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pèce; car on empêcherait un candidat de déclarer ce qu'il croit et de promettre ce qu'il veut enseigner; et par quel motif? parce que telle fraction de pasteurs a trouvé bon de retrancher des confessions de foi tous les articles, inoins l'inspiration de la Bible! Imposer à autrui des affirmations, c'est un tort, parce que la foi ne s'impose point; mais imposer à autrui des négations, c'est plus qu'un tort, c'est un manque inconcevable de sens commun. Quand on appelle la logique au secours de l'autorité, la servitude, tout injuste qu'elle soit, n'est pas avilissante; mais prétendre faire de l'autorité sans logique, c'est en même temps asservir et avilir. Les latitudinaires et les geneviens en seraient-ils venus jusques là? J'ai peine à le croire. Il n'appartient qu'aux forts et aux fous de dire : sic volo, sic jubeo; sit pro ratione voluntas. Or, les hommes qui s'opposent aux confessions de foi développées ne sont ni l'un ni l'autre. La force n'est pas en eux, ni dans les personnes ni dans les choses, et, d'un autre côté, il faudrait être soi-même atteint de folie pour méconnaître chez plusieurs d'entre eux une raison droite et de grandes lumières. Il y a donc malentendu, absence de réflexions assez mûries, lorsqu'on parle d'exclusisme absolu et de violente intolérance à propos de la confession de foi de Montivillers; mais ce n'est pas, j'aime à le penser, l'expression fidèle et juste des sentimens du Protestant de Genève. On peut supposer, sans faire injure à personne, que l'on a écrit sur cette question sans l'avoir suffisamment examinée; mais jusqu'à ce que j'aie des preuves aussi claires que le jour, je m'abstiendrai de dire que des pasteurs et professeurs de Genève ont l'inexplicable prétention d'anéantir toute confession de foi, non-seulement pour eux et pour leurs disciples, mais encore pour ceux qui ne partagent pas leurs opinions.

La feuille parisienne a bien senti que la position n'était pas tenable. Aussi dans son deuxième article n'est-il plus question de mon exigence ni de la dernière encyclique du pape. Tout au contraire, le rédacteur admet que je suis dans mon droit, en demandant au candidat une confession de foi que celui-ci ne refuse pas de promettre. Il objecte uniquement qu'il faut obtenir, en outre, le consentement de l'Eglise dans laquelle le récipiendaire doit exercer ses fonctions pastorales. Je n'examinerai pas cette étrange objection, parce qu'il m'est impossible de croire qu'elle soit sérieusement défendue. Si je me trompe, et que le rédacteur soutienne son assertion dans un article développé, j'y reviendrai. On n'a jamais avancé jusqu'à présent, du moins que je sache, qu'une Eglise parti

culière, une section d'Eglise consistoriale, possède le droit de fixer ce qui doit être ou n'être pas demandé à un candidat dans la cérémonie de consécration. Jamais non plus, que je sache, ce prétendu droit n'a été réclamé ni exercé par aucune Eglise particulière quelconque. Du reste, je répète que je n'entre pas dans l'objection elle-même, parce qu'elle me paraît incapable de supporter un sérieux examen..

Revenons encorc au Protestant de Genève. Il écrit dans sa feuille du 1 novembre: «M. de Félice, un des pasteurs MÉTHODISTES de France». Qu'est-ce donc qu'il a voulu dire? en quoi suis-je méthodiste, et quel besoin y avait-il de parler du méthodisme en cette affaire? Si le Protestant de Genève peut attacher quelque intérêt à le savoir, je lui dirai bien volontiers que je ne connais pas même la discipline ni l'organisation des sociétés méthodistes, que je n'ai lu de ma vie un seul ouvrage de Wesley ou de Whitefield, que je ne suis en relation avec aucun méthodiste du monde, et que personne plus que moi n'est étranger au méthodisme. Je ne repousse pas nom de méthodiste comme je ferais d'un blâme ou d'un reproche mal appliqué, mais je le repousse parce que je n'ai pas le droit de le recevoir. Le nom de méthodiste ne m'appartient pas plus que celui de morave ou d'anglican. Serait-il égal au Protestant de Genève de s'abstenir désormais de ces qualifications qui ne sont pas seulement fausses en théorie, mais qui sont encore des faussetés de fait ? Quand nous parlons des latitudinaires, nous exprimons une idée vraie, une observation établie sur des données positives, c'est-àdire sur une largeur de principes et de vues dogmatiques dont on se fait gloire parmi ceux auxquels ce nom est appliqué. Quand nous parlons des Geneviens, c'est que nous voulons résumer en un seul mot une longue et fastidieuse paraphrase qui consisterait à expliquer qu'il existe, dans la ville de Genève, un certain nombre de pasteurs et professeurs qui ne disent jamais nettement ce qu'ils croient ni ce qu'ils ne croient pas; qui se font un symbole de la négation de tout symbole; qui poursuivent de leurs injures les orthodoxes et qui emploient des paroles fort honnêtes envers les unitaires; qui se retranchent dans leur droit légal comme dans une forteresse, après avoir abandonné les doctrines de la réforme, source et règle de ce droit; qui vantent la tolérance en se livrant à l'intolérance, et qui persécutent en criant contre les persécuteurs. Il est clair qu'il y a profit pour tout le monde à mettre à la place de ce long développement le mot unique de Geneviens. On l'a formé du nom de la ville

