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Christ. La lettre que nous avons insérée dans notre cahier de juillet dernier, page 327, est probablement un des derniers produits de sa plume.

Cours public.—M. Merle d'Aubigné va donner, dans une des salles du Casino de Genève, un cours d'histoire de la Réformation et des réformateurs de l'Allemagne. Le prospectus qu'il a publié contient le sommaire des premières leçons. Nous savons que M. Merle a fait des recherches intéressantes sur cette partie de l'histoire ecclésiastique; il serait désirable qu'il leur donnât une publicité plus étendue que celle du cours qu'il est sur le point d'ouvrir et qui attirera sans doute beaucoup d'auditeurs.

La Compagnie de Genève a nommé M. le pasteur Liotard son président annuel, et M. le professeur Chenevière vice-président.-Après les publications faites par celui-ci, cette dernière nomination est caractéristique; elle renferme toute une profession de principes, et sera comprise par tous les Chrétiens. C'est un pas de plus vers la profession ouverte de l'arianisme, à laquelle la Compagnie est irrésistiblement poussée.

FRANCE. La journée du samedi 31 décembre a été, conformément à l'invitation de nos frères du canton de Vaud, spécialement consacrée à la prière par un grand nombre de Chrétiens de Paris. Indépendamment des prières particulières et de famille, ils ont éprouvé le besoin de se réunir tous sans distinction de nom ni d'Eglise extérieurc. Ces réunions qui ont eu lieu successivement au nombre de trois, dans les chapelles du faubourg Saint-Denis et de la rue Vivienne, ont été abondamment bénies à l'heure même par la présence du Seigneur se faisant sentir à tous, et les unissant véritablement tous comme un seul corps dont Christ est le seul chef. Nous désirons qu'il en ait été de même dans tous les autres lieux où les enfans de Dieu ont pu se réunir dans cette occasion, et nous ne pouvons douter que cette douce journée ne porte, par la grâce de Celui qui exauce ses enfans, des fruits de foi, de sanctification et de salut. Amen!

N. B. Une faute d'impression que nous croyons devoir signaler s'est glissée dans l'invitation que nous avons adressée à nos lecteurs pour le 31 décembre. L'imprimeur nous a fait dire page 564, 1. 2 d'en-bas: La pensée est un levier qui fait mouvoir le bras qui fait mouvoir le monde. Lisez « prière» au lieu de «< pensée » et vous aurez une belle et chrétienne pensée, heureusement exprimée.

Société Biblique de Bordeaux. Nous lisons dans le dixième Rapport de la Société de Bordeaux le fait suivant qui nous a beaucoup intéressés : « Dans le compte de la recette figure une petite somme provenant du produit d'une boîte en faveur de la Société biblique, établie

à bord d'un navire étranger, le Frau-Gesinna-Margueritta, capitaine Socke Wiards. Cette boîte ayant été déposée par ce capitaine entre les mains de vos secrétaires, l'ouverture en a été faite en leur présence, et nous avons trouvé en petites monnaies étrangères, provenant des offrandes de l'équipage, la valeur de 8 fr. 20 c., qui ont été versés, d'après le désir des bienfaiteurs, dans la caisse de votre Société. Ce fait intéressant mérite de fixer l'attention et d'exciter la reconnaissance des membres de la Société biblique : puisse-t-il être imité par tous les amis de la cause de la Bible qui se trouvent parmi les capitaines français et étrangers qui fréquentent notre port! »

M. le pasteur Vermeil a proposé à la même séance que l'assemblée générale des membres de la Société exprimât au Comité de la Société biblique de Paris le vœu de voir les réglemeus de la Société mère modifiés de telle manière qu'il soit permis aux Sociétés auxiliaires de France de distribuer les Bibles et Nouveaux-Testamens publiés par les soins de la Société à toute personne sans distinction de culte. Cette proposition, appuyée par plusieurs membres, a été adoptée. L'assemblée a arrêté qu'elle serait communiquée au Comité de Paris. Nous nous réjouissons beaucoup de cette résolution, qui trouvera, nous le savons, beaucoup de partisans au sein du Comité de Paris. Il serait désirable que d'autres Comités des départemens se prononçassent dans le même sens.

ANNONCES.

