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l'esprit de piété, d'ordre, d'activité et d'application qui règnent dans cet établissement, et nous avons été peinés de le voir arrêté dans les développemens dont il est susceptible, faute de ressources suffisantes. Nous savons que le gouvernement a témoigné, par des subventions accordées deux années de suite, de l'intérêt et de la confiance que lui inspire l'école normale de Châtillon-sur-Loire.

Les dons seront reçus avec reconnaissance au Bureau des Archives, chez M. Risler, rue de l'Oratoire, n° 6, et chez M. le pasteur Rosselloty, à Châtillon-sur-Loire, par Gien (Loiret).

Fonds très considérables, donnés pour les Eglises réformées de France, et administrés aujourd'hui secrètement à Genève.

Deuxième article. (Voy. p. 449.)

Depuis la publication de notre premier article quelques nouvelleslumières sur l'administration de ces fonds nous sont parvenues. Nous nous bornerons pour aujourd'hui à dire ce que nous savons sur le régime sous lequel vivent à Genève les étudians français placés comme boursiers sous la direction du Comité secret. Nous publierons ainsi à mesure tous les renseignemens dignes de confiance qui nous parviendront, et que nous demandons à tous nos lecteurs de nous communiquer, jusqu'à ce qu'une bienfaisante lumière soit enfin répandue sur le mystère que nous avons signalé. → Le taux des bourses accordées sur les fonds secretsest de 800 fr., pour tous les fils de pasteurs, et de 600 fr. pour tous les autres étudians sans distinction. Qu'il y ait, en cas de nécessité, une legère faveur pour les fils de nos pasteurs, qui sont pour l'ordinaire pauvres, peu payés et obligés de consacrer tout leur temps à leurs fonctions, nous le concevons. Mais il y a des fils de pasteurs à leur aise, il y en a même de riches, et parmi les autres étudians il en est qui sont très pauvres. Or, à Genève, les premiers ont toujours Soo fr., quelle que soit leur fortune, et les seconds toujours 600 fr., quelle que soit leur pauvreté. Est-ce bien là l'esprit d'une pareille fondation? et est-ce ainsi que les pieux donateurs auraient dispensé leurs bienfaits? Leur but étant d'offrir des ressources aux

jeunes gens qui se destineraient au ministère de l'Evangile dans nos Eglises, n'auraient-ils pas proportionné rigoureusement leurs secours aux besoins, et n'auraient-ils pas plus donné à ceux qui sont plus dénués (1)? Est-ce là le moyen de former, avec le secours des fonds secrets, le plus grand nombre de pasteurs possible? Mais il y a plus : le comité caserne les étudians dans quatre ou cinq maisons où ils sont forcés, sous peine de perdre la subvention, de prendre la nourriture et le logement à un taux fixé par le comité, et ce taux est de 800 fr. par an, c'est-à-dire de 200 fr. plus élevé que le montant de la subvention que reçoivent la grande majorité d'entre eux, tandis que, s'ils étaient libres de choisir leur pension, ils en trouveraient à 600, peut-être même à 500 fr. Cette obligation gène, comme on peut le comprendre, les étudians pauvres; ils sont forcés d'employer, pour subsister et pour subvenir à leurs dépenses, une bonne partie de leur temps à donner des leçons, ce qui nuit gravement aux études en faveur desquelles les bourses ont été fondées; plusieurs même, ne trouvant pas de leçons à donner, ou n'ayant pas l'aptitude nécessaire, contractent des dettes, dont les conséquences n'ont pas besoin d'être exprimées pour être compriOn nous a assuré que la moitié à peu près des étudians français à Genève sont dans ce cas, et que c'est là une conséquence forcée du régime sous lequel le comité secret a trouvé bon de les placer. Un autre inconvénient, c'est que les personnes autorisées par le comité à les recevoir ne peuvent recevoir avec eux aucun autre pensionnaire, et que, lorsque nos jeunes frères s'absentent par congé pour visiter leurs parens pendant les vacances, ou pour quelque autre cause, ils sont forcés de payer leurs chambres comme s'ils les avaient occupées. Nous prévoyons à peu près ce que le comité secret pourrait répondre; aussi concevrions-nous qu'il se réservât un veto au cas où un étudiant voudrait se placer au sein d'une famille ou dans une maison où il ne serait pas convenable qu'il se trouvât. Mais de ce veto au régime actuel il y a loin, puisque

ses.

(1) Nous avons lu quelque part, dans une attaque contre l'Ecole de théologie de la Société Evangélique de Genève, qu'il n'est pas étonnant qu'elle attire des étudians en leur accordant des bourses de 600 fr., subvention plus forte, prétendait-on, qu'on n'en accorde ailleurs. Il faut être bien pauvre ou bien maladroit d'argumens pour en employer de pareils en présence du fait que nous signalons aujourd'hui.

1852.

15° année

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l'étudiant n'est pas même libre de choisir entre les quatre ou cinq maisons privilégiées, mais est obligé de demeurer bon gré mal gré dans celle que le comité lui assigne; et, quelles que soient les objections ou les plaintes qu'il puisse avoir à former, il n'obtient que très difficilement la permission d'en sortir pour entrer dans une autre. Aussi assure-t-on que les personnes qui obtiennent l'entreprise de ces pensions, sûres d'avoir toujours leur nombre de pen- › sionnaires au complet, ne se mettent souvent guère en peine si les étudians se trouvent plus ou moins bien, et qu'il en est plusieurs dont ceux-ci ont légitimement à se plaindre.

Ces observations se rapportent, il est vrai, principalement à des intérêts pécuniaires; mais ces intérêts touchent de près à des inté-> rêts plus élevés, et ont, dans ce cas particulier, une grave importance par leurs conséquences; car ils exercent une influence que nul ne peut méconnaître sur les études et sur toute la carrière préparatoire d'un bon nombre des futurs conducteurs de nos Eglises.