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habitée par ces pasteurs et professeurs, et l'on ne peut y voir ni fausseté, ni injustice, ni'injure. Mais donner aux orthodoxes le nom de methodistes, le prodiguer à des gens qui savent à peine qu'il y a des méthodistes dans des contrées lointaines', c'est frapper dans le vide et compromettre en pure perte sa réputation d'homme éclairé en matière de statistique. Je comprendrais la qualificatión d'exclusif; elle n'est qu'injuste, et n'est pas matériellement controuvée et absurde; mais la qualification de méthodiste, je ne la comprends point, quand elle s'adresse à des pasteurs français qui n'ont pas plus de rapport avec le méthodisme qu'avec tout autre secté chrétienne. En terminant cette lettre, je me demande pourquoi l'on m'a forcé de répondre à des attaques personnelles. C'est un genre de controverse toujours peu honorable pour ceux qui ont commencé l'attaque, et souvent pénible pour celui qui en est l'objet. La foi s'affaiblit au milieu de ces personnalités, bien loin d'en retirer aucun accroissement. Je ne me rappelle pas avoir jamais cité, dans mes articles sur des sujets religieux, un seul nom propre que j'aurais dù faire suivre d'observations défavorables. Mes honorables amis et moi, nous avons fréquemment appelé les latitudinaires et les geneviens sur le terrain d'une discussion grave, sérieuse et digne de tous. Nous avons essayé de poser les points en litige d'une manière nette et franche, afin d'obtenir des réponses également dictées par la justesse d'esprit et par la franchise de cœur. Nous avons invité, supplié même nos adversaires de nous dire quels sont les dogmes qu'ils admettent et comment ils les expliquent. Nous avons prouvé jusqu'à satiété que se borner à établir l'inspiration de la Bible ce n'est pas du tout déterminer ses croyances ni préciser son symbole; et nous avons exhorté, au nom des intérêts les plus chers de nos Eglises, ceux qui marchent à la tête des opinions opposées aux nôtres, à déclarer enfin ce qu'ils ont conservé et ce qu'ils rejettent des doctrines professées par les réformateurs et par nos pères. A ces invitations pressantes, à ces questions que nous avons le droit de faire comme pasteurs des Eglises réformées de France, et que nous avons présentées avec les formes et les égards fraternels qui doivent régner entre nous, qu'a-t-on répondu ? rien; non, rien de direct ni de positif, A Genève surtout, on a recueilli quelques phrases mutilées, tronquées, et l'on a cru combattre, en allant se blottir derrière des broussailles pour déchirer je ne sais quels lambeaux de nos écrits. Et puis, lorsqu'il survient un fait personnel qui n'a qu'une importance très secondaire, les mêmes hommes

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sortent dé leur retraite, et ils s'avancent bravement sur un autre terrain que celui où ils étaient appelés.

On parlait dernièrement devant un vieux diplomate d'un membre de l'opposition qui s'est élevé au premier rang par son éloquence parlementaire. Il ne parviendra jamais à rien, répondit le prince, parce qu'il n'a pas le COURAGE DE SON OPINION. Ce mot s'applique 'parfaitement aux latitudinaires et aux geneviens : ils n'ont pas le courage de leur opinión.

Agréez, Monsieur et cher frère, l'assurance de mon dévouement fraternel.

