

pére, ôta la vie à Garfias, avec le mê-me poignard dont Garhas avoit tué le cardinal Jean fon frére.

I

fentement dans un tonneau rempli d'afpics, de vipéres & de fcorpions ; & que touts ces animaux venimeux fe mirent auffi-tôt à le lécher & le careffer.

La fympathie ou antipathie attribuée à l'émiffion descorpufcules, est en quel-Les Hirpins [d], peuple d'Italie que forte la fourcegénérale de touts les étoient en réputation de marcher fur ,effets naturels. Jeifeu, fans en recevoir aucun dom mage, & fans en reffentir aucune dou̟Jeur.

Je paffe aux obfervations que les naturaliftes ont faites fur l'homme lui mê

me.

SECTION SECONDE.

Des Hommes.

PLine [z] en plufieurs endroits de

fon hiftoire naturelle, parle des races d'hommes finguliéres parmi les Pfylles, les Marfes, les Pariens, & dans l'ifle de Chypre, qui par leur at touchement guériffoient les bleffures des ferpents; qui éprouvoient: [b] la chafteté de leurs femmes, en expofant leurs enfants aux morfures des alpics & des vipéres, dont la falive étoit plus redoutée des ferpents, que l'eau bru lante, & il raconte [c] qu'un homme iffu d'une race qui avoit ces propriétés, nommé Hexagon, étant venu à Rome enqualité d'ambaffadeur des Chypriots, les Confuls pour éprouver eette yercų naturelle, le firent metre de fon con

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.

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Letificà dubios explorant afpide par tus. Lucan. 19. v 898.

[c] Plin. l.28.c.3.Peucer. de incantár, [d]Virgil. Æneid.l.11.Strab.las. Plin.l.y.c.2. [ε] Θαρσαλέοι Κελτὰ ποταμῷ ζηλήμης Prop •

Les Gaulois expofoient leurs enfants [e] fur le Rhin, & ne les reconnoil foient pour légitimes, que lorsqu'ils les voioient furnager. Ce qui eftatref té par plufieursauteurs, & entr'autres par l'empereur Julien [ƒ], qui avoit fait un long séjour dans les Gaules...

Marc Polo rapporte [g] qu'autre

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fois les rois de Géorgie venoient au monde avec l'empreinte d'une aigle für l'épaule droite. On a dit que les Soleu cides naiffoient touts avec une anche marquée sur la cuiffe. Que les enfants de Python de Nifibe apportoient furle corps la marque d'une hache que ceux de Sémés de Thébes avoient fur la peau la figure d'une lance. Que les Héraclides quirégnoient à Sparte { b ], étoient pareillement reconnoiffables par la figure d'une lance qu'ils avoient naturellement tracée fur la peau; & que les Atrides avoient une marque parti culiére à l'épaule

Pline [i], & Photius [k] témoi gnent que plufieurs hommesont à cer

B 2

Τέχνα ταλαντευεσι ξ ε πάρος εἰσὶ τυχίες
Πρὶν παὶν ἀθρήσωσι λελυμένον ὕδατι σεμνώ
Anthol. l.i. c 43. Epigr. 1.

"Et quos hafcentes explorat gurgite
Rhenus. Claudian.
[f] Julian. epift.16.

[g] Le Vayer des monftres, 1.2. in fol.p.327. [6] Σπαρτιάτας ή λόγχη γνωρίζει όμος Tus Hexomidas. S. Greg. Naz. epift. 139. ¦

[i] Hominum quoque capita velperti nis horis magno præsagio circumfulgent.

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[k] borishiblioth. cod.242.fi

10.

De la peti

cœur.

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Le cœur de Zuyngle [1] ne put pas être brulé. Il y a dans l'épine du dos, fuivant les Rabbins [m], un os qui ne peut être brulé, ni moulu, ni brifé İls difent qu'il eft la racine & la bafe de tout l'affemblage du corps humain, en forte que le cœur, le foie, le cerveau, touts les vertébres en tirent leur origine, & qu'il eft le germe de la réfurrection. Le gros orteil du pié droit de Pyrrhus, roi d'Epire [n], ne fut point endommagé par les flammes de fon bucher.