Mais ce régime illibéral nous paraît devoir exercer sur les étu-: dians une influence plus directement fâcheuse. Il a les inconvéniens que présente tout système d'administration où les administrés sont sans garanties positives qui puissent les mettre à l'abri des erreurs: et des faiblesses humaines. Constamment et directement en présence d'un comité secret, irresponsable, et qui d'un moment à l'autre, par un simple acte d'autorité, sans exprimer aucun motif,' sans rendre aucun compte à personne, peut les priver de la sub- › vention sans laquelle ils ne pourraient pas poursuivre la carrière dans laquelle ils sont entrés, l'intérêt personnel des étudians qui ont de l'indépendance dans l'esprit et dans le cœur est constamment en jeu et constamment alarmé, et s'ils ne descendent pas jusqu'à devenir rampans et dissimulés, cette circonstance doit du moins exercer une fatale influence sur l'indépendance de leur foi, sur leur liberté morale et intellectuelle; et, sans qu'ils s'en rendent compte à eux-mêmes, il est difficile de croire que le « qu'en dira le comité ? » n'entre pas comme élément dans bien des déterminations, bien des jugemens, bien des convictions ou des professions, dans le point de vue sous lequel sont composés leurs sermons, leurs thèses, etc.; dans le choix de leurs amis et de leur société habituelle, etc., etc. Il y a là quelque chose qui doit briser ou du moins relâcher singulièrement le nerf de l'âme; car les facultés les plus nobles ne peuvent se développer sans désintéressement et sans liberté! Aussi paraît-il déjà que l'Utilitarisme, ce système destruc

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teur de l'Evangile et de la conscience, commence à se répandre et à exercer son influence anti-chrétienne parmi les étudians français à Genève. Or, qu'attendre pour l'avenir de ceux d'entre eux chez lesquels l'utilitarisme et la peur des hommes auront triomphé, pendant leur préparation à des fonctions qui, de toutes les fonctions, demandent le plus d'indépendance et de dévouement? Ces considérations sont d'une grande gravité, et nous supplions tous nos pasteurs et tous les chrétiens qui prennent un intérêt sincère à nos Eglises, nous supplions tous les parens qui tiennent avant tout à ce que leurs fils deviennent, par la grâce de Dieu, de fidèles ministres de l'Evangile, d'examiner sérieusement si elles ne méritent pas qu'on y réfléchisse, et s'il n'y a pas là un nouveau motif de réclamer, d'une commune voix, contre l'inconcevable et dangereux mystère qui couvre toutes les opérations du comité secret. Il paraît que le régime dont nous venons de donner une idée ( et sur les faits nous ne craignons pas de démenti) date de quelques années seulement, et qu'auparavant les étudians français étaient placés, à Genève, sous une administration beaucoup plus libérale. Le système qui prévant aujourd'hui nous paraît présenter peu d'avantages, à côté d'inconvéniens graves et multipliés. Il y a à peu près deux ans que les étudians ont à l'unanimité présenté au comité une pétition dans laquelle ils réclamaient, du ton le plus mesuré et le plus convenable, contre le régime dont ils croyaient avec. raison avoir à se plaindre; mais le comité secret refusa d'acquiescer à leur juste demande, sans se donner la peine de réfuter les motifs sur lesquels elle était appuyée. Aucun changement n'a été introduit; tout est demeuré sur le même pied. Nos Eglises souffrirontelles encore long-temps cet état de choses, et permettront-elles long-temps que le comité secret ne réponde que par un dédaigneux silence aux éclaircissemens qu'il est de leur droit et de leur devoir de demander? Ce silence, quand il s'agit de maniement de fonds considérables, est-il facile à concevoir ?

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MÉLANGES RELIGIEUX ET MORAUX.

PENSÉES SUR DIVERS SUJETS RELIGIEUX.

Il est étrange de voir un si grand nombre d'hommes doctes et graves déclarer que le Christianisme évangélique réside tout entier dans le libre examen. Autant vaudrait dire que la faculté d'observer et de réfléchir est la science elle-même. La doctrine du libre examen ne constitue pas l'édifice du Christianisme évangélique; c'est tout au plus la voie qui y mène, ou, si l'on veut, l'ordre d'architecture qui le distingue des religions théocratiques. S'arrêter là, c'est perdre son temps à examiner la façade du temple, à en admirer les simples et imposans dehors, au lieu d'y entrer pour se rendre attentif aux enseignemens divins.

-Mesurer le degré de sa foi ou de sa piété sur le nombre de croyances orthodoxes qu'on fait profession d'admettre, sur la quantité de pratiques religieuses qu'on observe, de prières qu'on prononce, d'œuvres extérieures qu'on accomplit, c'est quelquefois ressembler à l'avare qui s'applaudit de ses riches-> ses, en comptant les pièces d'or entassées dans ses coffres, et qui meurt de faim à côté.

- En voyant tant de personnes qui possèdent la Bible, qui la regardent comme la Parole de Dieu, comme la doctrine du salut et de la vie, et qui négligent d'en faire leur étude journalière et la nourriture de leur âme, je me représente un malade qui se réveille de son assoupissement léthargique pour recevoir de la main du médecin le remède propre à opérer sa guérison, qui le prend, le place à côté de lui, le regarde à deux ou trois reprises, et retombe dans le sommeil de la mort.

NOUVELLES RELIGIEUSES.

BUENOS -AYRES.-Condamnation d'un missionnaire. --M.W.Torrey, missionnaire américain à Buenos-Ayres, a été jeté en prisou par ordre

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