LE VÉRITABLE AMI DES ENFANS, par l'auteur de L'ÉCOLE DU VAL D'AMONT; 2o édition, 3 vol. in-12. Genève, 1832; chez Mad. SUZANNE GUERS; à Paris, chez J.-J. RISLER, rue de l'Oratoire, no 6. Prix : 10 fr.

Les parens chrétiens ont vu paraître ces trois petits volumes avec une vraie satisfaction. Ils renferment plusieurs histoires déjà connues; mais il y en a un grand nombre de nouvelles qui peuvent offrir aux enfans une instruction intéressante et utile. L'auteur paraît avoir beaucoup observé le caractère de l'enfance; on voit qu'il connaît le cœur de l'homme désespérément malin dès sa jeunesse, et qu'il est habile à y appliquer les remèdes nécessaires; on voit aussi qu'il aime les enfans comme Jésus les aimait, pour leur âme, et on sent qu'il doit se faire écouter d'eux. Il y a de la grâce et de la simplicité dans plusieurs de ces histoires : La perte irréparable en est particulièrement empreinte. D'autres, telles que le Sauvageon et l'Arbre franc, et la Jusquiame et la Cigue expliquent d'une manière frappante et à la portée des enfans la doctrine de la régénovation par le Saint-Esprit. La vraie repentance fait sentir clairement

la différence qui existe entre le repentir qu'excite la crainte du châtiment et celui qu'excite l'amour. Toutes ont un but excellent et peuvent être lues avec fruit. On regrette de rencontrer ça et là quelques phrases obscures, et une certaine manière de dire les choses qui, sans leur donner ni plus de clarté ni plus de force, pourrait sembler peu naturelle. Nous ne faisons remarquer ces légères taches que parce qu'elles frappent extrêmement les personues non converties, qui s'en sentent blessées sans que ce soit par l'aiguillon de la vérité, qui commence toujours par blesser. Beaucoup de Chrétiens seront heureux de donner à leurs enfans ce livre tout imprégné de l'Évangile, où l'amour et la foi au Sauveur se montrent sous des traits touchans et ingénieux. Nous sommes persuadés qu'il sera un don précieux dans les familles où le nom du Seigneur est craint, et où les enfans sont élevés selon la piété. Il en est si peu qu'on puisse mettre entre leurs mains! et cependant leur jeune imagination, leur intelligence, leur cœur ont besoin d'un aliment qui leur plaise tout en leur étant salutaire. Ils trouveront que le Véritable Ami des Enfans les conduit aux pieds du Sauveur et qu'il les aime pour lui. Nous appelons la bénédiction du Seigneur sur cet ouvrage, afin qne partout où il sera lu il produise d'heureux fruits.

CARDIPHONIA, ou Correspondance de J. NEWTON, recteur de SaintMary-Woolnoth, traduit de l'anglais par le traducteur d'OMICRON. Tome II. 1 vol. in-18 de 351 pages. Paris, 1832, chez J.-J. RISLER, rue de l'Oratoire, no 6. Prix : 2 fr. 50 c.

Nous nous hâtons d'annoncer ce second volume de l'excellent ouvrage de Newton, nous réservant d'en reparler dans une autre livraison de notre journal. Cette annonce suffirait d'ailleurs, à en juger par le prompt débit du premier volume, pour assurer à celui-ci beaucoup de lecteurs.

DE L'USAGE DE LA RAISON EN MATIÈRE DE FOI, par M. CHENEVIÈRE, pasteur et professeur à Genève. Troisième Essai. Genève et Paris, 1831, chez AB. CHERBULIEZ; se trouve aussi chez J.-J. RISLER, rue de l'Oratoire, no 6. Prix: 2 fr. 50 c.

Cette brochure termine le premier volume des Essais théologiques de M. Chenevière. Il eût peut-être été plus rationnel de le publier avant les deux Essais qui l'ont précédé sur la Trinité et sur le Péché originel ; car l'auteur nous y apprend de quelle manière il étudie les questions religieuses en général. Nous déplorons les erreurs de ce professeur; clles seraient funestes pour l'Eglise, et nous sentors toujours plus qu'il était urgent d'élever auprès de la faculté où il défigure les dogmes chrétiens une autre faculté où la vérité fût fidèlement professée.