Ce même roi avoit au lieu de dents féparées, un os continu, qui s'étendoit d'un bout de la machoire à l'autre. Le fils de Prufias roi de Bithynie avoit [a]pareillement un feul os qui lui garniffoit la machoire à la place des dents. Drépétine [p] fille de Mithridate roi de Pont, avoit une double rangée de dents.

Le cœur de Richard I. roi d'Angleterteffe du re, furnommé cœur de lion, fut trouvé d'une groffeur extraordinaire. On a cependant regardé la petiteffe du cœur [9] comme une marque de générofité & de courage; & les naturaliftes en rendent cette raifon, qu'un

petit cœur [r]a plus de feu & de reffort.

Le cœur du connétable de Lefdi guiéres [s]fut trouvé fort petit & coul ronné de cartilages.

Celui de Léonidas roi des Lacédémoniens, qui fut tué au paffage des Thermopyles [ ] fut trouvé tout velu. On a dit auffi [#], que le cœur d'Ariftoméne [ ] Meffénien étoit couvert de poil, & que celui d'Hermogéne [y] fut trouvé velu & d'une groffeur extraordinaire.

Quelques anatomiftes ont nié ces faits [z], rejettant à cet égard, les témoignages de l'hiftoire, & foutenant que le cœur ne peut être couvert de poil.

Les Egyptiens [a] croïoient que le cœur de l'homme croiffoit touts les ans de deux drachmes, jufqu'à cinquante ans, & qu'après (o.ans, il diminuoit touts les ans fuivant la même proportion.

IT.

Les naturaliftes ont obfervé plu- Tempéra fieurs [b] fingularités de tempéra- ments fin ments. Une vieille femme d'Athénes guliers. avaloit du jus de ciguë, fans en être incommodée; Démophon maître d'hôtel d'Alexandre trembloit au foleil & fuoit à l'ombre; Athénagore Argien ne fentoit aucune douleur lorfqu'il étoit piqué par des ferpents; les Tintyrites race d'Egyptiens, ne

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,

recevoient aucun dommage des morfûres des crocodiles; certains peuples d'Ethiopie, qui habitoient les bords de l'Hydafpe mangeoient les animaux les plus venimeux; l'ellébore qui caufe aux hommes de fi grands efforts de vomiffements, ne faifoit aucun effet fur Rufin citoïen de Calcis; au lieu que quelques grains de poivre caufoient, à Chryferme des palpitations de cœur, qui le mettoient en danger de mourir, & que le chirurgien Sotericus ne pouvoit fentir quelques fortes de légumes, fans avoir un violent accès de cholique; Andron d'Argos étoit fi peu fujet à la foif, qu'il traversoit les déferts les plus arides de Libye, fans avoir befoin de boire.

Une fille s'étoit fi bien accoutumée à fe nourrir de poifons [e], qu'ils ne lui faifoient aucun mal, & qu'elle étoit devenue elle-même un poifon très fubtil.

Mithridate en fe familiarifant [d] avec les poifons, fe mit hors d'état d'en recevoir aucune atteinte,

On a vu à Paris un Perfan [e], qui s'otoit, quand il vouloit, fept ou huit dents de la bouche, & les remettoit avec la même facilité. On lit dans l'hiftoire ? que l'empereur Juftinien avoit les oreilles mobiles, ce qui le fit traiter d'âne, par la fac tion verte, qui divifoit alors Conftan tinople, & qui étoit contraire à la faction bleue, dont l'empereur étoit chef. On a vû des hommes, qui remuoient fleurs cheveux

[c] Ariftor. ap.Cat, Rhodig. lib. 11, C13. [d]Profecit poto Mithridates fæpe ve

'neno,

Toxica ne poflent fæva nocere fibi.i [e] Hift.del'acad.des fcienc ann. 1712p.24. [f] Cardan.de res.variet. lib.8.c 43. [g] S. Aug.de civit.Dei, lib. 14.c.24.6ap.