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BAVIERE. Nouvelles de l'Eglise de Carlshuld.-Quoique M. le curé Lütz se soit séparéde l'Eglise évangélique de Carlshuld, à laquelle ilvenait à peine de se réunir, deux cent dix personnes, du nombre desquelles est la mère de M. Lütz, sont demeurées fidèles aux convictions qu'elles ont adoptées. M. Pachtner remplit les fonctions de pasteur de Carlshuld; c'est un homme qu'on dit être animé d'une vraie piété, et du ministère duquel on peut en conséquence espérer les plus heureux fruits, On a commencé à bâtir un petit temple provisoire pour son intéressante congrégation.

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IRLANDE. Réduction du des lettres port les Sociétés religieupour ses.-Le duc de Richmond, directeur général des postes, a accordé à la Société des lecteurs de la Bible, dont les membres s'occupent à faire des lectures de l'Ecriture-Sainte aux pauvres qui ne savent pas lire, ́ainsi qu'à d'autres institutions religieuses et charitables de l'Irlande, le privilége d'affranchir les lettres qu'elles écrivent et de payer le port de celles qu'elles reçoivent au prix réduit de deux pences par lettre.

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FRANCE. - Départ de trois missionnaires français pour le sud de l'Afrique. Trois nouveaux missionnaires, MM. Arbousset, Casalis et Gosselin, sont partis le 1er novembre pour le sud de l'Afrique. Celuici est un simple artisan; les deux autres sont ministres du Saint-Evangile. Quelques jours avant, le 18 octobre, la cérémonie de leur consécration avait eu lieu dans le temple des Filles-Sainte-Marie, Le discours remarquable prononcé à cette occasion par M. Grand-Pierre, directeur

pro

de l'Institut des missions de Paris, a déjà paru dans le Journal des Missions; il a produit une impression vive sur la nombreuse assemblée qui assistait à cette fête chrétienne. M. Grand-Pierre s'est attaché à montrer que la foi est le principe de l'esprit missionnaire et que, selon que cette foi se ranime ou décline, les différens siècles nous présentent des efforts pour la conversion des païens ou l'absence de ce saint sélytisme. Recherchant les traces de cette donnée historique dans les annales de l'Eglise réformée de France, il a, avec un tact parfait, indiqué les circonstances particulières à cette Eglise qui peuvent avoir contrarié son zèle; mais se rappelant que c'est « dans l'enfantement de «<leur nouvelle vie, dans le travail de leurs douleurs, dans un temps où « elles étaient décimées par les arrêts des proconsuls romains, et où « elles nageaient, pour ainsi dire, dans le sang de leurs martyrs, que « les pauvres Eglises de la Judée et de l'Asie mineure se dépouillèrent « pour nous enrichir, » il en a conclu qu'il faut qu'il se soit passé quelque chose dans les Églises réformées de France qui, indépendamment des circonstances particulières dans lesquelles elles se sont trouvées, explique pourquoi elles n'out pas poursuivi sans interruption celle œuvre de foi et d'amour. Nous ne savons que trop quelle est cette chose qui s'y est passée! Bénissons Dieu de ce que la foi se réveille parmi nous et de ce que le zèle de nos coreligionnaires a permis de reprendre une œuvre qui a déjà, il y a trois siècles, compté des Français parmi ses martyrs. Il est remarquable en effet que cette œuvre, qui pour réussir devait d'abord détruire bien des préjugés, ait trouvé en France des amis si nombreux et si persévérans. C'est un signe de vie spirituelle. Tandis que des sociétés, qui n'ont cependant aucune prévention à faire cesser, vivotent à peine, appuyées qu'elles sont sur le latitudinarisme, roseau qui se froisse et se rompt, au lieu de les soutenir, la Société des missions, placée sous le patronage de l'Evangile, a jeté de profondes racines dans nos Eglises; elle est incontestablement la Société qui prospère le plus, et partout où elle a trouvé de l'assistance, elle a excité pour les besoins religieux locaux un intérêt qui n'existait

pas avant.

Les deux jeunes missionnaires ont été invités, avant de recevoir l'imposition des mains, à faire une déclaration de leur foi. Ils l'ont fait avec simplicité, et en rappelant que ce n'est pas seulement afin qu'ils fussent sauvés eux-mêmes, mais aussi pour que d'autres âmes fussent appelées au salut par leur ministère, que cette foi leur a été donnée. Puis ils ont reçu le pouvoir de prêcher l'Evangile et d'administrer les sacremens chez les païens et partout ailleurs où la consécration qu'ils ont reçue sera reconnue valable. Cette formule de consécration, convenue entre les pasteurs qui ont imposé les mains aux premiers missionnaires français partis pour le sud de l'Afrique, a été dès lors suivie.

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