RÔLE DE LA RAISON EN MATIÈRE DE CROYANCE, 8 pages in-80. Chez les mêmes libraires. Prix: 60 c.

Cette courte brochure nous paraît avoir été écrite pour obvier au mal que pouvait faire celle de M. Chenevière. L'auteur n'a pas eu en vue d'écrire une réfutation proprement dite; il pose seulement quelques principes fort simples. Nous ne pouvons nous refuser le plaisir d'en transcrire quelques-uns:

<< Il serait insensé de juger inutiles, mauvaises ou dangereuses, certaines portions des Livres Saints qui, dans un moment donné ou dans notre sphère individuelle, nous paraîtraient telles.

<< Il serait imprudent au prédicateur chrétien de présenter certaines doctrines divines à l'exclusion d'autres doctrines divines, parce que celles-ci contrastent avec celles de son choix, ou parce qu'elles ne peuvent rigoureusement s'allier dans son système.

« En matière de religion, l'homme est moins appelé à généraliser, pour faire de la religion une science, qu'à s'approprier ce qui est écrit dans la Bible pour son bonheur individuel. »

LE CHANT DE PAIX; avec cette épigraphe : Le Roi des rois a dit à son peuple: Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; je ne vous la donne pas comme le monde la donne. (Jean, XIV, 27.) Par l'auteur des CHANTS DE SION. Genève, 1831, chez Mme Suz. GUERS; Paris, chez J.-J. RISLER. Prix: 2 fr.

L'auteur de ce poème religieux nous apprend, dans la dédicace qui le précède, qu'il a éprouvé le besoin de dire, dans ce Chant, à un ami qui était son compagnon d'études à l'Académie, et dont il est séparé depuis longues années : « Edouard, possèdes-tu la Faix de l'Eternel? » et d'ajouter : « C'est en Jésus qu'elle nous est acquise. » << Peut-être, « dit-il, est-il ailleurs un autre Edouard, désireux aussi du repos, mais << aussi le cherchant encore dans le monde, auprès des hommes, à la << lueur trompeuse de la raison. C'est à cet Édouard inconnu que j'a<< dresse et dédie ce Chant de Paix, en demandant à Celui qui a créé «<les âmes, et qui discerne ses chers enfans, d'accompagner ma voix << de cette bénédiction sans laquelle en vain la bouche parle et l'oreille «< écoute. >> Nous joignons nos vœux à ceux de l'auteur pour qu'il en soit ainsi, et nous sommes disposés à attendre du fruit de sa poésie aussi bien que de sa prose, en nous rappelant toute l'édification que ses Chants de Sión ont déjà produite.

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Après avoir passé en revue les différentes ciasses de nonchrétiens, il nous reste à examiner l'état actuel des amis de l'Évangile en France. Trois grandes questions résument notre sujet. D'abord, quel a été le commencement du réveil religieux, et comment s'est-il développé? question historique. Ensuite, quels sont les principaux traits qui caractérisent les Chrétiens? question dogmatique. Enfin, quelle est la valeur des reproches qui leur sont adressés? question polémique.

Sous le gouvernement de l'empire, la vie religieuse conservait à peine dans un petit nombre d'âmes un asile ignoré. Point d'éclat, point de prosélytisme ni de bruit dans les diverses communions chrétiennes : l'œil du maître était soupçonneux et jaloux. Bonaparte craignait tout ce qui avait une force indépendante de la sienne, et son instinct de domination suffisait pour lui apprendre que des hommes profondément religieux auraient été plus forts que lui. Il avait d'ailleurs cette âpre avidité des grands génies qui veulent être la source de toutes les émotions, et qui ne peuvent tolérer un enthousiasme dont ils ne sont pas l'objet. Il permettait à la France de se passionner, d'avoir même des sentimens fanatiques, mais seulement pour sa personne, pour ses gloires, pour ses champs de bataille, pour ses conquêtes. La religion n'était à ses yeux qu'un moyen d'atteindre ce but; il l'employait à chanter des Te Deum, et il se servait de la voix des prêtres comme d'une autre espèce de Moniteur pour publier les bulletins de la grande armée. Le Concordat lui a fait décerner plus d'une apothéose ; il n'y avait pas de quoi le premier consul releva les ruines du sanctuaire 1832. 15° année.

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