S.Auguftin [g] raconte que quelques hommes remuoient les deux oreilles ou une feule; que d'autres faifoient fortir de leur eftomac comme d'un fae, les morceaux qu'ils avoient avalés, & en tiroient feulement ceux qu'ils vou. loient; que d'autres fuoient, quand il leur plaifoit. Il fait mention d'un prêtre nommé Reftitutus, qui fe jettoit lui même dans une fi grande létargie, qu'il n'avoit aucun fentiment, & que le feu ne faifoit fur luiaucune impreffion, fi ce n'eft par la douleur qui reftoit dans les membres brulés, après qu'il s'étoit réveillé de fon afsoupiffement.

L'auteur des le ttres concernant M.

l'abbé Befcherant, parle d'un Espagnol, qui fçavoit lancér, pour ainfi dire, hors de fa tête an de les yeux, faifant rentrer l'autre œil auffi avant en profondeur.

Louis II. roi de Hongrie, qui fut tué à la bataille de Moachs, avoit de la barbe à 15.ans,& les cheveux blancs à dix-huit.

Antonia femme de Drufus [b] ne crachoit jamais. La fueur d'Alexandre [] fentoit bon, & fes vêtements en étoient remplis de bonne odeur comme s'ils euffent été parfumés.

Hippocrate [k] enfeigne, que l'hom me devient eunuque dès qu'on lui a coupé la veine qui eft derrière l'oreille.

a

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12.

de blan

François de Gonzague duc de Mantoue [4] aiant condamné un de fes Exemples parents à mort, & à être préalable. cheurs fur ment appliqué à la question, il apprit bitement. que les cheveux du condamné étoient B 3

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venuës fu

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Il y a une communication fi intime du cerveau de la mére à celui de l'enfant qui eft dans fon fein, qu'il reçoit les mêmes impreffions des objets, &eft agité des mêmes paffions: & comme les fibres de l'enfant font extrémément délicates, les efprits animaux de la mé re y impriment fouvent des traces vifi bles qui ne s'effacent jamais.com gì

Marie Stuart étant groffede Jac qués 1. vit tuer un favori en fa préfen ce, la fraïeur qu'elle en eat, fit une fi vive impreffion dans fon imagination, que le roi Jacques I. fon fils eut toute la vie la foibleffe de ne pouvoir regarder: une épéenue.Le chevalier,Digbi racon

teque lorfqu'il fût fait chevalier, de prince qui devoit lui toucher l'épaule de l'épée; étant obligé de détourner la vuë, lui porta l'épée au vifage, & l'en eût même blessé, s'il ne s'étoit pas trouvé un homme chargé de la conduire où il falloit.

La grande mémoire du cardinal Du Perron fut attribuée à l'envie que sa mère étant groffe de lui, avoit euë d'une bibliothéque.

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:*T

Une de moifelle dans le Berri eft née faus main au bout d'un de fes bras, pari ce que M. fa mére etant groffe d'elle, il ya environ vingt ans, regardoit fixement & fouvent un tableau, qui repré fentoit une fainte, dont le bras à l'endroit du poignet paronloit coupé par la bordure.

En Bohémie [p], vers l'an 15 40. il ́naquit un enfant femblable à un crucifix, aïant les piés joint, le col panché, des marques aux piés & aux mains.

Les effets de l'imagination de la mére fur les foetus fe remarquent auffi dans les animaux. Jacob mettoit des branches d'amandiers dans les fontaines [9], où fes troupeaux alloient boire, afin que les animaux qui naitroient fuflent marqués de différentes couleurs, parce qu'il avoit été convana entre Jacob & Laban, que les troupeaux de couleur uniforme ap partiendroient à Laban, & ceux de couleur diverfifiées à Jacob.

M. le curé de faint Jacques de la Lande [à une lieue de Rennes, trouva au mois de Mars 1730. dans le cimetière, une efpéce de papillon

[m] Laurentius Sannutus Patritius Venetus horarum quatuor fpatio canus evafit. Cardan.de immortal.anim er.

[n] Jonfton.thaumatorg.nat.claffi 10,0.7)

art.

[o] Hift de Fr. du p. Daniel » t. 3. p. 1 2 2 1. in fol.

[p] Lycofthen. p.57.8.

[q] Gen.c.30.

[r] Merc de Frane.Juillet 1730.

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